> mai 2013

vendredi 31 mai 2013

Le Viagra pour femme va-t-il créer des hordes de femmes en quête de sexe?



Les rues seront-elles bientôt envahies de femmes hagardes en quête de sexe, débordant de libido, la bave aux lèvres, renversant ainsi l’ordre social?

Cette vision digne du mauvaise série B ou d’une BD coquine, semble résumer les craintes de certains scientifiques travaillant à une version féminine du Viagra, le Lybrido.

Bizarrement, alors que cette question de la libido débordante et incontrôlable des hommes ne s’était pas posée à l’époque, celle des femmes semble être un frein à l’élaboration du médicament, comme nous le rapporte Slate : « Plusieurs consultants dans le domaine m’ont confié que les laboratoires pharmaceutiques s’inquiétaient de leurs résultats, qui seraient trop bons. Et surtout, que la Food and Drug Administration (FDA) risquait de le rejeter, craignant que les femmes débordent de libido et deviennent des infidèles frénétiques, bouleversant l’ordre de la société.» explique le journaliste spécialiste du désir féminin Daniel Bergner . Il n’hésite pas à comparer cette avancée avec celle de la pilule contraceptive dans les années 60 « «Ça n’a pas seulement influencé la vie sexuelle des femmes, mais tout le reste. De leur statut social à leur pouvoir d’achat. Qu’est-ce que ça signifie si les femmes peuvent désormais contrôler, avec un simple ordonnance, le besoin le plus primitif?»

Dans le passé, les femmes qui souffraient d’absence de désir étaient taxées de frigides, désormais on craint la nymphomanie : ces 2 extrêmes montrent bien la volonté masculine de contrôler la sexualité féminine.  Et de la normaliser.

Si ce type de question ne s’était pas posé au moment du lancement du Viagra, c’est aussi car il existe une tolérance à géométrie variable en la matière, le langage le révèle bien.

Ainsi, qui sait que l’équivalent masculin de la nymphomane se nomme le satyriasis? Une expression complètement méconnue remplacée abusivement par "tombeur".

On retrouvait déjà cette différence de traitement entre hommes et femmes au sujet de la pilule pour homme dont l’élaboration posait question au motif qu’elle risquait de diminuer la libido des hommes. Qu’elle trouble celle des femmes n’a visiblement pas empêchée sa mise sur le marché ni sa prescription à grande échelle.

Mais mieux vaut pour « l’ordre de la société » des femmes sans désir que des femmes « débordant de libido ».


jeudi 30 mai 2013

Les gens qui doutent


Je fais partie des gens qui doutent, « ces gens qui trop écoutent leur cœur se balancer ».

C’est pas vendeur le doute, on me l’a assez répété dans ma vie antérieure professionnelle. Il faut être en béton armé, sortir la tête de son nombril, reléguer au portemanteau son costume d’imposteur, faire taire le petit diable sur son épaule.

Parfois j’arrive à donner le change, grâce à ce qu’on appelle le courage des timides. Je me dis que je vais jouer la fille sûre d’elle, que ce n’est qu’un rôle et que je reprendrai mes doutes à la sortie. Ca marche assez bien en général mais c’est éreintant et difficilement tenable sur la durée. Toujours cette peur que l’on démasque tôt ou tard l’imposture. Flotter dans un costume trop grand pour soi, ça se remarque vite.

J’ai fini par faire du doute un compagnon que je regarde avec bienveillance les jours avec et que je maudis les jours sans.

Quand tout va bien, je me dis que grâce à lui je progresse, qu’il est l’aiguillon qui m’empêche de tomber dans la facilité, qu’il n’y a que les imbéciles flottant sur leur nuage béat d’autosatisfaction qui ne se posent pas de questions.

Les jours sans, je me dis qu’il m’a pourri la vie et qu’il continuera à être mon meilleur ennemi jusqu’à ce que celle-ci se termine sans que je puisse jamais m’en débarrasser.

J’aimerais le faire fuir comme on chasserait d’une main un moustique au vrombissement exaspérant mais comme cet insecte de malheur, il revient, sans trêve, déverser à mon oreille sa mélopée éreintante.

Je doute d’être une bonne mère quand parfois j’hurle sur mes enfants.
Je doute d’être une bonne fille quand je laisse ma mère dormir seule.
Je doute de pouvoir vivre de l’écriture un jour.
Je doute à la fin d’un billet, d’un article : « est ce que ça va intéresser quelqu’un ? »
Je doute à chaque projet décroché.
Je doute de pouvoir retravailler en entreprise un jour.
Je doute à chaque commentaire négatif, à chaque article refusé.
Je doute quand un billet a du succès, quand j’arrive à vendre une pige « et la prochaine fois, serai-je à la hauteur ? »
Je doute quand j’entends les chiffres du chômage.

Comme Desproges finalement « la seule certitude que j’ai, c’est d’être dans le doute ». Et c’est déjà pas si mal.

mardi 28 mai 2013

Ni "Pute ni soumise", ni Femen, ni Antigones!



J’ai eu l’occasion d’aborder ici mes doutes et mes réticences au sujet de l’action des Femen.

Aujourd’hui, je suis encore plus dubitative face aux réactions de ceux qui souhaitent les combattre : il y a d’abord eu les Hommen, torses nus et contre le mariage pour tous puis le « Renouveau français » qui s’invitait dans les locaux des Femen en avril dernier en scandant "Fem-haines non, femmes oui".

Aujourd’hui c’est au tour des Antigones, tout de blanc vêtues, qui après avoir tenté d’assaillir le QG du Femen, ont posté une vidéo sur leur site nouvellement crée.

La mise en scène n’est pas anodine : des robes virginales, des sourires figés, un ton volontairement amateur et balbutiant pour contraster avec les performances très préparées de leurs ennemies ukrainiennes. Une prestation qui tient plus du mauvais spectacle de fin d’année que de la véritable déclaration d’intention. A l’heure où n’importe quel quidam peut créer des vidéos léchées et très professionnelles, l’amateurisme des Antigones paraît être un choix délibéré destiné à éveiller la compassion et la sympathie. « N’ayez peur, nous sommes des féministes lights : souriantes, calmes et amies des hommes » semble être le message sous-jacent.

Au-delà de l’aspect visuel, leur discours rassemble à lui seul tous les poncifs du bingo féministe :

-       « La femme a sa dignité, celle-ci ne passe pas par l’exhibitionnisme et l’hystérie. » : hystérique, un adjectif très souvent associé aux féministes par leur détracteurs (pour rappel, l’origine du mot provient d’utérus)

-       « Elle passe par notre sagesse, notre calme et notre détermination à bâtir notre avenir » : le calme, un mot souvent opposé aux revendications féministes « votre colère vous dessert, gardez votre calme ». Pourtant, le féminisme n’a jamais tué personne, le machisme si.

-       « Filles de nos pères, épouses de nos maris, mères de nos fils, nous ne rejetons pas les hommes. » : encore un poncif souvent entendu « les féministes n’aiment pas les hommes ». Quant à se définir par rapport aux hommes est-ce vraiment féministe ?

-       « Nous sommes au contraire persuadées que c’est avec eux, en complémentarité, que nous construirons notre futur » : le grand mot de la « complémentarité » qui permet de justifier n’importe quoi, du non-partage des taches ménagères à la différence des salaires. Un terme contre lequel les tunisiennes se sont battues récemment et qui a souvent été entendu dans la bouche des opposants au mariage pour tous.

-       « Regardez-les, les vraies femmes, elles sont devant vous : dignes, sourire aux lèvres, élégantes » : encore une vision essentialiste de « la FAAAMME » : élégante et souriante, considérée uniquement par rapport à son aspect extérieur.

Bien qu’elles se défendent de « toute considération politique ou confessionnelle », Iseul qui parle sur la vidéo « est contre la loi Taubira qui présente de nombreuses lacunes » et contre la théorie du genre, « une aberration qui considère qu'on peut naviguer entre deux identités sexuelles ».

A y regarder de plus près on apprend également qu’on retrouve au sein des Antigones « des militantes identitaires de NAVNAL présentes au happening lyonnais, d’autres présentes à l’initiative d’interpellation de l’UMP par le Bloc identitaire, médiatisée ici et d’autres militantes identitaires pas nécessairement connues pour être au Bloc identitaire (mais dans les réseaux Europe jeunesse). » (Source « Les papiers anthumes du club pickwick) .

Décidément tout pour plaire…

En ce qui me concerne, ça se confirme, "ni pute ni soumise", ni Femen ni Antigone !

Edit : le titre et la conclusion sont un clin d'oeil au mouvement "ni pute ni soumise" auquel je n'adhère pas.

vendredi 24 mai 2013

Un peu de moi



En septembre, ce blog aura 2 ans.

En relisant quelques billets au hasard, j’ai réalisé que les posts personnels ont laissé la place à d’autres plus factuels, distanciés.

Ce phénomène s’est accentué avec le décès de mon père. Je n’ai pas envie de faire pleurer dans les chaumières ou de partager des choses trop douloureuses. De plus, certaines réactions  agressives de proches qui n’en sont désormais plus, m’ont refroidie.

Pas envie d’entendre de nouveau que je suis égocentrique, que j’ai des problèmes d’enfant gâtée ou que je m’approprie la mémoire de disparus.

« Tout à l’égo, ma vie en vrac sans tri sélectif », même le nom du blog n’est plus d’actualité. Au départ, sans ligne directrice, je comptais parler, dans le désordre, de moi,  de ma reconversion, de mes enfants, de mes doutes. Mais ce n’est pas si simple lorsqu’on écrit sans pseudonyme.

Alors tout naturellement, mon blog s’est orienté vers les thématiques féministes en laissant de côté mes récits plus personnels. Peut-être que j’y reviendrai, plus tard.

En attendant, j’essaye d’écrire régulièrement ici tout en investissant mon énergie dans des collaborations qui peuvent m’apporter davantage de visibilité et de rémunération.

A ce sujet, j’ai récemment écrit un deuxième article sur le site Rue89 « Seins,sexes, cuisses, pieds : cartographie du corps rêvé » dont je suis la première surprise des retombées : 187 000 pages vues, une fois de plus citée par Natacha Polony dans sa revue de presse sur Europe 1, je ne pouvais rêver de mieux.

Surtout, pas un message ou commentaire me taxant de féministe hystérique, plutôt des prises de conscience de cette incroyable dictature de l’esthétique que nous subissons tous. Et ça vaut toutes les pages vues du monde.

jeudi 23 mai 2013

Tirer sur son ex ou offrir un fusil à son enfant, c'est possible aux Etats-Unis



Aux Etats-Unis, 3 femmes meurent chaque jour de violence conjugale.

Un chiffre qui n’a pas empêché une société américaine de commercialiser des cibles de tir représentant des femmes. Appelée « The Ex » (l’ex-copine), ce mannequin très réaliste en sous-vêtements et perruque saigne à chaque balle reçue.




« Attention, l'enfer est plus doux que la fureur d'une femme humiliée, mais redoutez aussi celle d'un homme méprisé! » prévient le site.

« La Zombie Bitch est géniale, elle me rappelle une fille que j'ai connue à l'école », « Celle aux cheveux foncés ressemble à mon ex-femme, j'ai hâte de la massacrer! », peut-on lire dans les commentaires.

La société, qui avait déjà dû retirer de la convention de la NRA (le plus grand lobby des armes) une cible ressemblant à Obama appelée Rocky, invoque la parité! : «En plus de l’ex-copine zombie, nous vendons également 15 zombies hommes, 5 zombies animaux et 2 aliens. Ne pas avoir de femmes représentées aurait été sexiste. »



Ce qu’oublie de mentionner Zombie industries c’est que les autres cibles (le nazi, Obama ou l’alien) ressemblent à des vrais zombies de par leur couleur verdâtre alors que l’  « ex » est beaucoup plus réaliste.

Suite au tollé né sur les réseaux sociaux, la société à dû recréer une nouvelle cible, rebaptisée Alexa et de couleur verte cette fois-ci. Et en a profité pour rajouter cette mention sur le site « Ne laissez pas les media libéraux vous mettre de fausses idées en tête…il n’y a pas de motivation politique. Nous pensons que les zombies doivent mourir indépendamment de qui ils sont ».


Alors qu’un garçon de 5 ans a tué en avril dernier sa sœur de 2 ans dans le Kentucky avec un fusil, la marque « Crickett my first rifle » (mon premier fusil) propose des 22 long rifle aux enfants de 4 à 10 ans. 

Roses pour les filles, forcément.