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lundi 29 décembre 2014

Pour "Rire et chansons", l'incitation au viol c'est LOL


Pas de trêve de Noël pour le sexisme, Rire et chansons, la « radio officielle du rire », en est la triste illustration.

Il y a encore quelques heures, ce visuel du meilleur goût figurait sur la page Facebook de la station, avant d’être retiré suite au buzz né sur les réseaux sociaux (image tweetée initialement par Sophie Barel).

Une incitation au viol en toute décontraction qui confond « rapport amoureux » et absence de consentement. On y apprend ainsi que « retirer ses vêtements sans son consentement » vous permet de dépenser 173 calories ou que « la prendre ivre avec ses vêtements sur elle » permet de brûler pas moins de 1276 calories !

Faut-il rappeler à Rire et chansons que l'incitation à haine, à la discrimination ou à la violence est interdite par la loi sur la liberté de la presse, article 24 ?

Quand on jette un œil à la ligne éditoriale de celle qui se définit comme "la plus masculine des radios", on comprend mieux comment un tel visuel a pu être posté sans aucun état d'âme. Et l'on rit...jaune, à défaut d'en pleurer...


Pour en savoir plus sur la culture du viol, je vous conseille la lecture de cet article très éclairant du blog "Crêpe Georgette".

EDIT : Le Huffington Post en parle ici ainsi que l'Express, 20 minutes et Arrêt sur images. Silence radio (c'est la cas de le dire) de la part de Rire et Chansons.



mercredi 17 décembre 2014

Interview de Sam Farmer, père au foyer et créateur d'une marque de cosmétique non genrée



C’est Agnès Poirier, sur Twitter, qui m’a fait connaître « SAMFARMER », une gamme de cosmétique non genrée créée par un père au foyer.

Une marque de produits de beauté unisexe et garantie 0% de stéréotypes, voilà qui me paraissait intéressant !

J’ai donc posé quelques questions à Sam, son créateur, qui a gentiment accepté de me répondre (en anglais, j’ai donc traduit ses réponses en espérant ne pas avoir trahi sa pensée !).


Bonjour Sam, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Sam Farmer, je suis marié et père de 2 enfants. Je travaillais dans la production télé quand ma femme, alors actrice, a eu notre second enfant. Il m’a semblé logique de rester avec la maison pour m’occuper de mes enfants pendant qu’elle allait travailler. J’ai donc passé les 11 dernières années à élever mon fils et ma fille.

Comment as-tu crée ta marque de cosmétique ?
En tant que père au foyer, j’ai été amené à acheter les premiers produits de soins et de d’hygiène de mes ados. En observant les linéaires remplis de produits girlys et rose pour ma fille et ceux destinés à mon fils, gris métallisé et plein de stéréotypes machos, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. Je suis donc retourné à l’école pour étudier les sciences cosmétiques et ai formulé une gamme unisexe, adaptée spécifiquement à la peau et aux cheveux des adolescents.

En quoi est-elle différente ?

J’ai une formation scientifique. La chimie détruit les mythes et la désinformation au sujet des ingrédients cosmétiques. J’ai créé la marque SAMFARMER pour mes enfants. Il ne me viendrait pas à l’idée de faire cuire un gâteau sans comprendre la recette ou sans savoir si les ingrédients sont bons pour eux. De la même manière, je ne voulais pas créer des produits sans connaitre exactement de quoi ils étaient composés.

Pourquoi avoir choisi ton nom comme nom de marque ?
Parce que j’en avais assez de ne pas savoir qui était derrière les produits ou d’avoir affaire à des centres d’appel sans visage. Mon nom est donc ma marque et mon numéro de portable personnel est le  00 44 7775783339

Quelle est ta gamme actuelle ?
Il y a actuellement 6 produits dans la gamme : un shampooing, un après-shampooing, un gel lavant pour le visage, une crème hydratante, un gel lavant pour le corps et un déodorant.

En quoi les stéréotypes sont-ils nocifs selon toi, particulièrement au moment de l’adolescence ?
Quand je suis allé faire mes courses ce jour-là, je n’aurais jamais pensé qu’un déodorant allait changer ma vie.  J’ai découvert que les média, sous toutes leurs formes, font peser une pression plus ou moins subtile sur les adolescents en leur imposant une vision stéréotypée et photoshopée de la beauté. Ce n’est pas un hasard si le pourcentage d’adolescents se déclarant être insatisfaits de leur apparence est en constante augmentation.
Je ne voulais pas faire partie de ça, je ne voulais pas contribuer à créer de l’insécurité chez les jeunes, dans un monde suffisamment dur comme ça. Les adolescents qui vont rencontrer des problèmes de confiance en eux n’ont pas à être encouragés à se sentir mal dans leur peau ou pas à leur place. J’ai envie d’un futur où ma fille et mon fils marcheront dans les mêmes rayons de supermarché pour acheter des produits de beauté qui sentent bon, qui sont efficaces mais n’essayent pas pour autant de définir qui ils sont ou comment ils doivent se comporter. L’industrie de la beauté dans son ensemble est souvent montrée du doigt en ce qui concerne l’estime de soi et l’acceptation de son image corporelle. Je crois que nous pouvons tous avoir un impact positif sur la vie des adolescents et sur la façon dont ils se voient.

Les marques de cosmétiques justifient les différences de peaux entre hommes et femmes pour « genrer » leurs gammes et donc en vendre 2 fois plus. Aux Etats-Unis, on parle même de « Woman tax » à ce sujet car les produits pour femmes sont généralement plus chers. Qu’en penses-tu et que réponds-tu à cela ?
Scientifiquement, ça n’a aucun sens. Pour ceux qui formulent les cosmétiques, la peau et les cheveux ont pour l’essentiel la même structure, indépendamment du genre. Un shampooing n’est pas capable de reconnaître le genre du cheveu qu’il est censé laver. Pour moi, un produit se base sur son efficacité, pas sur la promesse de vous ramener un petit ami ou une petite amie.

Quels sont les ingrédients clés de tes produits ?
Chaque produit a été formulé spécifiquement pour la peau et les cheveux des adolescents mais j’aimerais mettre en avant 3 produits :

-       Le gel lavant pour le visage : des agents lavants extrêmement doux, combiné à de l’aloe vera et de la glycérine hydratante pour éviter les irritations ou le dessèchement de la peau.
-       La crème hydratante : le Butyl d’avocat – un extrait unique d’avocat qui réduit l’excès de sébum sans dessécher la peau
-       Le déodorant : du Polyglyceryl-3-caprylate, un dérivé végétal sélectionné pour son efficacité anti-odeur

Comment garantis-tu leur efficacité sans promettre des miracles comme le font la plupart des marques de cosmétique ?
Je ne fais pas de promesses. Quand les adolescents voient la différence et sentent que les produits sont efficaces, ils en parlent à leurs copains. Le bouche à oreille est la meilleure publicité pour prouver l’efficacité de la gamme SAMFARMER.

Comment as-tu fait pour choisir des senteurs « neutres » ?
Ca m’est venu lors d’une réunion avec un parfumeur basé à Grasse. Je voulais créer une senteur légère, fraîche et qui respire la propreté. C’est la même pour tous les produits de la gamme afin d’éviter les mélanges de parfums lorsqu’on utilise plusieurs produits en même temps.

Comment  tes produits ont-ils été perçus par les parents ? Par les adolescents ?
Pour la plupart des parents et des adolescents, une marque unisexe et qui ne véhiculait pas de stéréotypes faisait complètement sens.

Quelles sont tes meilleures ventes à ce jour ?
Comme on pouvait s’y attendre avec la peau des adolescents, le gel lavant visage, la crème hydratante et le déodorant sont les best-sellers. Cependant, comme le shampooing est extrêmement doux, il est parfait aussi pour les adolescents qui se colorent les cheveux !

Quels sont tes futurs projets ? (nouveaux produits ? nouveaux points de vente ?)
Je travaille sur la formulation de 3 nouveaux produits, unisexes bien sûr. Ils sortiront en 2015. Question distribution, la chaîne de la magasins Space NK propose à la vente l’ensemble de la gamme dans tous leurs points de vente en Angleterre et en Irlande.

Comment fait-on pour acheter tes produits depuis la France ?
Malheureusement, il n’est pas possible d’acheter les produits en dehors de l’Angleterre et de l’Irlande. Mais j’y travaille pour 2015 !

Pour en savoir plus : le site internet de la marque






jeudi 11 décembre 2014

A un fil



J’en avais parlé sur le blog, jusqu’ici j’avais toujours refusé de rentrer dans la surenchère  des anniversaires grandioses pour enfants.

Ca tombait bien, mon fils ne voulait rien faire de particulier l’année dernière et avait rejeté en bloc mes tentatives d’animation pour son anniversaire (chasse au trésor, activité manuelle).

Sauf que cette année, à 9 ans, après avoir été invité à des anniversaires avec atelier créatif au musée, laser game et bowling, il avait envie de partager une activité avec ses copains. Pour la première année, l’activité « je retourne la chambre avec mes copains » ne lui suffisait plus !

Mon fils étant un grand fan de magie, j’ai tout de suite pensé à un cours au musée de la magie qu’il avait déjà visité avec ma mère.

Sauf qu’après vérification, je me suis rendue compte le tarif était clairement hors budget pour moi : 25€ par enfant, avec un minimum de 10 enfants invités.

J’ai alors pensé alors à un cours d’origami : mon fils passe en effet de longs moments sur Youtube à visionner des tutoriels et réalise ensuite de magnifiques objets en papier pliés. Il a tout de suite été emballé par l’idée.

J’ai d’abord contacté l’espace culturel Japonais Manekineko de Montmartre : la professeure était charmante mais le lieu du cours, dans le 18ème arrondissement, était trop éloigné de la maison.

J’ai ensuite découvert l’espace Nadeshiko, à 5 mns de la maison : une école de langue et de culture japonaise qui propose, entre autre, des cours d’origamis à un tarif très abordable (10€/enfant).




Le cours d’une heure a vraiment plu aux enfants, qui pourtant n’étaient pas emballés a priori (je ne le savais pas). Un d’entre eux m’a même avoué « Madame, on n’osait pas le dire mais on n’avait pas envie d’aller faire des origamis. Finalement, c’était trop bien ». Ouf !




De retour à la maison, je leur ai proposé un atelier décoration de cerfs-volants.

J’avais acheté sur ce site des cerfs-volants blancs à 3€ ainsi que des pastels pour les décorer (pas la peine finalement, des pastels classiques font très bien l’affaire).

Ils ont beaucoup apprécié l’activité, la preuve en images! (je vous laisse deviner lequel est celui de ma fille !).






Après avoir soufflé les bougies et mangé le gâteau, nous sommes ensuite partis au jardin faire voler les cerfs-volants.

Il n’y avait pas beaucoup de vent mais les enfants ont  quand même réussi à les faire voler.

J’ai aimé observer ces silhouettes enfantines courir en tirant derrière eux ces fragiles cerfs-volants.


Découvrir la joie de mon fils, qui grandit un peu plus chaque jour.

Me répéter que tout cela ne tient qu’à un fil et qu’il en faut profiter.

« A mesure que le temps passe, je mesure le temps qui passe »…





mercredi 10 décembre 2014

Elles osent! Entreprendre au féminin : Nathalie Tshiamala fondatrice d'Happy Sharing


Quand j'ai entendu parler d'"Happy Sharing" via un communiqué de presse, le projet m'a tout suite tapé dans l'oeil! 

Une plateforme qui met en relation les parents d'un même quartier pour échanger des heures gardes tout en créant du lien social, quelle belle incarnation de l'économie collaborative!

Et en plus c'est une femme qui est aux commandes!

Sans tarder, j'ai donc immédiatement contacté Nathalie Tshiamala qui a gentiment accepté de répondre à mes questions pour le blog. Bienvenue à elle et longue vie à "Happy Sharing"!



Bonjour Nathalie, quel est le concept d’Happy Sharing ?

Bonjour Sophie, happysharing.fr est une une plateforme d’économie collaborative, où les parents partagent la garde de leur(s) enfant(s), afin de se libérer un peu de temps pour eux, sans valeur  monétaire.

Quel a été ton parcours avant de créer ta société ?

A 21 ans j’ai monté ma première entreprise, un restaurant, proposant des plateaux repas équilibrés et bios pour une clientèle du midi. Tenir un tel établissement demande beaucoup d’investissement. J’ai cessé cette activité uniquement parce que la rentabilité prenait le dessus sur le plaisir. Or, dans mes entreprises, j’y mets mon coeur.
Adepte de la communication, j’ai quitté tout récemment mon poste  au sein d’une célèbre radio parisienne, afin de me consacrer pleinement à la réalisation de cette plateforme qui m’anime!!!

De quel constat es-tu partie pour développer ce concept ?

De mon propre besoin et  de ceux de mon entourage proche, mes amis parents de mon quartier. Occupés par notre rôle de parents, pris par le temps et le travail, nous parents, nous nous oublions. Nous sommes des individus et parfois il est important de s’en rappeler et de se comporter en tant que tel. Il suffit d’une marche solitaire, de lever les yeux aux ciel et de voir que la vie ne tourne pas qu’autour de nos obligations.

Quelle cible vises-tu ?

Il s’agit d’un site communautaire, qui dit communauté dit aussi cercle fermé. Notre intérêt se porte sur les familles, plus spécifiquement les parents vivants à Paris et banlieue proche, peu importe leurs compositions.  Aussi, on constate qu’il y’a de plus en plus de parents solos, dont je fais partie. Pour nous l’équation temps/budget/vie privée est difficilement gérable. C’est en partant de cette problématique que nous avons dégagé notre coeur de cible.

Quel est le modèle économique d’Happy Sharing ?

Le modèle économique Happy Sharing répond à une logique simple de décaissements et d’encaissements. Le lean du business identifie deux types d’entrées d’argent:
        _ Les abonnements annuels
        _ Les règlements loisirs/évènements.

Pour maximiser les encaissements je n’ai que très peu de charges, ce qui me permet d’avoir un seuil de rentabilité relativement bas. Le marché utile des parents d’enfants entre 2 et 12 ans est de 280 000 pour Paris intra-muros selon l’INSEE. Par ailleurs le projet ne créé pas de nouveau besoin, il répond à un besoin déjà existant pour lequel très peu de solutions à faible coût sont mises en place. Notre stratégie d’entrée est donc une stratégie de différenciation des prix ainsi qu’une volonté de remettre l’humain au coeur du modèle, principe fondamental de la consommation collaborative. 

Comment s’assurer de la sécurité des modes de garde proposés ?

Un site internet se veut perfectible, nous en sommes au tout début. Nous développons actuellement certaines fonctionnalités de notre site, notamment la partie “sécurité”. Nous souhaitons rajouter un système de certification d’adresse mail, de carte d’identité; par ailleurs à moyen terme nous demanderons à nos membres de nous fournir  l’assurance civile de leur(s) enfant(s). Gardons à l’esprit que les échanges se font avec des familles habitant le même quartier ou dont les enfants fréquentent la même structure collective. De fait, ces familles se croisent, se sourient et ont potentiellement déjà échangé des politesses. Mais au moment de déposer ou de récupérer leurs enfants, ces derniers ne prennent ou n’ont pas forcément le temps d’étendre ces échanges.

Qu’as-tu pu observer de la conciliation vie perso/vie pro au sein des familles ?

Malheureusement un triste constat qui participe à la frustration collective. On a l’impression que 24h ne suffisent plus. De plus en tant que femme, une majeure partie des charges domestiques nous revient, involontairement peut-être? Le travail, plus la famille, les couples, l’homme, la femme ont tendance à s’oublier au point de non retour. Avec Happy Sharing, nous souhaitons renverser la donne.

La consommation collaborative, est-ce l’avenir selon toi ? Quels sont les exemples les plus marquants d’après toi ?

Sans aucun doute! Ayant vécu avec l’ensemble des membres de ma famille, plus partiellement avec des amis, J’ai été éduqué en pensant aux autres.

Ainsi depuis la découverte de couchsurfing.org je suis devenue une « collaborativore » ! Je suis membre de ce site depuis de nombreuses années. Quand je pars en vacances, je passe avec mon fils une partie de mon séjour avec des personnes qui ont accepté de nous ouvrir leurs portes sans intérêt financier! Plutôt que de laisser mon appartement vide, je le laisse à d’autres familles présentes sur cette communauté, active dans le monde entier! Évidemment nous faisons appel à covoiturage.fr lors de nos trajets! A présent mon père, lors de ses visites, fait appel à ce service, il en a marre de payer les contraventions qui ne sont mêmes plus signalées sur son pare-brise! Il me parle des rencontres étonnantes qu’il fait durant ces trajets…
Enfin laruchequiditoui.fr, est une initiative qui m’inspire énormément, de par sa présence locale.

Toute cette hégémonie a fait germer l’idée que nous sommes à l’aube de profonds changements de paradigmes, dans le monde de l’entreprise mais aussi social. Ces transformations structurelles galvanisées par l’accès quasi-gratuit de l’information mondiale, contribue à une nouvelle forme de redistribution du savoir et de l’information. Les systèmes pyramidaux dirigés par une élite de privilégiés à la fois socialement et culturellement n’ont plus lieu d’être. Cette économie capitaliste et libérale, saturée dans sa redistribution inéquitable des richesses arrive à son terme.

Il est donc l’heure pour nous chefs d’entreprises de proposer autre chose que ce que Taylor et Ford ainsi que Toyota plus tard, ont mis en place soutenus par les économistes contemporains, du célèbre Keynes au très controversé Alexis de Tocqueville.  Ce dinosaure capitaliste est en proie à de nouvelles approches, plus sociales et sociétales dans leur modèle, remettant l’humain à la place centrale qui lui est propre, balayé depuis des années par le profit, le taux de rentabilité et la quête de pouvoir.
La consommation collaborative apporte aujourd’hui une réponse logique en développant de l’humain par l’humain.

En tant que femme, quelles ont été les difficultés rencontrées lors de la ta création d’entreprise ? Comment as-tu pu lever ces freins ?

Le problème encore trop répandu, que j’observe même au sein du lieu de coworking dans lequel j’évolue, est la disparité hommes/femmes. Encore trop de sociétés sont sous la coupe patriarcale. C’est notamment pour endiguer ce phénomène que je suis à l’initiative de cet outil web. Le fait que cette plateforme soit le reflet de ma pensée féminine, s’inscrit dans ma démarche de donner aux femmes la possibilité d’être actrice du monde économique , et non plus simplement spectatrice d’un univers encore et toujours verrouillé par le dogmatisme masculin.

Concernant la construction de mon projet web l’exigence première est la veille permanente qu’engendre la création de ce type de plate-forme ainsi que ma volonté de me tenir au plus près des personnes qui s’enregistrent.

Le principal problème en revanche qui sommeille comme une épée de Damoclès au dessus de chaque start-up est bien évidemment la recherche de financement, source de perfectionnement de chaque outil du projet. Quel qu’en soit la finalité chaque entrepreneur se doit d’en faciliter son utilisation pour attirer et faciliter l’expérience du consommateur final. Cette recherche me prend du temps et malheureusement, ralenti parfois mes ardeurs et mes convictions quant au développement de ma plate-forme.

Dans un deuxième temps, et pour faciliter l’utilisation de mon service, j’ai décidé de faire appel à l’acteur majeur, le plus fédérateur de ce dernier siècle; l’outil internet. Cependant, pourvue de connaissances limitées dans le domaine du développement, j’ai dû m’entourer de professionnels, qui souvent ne réalisaient pas l’ampleur de la tâche ou se retrouvaient débordés par le travail. Il m’a donc fallu prendre mon mal en patience, faire preuve de sang-froid et d’abnégation pour mener ce projet à son terme.

A titre préventif les deux qualités premières dont doit faire preuve tout bon entrepreneur sont, à mon sens, la constance dans ses efforts de création et être clairvoyant dans la conduite de cette création. Ma solution : se déconnecter et savourer les moments familiaux et amicaux, qui sont mes sources d’apaisement et de création.

Quels conseils donnerais-tu à une femme qui souhaiterait se lancer aujourd’hui ?

Si tu es sûre de ton projet, si ça bout en toi et que ton environnement te le permet, accroche-toi, dépasse-toi!

Fais-tu partie d’un réseau féminin ? Si oui lequel ?

Éminemment,  les Mampreneurs, of course! C’est un réseau de créatrices d'entreprises engagées, qui ont une démarche solidaire en vue de partage d’éxpériences profesionnelles.

As-tu un exemple de femme qui a pu t’inspirer ou avoir valeur d’exemple ?

Oui, ma tante Lili. une femme admirable qui a élevé 6 enfants, parfois moi aussi 7 en tout! Et pourtant elle ne vivait qu’avec le Smic…

Quels sont tes projets professionnels pour le futur ?

Mis à part le développement d’Happy Sharing, mes projets ne sont pas professionnels mais participatifs. Soutenir des personnes dans le besoin, notamment les familles.


Pour en savoir plus :
-       Le site internet d’Happy Sharing
-       La page de crowdfunding pour soutenir le projet

dimanche 7 décembre 2014

Et Miss France, t'en penses quoi?



Quand tu te déclares féministe, ça ne manque pas, à chaque dîner ou réunion de famille, il y a toujours quelqu’un pour te demander ton avis à propos du sujet qui fait l’actualité.

Ca peut être en vrac les Femen, Nabila, DSK ou encore la suppression du terme « Mademoiselle ».

Hier soir, Fabrice, un de mes cousins m’a sortie de la cuisine (et non Moulinex n’a pas encore libéré toutes les femmes) pour me demander de m’exprimer au sujet de Miss France.

Je savais déjà ce que mon auditoire attendait de moi : une réponse engagée, la main sur le cœur, conspuant le caractère odieux et sexiste de cet événement et demandant son interdiction. Je me suis juste contentée de répondre que les concours de miss n’étaient que le symptôme d’une société où l’apparence régnait en maître. Supprimer ces concours ne résoudrait pas le problème, tout comme casser le thermomètre ne ferait pas baisser la fièvre (dédicace à Fabrice qui aime aussi beaucoup cette expression).

"L'un des facteurs les plus insidieux de discrimination sociale et de reproduction des inégalités" est l’apparence physique, nous apprend à ce sujet le sociologue Jean-François Amadieu.

Ainsi, d'après une étude menée par deux psychologues américains, l'impact que nous avons sur quelqu'un dépend à 55% de notre seul visage, à 38% de notre voix et seulement à 7% de ce quenous disons !.

Dès sa naissance, le nourrisson est soumis malgré lui aux diktats de la beauté. Et le regard maternel qu’on imagine instinctivement aveugle et bienveillant ne l’est pas autant qu’on le croit ! Le Time magazine a ainsi révélé que les parents ne seraient pas du tout insensibles à la laideur de leur enfant. Pire encore, l'amour "inconditionnel" de la mère serait directement lié à la beauté de l'enfant. Plus un bébé est beau à la naissance, plus l'amour maternel serait puissant.

Mais cela s'applique aussi à l'inverse. Plus l'enfant est laid, plus l'attachement serait difficile. Jean-François Amadieu explique: "On ne peut pas dire qu’une mère ou un père préférera un enfant plus beau que ses frères et sœurs. En revanche, les études ont prouvé que les activités seront différentes selon que l’enfant est beau ou laid. Par exemple, une mère jouera beaucoup avec son nourrisson s’il est beau, tandis qu’elle focalisera sur les apprentissages s’il est disgracieux. Il est d’ailleurs prouvé que ces enfants réussiront mieux à l’école que la moyenne".

Cette discrimination se retrouve même jusque sur les bancs de l’école. L’expérience suivante est éloquente: Prenez une pile de copies et faites-la corriger par un groupe de professeurs. Relevez les notes puis proposez les mêmes copies à un autre groupe d’enseignants, en y adjoignant la photographie des étudiant(e)s. Résultat: les physiques avenants améliorent leur note, les physiques ingrats perdent des points (8). À l’oral, le phénomène est évidemment encore plus marqué. L’apparence joue en faveur des plus beaux sans que les enseignants en aient conscience, bien sûr.

Cette dictature de l’apparence se retrouve également dans le domaine professionnel, où il existe de fait une prime à la beauté: non seulement les beaux ont davantage de chances d'être recrutés, mais ils sont également plus souvent promus, ont les meilleures primes et les meilleurs salaires.

Une recherche publiée aux Etats-Unis a démontré que les hommes très laids gagnent 9% de moins que la moyenne à poste équivalent. Tandis que leurs collègues très beaux récoltent 5% de plus que la moyenne. C'est à peu près la même chose chez les femmes. On estime qu'une belle apparence "vaut" aux Etats-Unis une année et demie d'études supérieures !

Cette « prime à la beauté » qui semble révolter beaucoup de monde lorsqu’elle est officialisée à la télévision ne choque personne dans ses manifestations quotidiennes.

Pire, on rend les concours de miss responsables de tous les maux de la terre alors qu’ils ne représentent qu’un infime rouage du système. Le Monde, dans son article du jour, accuse ces concours de "formater la féminité. Ces filles ont le même physique sain et propret : 1,70 m minimum, une silhouette fine, des seins pas trop gros, des cheveux longs".  En oubliant au passage le matraquage quotidien distillé par l’industrie du jouet et sa Barbie aux mensurations improbables, les diktats de la beauté imposés par l’industrie cosmétique et son modèle universel de la beauté : une femme blonde, à la peau blanche et ultra-mince.

Les concours de miss n’ont pas crée cet idéal, ils ne sont que le reflet de la "réduction drastique des modèles identificatoires offerts aux femmes" pour reprendre une expression de Mona Chollet dans son ouvrage "Beauté fatale".

S’insurger contre la prime à la beauté une fois par an c’est un premier pas.

Réfléchir et dénoncer les autres diktats de l’apparence pendant les 364 autres c’est mieux.




vendredi 28 novembre 2014

Résultat du concours "Tiens-toi droite"






Comme prévu, voici les noms des heureuses gagnantes qui ont remporté 2 places pour aller voir "Tiens-toi droite":

- Beauvois Anne-Christelle
- Astrid Declercq
- Mamie Sophie
- Joanna Cavey
- Ludivine Proudon

Merci de me contacter par mail (sophiegourion(at)hotmail.fr) afin me communiquer vos coordonnées pour que l'on puisse vous faire parvenir vos places rapidement.

EDIT du 1/1/14 : Merci à Astrid Declercq et Joanna Cavey de me contacter pour me communiquer leurs coordonnées. Sans réponse d'ici mercredi 3 décembre, les places seront remises en jeu.

mardi 25 novembre 2014

Le silence des pantoufles


En tant que blogueuse féministe, peut-on se passer d’écrire un billet un 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes ? Pas vraiment, même si la foi manque parfois.

Une journée coincée entre la journée des toilettes et celle de la poésie, quelques mois avant celle des droits des femmes (transformée en vaste foire commerciale destinée à vendre à LAFÂME des rouges à lèvre et des robots ménagers).

Cette année, je n’ai pas envie de répéter une énième fois des chiffres que vous aurez oubliés demain.

Si je vous donne les chiffres des victimes de violences conjugales, vous allez me demander pourquoi ces femmes ne sont pas parties avant.

Si je parle des victimes de harcèlement de rue, vous allez me dire que c’est terrible, on ne peut plus faire de compliments aux femmes.

Si je parle des viols, vous allez me dire que tous les hommes ne sont pas des violeurs, qu’elles n’avaient qu’à s’habiller autrement.

Si je parle de harcèlement moral ou sexuel, vous allez me répondre qu’on ne pourra plus se retrouver en tête à tête dans un ascenseur par peur de procès.

Vous trouvez que j’exagère ? Allez faire un tour sur Twitter, écoutez ce que les femmes racontent, lisez ce qu’écrivent les journaux, lancez ces sujets lors d’un repas de famille.

Pour ces femmes victimes de violences, c’est la double peine. Elles subissent une agression et ne sont généralement ni reconnues ni écoutées.

Les hashtags «Harcèlement de rue » et plus récemment « Paye ton utérus » ont libéré la parole des femmes sur les réseaux sociaux. Elles ont enfin pu parler. Mais pour combien de tweets assassins disant qu’elles n’avaient qu’à choisir un autre médecin ou s’habiller autrement ? Et je ne parle même pas du traitement médiatique de ces sujets de la part de journalistes gadgétisant l’info. Point du mari, viols, violences conjugales sont dans la plupart des cas traités de manière sensationnaliste ou excusant l’agresseur. Pour quelques jours seulement, puis Twitter bruissera d’un autre buzz et le sujet sera oublié.

Tant que des médecins infantiliseront les patientes et ne repéreront pas les situations de détresse

Tant que des journalistes préfèreront le buzz à de l’information sourcée, sans « victim blaming »

Tant que des passagers d’un métro laisseront faire et baisseront les yeux devant des situations de harcèlement de rue

Tant que l’industrie cinématographique et les médias entretiendront le mythe du violeur fou, agissant dans un parking.

Tant que des femmes jugeront d’autres femmes sur leurs tenues, leurs fréquentations.

Ca sera la double peine pour les victimes.

« Le silence des pantoufles est plus dangereux que le bruit des bottes » disait Martin Niemöller.

Dans le cas des violences faites aux femmes, le silence fait parfois autant de mal que l’agression elle-même. Alors écoutons.

Pour agir et en savoir plus :

- Répondre à l’enquête de l’association les Dé-chaînées sur l’accueil des victimes de crimes et délits sexuels
- Suivre la présentation de l'étude menée par le CESE sur les violences faites aux femmes, des plus visibles aux plus insidieuses
- Lire le billet de Doc Arnica sur la détection des violences psychologiques par les médecins
- Découvrir la campagne d’ « Osez le féminisme » pour reconnaître le féminicide
- Lire l’article de « Crêpe Georgette » : « Comment les journalistes peuvent-ils parler des violences sexuelles : proposition de charte ».