> janvier 2017

dimanche 15 janvier 2017

"Sois belle, mince et tais-toi": quand les marques de vêtements complexent les petites filles




En mai dernier, je m’insurgeais contre les marques de vêtements pour filles systématiquement sous-taillées, alertée par ma fille qui se plaignait des pantalons qui lui cisaillaient le ventre ou dans lesquels elle avait du mal à passer les jambes. Sans parler des t-shirts qui lui remontaient au-dessus du ventre. Un problème que je n’ai pas rencontré pour mon fils de 11 ans.

Quand elle m’a demandé si je la trouvais grosse et qu’elle a demandé à se peser, j’ai commencé à tiquer.

Pourtant ma fille est plutôt mince, elle a juste un petit ventre. Enfin, je devrais dire plutôt : elle a un ventre. Elle est également pourvue des cuisses et non pas de tiges longilignes. Des éléments anatomiques dont les fabricants de vêtements pour filles semblent totalement faire abstraction. En croisant il y a quelques mois une mère dans un magasin de vêtements aussi dépitée que moi devant les rayons, j’ai brièvement échangé avec celle-ci. Elle aussi déplorait l’impossibilité de trouver un pantalon autre que slim. Et me confiait devoir prendre systématiquement une taille au-dessus pour que sa fille puisse respirer et ne pas avoir le nombril à l’air.

L’injonction à la minceur n’attend donc pas le nombre des années. Les stéréotypes sexistes non plus.

Lors d’une séance de shopping chez C&A avec ma fille hier, je suis tombée en arrêt devant ce t-shirt au rayon fille (j’ai cherché, nul équivalent au rayon garçon).


Le message «  Trop jolie pour faire mes devoirs » cumule stéréotype sexiste et faute grammaticale (le « much » est justement too much).

En 2011 et 2015, des marques américaines avaient fait le bad buzz avec des t-shirts imprimés "Too pretty to do homework". 


Et ce genre d’horreur sexistes est loin d’être une première : en 2011, on se souvient de l’épisode des bodys Petit Bateau, puis les t-shirts « Plus tard, j’en aurai une grosse comme papa/Une paire comme maman », sans oublier les bavoirs « "Reine du shopping" pour elle et "Champion du Monde"  pour lui ».

Et il ne faut pas compter sur le monde des super-héros pour relever le niveau, alors même que ces personnages ont justement vocation à devenir des modèles pour les enfants.

En 2014, la célèbre maison d'édition américaine de bandes dessinées DC Comics a ainsi crée la polémique aux Etats-Unis en lançant 2 t-shirt genrés.




Sur la version pour garçons on pouvait y lire : « Je m’entraîne pour être Batman ».

Sur la version filles : « Je m’entraîne pour être la femme de Batman ».

Et puisqu’il n’est jamais trop tôt pour être victime de stéréotypes, DC Comics a également rhabillé les bébés avec des bodys dans la même veine sexiste.




Version garçon : « Futur « Man of steel » (homme d’acier, du nom d’un super-héros) »

Version fille : « Je sors uniquement avec des super-héros »

En Espagne, des bodys du même genre ont fleuri dans les rayons de supermarché.




Version garçon : « Intelligent comme papa »

Version fille : « Belle comme maman ».

Voilà comment rhabiller nos filles pour l’hiver. L’égalité fille/garçon s’est décidément pris une bien belle veste.