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jeudi 23 février 2012

Wonder Woman et Dora l'exploratrice nouvelles icônes féministes ?

Article écrit en mars 2011 pour le site Suite 101

Une étude menée par Anne Daflon-Novelle, docteur en psychologie, a démontré qu’il existe dans la littérature enfantine 2 fois plus de héros que d’héroïnes et 10 fois plus de héros animaux que d’héroïnes animales (1). Dans cet univers hyper-masculinisé, quelques rares figures féminines (et parfois féministes !) sortent du lot et marquent les esprits, à l’image de Wonder Woman ou Dora l’Exploratrice.

Gros plan sur l’histoire mouvementée de 2 héroïnes qui portent la culotte façon « girl power » !

Wonder-Woman, l'histoire atypique de la première super-héroïne

Dans les bandes dessinées comme à l’écran, la place réservée aux femmes dans l’univers des super-héros est toute relative. Souvent en arrière-plan, reléguée au rang de simple petite amie (comme Loïs Lane dans Superman ou Mary-Jane Watson dans Spiderman), celle-ci joue à merveille les seconds rôles.

Il aura fallu l’imagination fertile de William Moulton Marston pour que naisse l’une des premières super-héroïnes : Wonder Woman. Son créateur est loin d’être un artiste échevelé ou un geek boutonneux : Professeur diplômé d’un doctorat en psychologie, il est également l'inventeur du test de pression sanguine systolique, mieux connu sous le nom de détecteur de mensonge. Adepte du « polyamour », il entretient un ménage à 3 avec sa femme Elizabeth Holloway Marston et Olive Byrne. C'est d’ailleurs le côté libéral d’Elisabeth qui lui inspira le personnage féministe de Wonder Woman. Selon lui « Même les filles ne voudront pas être des filles tant que nos archétypes féminins manqueront de force, de vigueur et de puissance. Comme elles ne veulent pas être des filles, elles ne veulent pas être tendres, soumises, pacifiques comme le sont les femmes bonnes. Les grandes qualités des femmes ont été méprisées à cause de leur faiblesse. Le remède logique est de créer un personnage féminin avec toute la force de Superman plus l'allure d'une femme bonne et belle ». Le personnage prend ses sources dans la mythologie grecque, Wonder Woman étant issue d’une tribu d’amazones. Elle possède des pouvoirs surnaturels ainsi qu’un lasso magique et des bracelets à l’épreuve des balles. Contrairement aux super héros masculins, celle-ci n’arrête pas seulement les criminels mais veut leur offrir la rédemption en les envoyant sur une île, « Transformation Island » où se trouve un centre de réhabilitation.

L’histoire de Wonder Woman n’est pas linéaire et est fonction de l’état d’esprit des scénaristes et de l’air du temps : ainsi en 1954, elle subit les foudres de la censure et son côté féministe est mis de côté. En 1960, elle renonce à ses pouvoirs et devient propriétaire d’une boutique de mode, sous la protection d’un mentor chinois ! On est bien loin de ce qui faisait l’originalité du personnage ! Heureusement, dans les années 70, Wonder Woman retrouve le devant de la scène en réintégrant la « ligue des justiciers » et le journal féministe Ms en fait même la couverture de son premier numéro.

Aujourd’hui encore, même si son caractère féministe reste méconnu pour la nouvelle génération, la super-héroïne reste d’actualité : C’est Adrianne Palicki qui succèdera à Lynda Carter dans une nouvelle adaptation télé des aventures de la célèbre Amazone

Dora l’exploratrice: aux antipodes de Barbie


Vous ne l’avez peut-être pas remarqué mais Do
ra l’Exploratrice est une des rares héroïnes multi culturalistes et anti-sexistes ! Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, cette petite hispano-américaine est apparue sur la chaîne américaine Nickelodeon en 2000. Un vrai succès puisque le programme est traduit en 33 langues. Accompagnée de son fidèle singe Babouche, elle sollicite les téléspectateurs en herbe en alternant leçons d’anglais (ou d’espagnol selon les pays) chansons et jeux interactifs. Mais ce qui la différencie réellement des autres héroïnes féminines télévisées ce que ce n’est ni une princesse attendant le prince charmant ni une fée ! C’est une aventurière, équipée de sac à dos et de baskets, qui part à la découverte du monde et qui sait lire une carte (fait exceptionnel pour une femme diront les machos !). Une héroïne, brune au teint mate, qui jure avec les habituelles longues chevelures dorées et qui revendique ses racines hispaniques comme une richesse. Ainsi que l’explique l’universitaire Carlos E. Cortes « Les enfants latinos sont fiers du personnage qu'est Dora, et les enfants non latinos peuvent s'identifier à quelqu'un de différent »(2). Un personnage féminin auquel même les petits garçons s’identifieraient !

A l’instar de Wonder Woman, qui a subi les foudres de la censure et qui a dû mettre de côté ses super-pouvoirs et son féminisme, Dora semble se démarquer par trop d’originalité face aux armées de princesses et de poupées Barbie. La marque a donc récemment décidé de lui offrir un relooking : exit le sac à dos et les baskets, remplacés par une tunique rose, des leggings violets et des ballerines. L’héroïne y apparait beaucoup plus mince et sexuée : cheveux longs, colliers et boucles d’oreilles. Alors que Mattel et Nickelodeon assurent ne pas vouloir faire disparaitre l’ancienne Dora qui coexisterait avec la nouvelle aventurière, la révolte gronde auprès des parents et la pétition initiée par Sharon Lamb a déjà récolté 14 000 signatures ! (3)

Même si Wonder woman et Dora l’Exploratrice portent la culotte, elles doivent lutter pour la conserver en dépit des tentatives de relooking ou de révisionnisme historique des scénaristes et marketeurs masculins !

Preuve que la lutte pour l’égalité entre les sexes n’est pas gagnée même dans le monde des super-héros !

Sources :

(1) http://www.cemea.asso.fr/aquoijouestu/fr/pdf/textesref/SexismeLitteratEnfants.pdf

(2) http://queen-bee.over-blog.org/article-oh-mon-dieu-ils-ont-relooke-dora-l-exploratrice-espece-d-enf-56514160.html

(3) http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/plaisirs-articles-section/plaisirs/601-dora-10-ans-aventuriere-anti-sexiste-pour-le-moment


7 commentaires:

  1. TrèS drôle, cet article. Sur Suite 101, t'étais déjà excellente mais là... Tu donnes ta pleine mesure sans que des petits chefs te mettent des bâtons dans les roues! Et puisque j'y suis, j'avoue un faible pour l'article relatant ton passage dans l'institut (c'est comme ça qu'on dit?)d'épilation!Mon côté pervers sans doute! Marc

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  2. Merci Marc, contente de te lire! En effet, plus de petits chefs mais parfois l'impression d'être un coureur de fond seul dans son stade! Au moins sur Suite 101, on partageait (même si c'était beaucoup de coups de gueule en effet)!. La contrepartie de la liberté c'est qu'on se sent parfois isolé. C'est pourquoi ton commentaire me faut très plaisir!

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  3. J'avoue, je n'avais jamais "vu" ces deux héroïnes sous cet aspect là...Dora m’exaspérait (la musique et l'aspect répétitif de certains dialogues) et WonderWoman, ben...c'est moi le costume en moins!! (c'est devenu une expression commune d'ailleurs "je suis WonderWoman", je l'entends souvent chez les copines) Oui, je suis WonderWoman quand : je débouche mes toilettes, j'arrive à utiliser un marteau perforateur, je reste zen malgré les grumeaux qui hurlent dans le train, j'improvise un repas pour 6 avec trois fois rien au débotté, je conciliais boulot-études-responsabilités électives,etc...Mais en fait, on est toutes des WonderWoman, non??
    Humour mis à part, j'aime bien ton analyse et j'ai appris quelque chose (comme quoi, faut jamais juger trop vite, ce que j'ai fait avec Dora ^^)et même dans les fictions, rien n'est jamais acquis en terme d'égalité...

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  4. J'avoue que ça me réconcilie avec Dora avec qui j'avais du mal. Plus récemment il y a eu Buffy qui peut apparaître comme une descendante de Wonder Woman.

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  5. I liked this Article. Here are my children and they want to know what here is written :D

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  6. J'aime beaucoup votre blog habituellement, mais je reste sceptique quant au côté féministe de Wonder Woman.
    Comme le dit William Moulton Marston, il faut qu'elle soit "bonne et belle" pour que les femmes l'apprécient.
    Et puis cet auteur donne un relent macho avec ses deux femmes. Le polyamour, oui, mais si c'est équitable!
    À croire qu'il vit dans son monde de fantasmes où les femmes préfèrent les filles jolies et se mélangent comme dans un film porno (libre à vous de me dire si je suis passée complètement à côté de la plaque concernant William Moulton Marston et son engagement féministe).
    Je veux bien que Superman et Batman soient aussi des canons rentrant dans tout le cliché du mec bien gaulé, mais contrairement à WonderWoman, ils ne sont pas à moitié à poil.
    C'est souvent le problème avec les héroïnes de bd, trop sexualisées, fringues trop moulantes...

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  7. Meine Kinder und ich wollte wissen, was Informationen oft arianam Website Ido hier, ich bin sehr zufrieden mit der Verwaltung.

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