> janvier 2013

jeudi 31 janvier 2013

"Interdit aux filles?" cherche un éditeur!




Je suis très fière de vous présenter la couverture du livre que je viens d’écrire, « Interdit aux filles ? » illustré par Chrystèle Lim avec beaucoup de talent.

Chrystèle a déjà publié plusieurs ouvrages en édition jeunesse (vous pouvez suivre son blog ici). Quant à moi, même s’il s’agit de mon premier ouvrage en édition jeunesse, je reste dans une de mes thématiques de prédilection, comme vous pourrez le découvrir dans ce résumé:

« Camille adore les quelques jours qui précèdent Noël. Mais cette année, tout ne se déroule pas comme prévu : alors qu’elle souhaite commander le cadeau de ses rêves, un costume de super-héroïne, elle n’en trouve dans aucun catalogue. Pourquoi les petites filles devraient-elles être forcément des princesses attendant le prince charmant ou des fées demande-t-elle alors à sa mère. 
Sauver le monde, c'est interdit aux filles?
Un prétexte pour aborder les questions du genre, des stéréotypes et de l’histoire des femmes de façon ludique et pédagogique. »

Nous avons pris beaucoup de plaisir à travailler ensemble et sommes donc toutes 2 à la recherche d’un gentil éditeur qui serait intéressé par notre bébé (tranche d'âge des lecteurs : 7-10 ans) !

Si vous avez des contacts à nous communiquer, nous sommes preneuses !
Nous allons envoyer le manuscrit aux maisons d’éditions susceptibles d’accueillir le livre au sein de leur collection mais avoir le nom d’un contact serait un vrai coup de pouce !

N’hésitez pas à relayer, à en parler autour de vous et à me contacter ! (sophiegourion (at) hotmail.fr )

lundi 28 janvier 2013

La pub prend-elle les pères pour des cons?



L’année dernière, la marque DPAM faisait le (bad) buzz sur internet à cause d’une initiative pour le moins maladroite, le « papa code ». Le principe : une étiquette avec un pictogramme façon playstation (triangle, losange, rond, étoile) afin d’aider les pères à choisir les vêtements de leurs enfants sans faute de goût, erreur de taille ou de sexe.



Ben oui, autant les femmes sont génétiquement programmées pour savoir naturellement ce qui est beau ou pas, autant les hommes, ces idiots, ont besoin qu’on les aide, voilà en substance le message de DPAM. Et puisque leur cerveau est occupé à des choses bien plus stratégiques que la gestion des enfants, autant faire archi-simple en leur proposant des pictogrammes façon Playstation. On n’est finalement pas si étonné que ça d’apprendre que la carte de fidélité de l’enseigne se nomme « club des mamans » histoire de filer la métaphore du sexisme jusqu’au bout.

Le blogueur Til the cat avait, à l’époque, rebondi sur l’initiative avec humour en proposant de décliner les pictogrammes aux rayons des supermarchés. 

     


Cette campagne, qui est loin d’être isolée, s’inscrit dans ce que l’on appelle le "conservatisme contrarié" : alors que la publicité a bien pris en compte les changements de société (fini le schéma « femme au foyer/homme qui travaille »), elle peine à les appliquer. Pire, elle ne cesse de mettre en scène et de légitimer les résistances masculines à ces évolutions.

Une passionnante étude menée par l’ORSE met d’ailleurs en lumière l’ensemble des stéréotypes masculins proposés par les médias et la publicité.

Ce qu’il ressort en filigrane de cette analyse c’est que les publicitaires sous-entendent une prédisposition et une disponibilité naturelles des femmes pour les tâches ménagères. Les produits sont donc là pour les aider à les accomplir au cours de leur double journée.

A l’inverse, les hommes mis en scène dans l’exercice de ces tâches dans les publicités sont présentés, de fait, comme incompétents. De plus, ces rôles menacent leur masculinité : les produits sont alors présentés comme une façon d’échapper à ces contraintes ou de regagner leur virilité perdue.

L’analyse des publicités menée par l’ORSE a permis de distinguer 3 grands schémas de la paterniité vue par la publicité

1°) L’évitement, qui se manifeste par une mise en scène d’un égocentrisme et d’une incompétence paternels

Dans cette publicité Renault, la future maman s’intéresse naturellement à la maternité, alors que pour l’homme, l’arrivée du bébé est prétexte à l’achat d’un nouveau véhicule.

2°) Le néo-traditionalisme qui donne à voir des hommes entre eux, préservant leur monde de la féminisation

Cette publicité pour « Chrome » de la marque Azzaro met en scène 3 hommes (le père, le grand-père et le fils), soudés par une activité virile, en extérieur : le rugby. La mère est mise à l’écart, marchant derrière eux puis s’asseyant plus loin, en spectatrice passive.
3°) La réassurance viriliste avec un engagement tout relatif des pères et une incompétence notable malgré leur bonne volonté.


Dans cette publicité pour Huggies, un homme en costume-cravate change les couches de son bébé. Pour que le spectateur comprenne bien que la situation est exceptionnelle, le lieu semble être une fête et non pas la chambre de l’enfant. De plus, le père semble étonné par la scène, preuve qu’il n’effectue pas cette tâche fréquemment. La puissance du jet d’urine et les effets spéciaux dignes d’un film d’action sont là pour rassurer l’homme sur sa virilité et mettre à distance le côté féminin de la tâche. Ouf la virilité est sauve !
Dans le cadre d’un sondage commandité par l’ORSE auprès de BVA en octobre 2008, 70% des Français (67% d’hommes et 73% de femmes) manifestaient le souhait de voir davantage d’hommes mis en scène dans des activités ménagères et familiales dans des spots publicitaires. Un vœux pieux pas vraiment entendu par les publicitaires…

Les Etats-Unis, décidément très avance en terme de marketing genré, s’intéressent désormais aux pères à travers le « dadvertising » (contraction de « Dad » et « advertising »). Et encore une fois, les stéréotypes ne sont jamais loin. Le jeu de construction Barbie lancé à Noël par Mega Bloks est ainsi une façon détournée d’attirer les pères dans leur filet.



« Le père est un plus  grand prescripteur en terme d’achat de jouets. Parce qu’il a grandi avec les jeux de construction, il a tissé envers eux des sentiments forts et des émotions. L’avantage de ce produit, c’est qu’il plait aussi bien aux pères qu’aux mères » explique Vic Bertrand de chez Mega Bloks.

« Une fois à la maison, les pères pourront participer à ce jeu alors qu’autrement, ils risqueraient de ne pas se sentir sur leur territoire »  explique Maureen O’Brien, une psychologue qui a été consultée pour le lancement du jeu de construction Barbie.

Pères, vous pouvez être rassurés : vous ne perdrez pas votre virilité en jouant avec votre fille grâce à Mega Bloks !

Décidément, les publicitaires n’ont pas fini de prendre les pères pour des cons…

jeudi 24 janvier 2013

"Sois belle et récure", nouvelle devise du sport féminin?



"Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. Le véritable héros olympique est, à mes yeux, l'adulte mâle individuel. Les JO doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs" déclarait en 1912 Pierre de Coubertin.

100 après, personne n’oserait prononcer un tel discours au risque de s’attirer les foudres de l’opinion publique ! Dans les faits cependant, force est de constater que le sport féminin n’obtient toujours pas la même reconnaissance ni le même intérêt que le sport masculin. Pire, il est souvent obligé de faire appel à des ressorts marketing souvent sexistes pour susciter l’attention.

Pour les jeux olympiques de 2012, j’avais évoqué l’épisode des joueuses anglaises de volley dont l’arrière-train avait été utilisé comme panneau publicitaire.



J’avais également mentionné cette étude qui montraient que les stéréotypes entre les sexes dans le sport se retrouvaient même là où on ne les attendait pas.  Une analyse du magazine ESPN « Body issue » l’avait prouvé.


Dans cette dernière édition,  27 athlètes internationaux avaient accepté de poser nus. Même si hommes et femmes ont été représentés, ils ne l’ont pas été de la même façon : alors que la plupart des hommes étaient représentés en action, plus de la moitié des femmes étaient mises en scène de façon passive.

Ces derniers jours, 2 autres informations assez symptomatiques sont venues se télescoper dans ma TL sur Twitter.

La première (merci @BicycleRepairMan !) c’est cette affiche pour la coupe de la ligue féminine de Handball.


 Encore une fois, pas question de représenter une sportive en action, tout simplement vêtue de sa tenue de sport au risque de ne pas faire venir le public. Les publicitaires ont sans doute jugé plus vendeur de faire figurer à sa place une femme en talons et tenue légère, avec 2 étoiles sur les seins, un fouet à la main. Le rideau rouge semble lui aussi évoquer l’univers du cirque comme s’il y avait un besoin impérieux de ne pas associer femme et sport.

En faisant quelques recherches, je suis tombée sur l’affiche de 2010 qui n’a rien à voir non plus avec la performance et qui ressemble davantage à un spectacle de peep-show ! 



Bouche écarlate entrouverte tenant un ballon entre ses dents sans oublier le nom du site internet « belle à croquer.com » écrit avec un bâton de rouge à lèvres. Encore une façon hyper sexuée de représenter les joueuses qui n’a d’autre but que de rassurer le public et les annonceurs : n’ayez crainte, on peut être sportive et « féminine ». La blogueuse Olympe avait d’ailleurs dressé sur son blog en 2011 un palmarès assez édifiant de toutes ces affiches émaillées de talons aiguilles et rouges à lèvres.

Certains vont encore plus loin en offrant aux joueuses de quoi se faire une beauté ! Le groupe Carrefour a ainsi organisé à l’automne dernier un concours permettant de faire gagner des cadeaux à des clubs de football. A Lescar (Pyrénées-Atlantiques) par exemple, quatre équipes masculines de la ville se sont vues offrir des équipements de foot alors que les femmes ont reçu…un kit beauté.


Dans une petite trousse, rose forcément, les joueuses ont pu trouver des échantillons de produits de beauté et de maquillage ainsi qu’un bon de réduction sur le rayon « petit électroménager » !

« Sois belle et récure », nouvelle devise du sport féminin?


mardi 22 janvier 2013

Jeu d'écriture - Dialogue entre contraires


Les jeux d'écriture reprennent après un petit moment d'interruption!
Aujourd'hui, je vous propose d'écrire un dialogue entre contraires (chaud/froid, haut/bas etc) ou plus largement entre des antinomies.
Pas de contrainte de temps ou de mots, l'essentiel est de s'amuser!
J'attends vos participations dans les commentaires!
Si ça vous intéresse, vous pouvez aller lire les très jolis textes de mes camarades ici 

Voici la mienne :

"Le coeur et la tête"


La tête : Hé ho, tu veux bien arrêter 2 secondes, j’arrive pas à me concentrer !

Le cœur : Arrêter de battre ? Je veux bien mais tu risques de te trouver bien ennuyé !

La tête : Très drôle.  Tu peux faire moins de bruit, réduire le rythme, te calmer un peu ou c’est trop te demander ? Je n’entends que toi, tes pulsations m’assomment. J’ai besoin de toutes mes capacités. Ce rendez-vous amoureux c’est un peu la chance de ma vie. Enfin, de SA vie. Je suis son cerveau mais sans moi il n’est pas grand-chose. Rien qu’une grande carcasse inutile, un pantin désarticulé.

Le cœur : C’est vrai que moi je ne suis qu’un accessoire. Un viscère. Un vulgaire abat sur l’étal du boucher.

La tête : Toi et ta fichue susceptibilité. Mais oui tu es important, tu pompes, tu irrigues. Il n’y a pas de sous-métier tu sais. Tu es un organe très respectable mais tu es parfois trop sanguin voilà tout. Un peu de retenue ne nuit pas.

Le cœur : Tu crois que ça ne me fatigue pas d’être si émotif ? Rien que de penser à ce RDV je m’emballe et je pompe, je pompe. J’essaye d’être efficace pour que chacun de ses membres, chacun de ses organes puisse être au maximum de ses capacités. J’ai beau tenter de garder la tête froide, rien que de penser au parfum de cette femme, à son regard enjôleur, à ses tics si attendrissants, je bats de plus belle. Tu te rends compte qu’on ne rencontre une personne comme cela qu’une fois dans sa vie ?

La tête : Du calme, rien n’est joué. Il va falloir être fin, drôle, incisif, pertinent. C’est là où j’interviens. D’ailleurs, si tu pouvais m’envoyer un peu de carburant au lieu de t’escrimer à le balancer dans des organes un peu moins nobles si tu vois ce que je veux dire… Je ne pense pas qu’ils vont conclure ce soir donc c’est un peu inutile. Laisse moi contrôler sa tête, je crois qu’il va en avoir davantage besoin.

Le cœur : Hé ho, je fais ce que je peux. Y a des trucs qu’on ne maitrise pas. Tu m’expliques, toi qui es si intelligent, à quoi ça sert qu’il ait les mains moites en ce moment par exemple? Tu ne crois pas que cette énergie pourrait être utilisée autrement ? Bon, ben c’est comme ça, y a des trucs qu’on ne contrôle pas dans la vie. D’ailleurs c’est mieux ainsi non ? Tu imagines si je battais constamment à un rythme régulier, comme un métronome : quel ennui !

La tête : Parle pour toi. Si je pouvais n’être qu’un pur esprit, non astreint à des contingences purement physiologiques, je ne m’en porterais pas si mal je crois.

Le cœur : Hé ho, tu sais ce qu’elle te dit la contingence physiologique ?

La tête : Chut, elle arrive. Tais toi et pompe.