> octobre 2015

vendredi 30 octobre 2015

Interview fromage et féminisme : Serval Frayer



Parce que le fromage c’est la vie.
Parce que les féministes ont de l’humour.
Parce que militantisme et fromage ne sont pas incompatibles.
Parce qu’il n’y a pas un féminisme mais des féministes.

J’ai crée cette série d’interviews décalées « Fromage et féminisme » #FF.

Aujourd’hui c’est Serval Frayer qui répond à mes questions.

 Bonjour Serval, peux-tu te présenter en quelques mots : es-tu plutôt coulante comme un brie de Melun ou forte comme un Munster ?

Bonjour ! Je suis bien embêtée par ta question car je serais plutôt tendance Reblochon fermier bien fait : savoureuse avec une pointe de piquant mais coulante quand même ; et qui embaume. Certains disent « fouette » parfois mais je les laisse seuls maîtres de leurs propos. Pour résumer : force, caractère et onctuosité avec une identité bien singulière.

D’après toi, le féminisme on en fait tout un fromage ?

Franchement, on en parlerait sur tous les plateaux, je ne dis pas mais là, il n'y a vraiment pas de quoi ! Et puis LE féminisme, c'est quoi ? C'est comme dire LE fromage... C'est si réducteur ! Encore un coup du lobby du fromage pasteurisé ça !! Blague à part, ma vie sans féminisme serait au moins aussi triste que ma vie sans une bonne Epoisse : fade.

La dernière actualité (pub sexiste, bad buzz, déclaration de people…) qui sent le roquefort ?

Il y en a tellement qu'il y a de quoi suffoquer des vapeurs de moisissures... Je ne sais pas quoi te répondre, je vais donc fermer ma boite à camembert (au lait cru bien sûr!)

Comment couper le fromage de façon féministe (et donc égalitaire) ?

Chaque personne avec un couteau dans la main, tu éteins la lumière et chacun-e se débrouille. Ça, c'est la version empirique.
Sinon, il y a la version scientifique avec une règle, une équerre et une voire deux bouteilles de vin pour aider au calcul parfaitement égalitaire.

Ton plateau de fromage idéal ? Avec qui aimerais-tu le partager ?

Le partager ? Parce que tu crois que je PARTAGE mon fromage ? JAMAIS !!! (Je fais parfois une exception avec mon +1 sinon il me traiterait de misandre sexiste et autocentrée du lait cru... Et puis, je l'aime quand même !)
Sur mon plateau idéal, il y a du Bleu des Causses, un Reblochon fermier, un Gruyère caramel (36 mois d'affinage), un Saint Félicien, Un Mont d'Or... Voilà pour le minimum syndical. Quand même ajoutes-y une Epoisse et un bon Gorgonzola...

Le one pot pasta a crée la polémique : et toi, c’est quoi ta recette de la honte avec du fromage ?

Vraiment ? Mais tu veux définitivement flinguer ma réputation ?! …
Du pain blanc toasté, un bonne couche de beurre de cacahuète crunchy et du Gruyère (ou de l' Amsterdamer) vieux dans les deux cas.

Comme moi, tu fais partie de la team #veilletwitta : qu’est ce qui te fait sentir parfois comme une vieille croûte, sur Twitter ou ailleurs ?

Les masques à la cannelle, les influents, l'humour « décalé et tellement drôle » des publicitaires... L'heure à laquelle je me couche et le fromage allégé !

Pour toi le féminisme c’est plutôt à -0% de matière grasse comme le Bridelight ou à plus de 35% comme le Brillat Savarin?

Non, suis pas fan du Brillat Savarin. Une bonne Brique Ardéchoise, là je ne dis pas. Tu vois, c'est solide, goûté comme on dit chez moi. Tu peux les empiler facilement et ça résiste aux intempéries.  C'est un fromage du terroir, sans prétention mais incontournable.

Es-tu favorable à une AOC pour le féminisme ?

Tu vois, à notre dernière réunion des FFFF (Féministes Fans de Fromages du Finistère) on a finit par s'envoyer des croûtes de fromages à la tête : il y a celles qui militent pour une AOC, celles qui militent pour une AOP et celles qui considèrent que le féminisme, le vrai, ne peut être contrefait... Je ne sais pas quelle position adopter, d'autant que je mange mon fromage avec sa croûte alors... Je trouve que c'est gâcher que de se jeter les croûtes à la figure, très primitif (oserais-je masculin?) comme comportement... Il va finir par y avoir scission, j'en ai bien peur.

Si on devait remplacer « Belle des champs » par une femme que tu admires, qui serait-elle ?

Si je devais remplacer « Belle des champs » par une femme, ça ne serait pas par une que j'admire. Non mais tu as vu la gourdasse ?! Non, cela serait renforcer un stéréotype très paternaliste et schématique qui ancrerait dans le psychisme fromager que les femmes ne sont belles que dans les champs. Inacceptable !

Merci à Serval Frayer pour cette interview!

Tu es féministe, tu aimes le fromage et tu souhaites être interviewée ? (tu as le droit de répondre même si tu le détestes, le fromage, pas le féminisme). Ecris-moi un petit mail à sophiegourion(at)hotmail.fr et je t’enverrai les questions !




mercredi 28 octobre 2015

Interview fromage et féminisme : Diane Saint-Réquier



Parce que le fromage c’est la vie.
Parce que les féministes ont de l’humour.
Parce que militantisme et fromage ne sont pas incompatibles.
Parce qu’il n’y a pas un féminisme mais des féministes.

J’ai crée cette série d’interviews décalées « Fromage et féminisme » #FF.

Aujourd’hui c’est Diane Saint-Réquier alias @lactualaloupe qui répond à mes questions.

Bonjour Diane, peux-tu te présenter en quelques mots : es-tu plutôt coulante comme un brie de Melun ou forte comme un Munster ?

Bonjour! Alors moi je dirais bien que suis un peu comme un Maroilles, forte en gueule (ce fromage pue la mort, il faut bien dire ce qui est) mais super douce au fond (en fait ça n'a pas du tout le goût de son odeur).

D’après toi, le féminisme on en fait tout un fromage ?

Je n'ai sans doute pas assez de recul mais il me semble qu'on est en train de vivre une nouvelle vague du féminisme, plus jeune, plus connecté, plus inclusif parfois, plus fun aussi peut-être, et plus populaire, mais qui n'oublie pas forcément (et c'est heureux) ses racines, son histoire et ses portées intellectuelles, sociétales et politiques.

La dernière actualité (pub sexiste, bad buzz, déclaration de people…) qui sent le roquefort ?

Je crois que la dernière en date qui m'a fait halluciner c'était hier, et c'est uen affiche pour le nouveau Palais Omnisport Paris Bercy (qui a été rebrandé en "Accor Hotel Arena") et a fait une campagne de pub pour promouvoir la salle de spectacle dont le slogan est "Le seul lieu où on peut peloter des stars sans se soucier des conséquences". Comme si les personnes qui en tripotent d'autres sans leur demander leur avis c'était anodin... Comme si celleux qui tripotent étaient la plupart du temps mis face aux conséquences de leurs actes... Quant on sait le nombre de femmes qui se font "peloter" dans la rue, les transports, etc, sans que les agresseurs ne soient jamais inquiétés, ça me fait *moyennement* rire.

Comment couper le fromage de façon féministe (et donc égalitaire) ?

Ben, on parle toujours de fromage, là? Parce que si oui je partage qu'avec mes copines et les autres peuvent bien crever pour avoir une part #misandrie

Ton plateau de fromage idéal ? Avec qui aimerais-tu le partager ?

Mon plateau de fromage idéal, déjà, il inclut des fromages vegan (oui, je sais bien que certain.e.s vont hurler mais je m'en fiche ^^) comme ça je peux le partager avec tou.te.s les gen.te.s que j'aime, de ma famille la plus camembert à mes potes branché.e.s "fauxmages"!

Le one pot pasta a crée la polémique : et toi, c’est quoi ta recette de la honte avec du fromage ?

Ma recette de la honte avec du fromage... Genre une recette que j'assumerais pas en public mais que je vais quand même le dire ici? Peut-être un truc un peu dégueu que ma tante m'a appris : tu mets du babybel au microonde quelques dizaines de secondes et tu trempes du pain dedans ça fait genre une fondue mais en rapide et pas très bon :)

Comme moi, tu fais partie de la team #veilletwitta : qu’est ce qui te fait sentir parfois comme une vieille croûte, sur Twitter ou ailleurs ?

Mais noooooon je ne suis pas vieille, j'ai juste gagné en expérience et en sagesse hm hm. Sinon je me sens vieille quand je ne comprends pas un mot, une expression, une référence culturelle...

Pour toi le féminisme c’est plutôt à -0% de matière grasse comme le Bridelight ou à plus de 35% comme le Brillat Savarin?

FULL FAT comme disent nos amis anglophones! Parce que le gras c'est la vie, et que le plaisir se mesure souvent à l'inverse des calories :)

Es-tu favorable à une AOC pour le féminisme ?

NON NON NON! Le féminisme, c'est ce que chacune en fait, et il n'y a pas une bonne façon d'être féministe. Je trouve ça carrément insupportable les discours qui mettent en concurrence ou hiérarchisent les différentes façons de militer ou les différentes "causes" à l'intérieur du féminisme. Il n'y a pas de petits combats et les luttes ne s'excluent pas les unes les autres, elles se complètent!

Si on devait remplacer « Belle des champs » par une femme que tu admires, qui serait-elle ?

Ce serait une des Soeurs de la Perpétuelle indulgence, ou Valérie (qui tient le blog Crêpe Georgette), ou G.-M. (qui tient le blog "Comment peut-on être féministe), ou Ovidie (qui tient le blog "ticket de Métro"), ou Daria (qui tient le blog Daria Marx), ou toi d'ailleurs, ou Coline, ou Morgane, ou Anaïs, ou Laura, ou Faïza, ou Nadia, ou Carole, ou Celina, ou Sharone, ou Fanny, ou une des dizaines de filles que je connais (ou pas) et qui se battent, tous les jours pour faire réfléchir sur la question de l'égalité femmes-hommes et pour faire avancer les droits des femmes.

Merci à Diane pour cette interview!

Tu es féministe, tu aimes le fromage et tu souhaites être interviewée ? (tu as le droit de répondre même si tu le détestes, le fromage, pas le féminisme). Ecris-moi un petit mail à sophiegourion(at)hotmail.fr et je t’enverrai les questions !

dimanche 25 octobre 2015

Interview fromage et féminisme : Lornifouin




Parce que le fromage c’est la vie.
Parce que les féministes ont de l’humour.
Parce que militantisme et fromage ne sont pas incompatibles.
Parce qu’il n’y a pas un féminisme mais des féministes.

J’ai crée cette série d’interviews décalées « Fromage et féminisme » #FF.

Aujourd’hui c’est Lornifouin qui étrenne cette nouvelle rubrique et répond à mes questions.

Bonjour Lornifouin, peux-tu te présenter en quelques mots : es-tu plutôt coulante comme un brie de Melun ou forte comme un Munster ?

J'ai lu ce questionnaire à des amis et dès la première question ils ont été unanimes: FORTE COMME UN MUNSTER. Pourtant je comprends pas, moi qui me croyait douce comme un chèvre frais. 
En plus, en vrai, un bon brie bien fait peut largement autant puer qu'un munster mais je suppose que ce n'est pas la question. Enfin j'espère car je sens très bon (je ne trouve pas de fromage pour illustrer cette phrase). 
Mais je suppose que si vous me suivez sur twitter, je n'arriverais pas à vous faire croire que j'ai un caractère facile. Du coup, j'ai envie d'être un vacherin: c'est fort mais pas insoutenable et c'est bon quand c'est chaud (non, cherchez pas, ça ne veut rien dire). 

D’après toi, le féminisme on en fait tout un fromage ? 

Est ce qu'on en fait trop ? Certainement pas. On es bien obligés d'en faire tout un fromage, et encore, ça sert à rien (peut-on parler de l'échec de la taxe tampon dans un article sur le fromage ? Je ne sais pas). Et c'est bien dommage, parce qu'en faire tout un fromage ça n'aide souvent pas la cause et conforte ceux qui associent féminisme et hystérie. Mais c'est pas non plus toujours facile de rester raisonnés et calmes dans certains débats, dont je me tiens généralement bien éloignée, d'ailleurs. 

La dernière actualité (pub sexiste, bad buzz, déclaration de people…) qui sent le roquefort ?

Et ben je vais te reparler de la taxe tampon, du coup. On en a beaucoup parlé sur twitter (même mes copines les @finesgueules en ont parlé à la radio) et je pense qu'on est tous et toutes d'accord pour constater l'injustice totale que ça représente. Même si en vrai, l'impact sur le prix n'est pas énorme (je crois que c'est 60ct par boite) et que oui il y a d'autres solutions (merci mais non merci), c'est la négation du fait qu'il s'agisse d'un produit de première nécessité qui sent le roquefort. 
Du coup, je me suis renseignée et j'ai constaté que les couches pour bébés non plus n'étaient pas de première nécessité. Alors que les couches pour vieux, si. Alors que franchement, on s'en fout que les vieux ils se pissent dessus. 
Et puis les déclarations de Christian Eckert qui prétend connaître le sujet parce qu'il a "une femme et trois filles", c'est un peu "je suis pas raciste, j'ai un ami noir'.  Bref: no uterus, no opinion. 

Comment couper le fromage de façon féministe (et donc égalitaire) ?

J'ai très envie de répondre: ne pas le couper et tout garder pour soi. Ou pour moi. Mais je crois que c'est moyen égalitaire. Sauf pour moi.
Sinon, profitons de cette interview pour faire passer un message: arrêtez d'enlever la croûte, c'est bon la croûte. ARRETEZ DE DISCRIMINER LA CROUTE. 

Ton plateau de fromage idéal ? Avec qui aimerais-tu le partager ?

Il faudrait plein de fromages: un vacherin, un brillat-savarin à la truffe (tu vas finir par en goûter, bordel ?), un brie bien fait, un reblochon aussi, et puis du bleu et du roquefort, une tomme de savoie et de brebis, et puis du chèvre, du chèvre frais, du chèvre sec, du saint marcellin , du picodon, du saint félicien, de la bûche cendrée, de la mimolette vieille, du gouda au cumin... Bon j'arrête.

Pour le partager, évidemment, je t'invite toi qu'on puisse rigoler de cette interview sans queue ni tête et puis @SandG_ histoire qu'elle nous apporte du vin (et des gaufres pour le dessert). Après, en gens connus j'inviterais que des meufs super skinny genre (oui bon en fait je ne connais aucun gens connu) ou des miss france histoire qu'elles mangent pas notre fromage et qu'on se marre bien. 

Le one pot pasta a crée la polémique : et toi, c’est quoi ta recette de la honte avec du fromage ?

Rétablissons la vérité: le one pot pasta, n'est PAS une recette de la honte pour moi. C'est une recette, qui vaut ce qu'elle vaut (et qui casse pas trois pattes à un canard, certes) mais qui a le mérite de tenter quelque chose. 
Comme je l'ai dit à maintes reprises, je n'aime pas l'intégrisme, jamais, et encore moins en cuisine où l'objectif c'est quand même de se faire plaisir. 
Partant de là, aucune recette n'est une recette de la honte. ENCORE PLUS si tu mets du fromage dessus. Sauf si tu ne manges que du fromage industriel. Parce que là, j'avoue, je pourrais devenir intégriste, finalement. 

Du coup ma recette pas du tout honteuse (sauf au niveau du gras) préférée, ça serait le camembert rôti au miel et au sésame. Ou le poêlée de pomme de terres au comté. Ou le gratin de gnocchis au  bleu. Bref, heureusement pour moi j'ai pas honte de tout ça, et heureusement pour toi toutes ces recettes sont sur mon blog (#promo)

Comme moi, tu fais partie de la team #veilletwitta : qu’est ce qui te fait sentir parfois comme une vieille croûte, sur Twitter ou ailleurs ?

PARDONNEZ-MOI mais je ne suis pas de la team #vieilletwitta. Je ne suis qu'ASSIMILEE vieille twitta. Il faut demander les règles à @fieldelanation, mais je crois qu'il faut passer le cap des 35 ans pour rentrer dans ce club très fermé. J'ai encore 4 ans de répit pour obtenir ma carte officielle. 

Mais je suis quand même assimilée car j'ai 120 ans dans ma tête. Je ne capte jamais des people dont on parle sur twitter ou dans les magazines style public. Je croyais que le mec là... euh... Le mec qui va jouer james bond ? Ou pas d'ailleurs ? Ben je pensais qu'il était footballeur. J'ai découvert la famille Kardashian y'a environ un mois et je ne sais toujours pas qui est qui. Je confonds Chimène Badi et l'autre meuf qui est pas Chimène Badi mais presque (si tu trouves, fais moi une fiche comparative pour que je me trompe plus jamais). 

Pour toi le féminisme c’est plutôt à -0% de matière grasse comme le Bridelight ou à plus de 35% comme le Brillat Savarin?

Ne. Me. Parlez. Plus. Jamais. de. Bridelight. Qu'est ce que c'est que cette merde, voyons ? Jamais de 0%, sachons être entières, bordel. 

Es-tu favorable à une AOC pour le féminisme ?

Certainement pas! On va quand même pas se mettre à imposer des règles de pensée pour valider le féminisme de chacun(e). Parfois quand je lis le discours de certain(es) féministes sur twitter je ne me reconnais pas du tout, et souvent, je ne suis même pas d'accord. Et alors ? On va m'enlever ma carte de meuf ?


Si on devait remplacer « Belle des champs » par une femme que tu admires, qui serait-elle ?

J'hésite entre:
- trouver une vraie femme que j'admire mais ça serait chiant un peu si je répondais un truc genre "ouais han moi j'admire TROP Marie Curie quoi" (ou Beyoncé d'ailleurs),
- dire "toi" mais je crois que y'a déjà quelqu'un qui a fait la lèche-cul dans les interviews à venir,
- moi parce que j'aime bien qu'on parle de moi,
- Merlin, mon chien qui en fait est une chienne et que j'admire beaucoup pour sa beauté,
- Evelyne Thomas parce qu'on a trop vite oublié qu'à un moment elle a servi de modèle pour MARIANNE BORDEL et qu'en plus ça colle à l'actu (finalement je suis pas si vieille, si?),
- t'insulter parce que tu me parles ENCORE de fromages industriels alors que putain c'est dégueulasse. 

Du coup je vais te dire Nadine Morano parce que je la vois bien courir dans les champs avec des tresses et puis elle dirait peut être moins de conneries, là bas, dans la campagne. 

 Merci à Lornifouin pour cette interview!

Tu es féministe, tu aimes le fromage et tu souhaites être interviewée ? (tu as le droit de répondre même si tu le détestes, le fromage, pas le féminisme). Ecris-moi un petit mail à sophiegourion(at)hotmail.fr et je t’enverrai les questions !






jeudi 22 octobre 2015

Elles osent! Entreprendre au féminin : interview de Nina Astruc, co-fondatrice de la marque de jouets éthiques "encore!"



Aujourd'hui je reçois sur le blog Nina Astruc, co-fondatrice de la marque "encore!". Un projet qui entre parfaitement dans la ligne éditoriale du blog puisqu'il associe une entreprise co-créee par une femme à des jouets produits de manière éthique, 2 sujets qui me tiennent particulièrement à coeur!



Bonjour Nina, peux-tu te présenter? Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel ?
Après des études de lettres et de communication, j‘ai commencé à travailler en tant que journaliste et photographe.
Je réalisais des reportages en France et à l’étranger pour des magazines de tourisme, d’outdoor et de décoration intérieure.
C’est une période où j’ai beaucoup voyagé. Au bout de quelques années le constat était clair : je me voyais mal concilier cette vie de baroudeuse avec une vie de famille. J’avais également envie de profiter de mes enfants. C’est à cette époque que j’ai passé le concours de professeur des écoles. De plus l’enseignement a toujours été une autre de mes passions.

Comment est née ta marque de jouets « encore !» ?
Pendant 7 ans, j’ai adoré mon métier de professeur des écoles. On est face à des enfants et on a un rôle essentiel. Ce que j’aime c’est apprendre en s’amusant et en étant heureux. J’ai toujours essayé dans les classes dont j’étais en charge de mêler le ludique et les apprentissages. Malheureusement je ne pouvais pas enseigner comme je le souhaitais. Je passais à mon temps à faire des remplacements à changer sans cesse d’école. Au fur et à mesure, cette instabilité permanente, est devenue insupportable. Mais il m’a fallu du temps pour me faire à l’idée que je pouvais à nouveau me reconvertir. Une fois de plus ! Et surtout m’avouer et avouer aux autres que je voulais réaliser un rêve de petite fille : faire des jouets.

En quoi cette marque est-elle différente ? Quelle est sa philosophie ?
Nous avons voulu insuffler à nos jouets des valeurs qui nous tiennent à cœur : des valeurs écologiques, éthiques et pédagogiques.
D’un point de vu écologique, nous utilisons exclusivement du hêtre 100% massif issu de forêts européennes éco gérées (FSC), du coton bio, des peintures et vernis  à l’eau.  Nos jouets également ont une seconde vie ! Ils sont évolutifs et peuvent être complétés au fil du temps, au gré des anniversaires. De plus, nous avons imaginé un design qui évolue, ils  deviennent des meubles. La grande maison se transforme en bibliothèque, table de nuit, la petite, en niche de décoration.
Par ailleurs nos maisons et le mobilier sont fabriqués en Europe, dans une petite ébénisterie choisie pour sa fiabilité et le respect des ouvriers ; les personnages en coton dans un atelier de réinsertion en Inde.
Enfin d’un point de vue pédagogique nous voulions des jouets qui soient une source d’apprentissage des bonnes pratiques écologiques au quotidien.

En quoi « encore ! » permet-elle de sensibiliser les enfants à l’écologie ?
L’écoquartier est un jeu d’imitation. Les enfants imitent des comportements, se les approprient, les intégrent puis les détournent à leur manière. L'éolienne, le panneau solaire, le bac récupérateur d'eau de pluie et le potager initient aux grands principes de l'écologie.  Il nous paraît essentiel de sensiblier les enfants à cette dimension écologique et qu’ils comprennent ces gestes. C’est pourquoi nous avons également conçu une illustration qui accompagne les maisons et les éléments pour expliquer comment fonctionne un habitat écologique, la vie dans un écoquartier. 

Les personnages en coton bio sont cousus dans un atelier de réinsertion de femmes en Inde à Calcutta. Les revenus et les conditions de travail des couturières répondent aux normes internationales et elles bénéficient d'un  accompagnement. Pourquoi avoir tenu à apporter un soin particulier aux conditions de travail des femmes employées? Qu’as-tu pu constater sur place, quelles sont leurs conditions de travail ailleurs, pour d’autres marques ?
Intégrer des critères écologiques et éthiques était pour moi essentiels dans la creation de ma marque de jouets. Je ne voyais pas les choses autrement. Comment offrir à des enfants des jouets saturés de produits chimiques et produits dans des conditions indécentes ? Comment aurais-je pu me regarder le matin  dans la glace si j’avais produit moi même des jouets en exploitant des femmes ou des enfants ?  C’était in-envisageable.  Je suis vraiment heureuse aujourd’hui de travailler avec cet  atelier de confection et de réinsertion et mes petits lapins portent en eux une belle histoire.

Consommer de manière éthique est devenu une vraie préoccupation: 71% des Français souhaiteraient ainsi être mieux informés des conditions de production des produits qu'ils achètent : comment peut-on être informé de la traçabilité de tes produits ? Pourquoi ne pas avoir produit en France ?
Notre demarche est globale elle vise autant les matières que nous utilisons coton bio, hêtre FSC, peintures écologiques, que le respect des gens qui les fabriquent. Nous essayons de conserver au maximum une relation de proximité avec les artisans. D’ailleurs bientôt nous allons mettre en ligne une video que  nous avons tourné dans l’atelier bois qui fabrique nos jouets. Mais bien sûr nous sommes conscients de nos limites et nous ne les cachons pas. Nous aurions voulu faire mieux. L'importation de nos jouets depuis la Roumanie en camion est une source d'émissions de Gaz à Effets de Serre (GES). Une fabrication française aurait nécessité moins de transport et contribué à l'économie locale. Mais après avoir contacté une cinquantaine d'ateliers à travers la France (et particulièrement dans le Jura), aucun n'a souhaité produire nos jouets en bois (notamment les petites pièces) du fait du savoir-faire souvent disparu que nécessitent ces pièces uniques le plus souvent réalisées à la main. A l'heure où 80% des jouets vendus sur le marché français viennent de Chine, l'Europe reste à notre avis un bon compromis en attendant mieux. 

Les jouets que tu proposes ne sont pas genrés et mettent en scène indifféremment filles et garçons. A l’heure de l’hyper-segmentation des jouets, s’agit-il d’une volonté délibérée de ta part ?
C’est une volonté et cela s’est fait aussi naturellement. J’ai un petit garcon et une petite fille et j’ai imaginé des jeux avec lesquels indifféremment l’un et l’autre pouraient jouer. Garcon ou fille peut importe ! Ils ont toujours envie avec leurs lapins de planter les carrottes, récolter les salades ou mettre des bûches dans le poële.

Comment les parents et les enfants ont-ils perçu ta gamme de jouets?  
Je suis profondément touchée car les retours sont très positifs. Les gens sont sensibles à l’esthétique à la demarche globale . Mais ce qui me fait encore plus plaisir c’est de savoir combien les enfants jouent avec les maisons des lapins. Et le retour est unanyme ! Les enfants ne les lâchent pas.

Quels conseils donnerais-tu à une femme qui souhaiterait se lancer ou se reconvertir aujourd’hui ?
Y aller, foncer mais …pas à pas. Les choses ne se font pas en un jour, il faut du temps… et de la perseverance. Il faut se mettre des objectifs réalistes et savoir estimer pour chaque jour le travail accompli et s’en féliciter. Personnellement j’ai travaillé 2 ans pour le lancement d’encore!

As-tu un exemple de femme qui a pu t’inspirer ou avoir valeur d’exemple ?
J’ai toujours été passionné par les récits des premières aventurières. J’ai d’ailleurs effectué un travail de mémoire à ce sujet. J’aime l’idée de ces femmes qui au début du siècle bravaient les convenances et l’ordre établi pour partir découvrir le monde sans renier leur féminité. J’aime la fougue de ces aventurières en crinoline…

Quels sont tes projets pour le futur ?
Je fourmille d’idées… je voudrais ajouter quelques éléments à notre écoquartier pourquoi pas lancer une nouvelle gamme pour plus petits. Mais on va faire les choses pas à pas… essayer de continuer sereinement et être heureuse chaque jour du chemin parcouru.

lundi 12 octobre 2015

Quand Patricia Blanchet prend ses clientes pour des Konnasses

Mère coupable, connasse ou bande de salopes : j'en avais parlé récemment ici, les vêtements à messages affichant des insultes sexistes ont tristement le vent en poupe.

Après le collier "Connasse", la mini-série "Connasse", le livre "La femme parfaite est une connasse", et le t-shirt "Connasse, voici les chaussures "Konnasse". 

Ouh comme c'est original et subversif!



Déception, ce nom (beaucoup moins brillant que les paillettes qui habillent les escarpins), a été pondu par Patricia Blanchet, une créatrice dont j'adore les chaussures. J'ai d'ailleurs une paire de boots de la marque, bleu turquoise et éclair argenté, façon Wonder Woman. A des années lumières des insultes sexistes donc.

Quelques clientes ont depuis fait part de leur déception sur la page Facebook de la créatrice (pas la majorité, la plupart trouvant les chaussures "géniales" en dépit de leur nom) en supposant que Patricia Blanchet avancerait l'excuse du second degré comme toute marque prise la main dans le sac.

Pour une fois, pas du tout, la créatrice assumant visiblement son choix : "Pas de second degré- Bisous".

Traiter ouvertement ses clientes de connasses en concluant par des bisous, un comble pour une marque créee par une femme et pour les femmes non? Sans compter que le registre "passif-agressif" sur une page Facebook, c'est moyennement professionnel pour une créatrice de cette renommée.

J'ai cherché, pas de trace d'une ligne de chaussures haut de gamme pour hommes intitulée "Connard". Double standard quand tu nous tiens...

Mise à jour : Depuis, les posts en question ont été supprimés et certain.e.s commentateurs.trices banni.e.s de la page. Une gestion de la communication décidément désastreuse de A à Z...


 






mercredi 7 octobre 2015

Ma sélection de magazines pour enfants, non genrés et sans publicité!



Il n'est pas toujours simple de trouver des magazines pour enfants sans paillettes ni stéréotypes, j'en parlais récemment ici.

Quant à la publicité dans la presse enfantine, difficile d'y échapper également, qu'elle s'affiche sans complexe ou qu'elle se dissimule sous la forme d'un pseudo-reportage (en 2008, le journal "Le Petit Quotidien" chantait ainsi les louanges de McDonald's dans un numéro spécial)

Face à ce constat, je suis donc partie à la recherche de magazines pour enfants sans publicité et non genrés : voici le résultat de mon enquête et mon top 3 des journaux pour enfants indépendants:

1°) Le vilain petit canard


C'est pour qui? 
"Le Vilain Petit Canard est un journal qui s’adresse en priorité aux collégiens et collégiennes, voire aux enfants en CM2 qui aiment lire des trucs qui ne sont pas de leur âge.
Mais il est aussi vivement recommandé aux élèves de lycée, aux étudiant-es, et à tous les précaires, infirmiers et infirmières, spécialistes des langues touarègues, joueurs de foot retraités, boxeuses, petits rats de l’Opéra, cheminot-es , bibliothécaires, profs de dessin débutants"


De quoi ça parle?
J'ai eu un vrai coup de coeur pour ce magazine destiné aux plus grands (à partir du CM2) "en sympathie avec les "pas comme il faut" les "zarbis", les "différents""d'après les mots de l'édito du premier numéro. Et effectivement, il ne ressemble à aucun autre journal pour enfants : mise en page un peu foutraque, humour décapant (les histoires grecques qui racontent des épisodes de la myhtologie sont à mourir de rire) et thématiques très larges : philosophie, politique, cuisine, danse, chanson, littérature, bande dessinée, histoires coconstruites avec le lecteur, poésie, mythologie, bricolages à faire soi-même... " Comme le lapin est dans le pâté, il y aura tout ça dans le canard" promet le site du journal. Dans le premier numéro, j'ai particulièrement apprécie le dossier "Egalité pour tutti" qui décrypte les insultes sexistes et propose des pistes pour un langage non-sexiste : je l'ai trouvé très pédagogique, clair et sans langue de bois. Aujourd'hui, le magazine est en cours de refonte, il n'est donc pas possible de s'abonner pour l'instant. En revanche il est toujours possible de passer commande au numéro sur le site.

Ca paraît quand?
Le magazine est bimestriel

On l'achète où?
Sur internet ici

Combien ça coûte?
Les 3 premiers numéros sont à 3€, le quatrième à 6€

2°) Cram Cram



C'est pour qui? 
"Aux enfants de 6 à 10 ans, principalement. Mais comme nous réalisons le magazine dans un esprit de lecture partagée, nous avons aussi un certain nombre de lecteurs adultes !"

De quoi ça parle?  
Le cram cram est une graminée du Sahel, qui s'aggripe aux lacets, au bas des pantalons, aux chaussettes. Il suit les pas des voyageurs : un nom tout indiqué pour ce joli magazine qui, tous les 2 mois, fait découvrir aux enfants un nouveau pays à travers de nombreuses rubriques :

- un reportage réalisé par une famille globetrotteuse dans un pays
- une grande histoire illustrée, à partir d'un conte traditionnel de ce pays
- un zoom sur l'animal emblématique du pays
-  une recette locale
-  un "do it yourself" sur un jouet rustique
- et de diverses petites rubriques (blagues, bricolage à partir de recyclage, etc)

Outre la grande richesse rédactionnelle, j'ai beaucoup apprécié les photos magnifiques qui font voyager à chaque page et les jolies illustrations. Un magazine sans publicité comme le revendique l'équipe éditoriale mais aussi "sans page "conso", sans revue de films Disney, sans histoire illustrée sur la vie d'un boys band, sans rubrique pseudo-technophile et sans portrait de pseudo-star ; contrairement à la majorité des éditions jeunesse actuelles. On est indépendant de tous ces groupes qui ont trop d'intérêts pour être honnêtes."Vivifiant.

Ca paraît quand?
Le magazine est bimestriel

On l'achète où?
Le magazine est distribué dans tous les bons magasins bio français, au sein du kiosque éco-citoyen mais aussi sur internet 

Combien ça coûte?
L'abonnement annuel est à 35€, le numéro est à 5,90€


3°) Georges



C'est pour qui? 
"Georges est une revue alternative trimestrielle créée par les Éditions Grains de Sel, pour les enfants ni trop petits ni trop grands (dès 7-8 ans et jusqu’à 12 ans). Mais aussi pour les plus grands qui s’intéressent au graphisme et à l’illustration"

De quoi ça parle?  
En feuilletant Georges, j'ai été frappée par l'attention portée au rendu visuel. Le graphisme épuré et travaillé, la qualité du papier et de l'impression, le choix des illustrations tranchent radicalement avec les mises en pages souvent criardes des magazines pour enfants. Côté contenu, chaque numéro, découpé en 3 parties, tourne autour d'une thématique commune (palmiers, shampooing ou pop par exemple), déclinée au fil des pages comme un fil rouge :

Partie 1 – des HISTOIRES vraies, courtes, longues ou à l’envers.

Partie 2 – des JEUX à colorier, calculer ou déchiffrer autour du thème du numéro.

Partie 3 – des RUBRIQUES-À-BRAC pour découvrir des métiers, langues étrangères, scènes de films ou expériences scientifiques, mais de façon toujours farfelue !

Ca paraît quand?
Le magazine est trimestriel

On l'achète où?
En librairie et sur internet 

Combien ça coûte?
L'abonnement annuel est à 38€, le numéro est à 9,90€