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mercredi 1 janvier 2014

Fuck off




Ce billet est une réponse au texte de Corinne Perpinya "Piss off".

Chère Corinne,

Tu me permettras de t’appeler par ton prénom, toi qui as fait de « la littérature ton métier » comme tu nous l’expliques doctement dans ton billet.

Tu vends des livres, moi j’écris pour vivre, donc nous avons au moins ce point commun.

Sauf que, contrairement à toi, je n’ai pas la prétention de faire de la littérature. Je fais d’ailleurs sans doute partie à tes yeux de cette myriade de blogs « bêtes » et « sans intérêt »  que tu décris dans ton billet: « Déposer un petit détritus sur un blog où pas un billet ne pourrait être sauvé tant il n’y a pas de fond. Lire, quand même, pour se tenir au courant, un texte où tout est moche. Le style, le vocabulaire, la compréhension. N’en retenir que la vulgarité. ».

Ce n’est pas grave.  Et cela ne m’empêchera pas de te donner mon avis sur ton billet.

Je vais commencer par notre point de concorde, puisqu’il y en a un.

Oui, je suis d’accord avec toi, notre société manque de temps, d’analyse de recul. Il y a quelques années de cela, le futur était envisagé comme un monde où les robots feraient tout à notre place. Aujourd’hui, alors même que l’on se retrouve encerclés d’écrans, de machines et d’ordinateurs en tout genre, on n’a jamais autant manqué de temps.

Etonnant paradoxe.

Cette course au temps et à l’instantanéité se retrouve également dans la qualité des écrits produits. Trop souvent, les articles « attrape-clics » sont ceux qui sont les plus lus et le plus demandés par les rédactions web. Trop souvent, celles-ci se contentent de pondre des papiers sur l’actualité à chaud, sans réflexion, juste histoire d’être bien placées dans les résultats de « Google actualité ». Trop souvent ces quelques lignes se résument à des copiés-collés de tweets mis bout à bout, faute de mieux.

Tout cela me désole, comme toi, d’autant que je vis aussi de cette écriture là.

Pour autant, je trouve ton regard porté sur le monde des blogs extrêmement caricatural et réducteur. « Le net regorge de blogs » affirmes-tu, mais seuls une poignée d’entre eux mérite d’être lus. « Ces petites pierres précieuses dans une déchetterie géante… ». 
Je me demande bien combien de blogs as-tu lu pour avoir un avis si définitif. 

Pour ma part, je préfère un blog mal écrit, futile et sans style à pas de blog du tout. A chaque lecture, je  me contente de saluer l’acte d’écriture et le temps passé plutôt que de m’ériger en prêtresse du bon goût. Si ça ne me plait pas, je passe mon chemin, respectueusement, puis vais piocher ailleurs ma dose de plaisir quotidien. 

Contrairement à ce que tu sous-entends, je ne trouve pas qu’internet participe à ce processus d’abêtissement collectif. Au contraire, je trouve qu’il s’agit d’un formidable outil de démocratisation du savoir. Et c’est d’ailleurs sans doute cela qui te dérange. Que n’importe quel quidam puisse décider un jour d’ouvrir un blog, de s’approprier l’écrit (parfois en dehors des codes établis par l’élite) et d’être lu, cela te paraît insupportable. Cela perturbe l’entre soi des têtes pensantes dont tu sembles faire partie.

Tu préfères résumer ça à de « l’inculture ambiante », tout comme le succès de Gavalda ou de Marc Levy. Tu l’affirmes dans ton billet, cela t’hérisse que certains « glapissent de bonheur à la lecture du dernier Coelho » et viennent te dire que « non, Régis de Sa Moreira, ils avaient trouvé nul ». Moi qui suis fille de libraire, je préfère quelqu’un qui lit du Musso plutôt que rien du tout. J’ai la naïveté de penser que ce type de lecture pourra peut-être un jour l’emmener vers d’autres ouvrages.  Et surtout je ne juge pas. On peut avoir envie de lire juste par divertissement (non ce n’est pas un gros mot) sans pour autant mettre sur le même pied Stendhal et Levy.

Je trouve d’ailleurs que notre système éducatif ne met pas assez l’accent sur le plaisir que doit apporter la lecture. J’ai des souvenirs amers de listes de classiques à ingurgiter lors de mon baccalauréat littéraire qui auraient pu à jamais me dégouter de la littérature. Les fiches de lectures rébarbatives qui dénaturent totalement l’exercice et confisquent le plaisir. Je me revois encore compter le nombre de pages restantes, « Le rouge et le Noir » à la main, ou pestant contre cette « Princesse de Clèves » que je n’arrivais pas à terminer. D’ailleurs, après le baccalauréat, je n’ai plus du tout eu envie d’entendre parler de livres.

Ironie du sort, c’est Anna Gavalda qui m’a remis le pied à l’étrier de la lecture. Cette auteure dont la lecture t’arrache les yeux m’a réconciliée avec la lecture. Je me souviens avoir été bouleversée par la galerie de portraits de « J’aimerais que quelqu’un m’attende quelque part ». C’est elle qui m’a donné envie de lire autre chose, beaucoup d’autres choses.

Mais je suis consciente de mon privilège, contrairement à toi. Si je lis aujourd’hui des ouvrages que tu aurais surement validés du sceau de ton bon goût, c’est parce que je viens d’un milieu favorisé. Fille de libraire, petite-fille d’un grand-père passionné par Proust, je n’ai pas les mêmes cartes en main qu’un fils d’ouvrier.

Toi qui délivres des conseils de lecture quotidiennement, à moi de te conseiller la lecture de « La Distinction » de Bourdieu. « Les gens ont le goût de leur diplôme » explique-t-il dans cet ouvrage. Il a ainsi démontré qu’il existait une correspondance entre la hiérarchie des pratiques culturelles et celle des groupes sociaux. Les formes les plus « nobles » de la culture sont ainsi appropriées par les classes supérieures (opéra, musées), alors que les classes plus populaires se contentent des produits de « grande diffusion » (variétés, roman policiers, spectacles sportifs). La lecture est donc un acte éminemment social dans lequel le niveau de diplôme parental joue également un rôle prépondérant. Une pratique « légitime », apanage des familles les plus dotées socialement, habituées de longue date à valoriser la culture de l’écrit, comme l’explique cette étude.

Résumer la lecture de Gavalda ou de Musso à de « la pourriture ambiante », de la bêtise est donc à la fois faux, condescendant et caricatural.

Pour conclure, chère Corinne, un dernier conseil de lecture (fille de libraire, on ne se refait pas) : « Les dix droits du lecteur » de Daniel Pennac, à afficher en majuscule dans ta librairie. 

Surtout le numéro 5. 

Le droit de lire n’importe quoi.

20 commentaires:

  1. ah wouai... une puis son article à la madame littérateuse il commence typiquement par le crédo fondamental de la suprématie bourgeoise

    je cite : "Te souviens-tu que nous fûmes le pays des Lumières ? Ici sont nés les Renoir, Prévert, Rimbaud, Baudelaire. Parfois, je me demande comment ils raconteraient notre époque. Quel serait leur regard sur ce qui fait l’actualité d’aujourd’hui. Comment ils pourraient éclairer de leur poésie, la laideur et la bêtise qui sont notre quotidien."

    bon, ben justement, hein, belle confirmation de ce que dit Saint Bourdieu (si si, je suis sérieux) dans la distinction.

    ben justement, déjà à ces époques, les bourges tempestaient contre la médiocrité de leur temps en prétendant précisément représenter le bon goût, l'éthique, la rationalité, la norme de référence permettant de catégoriser les autres groupes, les autres discours, les autres... les juger, les condamner à rester dans leurs ghétos et ainsi rester des faire valoir et des bouc émissaires (cf. la théorie de Saint René Girard), et à parfaire la domination bourgeoise , capitaliste, dont la rationalité est celle de l'égoïsme surpuissant de l'individu sur le monde lui donnant le DROIT de dominer en totale liberté les autres...

    enfinbon... moi aussi je suis écoeuré de ce que j'observe un peu partout, sauf que ce que je vois surtout, c'est la perpétuelle rivalité, déjà relevée dans les mythologies grecques, qui fait le fondement de la plus part des comportements humains et inspirée par l'impuissance en face du dominant qui induit l'espoir d'être à son tour dominant.

    ben voilà, les exemples de la madame pourraient être multipliés par je ne sais quel facteur à plusieurs chiffres... et à chacun de ces exemples, on peut aussi trouver la réplique, en fonction de son expérience de la médiocrité, éternelle, congénitale, autant que de l'expérience de la bienveillance, de la sensibilité pertinente à l'égard du contexte et d'un objet de ... empathie... autant qu'à l'égard de la subjectivité de toute la singularité de chacun qui pourtant, comme le montrent bien des chercheurs depuis Saint Marx et Saint Durkheim entre autres, est lui-même forgé, construit, inspiré, inscrit, identifié, par ses groupes de références, les habitus par lesquels il est un individu social, comme le rappelle Saint Freud puisqu'il n'y a pas de psychologie sans psychologie sociale.

    bon, je comprends la réaction de la madame devant la réalité de ce que Saint Debord explique dans sa théorie de la société du spectacle.

    Moi aussi j'ai eu des blog, et puis j'en ai eu marre de n'avoir que des retours me laissant affamé... et j'ai arrêté de m'y exprimer. parce qu'effectivement, ben, c'est pas Bourdieu qu'on lit, c'est pas J.P. Changeux, c'est plus Marcuse, c'est plus les évangiles mais des succès damnés de relecture intentionnellement orientés par l'espoir de désirabilité sociale de l'écrivain, ou de son groupe client, qui lui mandate la reproduction de ses habitus, comme n'importe quel curé de village le faisait ainsi que l'instituteur enseignant avec foi "nos ancêtres les gaulois" à des populations promptes à la guerre civile inter-village pour la moindre histoire de fesse...

    bref, la madame, je comprends bien qu'elle aussi, quelque part, elle regrette peut-être de ne pas voir son prochain passionnée par ce qui la passionne : moi-même, depuis mon enfance, je suis incapable de m'identifier aux goûts et aux schèmes de mes parents, de ma fratrie, de mes contemporains, et j'en souffre profondément.

    La madame a un commerce : elle a bien de la chance.

    bref, la madame représente quelque chose pour son prochain.

    ben elle ne connaît pas son bonheur.

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  2. Très heureuse que vous ayez eu envie d'écrire. Vous avez vu du mépris là où je ne voulais que m'accorder le droit de tendre vers le bel ouvrage. Par respect. Pour moi. Pour les auteurs. Ceux qui me lisent l'ont compris comme ça. Je suis le contraire de ce que vous décrivez. J'en assume la responsabilité. Ma grand-mère me disait "Ce qui ce conçoit bien, s'énonce clairement". Echec.
    Sincèrement désolée si vous l'avez pris comme du mépris, pour vous ou pour d'autres.

    Je termine mon billet par ceci : "On ne se lit plus. On ne se parle plus. Tu vas voir, on va aller mieux." Faites-en ce que vous voulez. Je ne suis pas celle que vous croyez comme vous n'êtes sûrement pas celle qui transparait dans ce billet. Ce n'est pas grave.Vous m'avez lu. Vous avez détesté et vous le dîtes. La boucle est bouclée.
    Je vous souhaite, quand même, une belle année d'écriture et de lectures.
    Merci à vous pour le temps que vous avez passé à écrire ce billet.

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    1. Merci Corinne d'avoir pris le temps de me lire et de me répondre. Tendre vers le bel ouvrage, noble but. Mais cela ne doit pas être fait au mépris de ceux qui ont des lectures moins "académiques". C'est ce qui ressort de votre billet, que vous le vouliez ou non. Après, il peut résonner différemment en chacun selon sa propre histoire, j'en conviens. Vous disiez "on ne se lit plus, on ne se parle plus" : je trouve au contraire ici que oui, mon billet et le vôtre en sont l'exemple. Je n'ai pas detesté votre billet, certaines affirmations m'ont hérissé le poil, c'est différent. Belle année de lectures et d'écritures à vous (je serais d'ailleurs curieuse de connaître quels sont les 20% de livres que vous jugez en tant que "bel ouvrage").

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    2. Il n'y avait aucun mépris dans l'écriture de ce billet. Vous le lisez autrement et je n'y changerais rien ;-( Je suis une personne et une libraire radicale. A prendre ou à laisser. Je n'ai aucun problème avec la critique. J'ai répondu à tout ceux qui m'ont interpellé. Cordialement et avec respect. Et ça ne m'a demandé aucun effort (mais du temps).
      J'ai été, professionnellement et sans modestie, reconnue comme une des meilleures. Parce que ce besoin de littérature qui bouleverse, est ce que je communiquais le mieux. Même avec mon caractère "abrupt". Je suis ce que je lis et ce que j'écris. Je ne changerais pas une virgule de ce texte au nom de tous ceux qui l'ont lu exactement comme j'ai voulu le dire. Avec le désir et le besoin de tendre vers la beauté des mots, avec exigence. Celle dont j'ai l'obligation parce que c'est mon métier et que je le respecte. Et je ne le conçois pas sans partage parce que ça n'aurait aucun sens. La littérature est un voyage que je ne veux pas faire seule.
      La violence qui suit ce billet, les jugements définitifs sur ce que je serais ou ne serais pas, de personnes dont je n'ai jamais entendu parlé, m'attriste et me blesse. Mais je n'y peux rien. C'est la règle du jeu. Et je connaissais la règle. Tant pis pour moi.
      J'ai eu des retours magnifiques d'autres lecteurs, et, ne m'en voulez pas, mais c'est auprès que je vais aller me réchauffer. Les fragilités sont parfois acrobatiques à gérer ;-)
      Quant à mon "bel ouvrage", il est de bien plus de 20%. Parce que si un livre ne m'accroche pas les 30 premières pages, je le ferme. Parce qu'une rentrée littéraire c'est près de 600 livres. Je n'ai ni le temps, ni l'envie que l'ennui m'accable. En tant que libraire et en tant que personne.
      Il n'y a pas d'obligation à tous s'aimer. Mais à se respecter, si. La vague de boue (et je ne parle pas de vous qui avez eu la gentillesse de faire un billet, je parle des "140 caractères) qui m'assaille depuis hier me laisse pantoise, et, je le dis sans pudeur, assommée. Mais bon, j'ai des combats nécessaires à mener pour que vive ma petite entreprise née d'un rêve fou. Tout ça passera même si je n'omettrais pas d'en caresser les fines cicatrices à l'écriture de mon prochain billet. J'ai pris une leçon. Et je n'oublie jamais les leçons.
      Merci.

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    3. Si votre billet suscite de la violence c'est qu'il en véhicule lui-même indirectement. Je le répête, viser l'excellence, lutter contre la médiocrité est un noble but. Diviser le monde entre ce qui est "lisible" et ce qui ne l'est pas au nom d'un prétendu bon goût en est un autre. Si je parle de 20% c'est parce que vous aviez affirmé à un moment sur Twitter que 80% de la production littéraire était sans intérêt selon vous.Moi aussi, si je n'accroche pas au bout des 30 premières pages, je ne vais pas plus loin. Mais pour autant, je ne crierai pas à la médiocrité. Je me dirai juste qu'il s'agit d'une rencontre manquée. Pour la vague de boue, vous avez mon soutien, je n'ai pas suivi les derniers épisodes sur Twitter. Il m'est déjà arrivée de récolter des torrents d'insultes et de réactions négatives suite à certains billets, je compatis. C'est la contrepartie d'une écriture tranchante. Il faut néanmoins toujours s'interroger sur ce qui, dans ce qui a été écrit, a pu susciter une telle violence. Mais ne pas renoncer pour autant à écrire d'autres billets de ce genre.

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    4. Sophie, honnêtement, vous êtes très peu à y avoir vu du mépris. Et j'ai écopé d'une vague de violence pas d'un torrent. Mais nous sommes ainsi fait, d'accorder plus de temps et d'énergie à 10 qui nous insultent qu'a 100 qui nous remercient. Et ce ne sont pas, avec tout le respect que je vous dois, ces 10 qui me feront changer quoique ce soit à ce que j'ai mis des années à, enfin, assumer, la tête haute.

      La médiocrité. Si je niais la médiocrité que m'inspire certains écrits, je serais complètement à côté de mon métier. Parce que, entamer un échange avec un lecteur qui me demande conseil, c'est échanger sur ce qu'on aime et ce qu'on déteste. Vous n'avez aucune idée du jonglage de ce métier, du moment où l'on vous demande "qu'est-ce que je pourrais lire ?". Ce qui suit, s'appelle "l'entonnoir". On questionne, on propose, on reçoit un refus, on affine. Ça demande de l'écoute, de la générosité, de l'empathie, de la culture, de la compréhension. Bref, c'est un métier. Avec ses règles, son cadre.

      Alors la médiocrité littéraire existe, c'est une réalité. On peut, au nom de principes de tolérance, la nier. D'ailleurs, je ne me le permets pas dans d'autres domaines de l'art où, si je me reconnais des "connaissances", je n'ai pas de compétences.
      C'est en acceptant l'idée de la médiocrité en littérature que le talent se met en exergue. Ce n'est pas plus alambiqué que ça.
      Oui, 80% de la "production" (beurk) littéraire n'a aucun intérêt. 600 romans entre mi-Août et Octobre. 2ème rentrée en Janvier. 3ème en Mars. Puis la petite fournée en Juin, avant la plage. Ça fait bien 80% qui tuent des arbres pour rien. Ça fait bien 80% de livres qui me brisent le dos pour être oubliés 2 mois plus tard.

      Je vous l'ai dit, je suis radicale. Alors bien sûr que toute cette affaire ne me fera pas renoncer à écrire. Ni à lire. Oui, je m'interroge sur ce qui a suscité cette violence. Et je commence à comprendre. Et même si je prends du temps pour tenter d'expliquer et de justifier ce qui ne devrait pas l'être, ça ne me changera pas. J'entends vos remarques, vos critiques, j'y réponds. Mais vous parlez de l'auteur de ce billet qui, paraît-il, serait moi. Or, ça ne l'est pas. Difficile de "défendre", si tant est qu'il faille le faire, quelqu'un que je ne connais pas.
      Et je n'ai pas "bon goût". J'ai un goût qui m'est propre. Qui est affirmé. Qui est sans fioritures. J'aime ou je déteste. Je ne sais pas être autrement. Je n'en ai ni honte ni fierté. Je ne cours après aucun succès personnel, aucune gloire virtuelle. J'écris sur Babordages comme ailleurs. Lire et écrire sont ma respiration, mon essentiel. Je ne demande aucune faveur, aucun fan club, aucune reconnaissance. Et je vais vous dire, je suis, finalement, très contente des conséquences de ce billet. Parce que grâce à lui, j'ai communiqué avec pleins de personnes. Et vous savez, on peut se chamailler sur des virgules, des ressentis, mais la richesse de ces échanges, ça n'a pas de prix. Qu'on soit d'accord ou pas. Nous avons tous un point commun, au fond, l'amour des livres. Tant qu'ils seront au centre de mes discussions ça voudra dire que je fais le plus beau métier du monde. Avec du vivant. Partout.

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  3. Paul, bravo, vous êtes le premier commentateur de l'année! Honnêtement, ce n'est pas pour brosser mes lecteurs dans le sens du poil mais à part 2 àu 3 excités, les retours faits dans mes commentaires sont en général très censés et argumentés (même s'ils ne vont pas toujours dans mon sens). Il suffit de lire votre commentaire, riche en référence de toutes sortes, pour s'en persuader. Quand au "c'était mieux avant" "le niveau baisse", rien de nouveau sous le soleil, c'est une vieille rengaine. "« D'où vient qu'une partie des élèves qui ont achevé leurs études, bien loin d'être habiles dans leur langue maternelle, ne peuvent même pas en écrire correctement l'orthographe?" : cette phrase date de ...1835!

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    1. oui
      en lisant "l'histoire commence à Sumer" de je ne sais plus quel archéologue ayant travaillé aux traductions des tablettes de Sumer, on trouve déjà les écrits d'un professeur, montrant comment comment déjà à l'époque, il était entre plusieurs feux que nous connaissons bien : la fainéantise des élèves, l'orgueil des parents refusant la remise en cause des dons de leur capital d'orgueil social, les impératifs institutionnels... etc... et d'autres textes encore montrant que déjà à l'époque, les sensibilités moins normalisées que les autres, de part leurs acquis d'expérience d'une diversification de la curiosité, souffraient de ce qu'il désignent diversement par bêtise, orgueil, médiocrité... finbon... chacun voyant midi à sa porte...

      ce qui m'embête dans le texte de madame perpinya, ce n'est pas l'expression de sa sensibilité lasse de ne trouver de répondance dans son entourage local. c'est plutôt l'inutilité de ce genre de constat fait publiquement et sa récupérabilité par n'importe quel groupe d'intérêt.
      car on pourrait très bien retrouver ce qu'elle dit chez des gens de droite, alors qu'elle se présente dans son encart comme degôche !
      je veux pas dire que je préférerais qu'elle nous fasse un discours vulgaire, vantant les valeurs du polard aviné et phallocrate, des jeux du cirque viril ou de l'écologie angélique pratiquée par les conducteurs de 4x4 et de grosse berlines familiales encombrant les parkings des biocoop de banlieux...

      en fait

      dès le départ, ce qui m'embête, c'est le siècle des lumières qui ne l'est pas du tout à mon sens, et puis ensuite les références à des poêtes aux morales individualistes viriles dont la lecture m'a toujours puissamment fait chier... autrement dit, ma réaction est à la fois idéologique et sensible. sauf qu'à mon avis, l'idéologie et la sensibilité sont intimement mêlée et je ne suis pas sûr qu'elle en ait fait l'analyse pour elle-même...

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    2. Ah l'auteure est de gauche? J'avais loupé cet épisode. Il est vrai que le début du texte fait davantage penser à du Philippe Muray, celui qui dénonçait à tout va la crétinerie de notre époque. Et qui est depuis repris en coeur par toute la réacosphère. Comme le billet de Corinne pourrait l'être d'ailleurs.

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    3. wouai, il semble qu'elle soit de gauche si j'ai bien compris les diverses indications de sa référence politique au travers de plusieurs de ses propres articles sur le site de babordage ainsi que les articles des autres auteurs sur ce site.
      genre quoi hein
      elle est pas du tout contente qu'on soit pas d'accord... avec ses goûts dont on ne partage pas non plus l'arrière boutique idéologique...
      donc je suis allé reprendre mon commentaire fait ici sur son forum là bas... et la réponse ne s'est pas faite attendre : ben on causera plus, en toute logique, parce que j'ai pas eu assez de curiosité pour savoir à qui que je causais...
      nan sans blague...
      elle n'a pas de commerce ! dit-elle : donc elle n'est pas libraire, n'a pas d'emploi non plus,...
      nan mais bon, le second sens de commerce, c'est celui d'entretenir un discours référencé socialement, de le diffuser, de rassembler ses partisans et sympathisants...
      et c'est pas du tout ce qu'elle fait hein...

      moi je sais pas, mais tous ces gochistes que je rencontre un peu partout sur le net, ils sont tous très bien recrutés de diverses façons par des employeurs contre lesquels ils tempestent tout le temps anonymement sur le net...

      quelque part...
      euh...
      nan mais elle a raison hein : c'est pas la peine qu'on se cause...
      en plus moi Rimbaud et Prévert, je les ai pas franchement aimé... donc bon... pis je lis surtout des auteurs grincheux et scientifiques...

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    4. "elle est pas du tout contente qu'on soit pas d'accord" Non, juste vous. Il n'y a pas de dialogue dans votre commentaire.
      En revanche, j'ai répondu à Sophie avec plaisir.
      Sur Babordages, je suis chez moi. Je parle avec qui je veux, de la manière dont je le souhaite.
      Et le mépris, ça vous connaît, on dirait.Cette polémique était votre sujet. Que vous ayez des choses à dire sur mon billet est une chose. Mais vos jugements sur moi, sur ma personne, sans rien en savoir, me dégoûte. Un billet de blog ne mérite pas qu'on insulte ce que je suis.
      Et je suis libraire. A mon compte. Depuis 20 ans. Et je n'ai rien à régler avec personne. Vous m'excuserez de ne pas étaler ma vie professionnelle sur Babordages.

      (Pardon Sophie de répondre à ce commentaire qui ce situe sous le vôtre)

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    5. ben si hein ça se confirme :
      non il n'y a pas de dialogue parce que vous ne parlez que pour entretenir des allants de soi dans le cadre de votre groupe de référence. et que donc d'emblé, l'on ressent être ou ne pas être d'accord avec vous et être excluable de tout dialogue, justement par le mot de la fin indiquant que vous n'accepteriez plus ce que vous désignez par médiocrité.

      et vous persistez à dire que je n'ai pas cherché à savoir quoi que ce soit de votre personne.
      or, si, justement, c'est ce que j'ai commencé par faire en fouinant un peu et qui m'a permis très simplement de relever votre profil socio-culturel, puis de relever le truc qui vous emmerde lourdement, à savoir, un élément de discours typique de votre groupe social et culturel en contradiction classique avec votre autre discours gauchiste qui s'étale sur vos articles, que j'ai parcourus, sur babordages.
      ça fait environ quarante ans, depuis mon enfance, que j'observe la petite-bourgeoisie gauchiste. et leurs opinions m'amusent beaucoup.
      quant au mépris, ben là encore, c'est très drôle de voir comment les gens "de votre groupe social et culturel" le projètent systématiquement sur les autres groupes. surtout quand ils ont affaire à un élément "bossu" pas particulièrement croyant et plutôt ironique à votre égard.
      de plus c'est essentiellement à partir de votre discours que j'ai réagit. mais je ne pense pas du tout qu'il y ait étrangeté totale entre une personne et son discours, à moins que ce discours soit une façade qu'elle entretienne dans un calcul marketing ciblé de son narcissisme à l'égard d'un public particulier.
      or votre discours, d'une part montre plusieurs éléments que plusieurs personnes ont relevés de façons différentes, et d'autre part un formalisme revendicatif d'une hiérarchie "littéraire" du discours, exprimant là encore la marque d'une ambition d'un groupe social bien identifiable.
      et je vous ai fait grâce des éventuelles alternatives à proposer à vos choix revendicatifs aussi d'auteurs emblématiques d'une certaine "qualité" littéraire...
      c'est vous qui prenez "l'autre" pour une brêle analphabêêêêête et sans connaissance sociologique, ni conscience politique, ni "goût" de quelque ordre qu'il soit...
      alors comme en plus je commence par dire que le siècle des lumière j'ai jamais trouvé ça lumineux et que les poêtes que vous indiqués sont des petits voyoux réalisants les fantasmes individualistes libéraux d'une petite-bourgeoisie envieuse de la grande "classe" se prenant elle-même pour la noblesse divine...
      ça risque pas de vous plaire...
      pis alors
      le pire
      c'est qu'en fait
      vous ne m'avez pas plu du tout dès le départ, pas plus que votre site et les articles de vos camarades. (que j'ai pris le temps d'aller lire aussi).

      nan pis j'vais pas relever non plus hein le "je suis libraire, A MON COMPTE, depuis vingt ans" : là c'est trop beau ...

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    6. ah wouai
      j'oubliais
      pour ces gens là
      petite-bourgeoisie
      ou
      bourgeoisie
      c'est des insultes
      finbon
      moi j'y voyais groupe social et culturel, mais bon, j'suis une version du docteur hannibal lecter aussi donc bon

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  4. Je me souviens de mes années de lycée et du cauchemar des fiches de lectures... Je me souviens du dégout qui a été le mien pendant fort longtemps de la lecture des livres "bien". Je me souviens de la sensation d'imbécilité (d'autoimbécilité) que je ressentais à tenter de lire "les classiques" et à n'y trouver aucun plaisir et à n'y rien comprendre (Ah le Nom de la Rose... grand moment de solitude...). Je me souviens de la lecture de Daniel Pennac écrivant que le métro est la plus grande bibliothèque au monde (ou quelque chose comme ça) et du soulagement que j'ai ressenti. Je me souviens du délice éprouvé à la lecture du Sourire Etrusque ou de Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil... Bref, j'ai peu à peu apprivoisé la lecture, à nouveau, alors que j'étais constamment le nez dans les bouquins quand j'étais gamine (et que ma mère était conservateur des bibliothèques...). Je suis, comme des bataillons entiers, de celles qui ont un blog et écrivent sans prétention pour le plaisir...
    Bref, merci pour cet article Sophie (et merveilleuse année 2014 à toi!!!) :-)

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  5. Coucou Frayer, ravie de te lire ici et merci pour ton commentaire à la Perec, je me sens moins seule d'un coup :-). Ca mériterait un billet sur ton blog je trouve! En attendant, merveilleuse année à toi et longue vie à ton blog!

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    1. La lecture et le rapport à l'objet livre... Il y a tant à dire! Et je me demande combien ont été dégoutés de la lecture, "un truc d'intellos", à cause des lectures imposées par les profs (quoi que, Le Bonheur des Dames a été une révélation ^^) et de la condescendance des "intellectuels" : "commeeeeeent?? Vous n'avez pas lu Duchmolle de la Trucmuuuuche?? Mais c'est un incontournââââââââââble!!"
      C'est amusant, j'ai relu cette nuit un billet que j'avais écrit sur la musique suite à un échange que nous avions eu :-)) Alors pourquoi pas quelques lignes sur la lecture ;-) (et merci...)

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    2. Conclusion, j'ai écrit ;-) Merci Sophie!!

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  6. Si l'on ne peut nier à personne le droit d'être exigeant pour soi-même dans le choix de ses lectures, afin que celles-ci correspondent à ses aspirations personnelles (position de Corinne Perpinya, en gros), on ne peut absolument pas retirer à quiconque le droit de s'exprimer, aussi maladroitement soit-il, sur le support de son choix (blog). Chaque écriture trouvera son lecteur (comme chaque pot son couvercle comme disait ma grand-mère), et quand bien même, cela aurait toujours le mérite de satisfaire son auteur, de même que chacun a le droit d'aimer lire ce dont il a envie, point barre (position de Sophie).

    Si je pense que vous avez toutes les deux raison, sur le fond, et si je lis le billet de Corinne avec assez de recul, j'en ressens une pointe de malaise quant à l'exigeance virant à l'élitisme dont elle fait preuve, mais après tout, tant mieux pour elle si elle a accès à des lectures plus compliquées que la moyenne générale des Français, et elle a bien le droit de dire ce qu'elle pense, me dis-je. Je suis par contre assez choquée de la condescendance dont elle fait preuve dans ses réponses aux commentaires. Elle dit y avoir passé du temps, il eût peut-être fallu y ajouter de la tolérance. Inviter tous ceux qui émettent un avis un peu nuancé à passer leur chemin et ne plus jamais revenir, renvoyant à certaines phrases sentences de son billet, me paraît un peu court et assez, j'ose, puant de supériorité - et tout à fait contraire à un échange courtois.

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  7. Personnellement, j'ai compris qu'elle ne souhaitait pas perdre de temps à lire des blogs mal écrits. ça me semble être différent de vouloir empêcher les auteurs de blogs mal écrits de sévir sur l'internet. Mais vous avez sans doute mieux compris que moi: je ne prétendrais jamais être aussi intelligent que vous.

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  8. Je ne suis pas au fait de votre différent, je ne connaissais d'ailleurs pas vos deux blogs avant de tomber sur votre article concernant le sexisme bienveillant, mais j'avoue avoir été soulevée par une vague d'allégresse en lisant ce billet.

    Je suis éditrice, mais pas en littérature. Cela dit, je lis depuis que je sais lire et DE TOUT.
    Je crois vraiment que la plus grande intelligence du lecteur, c'est d'être capable de dire "j'ai adoré Zola" et "j'ai dévoré Gavalda" dans la même journée.
    On a le droit de lire ce que l'on veut, et surtout d'aimer ce que l'on veut !
    Personnellement, c'est vrai que je ne suis pas fana de Marc Levy ou bien Coehlo, mais j'admets les avoir tous dévorés quand j'étais adolescente ! Si Harry Potter n'avait pas existé et si je n'avais pas eu exactement le même âge que le héros, je n'aurai jamais lu À la recherche du temps perdu "pour le plaisir".
    Je suis fière pourtant, même si je ne supporte pas cette auteure, d'offrir le dernier Amélie Nottomb à mon compagnon, qui ne lit que très peu, car je sais qu'il va aimer, le lire et être heureux.

    MAIS, j'aimerais quand même bien qu'on arrête de penser que "chaque livre a son public". C'est complètement faux. Car nous sommes tous plusieurs publics. Je suis ET lectrice d'Anna Gavalda ET lectrice de Le Clézio. Zola et Lévy ONT le même public, il ne faut absolument arrêter de débiliser les lecteurs occasionnels.
    Ils ne sont pas stupides, ou faibles d'esprit, ni fainéants, ni paresseux, ni butés, ni arriérés. Ils ne sont simplement pas intéressés. Et surtout ne rajoutons pas "pour l'instant".

    Je pense que c'est aussi pareil pour les blogs, non ?

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