> Elles osent! Entreprendre au féminin : Elysée Loma, fondatrice d'Elysée Paris RH

mercredi 12 février 2014

Elles osent! Entreprendre au féminin : Elysée Loma, fondatrice d'Elysée Paris RH


La rubrique "Elles osent! Entreprendre au féminin" reprend du service après une longue absence!

Aujourd'hui, focus sur Elysée Loma, fondatrice et directrice du cabinet Elysée Paris RH.

J'ai connu Elysée à la fin de l'année dernière, suite à un concours qu'elle organisait afin de faire gagner la rédaction de sa lettre de motivation par son cabinet. Je n'ai pas gagné le concours mais elle a néanmoins pris le temps de lire mon CV ainsi que ma lettre et m'a dispensé de précieux conseils qui ont rapidement porté leurs fruits (j'en parlerai bientôt!).

J'ai trouvé son approche particulièrement intéressante et les outils qu'elle fournit aux femmes dans leur recherche d'emploi originaux et pertinents.

J'ai également vraiment apprécié son energie communicative et sa simplicité : à votre tour de la découvrir!


Bonjour Elysée, pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?

Après l’obtention de mon diplôme à l’EDHEC Business School et plusieurs expériences professionnelles dans le domaine du recrutement en France, j’ai eu l’opportunité de travailler dans une entreprise étrangère spécialisée dans l’accompagnement de jeunes diplômés vers l’emploi. Mon rôle consistait à préparer et épauler ceux désirant se lancer dans une carrière à l’international. A travers des ateliers de rédaction de CV et des simulations d’entretiens d’embauche, je les aidais à se présenter aux employeurs non comme des étudiants accomplis mais comme des candidats qualifiés prêts à relever les défis d’un premier emploi.

En parallèle, j’ai eu la chance d’intégrer un cabinet conseil expert en gestion de la mobilité internationale. En tant qu’ Expatriate & Cross-Cultural Coach, j’étais en charge de montrer aux jeunes cadres travaillant avec des interlocuteurs français, comment :
- appréhender les échanges interculturels
- comprendre le mode de penser de leurs interlocuteurs étrangers.
Ces deux expériences riches en partages, échanges et apprentissages des enjeux liés à l’emploi des jeunes dans le monde actuel, m’ont donné envie de créer mon propre cabinet RH pour aider les autres à construire leur vie professionnelle.

A quelles difficultés professionnelles avez-vous été confrontée en tant que femme ?

Pour être honnête, mon statut de femme ne m’a jamais posé de réels problèmes dans ma vie professionnelle. Il faut dire que je n’ai pas encore d’enfant et que la majorité de mes expériences ont eu lieu à l’étranger dans des pays où les compétences et aptitudes priment sur le genre.
Par contre, en tant que « personne noire » originaire d’Afrique , j’ai déjà connu de nombreuses discriminations en France - notamment lors de la recherche d’emploi ou de mon arrivée dans une équipe à majorité composée de « personnes blanches ».
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai très vite décidé de partir étudier et travailler dans des pays où ma couleur de peau ne serait pas un problème pour ma carrière.

Comment est né « Elysée Paris RH ? Quelle est sa philosophie ? »

Elysée Paris RH est né très rapidement dans ma tête mais il m’a fallu attendre plus de 5 ans avant de concrétiser cette idée. Certes, il est de plus en plus facile d’entreprendre en France mais lancer son entreprise à la fin de ses études est encore quelque chose de très marginal -- car l’âge et le manque d’expérience effraient très souvent les banques et les investisseurs.
Je suis donc partie à l’étranger pour acquérir de l’expérience dans mon domaine et parallèlement à mon travail, j’ai lancé ma petite entreprise d’aide à la recherche d’emploi. Mes clients étaient des personnes francophones désireuses de trouver du travail au Canada et aux Etats-Unis.
De retour en France, j’ai continué mes activités tout en réfléchissant à un moyen de contribuer à la résolution des problèmes liés au chômage des jeunes, des femmes et des personnes issues de la diversité.
Créer un cabinet RH dont la mission est d’aider « les femmes à trouver un emploi, améliorer leur carrière et aimer leur vie professionnelle » m’a semblé être la solution idéale pour toucher ces trois catégories.

Que proposez-vous comme type de services ?

Nous proposons essentiellement des services d’aide à la recherche d’emploi tels que la rédaction de CV, de lettres de motivation ou encore des simulations d’entretien d’embauche. Nous organisons également des ateliers durant lesquels des consultantes en recrutement et en gestion de carrière partagent leurs astuces et techniques pour décrocher un emploi et concilier vie privée / vie professionnelle.
Contrairement à d’autres organismes de formation, nous accordons une grande importance au « côté social » de notre mission. C’est la raison pour laquelle, plusieurs fois par mois nous offrons à plus de 50 femmes l’opportunité de participer gratuitement à un ou plusieurs de nos évènements emploi et carrière.
Dernièrement nous avons invité 8 femmes à notre journée « Apprendre à Négocier Votre Salaire » et nous nous apprêtons à accompagner gratuitement 12 jeunes femmes pour les aider à trouver plus rapidement leur premier emploi.

Quelles sont les attentes des femmes qui font appel à vos services ?

La majorité des femmes qui font appel à nous sont à la recherche d’un emploi ou d’opportunités d’évolution dans leur entreprise. La crise économique de 2009 a considérablement réduit les perspectives de carrière pour les femmes en France et beaucoup d’entre elles ( surtout celles détentrices d’un Bac + 4 ou Bac +5 ) désespèrent de pouvoir réaliser leurs rêves professionnels.
Elles sont à la recherche de conseils pour apprendre à valoriser leurs atouts, leurs compétences et leur potentiel.

Nous nous sommes rendues compte que beaucoup de ces femmes manquent de confiance en elles et sabotent inconsciemment leur propre carrière soit par peur de la réussite, soit par culpabilité vis à vis de leurs enfants, mari, amis... Notre rôle est de les aider à dépasser leurs propres stéréotypes et d’analyser avec elles les freins qui bloquent leur vie professionnelle.

Quelles difficultés rencontrent-elles généralement (ex : difficulté à se vendre, à parler d’argent, à gérer l’équilibre vie pro-vie perso) ? Quels conseils leur donnez-vous ?

Obtenir une promotion, décrocher une augmentation ou se démarquer des candidats masculins lors d’une recherche d’emploi sont les principales difficultés que rencontrent les femmes qui font appel à nous. Beaucoup nous expliquent qu’il n’est pas facile pour elles de s’imposer en entreprise car les hommes continuent à dicter les règles. A diplôme ou expérience égale, elles ont la sensation d’être moins considérées, écoutées et valorisées que leurs collègues masculins.
Durant nos ateliers, nous prenons le temps de leur expliquer l’importance de développer leur confiance en elles et leur assertivité professionnelle afin de sortir du schéma « je suis une femme donc je ne peux pas réussir ma carrière ». Nous les aidons également à mettre en place « des stratégies de visibilité et de promotion » pour les rendre plus visible auprès de leurs supérieurs ou des recruteurs -- car nous avons constaté que, contrairement aux hommes, les femmes ne savent pas communiquer sur leurs réussites personnelles et professionnelles.
De plus, beaucoup d’entre elles n’ont pas conscience de l’importance de la dimension politique et relationnelle dans le monde de l’entreprise. Afin de pallier cela, nous avons créé un atelier spécial intitulé « Misez sur votre sens politique pour survivre, évoluer et réussir en entreprise » durant lequel nous leur apprenons à développer leur pouvoir d’influence pour mieux faire reconnaître leurs idées, compétences et potentiel.
Avez-vous noté une évolution dans le regard posé sur les femmes dans le monde du travail ces dernières années ?

Depuis quelques années, les femmes sont de plus en plus conscientes de leur pouvoir collectif et de leur influence. Elles créent des réseaux féminins, se lancent dans l’entrepreneuriat et organisent des manifestations pour obliger les entreprises à respecter leurs obligations légales en matière d’égalité homme / femme.

Grâce à cela, de plus en plus de médias parlent des difficultés des femmes dans le monde professionnel et de leurs attentes à l’égard de leur travail. Malheureusement, les discriminations liées au genre persistent sur le terrain car les entreprises ne font rien de concret pour aider les femmes à concilier vie professionnelle et vie de mère : pas de crèches, de prise en compte des contraintes familiales dans l’organisation des réunions ou encore d’aménagement de l’emploi du temps en cas de famille mono-parentale.
Quels freins demeurent ?
Quels sont les leviers d’actions pour changer les choses ?
Je suis persuadée que les choses ne pourront pas changer tant que les femmes ne feront pas davantage parties des cercles décisionnaires. Beaucoup d’hommes sont conscients de l’importance de mettre en place de vraies politiques d’égalité homme / femme mais très peu d’entre eux sont prêts  à laisser leur place à des femmes.

Pire : beaucoup d’entre eux ne supportent pas d’être dirigées par une femme ou refusent de laisser leur vie familiale avoir un impact sur leur vie professionnelle.
Tant que les hommes ( et plus précisément les pères de famille ) ne reconsidèreront pas leur façon de penser, les choses ne changeront pas pour les femmes. Selon moi, il est urgent que les hommes apprennent à assumer de façon plus active leurs responsabilités familiales et comprennent que les tâches familiales ne reposent pas uniquement sur les épaules de leur compagne.

Développer ce que j’appelle « l’esprit de partenariat familiale » devrait être une priorité pour les entreprises et les universités. Cela permettrait aux hommes d’apprendre à assumer leur part de travaux domestiques et de prise en charge des enfants. Mettre sur un pied d’égalité « profession » et « famille » dès le plus jeune est la meilleure manière de concevoir une société plus égalitaire.

En ce qui concerne les entreprises, elles devraient inciter les responsables hiérarchiques ainsi que les collaborateurs à remettre en question les valeurs et normes traditionnelles liées à la notion de masculinité. Pourquoi ne pas mettre en place des formations sur le thème « paternité et travail ? »

Pour conclure, 3 mots pour définir votre année 2014 ?

Partage. Positivité. Perfectionnement.


Merci Elysée d'avoir pris le temps de répondre à mes questions!

Pour en savoir plus:
Site internet d'Elysée Paris RH
Page Facebook
Twitter
Blog (j'y ai d'ailleurs écrit un article : "Recherche d'emploi : comment transformer un échec en opportunité")






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire