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samedi 18 février 2012

Moi et mes 177 cms

Sur Twitter mon pseudo est « La grande Sofie ». A part la taille, rien à voir avec la chanteuse, avec qui certains me confondent parfois : je ne chante que sous ma douche.

Ce surnom me vient d’un de mes anciens boss, bien avant que ne soit connue la chanteuse du même nom. Quand il était de bonne humeur ou quand il avait quelque chose à me demander, il y rajoutait un affectueux adjectif possessif et m’appelait « ma grande Sophie ». Les jours chagrins, il m’appelait simplement par mon prénom, tout en allitérations sifflantes.

Pourtant, tout n’a pas toujours été au beau fixe entre nous. Il m’a avoué après coup m’avoir trouvée « conne et hautaine » avant de me connaître. Je n’étais pas plus étonnée que cela, ayant souvent eu à affronter ce genre de réactions désobligeantes. Le problème des grands c’est qu’ils se remarquent, même s’ils ne cherchent qu’une chose : se faire oublier.

Jusqu’à l’âge de 13 ans, j’étais plate comme une limande, de taille normale, pile dans la moyenne. Je me fondais dans la masse avec une grande facilité, pas au premier rang ni au dernier. Juste au milieu. Une discrétion qui m’allait comme un gant et qui me permettait d’observer le monde alentour sans attirer l’attention de personne. Puis, j’ai pris 15 cms en un an et suis passée de la silhouette de Jane Birkin à celle de Gina (gros) Lollobridgida. Un choc que je n’ai pas eu le temps d’anticiper. Une fille d’1m77 qui entre dans une pièce, on ne voit qu’elle, qu’elle le veuille ou non. Et moi je ne voulais pas. Très tôt, j’ai courbé le dos, rentré les épaules, pour faire disparaître cette poitrine que je n’assumais pas, cette taille provocante qui faisait de moi une bête curieuse. Je me suis noyée dans des vêtements trop larges, j’ai même du porter un corset, mon corps lui-même ne suivant pas la course folle de mes cms.

Personne ne te prévient des changements qu’entraine le fait de passer du premier rang de la photo de classe au dernier. J’ai commencé à me faire draguer très lourdement dès l’âge de 13 ans, j’ai subi les regards appuyés, les mains aux fesses, j’ai été suivie, harcelée. Mon corps parlait à ma place un langage qui n’était pas le mien. « Body language » comme disent les anglophones. Alors, j’ai essayé de me blinder, de me fermer, de paraître la moins accessible possible. J’ai compensé ma taille par la discrétion, mes cms exubérants par une réserve pouvant parfois passer pour de la froideur : « Cet air d'indifférence qui est sa défense vous fait souvent offense » chantait Julien Clerc si justement.

Ma taille a parfois été un passe-droit, souvent un inconvénient. On m’a jugée à tort plus forte parce que plus grande, plus décidée, plus endurante.

Un sentiment confirmé par une étude sur laquelle je suis tombée par hasard récemment. Elle a démontré que les arbitres et les fans attribuent davantage de puissance et d’agressivité aux joueurs de foot les plus grands. Par conséquence, comme ils sont jugés plus agressifs, ce sont eux qui sont le plus souvent sanctionnés, lorsqu’un arbitre hésite à attribuer la faute à un petit ou à un grand joueur. Tout n’est donc pas rose au pays des grands…

Depuis quelques années, je me suis réconciliée avec ma taille. Sans doute car le temps a fait son ouvrage et que mon corps est devenu plus ordinaire. On ne m’arrête plus dans la rue pour m’inviter à dîner mais pour me demander l’adresse de la boulangerie la plus proche. J’ai l’impression qu’en perdant ma fraicheur j’ai gagné en tranquillité. Ma taille n’attirant paradoxalement plus autant l’attention, je peux donc progressivement quitter ma réserve légendaire et m’ouvrir au monde.

A bientôt 40 ans il était temps !

13 commentaires:

  1. Moi et mes 180cms on partage ce billet :)Tout passe, tout lasse !

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  2. C'est à 1m80 que je me suis arrêtée mais à la différence de toi ma poitrine n'a jamais poussée, snif!
    Pas vraiment à l'aise dans ce grand corps et souvent en galère pour m'habiller (il faut bien le dire), c'est dans le rayon homme que je me sapais étant ado. Des baskets, un baggy et des hauts toujours plus grands... c'est comme ça je me sentais bien. D'autant que, va savoir pourquoi, mon cerveau m'interdisait la féminité (je ne me trouvais pas assez jolie pour y avoir droit).
    Je ne compte pas le nombre de fois où l'on m'a appelé "monsieur" ou "jeune homme"... cheveux courts, casquette visée sur la tête... si on ne s'aperçoit même pas que je suis une fille, c'est un peu comme si j'étais cachée, non? ça c'était pour le côté physique, pour le reste, c'est par l'humour que je tuais le peu de féminité qu'il pouvait me rester, pour être tranquille.
    On me pense plus décidée parce que je suis un "golgote" alors que je rêve d'un trou de souris ?!?!?!
    On me dit: "t'es costaud toi, peu rien t'arriver" alors que je cumule les problèmes de santé les uns derrières les autres et surtout on passe notre temps à entendre: "tu as de la chance d'être grande, qu'est-ce que j'aimerai être comme toi" (la prochaine qui me dit ça, je crois que je pourrais la bouffer, grrr!)
    Ok, c'est pas non plus un enfer mais qu'est ce que ça fait du bien de te lire et de se sentir moins seule ;)
    Parce que oui c'est sympa d'être grande mais franchement pas tout le temps!

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  3. Moi aussi, je me suis planquée à l'adolescence derrière les sweats larges et les grosses baskets!C'est plus tard que je me suis autorisée les vêtements plus féminins (et les talons, quitte à mesurer 1m87!).

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  4. Merci pour ce témoignage que je transmets à ma belle-soeur, une belle plante de 186 cm qui a eu cette taille dès 15 ans...

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  5. 1m83 pour moi :)
    Les talons ce n'est jamais plus de 3cm sinon je ne peux pas m'empêcher de courber le dos ! Pourtant c'est tellement glamour une femme grande et qui l'assume !

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  6. Hé ben, que de grandes!! où étiez-vous quand j'étais au collège, je me serais sentie moins seule!:-)

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  7. 1m86 pour moi ! Pas facile a porter ... moi aussi je rentrais les épaules au lycée pour paraitre moins grande ... Autre inconvénient et pas des moindres quand on est ado les garçons ils veulent pas sortir avec une fille plus grande qu'eux du coup j'ai toujours été la bonne copine ...
    A 30 ans maintenant je le vis mieux ! j'ai un cheri plus petit que moi et une petite fille d'un an qui est deja plus grande que la " normale " ... même si je vis bien avec ma taille et que j'ai passé une adolescence sympa je ne souhaite pas a ma petite Nila de suivre le même exemple ...
    Le seul moment ou je regrette de pas faire 10cm de moins c'est quand je fais du shopping ...

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  8. Je fais petite avec mon mètre 72 parmi vous toutes :). Au contraire de toi, j'ai toujours été grande (et bien portante comme disent les grands-mère) et j'ai très tôt squatté le rang du fond de la photo de classe et l e haut des courbes de poids et de taille du livret de santé. Pour moi aussi cette taille et l'"espace" que j'occupais sans le vouloir a été compensé par de la discrétion, presque de l'effacement. C'est assez récemment que j'ai vraiment pris de l'assurance grâce à mon boulot d'abord, puis grâce à celui que j'aime et qui m'aime :) Et franchement ça fait du bien de s'assumer à peu près telle qu'on est

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  9. 172 cm "seulement" mais tout pareil (j'adore porter des talons mais culminer à 180 qd tes ami(e)s t'arrivent au menton, ben, au bout d'un moment, ça ne le fait plus et les talons restent au fond du placard)...Les Bretons sont plutôt petits (enfin, d'après mes standards ^^) alors je fais tâche. En revanche, à tout juste 40, je ne suis pas réconciliée avec ma carcasse (remarque, nous n'avons même jamais été conciliées elle et moi, alors être REconciliées...). Gauche et un peu godiche :-)
    Encore une fois, tu as les mots justes qui résonnent...

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  10. 1m78 pour moi. Impossible à assumer pendant l'adolescence (même en ayant sauté une classe, j'ai toujours été plus grande que tout le monde...du coup, je me sentais comme une contradiction avec le monde qui m'entourait). Il m'a fallu du temps pour éclore, mais maintenant j'en joue, j'ai pas peur d'en rajouter même : j'ai des jambes interminables, et il m'arrive souvent de porter 10 centimètres de talon. Et toc ;)

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  11. Même taille !
    C est marrant, je crois que c est la première fois que je lis quelque chose sur les grandes
    Il y en a peu en France.
    Cela ne m a jamais posé problème.
    Juste parfois j en prends conscience brutalement au gré d un reflet dans une vitrine ou dune discussion avec une personne de petite taille (1,60 ;-)
    Et puis j aurais les boules que ma fille soit hors-normes et chaussée chez bigfoot-ringard.
    A+

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  12. 1m80...plate comme une limande jusqu'à mes 16 ans....tête de classe, blonde et 'froide et hautaine'...tout pour plaire pendant mon adolescence bourrée de complexes mais pas à cause de cette taille que j'ai toujours assumée (debout au fond pour la photo de classe depuis toujours!!!!) ... mais où étiez vous toutes pendant ces années de galères!!! mais comme tu le dis vive nos 40 ans...(toujours sans sein!)....
    et à nous les très très haut talons! surtout pour les réunions!!! ;-)

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