> #Unbonjuif : quand le LOLantisémitisme envahit Twitter

dimanche 14 octobre 2012

#Unbonjuif : quand le LOLantisémitisme envahit Twitter



Ce matin, j’avais décidé d’écrire un article « coup de cœur », les coups de gueule se faisant un peu trop nombreux sur mon blog ces derniers temps.

Avant de m’y atteler, j’ai jeté au préalable un coup d’œil sur Twitter et ai vu passer l’article de Jewpop « Un #bonjuif sur Twitter c’est… ».

J’y ai appris que l’un des « trending topics » du moment (sujets les plus twittés) était #unbonjuif. La thématique m’avait échappé car aucune des personnes auxquelles je suis abonnée ne l'avait évoquée (signe de la qualité de mes followings).

Bien que préparée au pire en raison des précédents ayant déjà eu lieu sur Twitter,  j’ai été effarée par ce que j’y ai lu. Extraits :





En vrac : des préjugés antisémites, des tweets sur la shoah, d’autres sur la concurrence des mémoires ou le sionisme. Mais surtout, des appels au meurtre, revenant comme une tragique litanie. « Un bon juif est un juif mort » «  Un bon juif ressemble à un tas de cendre ».

Assommée par ce terrifiant inventaire, j’ai immédiatement contacté le compte de Twitter France en insérant le lien vers Jewpop.


J’ai eu, suite à ce tweet, beaucoup de réactions :

-       Des RT en rafale, des messages de soutien qui m’ont fait chaud au cœur


-       Des messages d’incrédulité quant à une éventuelle réponse de Twitter 


-       Des messages disant que la suppression des tweets ne servirait à rien et entretiendrait le fantasme d’un complot juif


-       Des messages me demandant ce que serait, d’après moi, la solution


-       Des messages faisant une distinction entre « mauvaise blague » et antisémitisme


-       Des insultes






Que cela soit clair, je n’ai pas la solution. Mon rôle ne consiste qu’à signaler l’information à Twitter. Quand j’étais chef de projet web et que mon site rencontrait un problème, je remontais l’info à mon prestataire extérieur qui se chargeait de le corriger. Je n’avais pas à lui apporter de solution. J’estime que c’est la même chose pour Twitter.

Peut-être qu’en effet je n'aurai pas de réponse. Mais parfois le buzz a des pouvoirs insoupçonnés et j’ai encore la naïveté de croire au pouvoir du verbe. Se taire n’est pas la solution. Affirmer que se défendre c’est entretenir le mythe d’une « répression juive » est une contre-vérité. Les antisémites croiront toujours au complot juif, qu’on l’ouvre ou non, alors autant le faire.

Bloquer ce genre de trending topic, ce n’est pas faire l’autruche, c’est juste limiter la propagation décomplexée d’idées nauséabondes. Bien sûr, cela ne supprimera pas l’antisémitisme mais cela empêchera l’effet de meute, la contagion et la vulgarisation de clichés, la surenchère dans l’horreur. A force de voir apparaître de façon récurrente de telles idées, on finit par les normaliser inconsciemment.

 Quant à la présupposée dimension humoristique de certains tweets, je reste dubitative. L’humour n’est en général qu’un procédé commode pour édulcorer un message : quand on dit quelque chose « pour rire » on le dit quand même. Faire une « blague » sur la Shoah c’est passer un message, c’est loin d’être anodin. « A joke is a very serious thing » disait Churchill…


Mon billet coup de cœur n’aura finalement pas vu le jour. La triste actualité a encore pris le dessus. Jusqu'à quand ?






21 commentaires:

  1. C'est affligeant ! C'est tellement facile derrière son écran !
    Antisémitisme jamais mort, il faut dénoncer, encore et toujours, ne jamais baisser les bras !
    Twitter est en-dessous de tout !

    RépondreSupprimer
  2. Bien d'accord. Je fais passer l'article sur Twitter.

    RépondreSupprimer
  3. J'ai eu du mal à y croire vendredi quand ce hashtag a commencé à faire des émules, mais il faut se rendre à l'évidence : le racisme, l'antisémitisme et la haine de l'autre quel qu'il soit gagnent beaucoup de terrain en ce moment, y compris sur Twitter. Après tout, les réseaux sociaux ne sont que le reflet de ceux et ce qui nous entourent.
    Je suis en tout cas impatiente de connaître la réponse de Twitter France (et l'éventuelle sanction, mais il ne faut pas rêver) de Twitter France.

    RépondreSupprimer
  4. Les blagues cachent toujours un énorme fond de vérité.
    La liberté d'expression? Pas de soucis, c'est surtout leur façon de penser qui pose problème. Ils la boucleraient, ça resterait tout de même dans leur tête et ce serait toujours aussi mal.
    Elle a bon dos, la liberté d'expression.

    RépondreSupprimer
  5. Honte à Twitter!!! Ma pauvre France que j'aime, tu pars à la dérive...Tant d'inhibitions levées, tant de tabous renversés, tant de libertés nauséabondes impunies. Ne pas réagir, faire le dos rond, attendre que le temps efface la révolte, pas de révolte,surtout pas de réactions, trop peur de la révolution. Ainsi, nous sommes entrés depuis, dans l'ère de "La Grande Peur" ...et vivrons sous l'étau de la lâcheté.Courage Sophie, ce n'est qu'un début...

    RépondreSupprimer
  6. Je suis complètement passée à côté, car ce week end j'ai enfin décroché de mon ordi... Et je t'avoue que je suis choquée.
    Ca me coupe les pattes.

    Merci pour ton article cependant. Je me rends compte que rien n'est gagné, je le savais déjà, hein, mais c'est une sacrée claque tout de même.

    RépondreSupprimer
  7. Je suis sans voix... et ces attaques qui ont suivi, à gerber... que devraient dire les musulmans ?!!! ben qu'ils le disent et fassent la même chose s'ils se sentent attaqués sur twitter. tout le monde peut se défendre et dire ce qu'il en pense la preuve... j'arrête là car mes propos risquent de ne pas dépasser ma pensée sur tous les auteurs de ces tweets nauséabonds...

    RépondreSupprimer
  8. Tu as bien fait !! Il faut arrêter de se cacher derrière l'humour et savoir quand on dérape et là, c'est clairement le cas !! Il ne faut pas se taire face à ce genre de propos, c'est justement le fait de les banaliser qui serait dangereux.

    RépondreSupprimer
  9. L'hypocrisie de ceux qui parlent d'humour ne mérite même pas qu'on s'y arrête. Et s'ils veulent expliquer qu'un bon juif est un juif mort les fait rire, je ne suis pas certain qu'ils aient choisi la meilleure défense.

    RépondreSupprimer
  10. Marrant, quand on traine les musulmans dans la boue c'est la liberté d'expression, le droit au blasphème et à la caricature:
    http://uejf.org/blog/2012/09/19/communique-luejf-apporte-son-soutien-a-charlie-hebdo-victime-dune-polemique-deplacee-concernant-la-nouvelle-publication-de-caricatures-de-mahomet
    En fait la liberté d'expression c'est vachement bien quand on en est pas la cible, mais ça devient beaucoup moins marrant quand c'est sa propre communauté qui est visée :)

    RépondreSupprimer
  11. Encore un qui ne sait pas de quoi il parle...pour info, il y avait un rabbin sur la couverture de Charlie Hebdo, avez-vous vu les juifs hurler au blasphème ?Manifester pour demander "morts aux arabes" comme l'ont fait des manifestants "pacifistes" en hurlant "mort aux juifs"? Ici, on ne parle pas de blasphème mais d'incitation à la haine raciale, d'appel au meurtre. Ce n'est pas de la liberté d'expression (mot que vous utilisez sans en connaitre le sens) mais un délit.

    RépondreSupprimer
  12. Utilisatrice régulière de twitter, et dotée d'un grand sens de l'humour (même le plus noir), j'ai vu ce hashtag passer et je l'ai trouvé absolument honteux et écœurant.
    N'avons nous pas suffisamment parlé à l'école de la Shoah et de toutes les horreurs qui ont été faites ? Juifs ou non, je pense que nous avons tous été touchés par ce qu'il s'est passé. Ce n'est plus une question de communauté, cette une partie de l'histoire qui nous a tous traumatisé. Quel est l'intérêt de ce hashtag ? C'est tellement facile pour ces gens là de débiter des conneries pareilles quand on est bien tranquillement planqué derrière son pc. Mais qu'en serait-il s'ils se retrouvaient face à ceux dont ils se moquent, sou-couvert d'un humour foireux ?
    Juifs, musulmans, obèses, handicapés ... les dérapages seraient les mêmes.
    Alors, effectivement on ne peut pas changer les gens, mais Twitter est une plateforme publique et mondiale, et se serait peut être intelligent que ceux qui la dirige aient un œil un peu plus averti sur ce qu'il se passe. La liberté d'expression existe certes, mais la censure aussi, et se serait peut être pas un mal qu'elle s'applique de temps en temps.

    RépondreSupprimer
  13. de l'humour on le reconnait vite, et clairement tes exemples n'en n'étaient pas

    RépondreSupprimer
  14. Ce monde part vraiment en couilles ...

    Si ça c'est de l'humour, alors je ne dois pas avoir le même.

    RépondreSupprimer
  15. Apparemment la règle est de se montrer choqué, que ce soit dans un sens ou dans l'autre.
    Personnellement je m'en fiche complètement, je me moque pas mal des propos antisémites, anti-noirs, anti-arabes, anti-musulmans, anti-occidentaux, anti-martiens... Étant d'origine asiatique je n'ai pas trop subi de comportement raciste, mais il se trouve encore de temps à autre un guignol dans le rue pour me dire "ching chong chang" ou je ne sais quelle autre imitation de chinois, me rappelant que j'ai quelques différences avec la majorité.

    Et alors ? Qu'est-ce que ça peut faire tant que ça reste à l'état de paroles ou d'écrits ? Tant qu'elle n'a pas de conséquence sur ma vie, la connerie m'indiffère totalement. Si des gens en sont à un stade de pensée si reculé qu'ils essayent de différencier les humains selon leur "race" (terme qu'on a un mal fou à définir rigoureusement), et bien je ne peux que les plaindre d'être bêtes à ce point.

    Pourquoi s'en émouvoir ?

    RépondreSupprimer
  16. Pourquoi s'en émouvoir? Parce que l'antisémitisme a fait, il n'y a pas si longtemps, 6 millions de morts, ce qui me semble être une raison suffisante.

    RépondreSupprimer
  17. Tu as très bien fait de réagir! Félicitation :)

    RépondreSupprimer
  18. Ce que tu ne dis pas et qui me semblent d'autant plus choquant, est que ce hashtag est arrivé juste après la publication du film "La rafle". Normalement tu pleures pendant un film comme ça et au générique de fin, tu te dis "Plus jamais". Certains pensent à créer un hashtag aussi écoeurant. Ce monde me déprime parfois.

    RépondreSupprimer
  19. Le hashtag est arrivé bien avant le film. Heureusement, le hashtag "la rafle" réconcilie un peu avec la nature humaine. Les ados semblent s'en être émus et avoir découvert la chose.

    RépondreSupprimer
  20. Salut Sophie,
    Ton article commence (presque) par "Que cela soit clair, je n’ai pas la solution."
    Message subliminal ou faute de goût ? ;-)

    RépondreSupprimer