> février 2016

jeudi 25 février 2016

Quand Ariel lave plus blanc...les stéréotypes!


Ce matin, j’ai vu passer via la page Facebook de Sheryl Sandberg une vidéo du groupe P&G pour Ariel Inde. Cette campagne intitulée « Share the load » (Partagez les tâches)  a été primée aux Cannes Lions International Festival of Creativity en 2015.


Le spot, très efficace, met en scène un père observant sa fille désormais adulte, jonglant entre sa cuisine, son ordinateur et ses enfants, tandis que son mari est confortablement assis dans son fauteuil.

Voici quelques extraits de la lettre qu’il lui a écrite, traduits rapidement par moi (donc merci pour votre indulgence !)

« Ma petite fille, tu as tellement grandi…tu jouais « au papa et à la maman» et maintenant c’est toi la maman. Tu gères aussi ton travail. Je suis si fier. Mais aussi si triste ».

Le sexagénaire procède alors à son autocritique : « Je suis désolé de t’avoir tout laissée faire seule. Désolé de ne pas t’avoir empêchée de jouer à « la maman qui tient sa maison ». Désolé de ne pas t’avoir dit que ce n’est pas forcément ton boulot à toi. Mais aussi celui de ton mari ».

« Tu ne m’a jamais vu laver une chemise, tu as appris de ce que tu as vu. Ton mari a dû apprendre la même chose de son propre père. Lorsqu’il jouait « au papa et à la maman », il faisait celui qui regardait la télévision. Pendant que tu jouais à préparer du thé ».

« Pardon au nom de tous les pères qui ont montré le mauvais exemple. Mais il n’est pas trop tard. Je vais faire de mon possible pour aider ta mère dans les tâches ménagères. Je ne suis pas le roi de la cuisine mais je peux au moins l’aider à s’occuper du linge. Après des années à avoir mal fait, il est temps de corriger ça .Bien à toi, Papa».

Le spot se finit alors sur cette question « Pourquoi laver le linge ne serait-il qu’une affaire de femmes ? ».

On peut saluer l’initiative de P&G, qui dénonce avec efficacité la manière dont les stéréotypes de genre se perpétuent de générations en générations à la fois à traves les exemples donnés par la famille mais aussi par les jeux.

On peut cependant faire remarquer au groupe américain qu’il a également une responsabilité en matière de perpétuation des stéréotypes. En effet, il n’est pas le dernier à mettre en scène des petits garçons ou des hommes se tachant et des mères nettoyant.

Récemment, la marque Ariel a même été épinglée par le site « Macholand » car le lessivier n’adressait ses conseils de lavage qu’aux mamans !

        Mais comme le dit si bien leur spot « Il n’est jamais trop tard ! »

lundi 22 février 2016

Bingo 8 mars : le tour de France des pires initiatives pour la journée des droits des femmes


Il y a 3 ans, je recensais ici les pires opérations commerciales pour la journée des droits des femmes (et non pas de LAFÂME).

L'année dernière, la journaliste Nadia Daam écrivait à son tour un article pour dénoncer la "récupération commerciale, médiatique, politique et imbécile d'une journée pourtant censée faire avancer la cause des femmes".

Cette année encore, il y a encore malheureusement matière à établir un bêtisier, entre atelier beauté et concours de Miss.

De Caen à Marseille, voici ma sélection.

A Marseille, Bigard, animateur de la soirée « Festi’femmes »


L’année dernière, la ville de Marseille avait déjà fait parler d’elle en organisant une revue de cabaret à plumes, intitulée « Plaisir's » pour la journée des droits des femmes.



Cette année, c’est Bigard, l’auteur du délicat « lâcher de salopes », qui animera une soirée sur…l’humour féminin ! Éliane Zayan, fondatrice et directrice artistique du Festi’Femmes a tenu à s’expliquer dans un communiqué : « Certaines féministes s’offusquent sur le choix de ma programmation du 8 mars avec la venue de Jean-Marie Bigard. Je voudrais dire à ces dames qu’il n y a pas d’interdit dans l’humour et que Jean-Marie Bigard est un humaniste très respectueux de la femme, de toutes les femmes. Dans son spectacle "Nous les femmes", il se met justement dans la peau d’une femme pour les défendre et leur rendre hommage pour leur courage et leur volonté … ».

Parce qu’il n’y avait pas assez de femmes humoristes disponibles ?

A Paris, Rachida Dati propose ateliers de dégustation et mise en beauté



Le 8 mars 2010, Rachida Dati avait invité, en toute simplicité, les parisiennes à se faire prendre en photo à ses côtés pour faire avancer la cause des femmes. 6 ans après, l’ex-garde des Sceaux a décidé d’aller encore plus loin dans son engagement en proposant ateliers de dégustation, de mise en beauté et débat avec des personnalités telles que Sarah Lavoine, designer d’intérieur ou Cristina Cordula, conseillère en image. L’affiche donne le ton : la femme censée représenter les femmes dans leur globalité est ultra-mince, aux jambes longilignes et donne le biberon juchée sur des talons. Les grosses allaitantes en baskets sont donc cordialement invitées à aller se faire voir ailleurs.

Dis, Rachida, tu nous prépares quoi pour 2017, qu’on ait le temps de se préparer psychologiquement ?

A Toulouse, une conférence cocktail sur la gestion du stress


Au regard de certaines initiatives, rester zen lors de la journée des droits des femmes n’est pas une mince affaire tant on se demande ce qui passe par la tête des organisateurs. Après les ateliers beauté et dégustation, que diriez-vous pour vous détendre d’une soirée sur la gestion du stress animée par …2 policiers (un intervenant auprès du RAID et un négociateur de la BRI).

Pour apprendre aux femmes à négocier leurs salaires ?

A Caen, élection de « Miss Stade »


Pour célébrer la journée des droits des femmes, le Stade Malherbe Caen organise un concours de « Miss Stade » : « Miss Stade Malherbe 2016 bénéficiera de nombreux avantages comme donner le coup d’envoi de la rencontre face à l’AS Monaco, elle recevra deux abonnements pendant un an mais aussi bien d’autres surprises. Après une année civile forte en rebondissements et en résultats sportifs, le club souhaite bénéficier d’une supportrice capable de représenter dignement les couleurs du SM Caen à travers de multiples évènements. ». Mais attention « le physique n'est pas uniquement le critère pris en compte pour choisir les finalistes, la façon de s'exprimer (les fautes d'orthographe notamment) est essentiel (sic) ».

Et la création d’un club féminin c’est pour quand ?



vendredi 19 février 2016

Les règles douloureuses, ce truc de bonne femme qui n'intéresse ni les labos ni les médecins




Pendant des années, je me suis tordu de douleur chaque mois à l’arrivée de mes règles.

Crampes insupportables, nausées, puis plus tard migraines à me taper la tête contre les murs. Quand j’ai accouché, j’ai alors réalisé que les contractions étaient moins douloureuses que ce que j’avais vécu ces mois-là.

Pourtant, les médecins n’ont jamais vraiment écouté ma douleur et se sont contentés à chaque fois de me prescrire d’un air dépité Spasfon et Doliprane. Il a fallu qu’une gynécologue me prescrive il y a 2 ans la pilule en continu pour m’extraire de cet enfer.

Cet article, tweeté aujourd’hui, explique très justement la culture du silence autour de la dysménorrhée (littéralement « menstruations difficiles ») alors que le phénomène toucherait une femme sur cinq. Pourtant, il existe très peu de recherches sur le sujet et les médecins sont souvent peu concernés face aux symptômes.

L'endométriose, une maladie liée à la présence de muqueuse utérine en dehors de la cavité utérine qui cause des douleurs et des problèmes d'infertilité, touche en moyenne une femme sur dix. Malgré des douleurs très invalidantes, son délai de diagnostic est de 7 ans, justement à cause d’une sous-estimation des symptômes.

« Clairement, les options de traitement  face aux douleurs de règles ne sont pas idéales » explique le professeur John Guillebaud, de l’University College London. « Mais comme les règles affectent uniquement les femmes, on ne leur accorde pas l’attention qu’elles méritent. Je pense pourtant que l’on devrait s’emparer de ce sujet, comme de n’importe quel autre en médecine. De plus, les symptômes peuvent disparaître après l'accouchement (même si, encore une fois, on ne sait pas exactement pourquoi). Comme «mère nature» peut résoudre le problème, les chercheurs qui veulent se faire un nom estiment peut-être que le sujet n’est pas assez important pour la recherche ».

Cette indifférence a des répercussions sur la pratique des médecins, pas toujours prêts à prendre au sérieux la douleur des règles de leurs patientes. Et le sexe du praticien ne change rien au problème d’après John Guillebaud : «  D’un côté, les hommes ne souffrent pas de la douleur et sous-estiment combien elle peut être importante chez certaines patientes. Mais je pense que certaines femmes médecins peuvent également faire preuve d’indifférence : soit parce qu’elles n’en souffrent pas elles-mêmes ou si elles en souffrent, se disent « Et bien,  si je peux vivre avec, ma patiente peut en faire autant ».

Richard Legro, docteur du Penn State College of Medicine explique dans l’article que sans un lobby appuyant un besoin de recherche, les chercheurs ne prêteront pas davantage d’attention aux règles douloureuses. Il précise que le sujet est clairement évincé des discussions publiques.

Pourtant, même quand les laboratoires pharmaceutiques  font mine de s’attaquer au problème, ils trompent et escroquent les femmes en réalité. Comme je le racontais ici, le Nurofenfem, rose bonbon, destiné à soulager les règles douloureuses, a été récemment épinglé pour publicité mensongère. En effet, sa composition était identique à celle du Nurofen classique mais était vendu 20% plus cher.

On parie que si les hommes avaient leurs règles, on aurait déjà des médicaments efficaces ?



mercredi 17 février 2016

Interview fromage et féminisme : Galliane

Parce que le fromage c’est la vie.
Parce que les féministes ont de l’humour.
Parce que militantisme et fromage ne sont pas incompatibles.
Parce qu’il n’y a pas un féminisme mais des féministes.

J’ai crée cette série d’interviews décalées « Fromage et féminisme » #FF.

Aujourd’hui c’est Galliane qui répond à mes questions.

NB : Cette série d'interviews a été menée au mois d'octobre donc bien avant la série d'attentats du 13 novembre 

Bonjour, peux-tu te présenter en quelques mots : es-tu plutôt coulante comme un brie de Melun ou forte comme un Munster ?

Je dirais que je suis comme le Chambérat, un fromage de l'Allier d'où je viens, très impressionnant la première fois, qui met un peu sens dessus dessous, mais qui une fois apprivoisé, s'avère être tendre et délicat.

D’après toi, le féminisme on en fait tout un fromage ? 

Malheureusement pour certains, pas assez pour d'autres. Selon les points de vue, le féminisme n'est qu'une lubie hystérique et pour d'autres un combat de tous les instants. Moi je suis pour battre le beurre tant qu'il est encore chaud ! 

La dernière actualité (pub sexiste, bad buzz, déclaration de people…) qui sent le roquefort ?

Vanity Fair qui publie un article sur les ratés de la chirurgie esthétique et intègre Caitlyn Jenner dans son "musée des horreurs". Tranquille, les mecs utilisaient l'image de cette femme en couverture de leur magazine lors de son coming out il y a quelques mois et aujourd'hui ils lui crachent dessus avec une transphobie affichée en utilisant le masculin pour parler d'elle et se moquer de ses opérations de transition. Ce genre d'attitude à l'art de me rendre complètement folle !

Comment couper le fromage de façon féministe (et donc égalitaire) ?

50/50%, 100% communiste, je suis pour le vrai partage : le fromage, le ménage, le travail, les revenus, la grossesse... ah merde non, ça, on se le garde pour nous.

Ton plateau de fromage idéal ? Avec qui aimerais-tu le partager ?

Je vais être abominablement chauvine mais mon plateau de fromage idéal provient de la fromagerie Nivesse à Clermont-Ferrand. Mon fromager est un dieu (et Saint Nectaire est son prophète) : il sait non seulement affiner ses fromages mais il a également une formation de sommelier. Il sait parfaitement choisir le vin qui s'accorde avec ses fromages. J'adorerais partager l'un de ses plateaux avec Diane Saint Réquier (@lactualaloupe et @sexysoucis).

Le one pot pasta a crée la polémique : et toi, c’est quoi ta recette de la honte avec du fromage ?

Je n'en ai pas parce qu'en bonne auvergnate, je respecte trop le fromage pour le maltraiter, mais mon mec nous fait parfois des fondues Vache-qui-rit/camembert absolument honteuses.

Comme moi, tu fais partie de la team #veilletwitta : qu’est ce qui te fait sentir parfois comme une vieille croûte, sur Twitter ou ailleurs ?

Les vlogs, les Youtubeuses, ma fille de 12 ans qui s'est ouvert un compte Instagram et qui like le mien (du coup, je peux plus prendre mes fesses en photo).

Pour toi le féminisme c’est plutôt à -0% de matière grasse comme le Bridelight ou à plus de 35% comme le Brillat Savarin?

Plus c'est gras, plus c'est lourd, plus ça a de l'impact non ? Alors dans les idées ou sur les cuisses, autant y aller à fond !

Es-tu favorable à une AOC pour le féminisme ?

Absolument pas. Cela reviendrait à dire qu'il n'y a qu'une sorte de féminisme et que seulement cette sorte serait la meilleure ? Alors triple non.
Il y a beaucoup ( trop) de combats à mener, on ne peut pas être sur tous les fronts et nous ne pouvons pas non plus être toutes sur la même longueur d'ondes. La seule chose sur laquelle nous devons être d'accord, c'est accepter nos différences. Le féminisme comme le fromage, c'est avant tout un art de vivre, peu importe la crémière tant qu'on le fait avec le cœur et convictions.

Si on devait remplacer « Belle des champs » par une femme que tu admires, qui serait-elle ?

Une effeuilleuse burlesque. N'importe laquelle parce qu'au fond, la plupart sont féministes (j'ai jamais rencontré d'effeuilleuse qui ne l'était pas, mais ça existe peut être) et parce qu'elles représentent toutes non pas LA beauté mais LES beautés et c'est en cela qu'elles sont BELLES.

 
Merci à Galliane pour cette interview!

Tu es féministe, tu aimes le fromage et tu souhaites être interviewée ? (tu as le droit de répondre même si tu le détestes, le fromage, pas le féminisme). Ecris-moi un petit mail à sophiegourion(at)hotmail.fr et je t’enverrai les questions !



mardi 16 février 2016

Interview fromage et féminisme : Olivia Moore


Parce que le fromage c’est la vie.
Parce que les féministes ont de l’humour.
Parce que militantisme et fromage ne sont pas incompatibles.
Parce qu’il n’y a pas un féminisme mais des féministes.

J’ai crée cette série d’interviews décalées « Fromage et féminisme » #FF.

Aujourd’hui c’est Olivia Moore qui répond à mes questions.

NB : Cette série d'interviews a été menée au mois d'octobre donc bien avant la série d'attentats du 13 novembre 

Bonjour Olivia , peux-tu te présenter en quelques mots : es-tu plutôt coulante comme un brie de Melun ou forte comme un Munster ?

Je suis fraiche comme un petit chèvre des montagnes, coulante comme une cancoillote, réconfortante comme une raclette. Et tenace comme son odeur.

D’après toi, le féminisme on en fait tout un fromage ?

Le féminisme, c’est comme le fromage, faut toujours en avoir dans son garde manger. Pour le cas où.

La dernière actualité (pub sexiste, bad buzz, déclaration de people…) qui sent le roquefort ?

Celles que je trouve les plus impardonnables sont les « erreurs » sexistes de nos politiques, de tout les bords hélas…
La dernière boulette de Fillon – on dirait un nom de fromage- avec sa douteuse comparaison entre une femme et la France

Et puis le débat « taxe tampon » qui m’horripile tellement que je suis énervée à chaque fois que j’en parle … Je vous renvoie à l’excellente chronique de Guillaume Meurice sur France Inter qui est allé en parler avec des députés, consternant.

Comment couper le fromage de façon féministe (et donc égalitaire) ?

En tenant le couteau ensemble… (et tous nus, parce que bon…)

Ton plateau de fromage idéal ? Avec qui aimerais-tu le partager ?

Chèvre frais avec de l’échalote et de la ciboulette, saint nectaire, reblochon, ossau iraty… Et des morceaux de poire, pomme, raisins, noix, noisettes à partager avec Simone Veil.  

Le one pot pasta a crée la polémique : et toi, c’est quoi ta recette de la honte avec du fromage ?

L’œuf meurette… œuf, comté, oignon, sel, le tout baignant dans la crème. J’aime tellement le gras !!
Sinon, des pâtes-lettres prises dans le fromage fondu …

Comme moi, tu fais partie de la team #vieilletwitta : qu’est ce qui te fait sentir parfois comme une vieille croûte, sur Twitter ou ailleurs ?

Les blogs beauté en général, enjoyphoenix en particulier…

Pour toi le féminisme c’est plutôt à -0% de matière grasse comme le Bridelight ou à plus de 35% comme le Brillat Savarin?

La vie sans féminisme c’est comme le camembert sans croûte, c’est possible mais beaucoup moins intéressant.
Donc il faut dans la vie autant de féminisme que de croûte autour du camembert.

Es-tu favorable à une AOC pour le féminisme ?

Non. Ce serait tellement plus simple de pouvoir écrire ce qui est féministe et ce qui ne l’est pas, mais les dogmes divisent au lieu de rassembler… Et je crois que l’union des femmes, c’est la base du féminisme.

Si on devait remplacer « Belle des champs » par une femme que tu admires, qui serait-elle ?

Ben moi, pourquoi ?

(oui, j’ai décidé de m’aimer plus que n’importe qui d’autre au monde).

Merci à Olivia Moore pour cette interview!

Tu es féministe, tu aimes le fromage et tu souhaites être interviewée ? (tu as le droit de répondre même si tu le détestes, le fromage, pas le féminisme). Ecris-moi un petit mail à sophiegourion(at)hotmail.fr et je t’enverrai les questions !




mardi 9 février 2016

Interview fromage et féminisme : Pseudomiro


Parce que le fromage c’est la vie.
Parce que les féministes ont de l’humour.
Parce que militantisme et fromage ne sont pas incompatibles.
Parce qu’il n’y a pas un féminisme mais des féministes.

J’ai crée cette série d’interviews décalées « Fromage et féminisme » #FF.

Aujourd’hui c’est Pseudomiro qui répond à mes questions.

NB : Cette série d'interviews a été menée au mois d'octobre donc bien avant la série d'attentats du 13 novembre 


Bonjour, peux-tu te présenter en quelques mots : es-tu plutôt coulante comme un brie de Melun ou forte comme un Munster ?

Si je dis que je n’aime que les fromages à pâte molle, j’en révèle assez sur ma personne ? Et j’irais même plus loin ! : j’ai du mal avec les fromages aux odeurs trop fortes. Mais je suis sympa, je peux faire un effort avec un fromage à pâte dure, s’il est très bon (et accompagné de vin).

Sinon je suis plutôt mozzarella, ronde et je reprends forme derrière les coups. Je n’hésite pas à répondre ou chercher le débat. Mais comme la mozzarella, si on frappe trop fort, je perds toute consistance et me liquéfie. A manier avec précaution, merci.

D’après toi, le féminisme on en fait tout un fromage ?

J’espère qu’un jour on en fera tout un fromage. Ce sera qu’il n’aura plus de raison d’être.

Aujourd'hui, je crois que le féminisme n’a qu’une audience très restreinte, à ceux (et beaucoup celles) qui s’y intéressent. Les autres n’en entendent parler que lorsqu’une polémique éclate. Sans se poser de question, il est alors facile de dire que c’est exagéré et que ça vaaaa, c’est juste un peu d’humour, si on ne peut plus plaisanter. Ainsi, on ne perd pas trop de temps à réfléchir : aux liens entre cette polémique, et un ou des problèmes rencontrés au quotidien. Et ça permet de ne pas avoir à réagir quand on est confronté régulièrement à des remarques misogynes, par exemple.

La dernière actualité (pub sexiste, bad buzz, déclaration de people…) qui sent le roquefort ?

Je l’ai sans doute oubliée aussi vite que je l’ai vue. Préfère ne pas m’y attarder. (et je ne suis pas DU TOUT en contradiction avec ce que je dis plus haut)

Comment couper le fromage de façon féministe (et donc égalitaire) ?

Avec la bonne vieille technique du « tu coupes, je me sers en premier » : meilleure manière du monde d’apprendre à couper des parts égales.

Ceci dit ça ne marche peut-être qu’avec les enfants, qui n’ont pas encore appris la gêne à prendre la part la plus grosse.

Ton plateau de fromage idéal ? Avec qui aimerais-tu le partager ?

Uniquement des fromages à pâte molle, donc, et surtout du fromage de chèvre. Je fais une exception pour la scarmoza (fumée) et le camembert (mais pas trop vieux !).

J’invite une bouteille de vin rouge, et un bon pain ; et c’est mieux avec une amie qui appréciera le tout. S’il y a une bouteille de plus, j’ajoute une deuxième invitée, mais guère plus, je n’aime pas les grandes réunions. Le fromage, c’est intime.

Le one pot pasta a créé la polémique : et toi, c’est quoi ta recette de la honte avec du fromage ?

Euh… Le fait de manger tout un Caprice des Dieux en une heure toute seule dans ma cuisine, ça marche ? Parce que quitte à cuisiner, je le fais bien. (oui bon ok, j’en ai des recettes de la honte, mais c’est plutôt avec des knackis)

Ah je sais : le sandwich au kiri. Mais avant 35 ans ça reste permis ?

Pour toi le féminisme c’est plutôt à -0% de matière grasse comme le Bridelight ou à plus de 35% comme le Brillat Savarin?

Je devrais honnir le 0% qui sert à manger du faux fromage juste pour correspondre aux standards de beauté féminins, mais 1 je reconnais en avoir déjà mangé (c’est PAS du fromage), et 2 quand je me serai défaite de toutes les pressions sociales alors je pourrai porter un jugement. En attendant… La route est longue.

Es-tu favorable à une AOC pour le féminisme ?

Oh oui !, on créerait une commission qui serait chargée d’attribuer un label, avec un comité d’expertes qui contrôlerait le respect du label une fois reçu. Puis on verrait fleurir des mouvements qui trouvent que les contrôles sont trop laxistes / trop orientés / liberticides. Des associations remettraient en cause les critères selon lesquels le label est attribué, et créeraient un label alternatif. Avec un peu de chance, on aurait un troisième label assez rapidement. Puis autant de labels que de conceptions du féminisme. à Non.

Si on devait remplacer « Belle des champs » par une femme que tu admires, qui serait-elle ?

Emma Watson ?

Merci à Pseudomiro pour cette interview!

Tu es féministe, tu aimes le fromage et tu souhaites être interviewée ? (tu as le droit de répondre même si tu le détestes, le fromage, pas le féminisme). Ecris-moi un petit mail à sophiegourion(at)hotmail.fr et je t’enverrai les questions !

lundi 1 février 2016

Interview fromage et féminisme : Valérie CG



Parce que le fromage c’est la vie.
Parce que les féministes ont de l’humour.
Parce que militantisme et fromage ne sont pas incompatibles.
Parce qu’il n’y a pas un féminisme mais des féministes.

J’ai crée cette série d’interviews décalées « Fromage et féminisme » #FF.

Aujourd’hui c’est Valérie CG  alias Crêpe Georgette qui répond à mes questions.

NB : Cette série d'interviews a été menée au mois d'octobre donc bien avant la série d'attentats du 13 novembre 

Bonjour Valérie, peux-tu te présenter en quelques mots : es-tu plutôt coulante comme un brie de Melun ou forte comme un Munster ?

Je pense être amère comme un picodon ; j'en profite pour faire de la publicité pour un fromage de ma région de naissance :).

D’après toi, le féminisme on en fait tout un fromage ?

On en fait tout un fromage et on a raison de le faire ; le féminisme - ou du moins la branche du féminisme à laquelle j'appartiens - envisage ni plus ni moins une révolution totale, complète des rapports entre le sexe, et une société où le sexe n'est plus qu'une donnée comme une autre ce qui permettra à chacun-e une liberté totale de faire ce qu'il/elle veut dans le respect des autres évidemment. Nous n'avons pas connaissance d'un lieu ou d'une époque où le sexe n'est pas une donnée importante et n'a pas servi à discriminer les femmes ; il est donc logique que le féminisme fasse peur, c'est un saut vers l'inconnu.

La dernière actualité (pub sexiste, bad buzz, déclaration de people…) qui sent le roquefort ?

Elle sentira le vieux roquefort car il s'agit de l'abandon par le gouvernement des abcd de l'égalité. Même si les abcd de l'égalité n'avaient rien d'un programme révolutionnaire, ils lançaient deux bons signaux
- que l'éducation est la base pour parvenir à l'égalité. Si l'on apprend dés le plus jeune âge que les fameuses différences sexuées sont construites, que ce sont elles qui sont génératrices du sexisme alors on a bon espoir de mettre fin au sexisme.
- que le gouvernement prend une mesure courageuse en résistant aux réactionnaires et en admettant que le sexisme ne nait pas de nulle part, qu'il n'est pas le fait d'"imbéciles" ou de "beaufs" mais de nous tous.
Prenons un simple exemple qui est l'obligation de parité en politique ; les mentalités se sont tellement construites avec l'idée que les femmes ne sont pas faite pour en faire qu'il ne choque quasiment personne que les partis politiques paient plutôt que respecter cette loi. L'éducation dés le plus jeune âge  à des valeurs antisexistes aurait permis de faire évoluer les mentalités.
c'est donc pour moi un vrai camouflet de la part de ce gouvernement.

Comment couper le fromage de façon féministe (et donc égalitaire) ?

Je pense qu'il faut passer par des lois et des amendes - fortes - ; les choses ne se feront pas toutes seules ; nous sommes encore beaucoup trop persuadé-es que les femmes sont un frein en politique ou dans l'entreprise. Nous avons intégré que les hommes sont naturellement compétents pour ce genre de fonctions et les femmes naturellement incompétentes ; avoir d'espérer entrevoir un changement de mentalité, qui sera long, il faut donc passer par la répression.

Ton plateau de fromage idéal ? Avec qui aimerais-tu le partager ?

Il y aurait du beaufort 18 mois d'affinage, du gaperon, de l'époisse, du mascarpone double crème et du stilton. Je le partagerais avec la meilleure compagnie qu'il soit : moi-même.

Le one pot pasta a crée la polémique : et toi, c’est quoi ta recette de la honte avec du fromage ?

Je ne sais pas si c'est une recette de la honte mais je pense que pour certain-es le fait de manger du fromage avec de la confiture - n'importe laquelle - peut paraitre étrange. Je le fais régulièrement ; au départ je me contentais du classique avec de la figue ou du coing et puis j'ai testé d'autres combinaisons. Je vous conseille donc d'essayer.

Comme moi, tu fais partie de la team #veilletwitta : qu’est ce qui te fait sentir parfois comme une vieille croûte, sur Twitter ou ailleurs ?

J'ai moins de 35 ans, je ne réponds pas à cette question. hum bref.
Je pense à certains usages du web dont je n'ai pas le réflexe ; certaines vont, pour une lutte particulière créer un site web comme par exemple "je n'ai pas consenti" ; ce n'est jamais quelque chose que je pense à faire et je trouve cela vraiment utile et malin.
Je suis complètement perdue sur tumblr dont je peine à comprendre le fonctionnement (le fait que cela soit en anglais ne m'aide pas).
Et là où je me sens vieille c'est devant certaines références féministes comme Buffy dont je n'ai jamais vu un épisode ! J'ai vraiment l'impression d'être un dinosaure lorsque c'est évoqué :)

Es-tu favorable à une AOC pour le féminisme ?

On se demandait la dernière fois entre féministes s'il était possible qu'une femme contre l'avortement soit considérée comme féministe. J'ai souligné alors que sans nul doute, dans certains pays où le poids de la religion est fort par exemple, il doit bien y avoir des femmes qui se battent pour les droits des femmes sans remettre en cause l'interdiction de l'avortement. Au début de l'histoire du féminisme, certain-es étaient également contre le droits de vote des femme (car certaines féministes socialistes craignaient que les femmes des classes bourgeoises votent contre les intérêts de travailleurs) ; à l'heure actuelle il nous semblerait vraiment difficile de considérer une femme contre le droite de vote comme féministe. Je pense qu'il y a donc des contextes à prendre en compte, des lieux, des histoires communes. Je suis donc contre un AOC du féminisme.

Si on devait remplacer « Belle des champs » par une femme que tu admires, qui serait-elle ?

Je vais pinailler, j'en suis désolée, mais je n'admire aucune femme (ni aucun homme) ; je pense qu'il est dangereux de tomber dans l'admiration car lorsque quelqu'un qu'on a adoré tient des propos problématiques, on tombe de très haut. J'ai par exemple de l'admiration pour les propos de Delphy autour du travail des femmes mais aucun pour ceux qu'elle a tenus sur Foucault ou sur les trans*. J'apprécie beaucoup les propos de Iacub sur la prison (elle est abolitionniste)  ; ce qu'elle a pu dire sur les suicides au travail ou les féministes face à DSK est insupportable. Et dans tous les cas Belle des champs était là pour signifier que le fromage était à croquer tout comme elle ; donc je préfère un paquet plus neutre :).

Merci à Valérie pour cette interview!

Tu es féministe, tu aimes le fromage et tu souhaites être interviewée ? (tu as le droit de répondre même si tu le détestes, le fromage, pas le féminisme). Ecris-moi un petit mail à sophiegourion(at)hotmail.fr et je t’enverrai les questions !