> "Elle" et les mères célibataires : la photo scandaleuse

mercredi 27 juin 2012

"Elle" et les mères célibataires : la photo scandaleuse



En mars dernier, l’excellent site Acrimed avait passé au crible de la critique le magazine « ELLE » :

 « Fleuron du groupe Hachette Filipacchi Médias, lui-même propriété du groupe Lagardère et premier éditeur mondial de magazines, Elle propose chaque semaine – et chaque jour sur son site Internet – un concentré de poncifs sexistes, maquillés derrière une rhétorique dont la « modernité » se résume à l’usage permanent d’anglicismes et emmitouflés dans un amas de publicités haut de gamme. ».

L’article analysait brillamment les visions très sexuées du magazine en ce qui concerne la réussite des femmes, le « look », le partage des tâches domestiques et l‘équilibre vie professionnelle/vie privée.

"Comment changer les apparences pour que rien ne change": entre injonctions contradictoires et pseudo-modernité, l’hebdomadaire se contente de ressasser des stéréotypes sexistes et contribue ainsi indirectement à légitimer les inégalités entre les sexes.

Alors qu'"ELLE" se prétend « féministe », il se révèle être parfois le pire ennemi de l’image des femmes. Dernier exemple en date, l’illustration d’un article sur les mères célibataires, relevée par la journaliste Guillemette Faure dans son article « Mères célibataires dans Elle : bravo pour cette courageuse photo ! ». On y voit une jeune femme, cigarette au bec, trimballant au bout du bras un panier d’où émergent les pieds d’un bébé, que l’on imagine brinquebalé au fond de son couffin de fortune.

Si l’on en croit cette illustration, la mère célibataire est donc aux yeux du magazine une femme irresponsable (mais taille 36 quand même, il ne faut pas changer les bonnes habitudes) doublée d’une mauvaise mère. Quel mépris envers ces femmes et surtout quel ramassis de clichés moralisateurs pour un magazine qui se clame sa modernité à longueur de néologismes et d’anglicismes !

Même si l’article ne va pas en ce sens, le pouvoir subliminal et symbolique de l’image prend le dessus. En refermant le journal, ce qu’on retiendra c’est l’association d’idée « mère célibataire = mauvaise mère », pas le bla bla de psycho de comptoir qui est censé justifier le phénomène.

En effet, les images n’ont pas qu’une simple vocation d’illustration, elles orientent inconsciemment la lecture. Dans son article « harcèlement sexuel : tous voyeurs et agresseurs », la blogueuse Diké a ainsi recensé les illustrations représentant les victimes de harcèlement dans la presse, soit provocantes soit quasi-invisibles et déshumanisées (leurs yeux sont masqués ou coupés au cadrage). Choisissant le point de vue de l’agresseur, les magazines contraignent ainsi indirectement le lecteur à l’inconfortable position de voyeur.



Le magazine Elle va-t-il prendre la peine de présenter ses excuses comme il l’avait fait pour son article « Black Fashion Power », empli de clichés racistes ? Des personnalités comme Inna Modja et Sonia Rolland étaient montées au créneau lors de cette polémique. 

Dans le cas de cette photo, pas sûre qu’une journaliste et une poignée de blogueuses pèsent lourd dans la balance médiatique…

5 commentaires:

  1. Alors si je me souviens bien, cette photo est issue d'une vieille série mode publié dans Vogue il y a déjà quelques années, quand Carine Roitfeld était encore rédac chef. ELLE n'a jamais travaillé sur le stylisme de cette photo et s'en est juste servi pour illustrer de facon ironique l'article.

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    1. Ah bon? En tout cas ce n'est précisé nulle part...quant à l'ironie, sans message d'accompagnement, elle est difficile à saisir quand même...

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    2. On suppose que c'est comme pour les blagues sexistes, si tu ne comprends pas, c'est que tu n'as pas l'option "second degré" et "auto dérision"

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  2. ah oui.. quand même... bon, je comprends pourquoi je ne lis pas Elle..

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  3. C'est étrange comme c'est toujours les mêmes qui sont les victimes de l'ironie...

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