> juillet 2014

mercredi 30 juillet 2014

Interview de Sarah Kohane-Azogui, fondatrice de l'association "La vie en bleu"


Aujourd'hui je suis ravie d'accueillir sur le blog Sarah Kohane-Azogui, fondatrice de l'association "La vie en bleu" dont la vocation est d'aider à la prise en charge de l'autisme précoce. Je ne connais l'autisme que par la vision souvent biaisée et caricaturale qu'en donnent les médias et je ne pense pas être la seule dans cette situation. Je trouvais donc intéressant de donner la parole à Sarah pour nous expliquer les objectifs de son association.


Bonjour Sarah, peux-tu nous expliquer comment est née l’association « La vie en bleu » ? De qui est-elle constituée ?

Très tôt j’ai senti  que mon fils avait du mal à communiquer et qu’il réagissait différemment des autres enfants de son âge. Vers 14 mois, au fil de mes recherches j’ai commencé à me poser la question de l’autisme et à 18 mois j’étais convaincue que mon fils avait  bien un TSA (Trouble du Spectre Autistique). Pourtant le pédiatre et le pédopsy que j’ai rencontrés me conseillaient d’ « attendre », pensant qu’il s’agissait d’un retard qu’il finirait par rattraper, et refusant d’évoquer l’autisme….  A force d’insistance j’ai réussi a obtenir un diagnostic rapide à l’hôpital Debré quand il avait 20 mois. Je me suis fiée à mon instinct ce qui a permis que mon fils puisse commencer une prise en charge comportementale à un âge idéal.  
En discutant avec d’autre parents, j’ai réalisé que mon parcours était loin d’être la règle, les parents perdant souvent un temps précieux auprès de psychologues ou de CAMPS (Centre d’action médico-sociale précoce) incompétents en matière d’autisme et peinant à trouver des thérapeutes comportementalistes et/ou à assumer la charge financière qu’elle représente. 

LA VIE EN BLEU est donc née pour pallier les carences dramatiques du système de santé français en matière d’autisme. En effet, toutes les études démontrent que la prise en charge précoce (avant 4 ans) de l’autisme permet à l’enfant de progresser de façon incroyable grâce à la plasticité du cerveau qui est maximale à cette période.
Pourtant les diagnostics continuent d’être posés trop tardivement en France (même s’il y a du mieux) et les parents sont confrontés à de nombreux obstacles (notamment financiers) pour offrir une prise en charge adaptée à leurs tout petits.

L’association est constituée de ma cellule familiale en ce qui concerne le bureau.
Les membres de l’équipe thérapeutique sont Aurore Carlier qui est psychologue ABA (analyse appliquée du comportement) exerçant en libéral et qui se spécialise dans la prise en charge des très jeunes enfants ainsi que de Jérôme Lichtle psychologue formé à l’ABA qui intervient en libéral et en structures et qui dispense également des formations d’initiation à l’ABA.


Quels sont ses objectifs ?

L’association poursuit un triple objectif :

-La prise en charge des enfants avec autisme entre 1 et 4 ans. LA VIE EN BLEU  finance l’intervention de notre psychologue ABA auprès des familles, permettant ainsi à tous les enfants quel que soit leur milieu social de débuter leur prise en charge le plus tôt possible  et de ne pas perdre un temps vital.

-La formation des professionnels de la petite enfance au dépistage précoce des Troubles du Spectre Autistique (TSA).  LA VIE EN BLEU organise des séminaires auprès des pédiatres, PMI, assistantes maternelles, crèches, instituteurs afin d’apprendre à ces professionnels à détecter les signes de l’autisme le plus tôt possible. L’association organise également des séminaires d’initiation à l’ABA pour les parents et les professionnels du monde de l’autisme.

- La promotion de l’inclusion en milieu ordinaire. La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances affirme le droit pour chacun à une scolarité en milieu ordinaire au plus près de son domicile. Pourtant, à l’heure actuelle seuls 20% des enfants avec autisme sont scolarisés. LA VIE EN BLEU crée un réseau « TSA FRIENDLY » recensant les lieux où les enfants autistes sont accueillis sans discrimination et où leurs éducateurs sont les bienvenus. Elle encadre également les AVS afin qu’elles appréhendent aux mieux  les particularités des TSA et qu’elles puissent enfin représenter une aide réelle pour les enfants à l’école.

Quels sont les moyens mis en place pour y parvenir ?

·      Moyens financiers : LA VIE EN BLEU est une toute jeune association (parution au
JO du 20 juin 2014) notre principale source de revenus est constituée de dons privés pour le moment. Dès la rentrée nos séminaires ainsi que les évènements que nous organiserons régulièrement permettront également de financer l’association.
Parallèlement à ces ressources nous sommes en train de rechercher  des subventions auprès de fondations, d’entreprises et nous montons des dossiers pour obtenir des financements publics.

·      Moyens thérapeutiques : Notre prise en charge comportementale de type ABA et
inspirée du DENVER MODEL  permet de mesurer scientifiquement et donc objectivement les progrès de l’enfant. Chaque prise en charge est individuelle et adaptée aux besoins spécifiques de chaque enfant. Ainsi, nos psychologues établissent le bilan puis le Programme Educatif Individualisé (PEI) des enfants listant les objectifs à atteindre et les procédures à mettre en place pour y parvenir.  Lors de chaque séances les éducateurs cotent les objectifs (l’enfant a t’il réussi l’objectif seul, a t’il été guidé pour le faire, a t’il échoué ?) De cette manière, on peut mesurer les progrès au fil des interventions et s’assurer que l’enfant généralise bien les acquis, c’est à dire qu’il est capable de réussir les objectifs avec plusieurs personnes différentes et dans des lieux différents.

Les bilans et PEI  sont réévalués tous les trois mois.

Nos psychologues dispensent également des guidances parentales à domicile afin que les parents puissent continuer à appliquer  la prise en charge de façon continue.
En effet, une fois les psychologues et éducateurs partis, l’enfant continue d’être autiste, la nuit, le jour, les weend-end, vacances et jours fériés et il est essentiel que les parents sachent comment aider leurs enfants au quotidien. La prise en charge doit s’inscire dans la régularité pour être efficace.


Quel est l’état des lieux de l’autisme en France ?

Il est alarmant ! Le nombre d’enfants naissant avec autisme est en constant augmentation, on parle d’un enfant sur 68 aux Etats Unis et de plus d’une naissance sur 150 en France.  Malgré ces chiffres, la France est l’un des pays du monde où l’autisme est le moins bien pris en charge.

Les structures pratiquant les prises en charges comportementales sont rares et les praticiens formés sont trop peu nombreux. Quand bien même les familles arrivent à avoir une place auprès d’un thérapeute libéral, le cout de la prise en charge est très lourd et permet rarement de mettre en place les 20 à 25h hebdomadaires recommandées.

Comment se manifeste l’autisme chez un enfant ? Comme s’établit le diagnostic ?

Le diagnostic d’autisme n’est pas facile à établir car il comprend des manifestations diverses et variées en fonction des individus. On dit souvent qu’il y autant de formes d’autisme que d’autistes.

Pour autant les troubles du spectre autistiques se caractérisent tous par des atteintes dans trois sphères du développement :
-
les interactions sociales
-
la communication verbale et non-verbale;
-
les intérêts et les comportements, qui sont restreints, répétitifs ou stéréotypés.
Dès l’âge de 18 mois les parents qui ont un doute s’agissant de leur enfant peuvent faire chez eux le test MCHAT. Ce test permet de savoir si la suspicion d’autisme est fondée mais ne constitue pas à lui seul un diagnostic.
Si les résultats du MCHAT indiquent un risque de TSA, il faut  aller consulter dans un centre de diagnostic (l’hôpital Debré par exemple est très compétent en la matière) ou dans un CRA (centre régional autisme) ou en libéral, mais quelle que soit l’option choisie, les délais sont très longs (environ 6 mois voire un an) d’où l’importance de s’y prendre le plus tôt possible.
Quel que soit l’endroit où le diagnostic est établi les parents doivent s’assurer que les outils reconnus internationalement soient utilisés ( ADOS, ADI-R…)
Bien souvent les parents sont les premiers diagnosticiens de leurs enfants, ils doivent se faire confiance même si leur pédiatre ou leur famille les en dissuadent, au fond de notre cœur de parent, on sait ! Et je n’ai encore jamais vu un parent se tromper…

Comment faire pour qu’un enfant autiste arrive à vivre normalement ? Est-ce possible ?
La France est-elle en retard dans ce domaine ?

Tout dépend de ce que l’on entend par le terme « normalement ».
L’autisme est un handicap et non une maladie, on n’en guérit pas, on nait et on meurt autiste. Pour autant  l’autisme n’est pas une fatalité ; avec une prise en charge précoce, intensive et adaptée, et si l’enfant n’a pas de troubles associés, dans 50 % des cas l’enfant peut devenir indifférenciable. C’est à dire qu’il peut vivre de façon autonome et suivre une scolarité en milieu ordinaire sans aide extérieure.
Des études menées aux Etats-Unis ont démontré qu’une prise en charge précoce augmentait le QI et permettait que les mêmes zones du cerveau qu’un enfant neurotypique s’activent lors de stimulations visuelles et auditives. L’enfant va ainsi se comporter de manière adaptée.
Si tous les enfants autistes, ne parviennent pas à être indifférenciables, ils peuvent tous apprendre et progresser et d’autant plus lorsqu’ils commencent une prise en charge à un très jeune âge.

Comme je l’indiquais plus haut, la France est dramatiquement en retard sur le sujet :

-Tout d’abord il a fallu attendre 2012 pour que la Haute Autorité de Santé affirme enfin que la psychanalyse n’a pas sa place dans la prise en charge de l’autisme et qu’elle recommande les méthodes éducatives qui ont fait leur preuve partout dans le monde depuis plusieurs décennies déjà (Etats Unis, Canada, Suède, Belgique, Italie, Israël…)
Les prises en charge éducatives  n’étant pas remboursées pas la sécurité sociale les familles  doivent donc débourser entre 1.500 € et 2.500 € par mois. Le plus souvent l’un des parents s’arrête de travailler pour rester avec l’enfant dont la prise en charge se déroule à domicile. Il  y a donc en plus une perte de revenus important.

La seule aide financière est celle de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH)  qui correspond au maximum à 1200 €/mois. Mais ces aides sont très longues à obtenir : entre 6 mois et un an à partir du dépôt du dossier et ce temps d’attente constitue une perte de chance importante pour l’enfant, car pendant ce délai le cerveau perd en plasticité et les comportements problèmes s’accumulent et se renforcent.
L’idée en créant LA VIE EN BLEU, c’est justement que ce délai incompressible ne porte pas préjudice aux enfants et à leur famille, en permettant de démarrer la prise en charge sans attendre et que le volet financier ne constitue pas un frein.

-Le deuxième point sur lequel la France accuse un  grave en retard est l’inclusion scolaire.
En France seuls 20% des enfants autistes sont scolarisés, contre plus de 90 % chez tous nos voisins européens…

As-tu des exemples positifs suite à la prise en charge précoce que vous proposez ?

Nous ne commencerons à recevoir des enfants qu’à partir de septembre, mais je peux d’ores et déjà parler des progrès de mon fils de deux ans. Il a commencé la prise en charge en février dernier et en seulement quelques mois il a déjà beaucoup progressé. Il est désormais capable de manger seul,  accepte qu’on lui brosse les dents alors qu’il était impossible d’introduire le moindre élément dans sa bouche, il se retourne à l’appel de son prénom, pointe les objets désirés pour faire une demande, développe son répertoire de jeux et ses centres d’intérêts ... Il a également beaucoup progressé au niveau sensoriel (domaine fréquemment affecté dans l’autisme), lui qui ne supportait pas de toucher la pâte à modeler sans pleurer ou de marcher dans le sable sans hurler, il le fait aujourd’hui avec plaisir !

D’une manière générale, tous les parents d’enfants autistes avec qui j’ai discuté et qui ont eu la chance de commencer très tôt  l’ABA ont constaté des améliorations significatives. Je connais ainsi deux enfants qui ont été pris en charge vers deux ans et qui ont maintenant  5 et 7 ans. Ils ont tous deux perdus leur diagnostic d’autisme, et pour une personne non initiée, rien ne permet de dire que ce sont des enfants différents…
Il ne s’agit pas d’un miracle mais d’un gros travail et d’un investissement de tous les instants mais cela donne des résultats !

Comment peut-on vous aider concrètement ?

Concrètement afin de faire bénéficier un maximum d’enfants de cette prise en charge précoce, nous avons besoin de fonds.  Parlez de nous autour de vous afin de nous faire connaître, faites un don si le cœur vous en dit (par chèque à l’ordre de LA VIE EN BLEU ou jusqu’au 13 septembre via notre collecte sur le site decrowdfunding Ulule), assistez à nos séminaires si le sujet vous intéresse et venez à nos évènements, nous serons ravis de vous y rencontrer et de vous compter parmi nos soutiens !

Quels sont les projets de l’association pour le futur ?

Dans le futur nous aimerions pouvoir organiser des ateliers de socialisation pour les enfants, mais également des journées à thèmes ciblant des problèmes spécifiques (troubles du sommeil, troubles de l’alimentation, troubles sensoriels, comportements problème….)
Nous souhaiterions également obtenir une autorisation du rectorat afin que nos intervenants puissent accompagner les enfants à l’école.

Pour en savoir plus :




mardi 29 juillet 2014

Dictionnaire participatif du féminisme : "S comme sportive" par Gabrielle



Aujourd'hui j'accueille avec grand plaisir Gabrielle, auteure du blog "Entrées en lice".

Elle nous donne sa définition de "S comme sportive"

Nous voilà juste sortis de la Coupe du Monde masculine de football. J'imagine donc que vous pouvez citer trois footballeurs. Mais connaissez-vous trois footballeuses ? Non ? Sinon, vous rappelez-vous la dernière fois que vous avez vu une sportive de haut niveau en couverture d'un magazine ?
« Le sport moderne a été inventé […] par les hommes et pour les hommes. » écrit la journaliste Fabienne Broucaret*. Comme pour toute activité historiquement masculine les femmes peinent à s'y faire une place... quand elle ne s'en détournent pas complètement.


Dans les magazines féminins, le sport est relégué à la rubrique « Minceur », comme une ennuyeuse contrainte. On nous vend du sport comme on nous vendrait des crèmes anti-rides : il faut toujours se lancer dans la dernière activité à la mode (et dispendieuse). Pourquoi faire du jogging gratuitement quand on peut faire de l'aqua-zumba suédoise à 50 euros la séance ? L'objectif unique est de se forger un corps « parfait » conformes aux normes. Quant au plaisir de pratiquer... Les sportives régulières sont caricaturées comme des control freaks masochistes. Et trop musclées. (J'y reviendrai).
Pas étonnant que d'une part, les femmes boudent le sport, et que d'autre part celles qui persistent privilégient la danse ou la gymnastique, sports réputés « féminins » et « gracieux ». Mais les autres, celles qui veulent bouger mais que les pirouettes ennuient, elles peuvent faire quoi ?  Ben... Si en théorie aucun sport n'est interdit aux femmes, il est difficile de pratiquer des disciplines traditionnellement masculines.


Le karaté, l'aviron, le lancer de poids... En tout premier lieu, comment se décider pour un sport que l'on ne connaît pas ? On sait que l'absence de rôle-modèles féminins bride complètement les choix professionnels des jeunes filles ; c'est pareil pour le sport.
Nous voyons peu de sportives à la TV : les médias sportifs sont parmi les plus androcentrés. Comme partout (particulièrement dans les milieux de pouvoir), le masculin est normal,  neutre. Lorsque l'on dit « Équipe de France », c'est toujours pour parler de l'équipe de France MASCULINE. Le féminin reste le cas particulier... la quantité négligeable.
Les patrons de presse ne manquent pas de se justifier. Le niveau est trop faible, arguent-ils. En l'admettant, qu'est-ce qui fait un bon niveau ? Il est clair que plus la fédération compte de pratiquantes, meilleures sont les chances de trouver de potentielles championnes. Donc si on veut que le niveau augmente il faut surtout augmenter le nombre de jeunes filles pratiquantes : retour à la case départ.
Cependant cet argument de niveau confine parfois à la mauvaise foi,  et à tout à voir avec la réticence à voir des femmes pratiquer des « sports d'hommes ».


La sous-médiatisation des sportives n'est en réalité qu'une conséquence des stéréotypes de genre à l’œuvre dans notre société patriarcale.
Je parlais plus haut du physique des sportives. On est choqué de voir des femmes au corps musclé et transpirant, en plein effort. Il suffit de lire Twitter pendant un match féminin de foot ou un meeting d'athlétisme : « Elle est trop moche on dirait un mec » « Lol elle est plus musclée que Teddy Riner». Une énième pression qui s'exerce sur le corps des femmes. Vous aurez en outre saisi l'injonction contradictoire qui demande aux sportives un plus haut niveau tout en restant sexy. Comment être puissante et rapide sans muscles ?
Les détracteurs du sport féminin ne s'arrêtent pas au physique. Selon eux, le sport et la compétition ne sont pas « naturels » pour les femmes. C'est sûr qu'en empêchant les fillettes de s'y mettre elles ne risquent pas de développer la ténacité, l'esprit d'équipe, la prise de risque, l'ambition...  qui leur manqueraient « naturellement ». Celles qui montrent ces qualités s'exposent aux critiques et aux doutes, en particulier sur leur sexualité, voire sur leur sexe. On se rappelle des propos aigres de Martina Hingis battue par Amélie Mauresmo, qualifiant cette dernière de « demi-homme ».
Ces préjugés, relayés par la société entière, sont de vrais freins à la pratique sportive féminine. D'autres obstacles en découlent: rareté de l'offre sportive, manque d'infrastructures dédiées, et dans le haut niveau, manque de moyens... C'est un vrai cercle vicieux, qui contribue à la confidentialité du sport féminin.


Néanmoins, le combat mené par les sportives depuis près d'un siècle porte progressivement ses fruits : si en 1948, le football était interdit aux femmes , en 2011 on a pu voir la coupe du Monde féminine à la télévision. Cette année, l'ensemble des fédérations sportives françaises doivent présenter au gouvernement un plan de féminisation. Mais à quand un Tour de France féminin? Qui est au courant que la coupe du Monde féminine de rugby a lieu cet été en France ?
Je regrette par ailleurs qu'on ne parle pas de masculiniser les fédérations d'équitation ou de gymnastique. Il est plus difficile pour un garçon de faire du patinage artistique que pour une fille de faire de l'haltérophilie. Les garçons aussi souffrent des préjugés !


Il me semble clair qu'on ne peut espérer promouvoir le sport féminin sans s'attaquer aux fondements du patriarcat, même si malheureusement peu l'admettent. Car ceux et celles qui estiment qu'une femme est plus à sa place sur un tapis de yoga que sur un ring de boxe sont les mêmes qui pensent qu'une femme n'a pas les épaules pour diriger une entreprise, et qu'un père sera incapable de s'occuper de son bébé.
En outre, je suis convaincue que la pratique du sport en mixité est un levier efficace pour lutter contre les stéréotypes sexistes et lever les inhibitions de chacune et chacun. Pour moi, sport et féminisme sont étroitement liés.



* dans son livre « Le sport féminin, dernier bastion du sexisme » paru en 2012 aux Éditions Michalon.

dimanche 27 juillet 2014

Concours : un bon d'achat Spreadshirt de 25€ à gagner sur le blog!


Pas toujours facile de trouver des t-shirts à messages qui ne soient ni beaufs ni sexistes (j’en parlais encore récemment sur le blog).

Sur Spreadshirt, j’ai quand même réussi à dénicher ce chouette t-shirt  pour ma fille après quelques recherches :

Un peu de girl power au milieu des vêtements Hello Kitty/Disney/Barbie qui fleurissent dans les rayons en ce moment, ça ne fait pas de mal.

Pour ceux qui ne connaitraient pas ce site, Spreadshirt est une boutique en ligne qui propose des t-shirts et des cadeaux persos (mug, sacs casquettes…). Si vous êtes très créatifs (pas du tout comme moi), vous pourrez créer vous-même le t-shirt de vos rêves. Si vous manquez d’idées (comme moi), vous trouverez votre bonheur parmi les milliers de références existant sur le site.

Vous pouvez même créer votre propre boutique en ligne et vendre vos créations (comme Manuela, à qui j’avais commandé un très chouette t-shirt « Yiddische Mama »).

Côté livraison, rien à dire, du très rapide (commande passée lundi reçue vendredi). Côté qualité, rien à signaler non plus, le coton est très épais, la sérigraphie très soignée. En revanche, ce sont des t-shirts américains, donc ils taillent un peu grand (le 6 ans reçu correspond davantage à un 8 ans. Pas grave, ma fille le mettra plus longtemps !).


Spreadshirt vous offre aujourd’hui la possibilité de gagner un bon d’achat de 25 €+ livraison gratuite valable sur l’ensemble du site.

Pour participer, dites-moi en commentaire à quoi ressemblerait le t-shirt de vos rêves (motif et/ou texte).

Je tirerai au sort l’heureux gagnant ou l’heureux gagnante puis annoncerai le résultat le vendredi 8 aout.

Si vous manquez d’inspiration, voici ma sélection personnelle :

Pour adultes :

T-shirt tête de mort


T-shirt « A clean home is a sign of a wasted life »


T-shirt « Bandida »
 
Pour enfants :

T-shirt football féminin




Body « Geekette for life »

T-shirt « Grumpy cat »

Bavoir « Erreur 404 »
 

vendredi 25 juillet 2014

"Plus tard j'en aurai une grosse comme papa" : il n'est jamais trop tôt pour le sexisme



Récemment, je vous avais parlé ici des tétines sexys pour petites filles, des perruques pour bébé ou des bavoirs genrés ("Reine du shopping" pour elle et "Champion du Monde" pour lui).

Aujourd'hui, je découvre ces t-shirts genrés pour bébé qui cumulent mauvais goût et sexisme dès le berceau:


On attend la version enfant du pull "Salopette" de la marque Léon, dont la légende à l'époque sur le site était: “Femme méprisable, garce sans scrupules, aux mœurs corrompues et prête à tout pour réussir, avec, en général, une connotation sexuelle.”





jeudi 24 juillet 2014

Comment occuper son enfant à Paris : Jardin d'été au musée du Quai Branly



A Paris, les activités ne manquent pas pour occuper les enfants pendant l’été.

A condition d’avoir le temps et les moyens.

En effet, à moins de s’y être pris 2 mois avant, les ateliers affichent complets la plupart du temps.

Et trop souvent, les activités destinées aux enfants sont de véritables attrape-gogos, chères et bâclées (j’avais parlé précedemment ici de l’exposition Martine au musée en herbe, expédiée en 5 minutes).

Heureusement, il existe de jolies surprises comme le programme « Jardin d’été » organisé par le musée du Quai Branly. Dans cet agréable jardin, le musée a prévu une programmation très éclectique, pour petits et grands pendant tout l’été. Fait non négligeable, toutes les activités proposées sont 100% gratuites.

Au programme pour les adultes : salon de lecture, siestes électroniques (des sessions musicales à écouter à l’horizontale), concert ou initiation au ukulélé.

Pour les enfants : jeu de piste, lecture de contes, atelier tatouage, initiation à la langue des signes des indiens et bibliothèque en plein air.

Je suis tombée sur cet événement complètement par hasard, un jour où je tapais désespérément sur Google  « Comment occuper son enfant en juillet à Paris ».

J’ai donc testé mercredi dernier l’atelier tatouages avec ma fille. Une session d’une demi-heure pour parents et enfants sous l’encadrement d’une animatrice, en rapport avec l’exposition "Tatoueurs, tatoués" qui a lieu au musée en ce moment. 

Après une rapide explication sur l’origine des tatouages, les enfants sont invités à choisir un motif puis à le décalquer. 



Ils doivent ensuite reporter le dessin sur un carbone spécial. L’adulte se charge enfin de l’appliquer sur le bras de l’enfant. 



Une activité très intéressante et très bien organisée qui a beaucoup plu à ma fille. Petit conseil : l’atelier n’acceptant pas plus de 15 personnes, il vaut mieux arriver en avance (nous étions sur place à 14h alors que l’atelier commençait à 14h30). Il y a des sessions toutes les demi-heures de 14h30 à 16h30 tous les jours.

Nous nous sommes ensuite rendues dans la bibliothèque en plein air : au cœur du jardin, sont disposés transats et coussins permettant d’être confortablement assis pour dévorer les livres en rapport avec les expositions. Ou de jouer avec les jeux de société mis à la disposition des parents et des enfants. L’animatrice qui encadre le lieu a proposé à ma fille de construire et de décorer un mini-tipi. 



Elle s’est beaucoup amusée à le faire. Devant son enthousiasme, l’animatrice m’a conseillé de l’inscrire à l’atelier d’initiation à la langue des signes des indiens de mercredi prochain, ce que je me suis empressée de faire en rentrant à la maison.

Pour ma part, je testerais bien la sieste électronique mais je crains que ça ne soit pas à l’ordre du jour !

mercredi 23 juillet 2014

Dictionnaire participatif du féminisme : "C comme childfree" par Funambuline


Aujourd'hui c'est Funambuline qui ajoute sa contribution au dictionnaire participatif du féminisme avec "C comme childfree". Un grand merci à elle!


 Depuis plusieurs années maintenant, je sais que je n'aurai pas d'enfant. Ce n'est pas que je ne puisse pas en avoir, biologiquement parlant, c'est que je n'en éprouve pas le désir. Ni hier, ni aujourd'hui, ni demain. De la même manière que certaines personnes ressentent viscéralement le désir de devenir parent, au fond de mes tripes, je ressens ce non-désir.
Il y a quelques décennies, il était pratiquement impossible d'en parler, aujourd'hui de plus en plus de personnes osent exprimer leur non-désir d'enfant. Ce qui a été mon cas, après en avoir discuté sur Internet avec des plus ou moins inconnus, j'ai enfin osé dire que non, je n'avais pas envie d'avoir d'enfant, à mon entourage. Pourquoi en parler ici ? Et bien parce que c'est ensuite que les problèmes commencent.

 
Quand j'ai enfin libéré ma parole, j'ai eu une période où j'avais besoin de le dire à tout le monde. Et je m'en suis pris plein la gueule. J'ai été insultée par des gens bien-pensant qui pensaient me "sauver", considérée comme une cruche écervelée par certaines personnes que je considérais comme proches, interrogée sur mes choix et convictions les plus intimes par de parfaits inconnus. C'était délicieux.

Petit florilège des remarques qui m'ont été faites


Tu es égoïste !
Pourquoi ? Parce que je ne veux pas surcharger la planète de ma progéniture ? Le fruit de MES entrailles risquerait de sauver le monde et sans lui donner vie je voue la planète entière à la déchéance ? Allons, allons, espérons que Kévin, le petit couvert de morve que je vois accroché à tes pantalons, jouera ce rôle.
La réflexion de l'égoïsme vient souvent de jeunes parents épuisés-mais-heureux-c'est-le-plus-beau-métier-du-monde. L'idée que je ne sacrifie pas mes futures grasses matinées à la mission fondamentale de l'humanité leur paraît abominable. C'est aussi l'argument qui me touche le moins, tellement je le trouve hors sujet.

Mais tu n'aimes pas les enfants ?
Et bien Ginette, détrompes-toi, j'adore certains enfants. D'autres me sont indifférents, d'autres me hérissent le poil. Comme beaucoup de parents d'ailleurs, qui ne supportent que leurs propres enfants et pas ceux des autres. Mes deux neveux et ma nièce sont parmi les gens que je préfère au monde, je tente de les voir dès que possible, je me réjouis de les voir grandir et, d'après leurs parents, je me comporte de manière très adéquate avec eux. D'ailleurs on me trouve plutôt douée avec les enfants en général.
Mais ce n'est pas parce que j'adore les rhinocéros que j'en ai adopté trois. Avoir de l'instinct sur la manière d'interagir avec les enfants n'implique pas d'avoir envie d'être parent.

Tu te rends compte que tu vas vieillir seule ?
Et bien bravo Gaston, tu détiens la palme. Donc toi, tu as fait/vas faire des enfants pour ne pas être seul quand tu seras vieux ? Bel esprit. On revient à l'égoïsme deux secondes ou tout le monde a saisi l'ironie ? Il faudrait aussi poser la question dans les EMS, pour voir si tout leurs habitants sont childfree...
Et non, je ne serai pas seule, mais entourée de ceux que j'aurai choisi et qui auront choisi de m'entourer. Une personne qui ose même imaginer une seconde que ce pourrait être un argument en faveur de faire des enfants devrait avoir son permis pour faire des enfants retiré immédiatement. Ah non, ce permis n'existe pas. Quel dommage !
Tu vas changer d'avis, tu verras !
Oui, tu sais certainement mieux que moi ce que je ressens. Cette affirmation, souvent prononcée par des jeunes mères comblées, ou futures-mères comblées, est une des plus blessante qui soit. D'abord elle est particulièrement infantilisante et elle insulte mon intelligence, ensuite elle pose un jugement de valeur qui implique que FORCEMENT toute femme DOIT être mère et que toute autre possibilité est une aberration. J'ai appris, au fil du temps, que je ne pourrai plus discuter avec ces personnes-là, c'est inutile.
Quand il s'agit de personnes que je suis dans l'obligation de côtoyer régulièrement, pour ne pas ramener le sujet à chaque fois qu'il y a une naissance dans le coin, je mens parfois en disant que je ne peux pas en avoir, ça leur cloue le bec et c'est réglé. (Après la publication de cet article, je ne pourrai plus, damned.)


Tu te rends compte de tout ce que tu vas rater ?
Non. Je ne pense pas que l'on puisse se rendre compte de ce qu'est être parent sans être parent. Tant mieux peut-être. Mais plus j'entends parler les jeunes parents de leur épuisement total, les parents d'adolescents des souffrances que cet âge douloureux peut engendrer, plus je me dis que si on pouvait s'imaginer ce que c'est vraiment, il y aurait peut-être plus de childfree.
Ce que je sais c'est que je ne me sentirai jamais à la hauteur de la responsabilité d'être parent, et je suis très admirative pour ceux qui font du mieux qu'ils peuvent, sans jamais lâcher, bravo à eux. Mais ça continue de ne pas m'attirer du tout comme expérience.
Je n'ai jamais sauté en parachute non plus. Et je ne me rends pas compte non plus de ce que je rate. Et on vit très bien sans.

Mais pourquoi ?

C'est ça la vraie question. Même si elle est intime, la seule et vraie question que vous pouvez poser légitimement à quelqu'un qui vous dit ne pas vouloir d'enfant est "pourquoi ?".

Dans mon cas, c'est une simple et très viscérale non-envie.
Couplée à des centaines de raisons accessoires qui n'ont que peu d'importance au final, comme pour le choix de faire des enfants j'imagine. Ce n'est pas compatible avec mes multiples vies parallèles, pas compatible avec mon budget, pas compatible avec mon style de vie en général, pas compatible avec mon idéal de vie. Pas compatible avec ma liberté d'être celle que je suis, pour résumer. Et je ne parle pas des raisons éthiques et de mon pessimisme pour l'état de notre petite planète dans quelques décennies.
Et, tout simplement, la maternité n'est pas indispensable à mon épanouissement.

"La non-parentalité n'est pas l'expression d'une névrose ou d'une immaturité ; au contraire, il s'agit d'une décision complexe dont les avantages sont sensés dépasser le coût de la non-conformité sociale." (Campbell E. Becoming voluntarily childless: an exploratory study in a Scottish city. Soc Biol. 1983 Fall;30(3):307-17)

Quand j'ai enfin libéré ma parole et fait mon coming out childfree, le plus intéressant a été de découvrir que nous sommes nombreux (en Suisse, entre 25 et 30% des femmes n'auront pas d'enfants). La parole est plus libérée dans certaines régions que d'autres (ce qui ne pose plus de problèmes en Allemagne amène encore des centaines de questions dérangeantes en France ou en Espagne, par exemple). Les mouvements childfree (par opposition à childless = ne peut pas avoir d'enfant) ou no kid sont de plus en plus visibles, à travers cette visibilité l'acceptation de ce choix -fondamentalement intime- par la société en général va s'améliorer. C'est aussi pour cette raison que j'en parle.

J'avoue que c'est aussi parce que c'est souvent un plaisir de parler avec d'autres non-parents par choix, et que j'espère qu'ils vont sortir du bois de plus en plus nombreux. Que vous soyez parent, non parent, curieux ou sympathisant, je me réjouis de lire votre commentaire et je vous offre ce Childfree Bullshit Bingo.

mardi 22 juillet 2014

Elles osent! Entreprendre au féminin : Kenza Hachimi, co-fondatrice de Kitchen Trotter



Bonjour Kenza, peux-tu nous parler de Kitchen trotter? Quel est son concept ?
 Kitchen Trotter c’est avant tout l’histoire d’une passion, ou plutôt de 2 passions : la cuisine et le voyage. Et de 3 amis : Aïcha Mansouri, Pierre-François Lotiron et moi-même. Notre objectif commun est de démocratiser la cuisine du monde et de faire voyager nos « Trotters » depuis leur cuisine.
Le concept est très simple et très ludique. Tous les mois, on reçoit dans sa boite aux lettres un kit de cuisine mettant à l’honneur une destination surprise. A l’intérieur, on y retrouve les principales recettes de ce pays ainsi que les principaux ingrédient pour les réaliser. Ensuite, il suffit de compléter par quelques ingrédients simples et on est prêt à inviter ses amis à partager un délicieux repas qu’on a soi-même préparé.

Quel a été ton parcours avant de lancer Kitchen trotter?
J’ai intégré l’ESSEC il y a quelques années, pour y poursuivre un MBA et me spécialiser en communication. Au fil de mes cours et de mes rencontres, j’ai commencé à découvrir le monde de l’entrepreneuriat. Et pour tout vous dire, ce nouvel univers a commencé à m’attirer fortement. J’ai tout de même commencé à travailler en communication au sein de Microsoft France pendant 2 ans. Mais l’appel de l’entrepreneuriat était plus fort ! Le passage à l’acte était donc assez rapide. Nous nous sommes vite retrouvés avec Aicha et Pierre, 2 amis de longue date, avec la même volonté de créer notre propre entreprise.

Qu’est ce qui vous différencie de vos concurrents ?
La principale différence de Kitchen Trotter est avant tout l’expérience que nous proposons à nos clients. Au-delà de leur mettre à disposition des recettes et des ingrédients difficiles à dénicher, nous leur offrons une expérience en 3 étapes. La première est l’ouverture du kit, le moment où on découvre le pays du mois mais aussi le contenu de son colis. Avec Kitchen Trotter c’est Noël tous les mois ! Le deuxième moment clé est la préparation des recettes. C’est le moment où on prend plaisir à mitonner de bons petits plats venus d’ailleurs. La magie de ce moment est qu’on apprend à utiliser de nouveaux ingrédients, qu’on ne connaissait pas avant. Et enfin, le meilleur moment je dirai, c’est celui où on déguste tout ça, avec ses proches !

Peux-tu nous dresser le portrait robot d’un(e) abonné(e )? Connais-tu la répartition hommes/femmes de tes abonnés ?
L’abonné type Kitchen Trotter est une femme de 25 à 45 ans, résidant partout en France. Elle est souvent en couple, voire avec un enfant. Mais tout le monde peut se reconnaître dans Kitchen Trotter !

Comment expliquer le succès des box ?
Les boxs représentent un nouveau mode de consommation, qui nous sort de la routine du quotidien. On ne veut plus recevoir que des factures dans sa boite aux lettres. On reçoit désormais aussi sa box, réelle bouffée d’air frais.  Le succès des boxs s’explique aussi par la spécialisation de chaque concept, répondant ainsi aux attentes de beaucoup de français.

Quel est votre business model ?
Notre business model repose essentiellement sur la vente de nos abonnements, répartis en 4 formules : l’abonnement mensuel sans engagement, ou les abonnement 3, 6 ou 12 mois. Nous avons également développé une épicerie en ligne, qui permet à nos abonnés de retrouver les ingrédients dégustés à travers leurs kits précédents.
Enfin, nous développons aussi des partenariats par ailleurs, comme c’est déjà le cas avec le groupe Prisma Media par exemple, pour le magazine Cuisine Actuelle.

En tant que femme, quelles ont été les difficultés rencontrées lors de la ta création d’entreprise ? Comment as-tu pu lever ces freins ?
J’avoue ne pas avoir rencontré de freins lors de la création de Kitchen Trotter liés au fait que je sois une femme. Mais il est vrai que le monde de l’entrepreneuriat est majoritairement masculin !

Quels conseils donnerais-tu à une femme qui souhaiterait se lancer aujourd’hui ?
J’encourage toutes les femmes de se lancer dans l’entrepreneuriat. C’est une expérience très enrichissante à la fois au niveau personnel que professionnel. Et puis on a besoin de plus de femmes entrepreneurs !
Il s’agit ensuite simplement de trouver un bon équilibre entre la vie de famille et l’implication professionnelle.

Fais-tu partie d’un réseau féminin ? Si oui lequel ?
Non, je ne fais pas partie d’un réseau positionné sur le créneau « féminin », en tous cas pas pour le moment. Mais je suis régulièrement les activités de réseaux comme Girls In Tech par exemple.

As-tu un exemple de femme qui a pu t’inspirer ou avoir valeur d’exemple ?
Parmi mes inspirations féminines, il y a notamment Marissa Mayer ou Angela Ahrendts qui ont su accéder à des postes stratégiques dans de très grandes entreprises. Dans l’univers des start-ups, nous sommes assez proches de Lara Rouyres et Tatianna Jama, qui sont de très bon conseil !

Quels son tes projets professionnels pour le futur ?
Mon seul et unique projet professionnel est de continuer à faire développer Kitchen Trotter, et à en faire une marque française qui rayonne à l’international ! Ca fait déjà pas mal de boulot :-)

Pour en savoir plus : site internet de Kitchen Trotter  


dimanche 20 juillet 2014

Nos jours heureux, qu'ils disaient!


Ce soir, ça sera un peu retour vers le futur à la maison.

Ou plutôt « La Boum ».

Comme quand j’avais 16 ans, et que j’attendais désespérément l’appel d’un garçon, je ferai le pied de grue devant le combiné en hurlant « Que personne ne touche à ce téléphone !».

Car ce soir mon fils appellera depuis sa colonie.

Je précise que je ne l’ai pas laissé partir vraiment de gaieté de cœur (doux euphémisme).

Mais à force de répéter qu’il faut donner à ses enfants des racines et des ailes, je me suis dit qu’il fallait de temps mettre en application ces beaux principes.

Au départ, c’était une idée de Nadine, ma voisine : « Et s’il partait avec mon fils ? Ca fait 3 ans qu’il part en colo, il adore ». Nadine, c’est la voisine la plus cool du monde, le genre de personne qui mettrait Julien Courbet au chômage direct ou qui pourrait être sans problème la mascotte officielle de la fête des voisins. Nadine, c’est le retour de karma après avoir eu au-dessus de ma tête un fou insomniaque qui terrorisait les gosses.

Du coup,  je n’ai pas voulu paraître trop abrupte et ai répondu d’un sourire franc, histoire de maintenir nos bonnes relations de voisinage : « Ah oui c’est gentil de proposer mais c’est pas son genre en fait les colos, il ne voudra pas. Mais merci hein ».

De retour à la maison je raconte cette anecdote à mon mari en ricanant « Ah ah, partir en colo » quand mon fils s’immisce alors dans la conversation en lançant un : « Hein mais pourquoi t’as dit non ? Je veux aller en colonie moi ». Coup de massue.

Je l’ai laissé réfléchir une semaine. Puis 2. Puis un mois. Plusieurs fois quand il me demandait quelque chose («Où est mon cahier ? » « Tu peux me couper ma viande ? » « Je sais pas quoi choisir comme vêtement ») je lui répondais du tac au tac, sarcastique « Et tu ferais comment en colo hein ? ». Tout cela ne l’a pas dissuadé. Nous l’avons donc inscrit. Enfin, plutôt son père car moi je refusais de m’intéresser à tout ce qui tournait autour de cette colo tant cette perspective m’angoissait.

J’ai bien été amenée à m’y intéresser lors de la réunion de préparation à laquelle nous avons été conviés. J’ai découvert que la colonie n’était finalement pas si loin de Paris (ouf), que les animateurs étaient plutôt responsables et que tous les enfants étaient des accros à leur téléphones (première question posée par un gamin « On aura le droit d’utiliser internet avec mon portable ? ». Soulagement, mon enfant n’est donc pas un extra-terrestre).

Et puis l’angoisse est revenue crescendo quelques jours avant le départ en découvrant la liste de ce qu’il fallait mettre dans la valise. En comparaison, la liste des fournitures scolaires serait presque une partie de rigolade, entre les affaires à marquer et les trucs improbables à acheter. Du genre un appareil photo jetable. Je ne compte plus le nombre de magasins parcourus pour trouver le Saint Graal. A chaque fois, le même regard contrit du vendeur, comme si je demandais à acheter un gramophone ou un silex pour faire du feu. Grand moment de solitude quand il a fallu  ensuite expliquer à mon fils le fonctionnement de l’appareil : « Alors, tu regardes dans le trou pour faire la photo et tu ne rates pas hein, parce qu’on ne gâche pas la pellicule » « Ouais, bon au pire, je regarde si ça va pas et je recommence ». « Ben non justement, ce n’est pas un appareil numérique, tu ne peux pas voir la photo avant, il faut faire développer la pellicule ». Je ne m’étais jamais sentie aussi vieille que depuis que mon fils m’avait demandé si j’avais connu les dinosaures.  « J’ai tellement galéré à trouver ce fichu appareil que tu as intérêt à prendre des photos avec » ai-je dit pour faire diversion.

Puis le jour du départ est arrivé. Toute la journée, j’ai essayé de faire bonne figure en chantonnant et en répétant « Ah, ah quelle chance tu as, ça va être top la colo ». Puis, dès que je pouvais, j’allais me réfugier dans la cuisine en soufflant un grand coup et en respirant par le ventre. Ironie du sort, la semaine d’avant, une psy que j’avais interviewée pour un article m’expliquait qu’il ne servait à rien de mentir aux enfants, qu’ils comprenaient tout. Comme quoi, entre la théorie et la pratique…

C’est alors que mon fils qui jouait avec mon téléphone m’appelle précipitamment: « Maman, y a ta copine qui te dit par texto qu’il faut que tu arrêtes de stresser, tout va bien se passer à la colonie ». Un bien beau #fail.

Quelques heures après, nous nous retrouvons sur le quai de la gare. Mon fils me lance alors en riant « Hé maman, tu te souviens dans Ariol (un dessin animé qu’il aime bien), la maman se met à pleurer sur le quai de la gare. C’est exagéré hein ». « Ah ah, oh oui, faut vraiment être sensible hein » répondis-je en ravalant ma salive. IL NE FAUT PAS PLEURER DEVANT LUI m’ont répété en boucle ma mère/ma belle-mère/mes copines, j’étais donc bien décidée à ne pas craquer. 

J’imaginais déjà les adieux, face au train, digne et détachée, secouant ma main d’un air guilleret. Sauf que ce fichu animateur a contrecarré tous mes plans de mère parfaite en annonçant, fourbe, au dernier moment : « La SNCF interdit l’accès au train aux parents, il va donc falloir dire au revoir aux enfants maintenant ».

Maintenant, là tout de suite, devant cet escalier mécanique sans âme qui semble descendre dans les tréfonds de l’enfer. Je sens l’angoisse qui monte et les larmes avec. J’essaye de faire diversion en scrutant la valise Lancel de cette petite fille (« Ah ah une valise Lancel pour partir en colo, faut le faire hein, c’est rigolo ») mais rien n’y fait, je me mets à pleurer. « Non mais ça va aller, maman, te mets pas dans des états pareils » me dit mon fils pour me rassurer. Faudra tenter autre chose que la poussière dans l’œil donc.

Je regarde autour de moi en espérant qu’une autre mère se mettre à craquer aussi. Que nenni. Elles me regardent toutes d’un air amusé ou gêné. C’est donc mon mari qui se charge des adieux alors que je tente de sauver le peu de dignité qu’il me reste en me planquant derrière un poteau.

Quelques minutes après, j’apprends que mon fils a déjà appelé ma mère pour lui dire qu’il ne s’était pas fait de copain (j’étais tellement ravagée qu’il n’a pas dû oser me téléphoner). Puis pour lui dire qu’il voudrait que je lui envoie sa machine à rainbow loom (ce truc est pire que la drogue). Je l’ai eu en fin de soirée puis jeudi dernier : il avait l’air content, m’a dit qu’il n’a pas pleuré (j’ai appris qu’il avait dit à ma mère qu’il s’était retenu) et qu’il avait pris plein de photos (je crois que je lui ai LEGEREMENT mis la pression avec cet appareil jetable). Depuis silence radio car il n’a droit au portable que les mardis, jeudis et dimanches.

Ce soir mon fils appellera depuis sa colonie.

Comme quand j’avais 16 ans, et que j’attendais désespérément l’appel d’un garçon, je ferai le pied de grue devant le combiné en hurlant « Que personne ne touche à ce téléphone !».

Enfin, j'espère qu'il fera mieux que le garçon en question, qui, lui, n’a jamais rappelé.