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vendredi 13 septembre 2013

Jeu d'écriture


Les jeux d'écriture reprennent sur le blog!
Voici la consigne du jour :
Ecrire un texte dont la première phrase contient une forme géométrique : carré, rond, rectangle, triangle, hexagone, c'est vous qui choisissez!
Contrainte de temps : le texte doit être rédigé en 20 minutes maxi.
Si vous souhaitez participer, je vous conseille de ne pas lire ma participation ci-dessous pour ne pas être inspiré.
Comme d'habitude, ceux qui le souhaitent peuvent poster leur participation dans les commentaires.
Merci de noter qu'exceptionnellement je n'aurai pas accès à internet entre ce soir et demain soir 22h. Les commentaires resteront donc en attente de modération dans ce laps de temps.
A vos claviers!


Elle décroche un carré de papier jaune. L’applique consciencieusement contre la vitre d’un geste mécanique. En prend un autre. Le colle juste à côté. « RDV à 10h20 précises juste à côté de l’open-space » disait l’email envoyé par le directeur marketing. Ici chez CDBG, grosse agence de pub internationale, on presse les employés comme des citrons mais toujours avec le sourire. On les entasse dans des open-spaces surchauffés mais on prétexte que ça renforce le « team-building ». Et on a installé des babyfoots dans les salles de réunion pour faire oublier qu’elles durent jusqu’à 21 heures.
La dernière lubie du directeur marketing : montrer à la terre entière et surtout à l’agence concurrente d’en face qu’on est des gens cools, hypes et qu’il fait bon travailler ici. Un message qui tranche un peu avec le mail lapidaire reçu hier : « RDV à 10h20 précises juste à côté de l’open-space pour une Post it War. Merci de prévoir des blocs de Post-it de 3 couleurs différentes et d’imprimer le modèle de dessin ci-joint. L’idée est de recouvrir le maximum de vitres avec les créations envoyées en pièce jointe. Votre participation est obligatoire. Votre sourire aussi. ».
Elle entend ses collègues glousser en arrière-plan. Le rire rauque et gras de son N+1.  La boule dans sa gorge ne disparaît pas en dépit de ses tentatives de déglutir discrètement. Elle décroche un carré de papier jaune L’applique consciencieusement contre la vitre d’un geste mécanique. En prend un autre. Le colle juste à côté.
Elle fait un pas en arrière pour vérifier que le message est bien lisible puis penche la tête sur le côté pour observer son œuvre d’art.
Sur les vitres, se détachent en lettres jaunes ces 2 mots : Aidez-moi.


14 commentaires:

  1. Voilà bien une demi-heure qu’elles tournent en rond dans ce fichu patelin. Agnès a les mains crispées sur le volant de la petite Clio et essaye de voir la route à travers le pare-brise sale. Il fait tellement chaud dans l’habitacle que ses jolies boucles brunes lui collent au visage. La tête penchée en avant, les yeux plissés et le visage rouge de colère, elle n’est pas belle à voir. A côté d’elle, Delphine, sa sœur, tourne et retourne la vieille carte routière que le vieux leur a donnée. La pluie redouble d’intensité, Delphine lâche un juron. Contrairement à sa jumelle, elle a lissé ses cheveux mais ça n’empêche pas l’humidité de faire son boulot et bientôt, son savant brushing ne ressemblera plus à rien. A l’arrière de la voiture, des valises, certaines remplies de billets. Ah, elles font moins les fières, les célèbres « mamans braqueuses » comme les a surnommées la presse ! Avec la police aux fesses, elles sentent que la case prison n’est plus très loin. Un seule espoir : la planque que leur père les a fait miroiter. Deux jours auparavant, il leur a filé une carte sensée indiquer un vieux chalet familial caché dans la montagne. Tu parles ! Il les a bien roulées oui ! Parce qu’il est pas con le daron : il l’a monnayée sa fichue planque…. Delphine jure encore une fois, elle en a marre. Elle est fatiguée. Soudain la voiture fait une embardée. Agnès reprend le contrôle in extremis. « Putain de chemins de terre ! Putain de village à la con ! On voit même pas les maisons avec cette pluie ! » hurle la trentenaire. Sa sœur soupire. Au départ, c’était juste pour nourrir les gosses. Et puis, après ça avait dégénéré et l’argent s’était accumulé. Résultat : elles avaient du fuir, les mômes étaient placés, tous les flics du pays les cherchaient. Delphine et Agnès discutèrent deux minutes et conclurent qu’il valait mieux s’arrêter sur le bas-côté, le temps que l’orage se calme. Aussitôt arrêtées, les jumelles s’endormirent. Ce fut Agnès qui réveilla sa sœur quelques heures plus tard. Il pleuvait encore mais au moins voyait-elle la route. Delphine essaya de se repérer sur la carte et identifia leur position en poussant un cri de victoire. La Clio reprit son périple et au bout d’un quart d’heure de montée et de zig-zag, les braqueuses atteignirent enfin le chalet. Leur père ne leur avait pas menti. Mais il les avait surtout vendues. Agnès et Delphine se retrouvèrent encerclées par des dizaines de policiers, braquant leur arme sur elle. Elles n’eurent pas besoin de parler, un regard suffit, ainsi qu’un pauvre sourire. Les femmes prirent les armes planquées sous leurs sièges et sortirent de la voiture en hurlant et tirant au hasard. Tu parles d’une planque…

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    1. Excellent! Bravo pour ce texte très vivant! (tellement que je n'ai pas remarqué du premier coup où tu avais casé la forme géométrique!).

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    2. Ouh y a une vilaine faute: "la planque que leur père les a fait miroiter" --> "leur a fait miroiter"

      Merci pour ton commentaire, je suis flattée.

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  2. Jetant frénétiquement un coup d’œil à sa coupe au carré toute récente dans le miroir, Aline tournait rageusement dans sa chambre. De plus en plus vite. Elle ne peut s’empêcher de penser à son concours de trapèze ce soir et cela la stresse. Tout ce qui se fait de plus talentueux dans l’hexagone sera là. Pourtant, traçant un cercle de son pas rapide sur la moquette, elle se demande ce qui pourrait lui porter chance. Doit-elle tracer un pentacle à l’envers sur le mur ? Invoquer l’œil qui voit tout dans son triangle rayonnant ?
    Elle n’est pas superstitieuse d’habitude. Elle s’entraine tous les jours. Son entraineur lui a même dit qu’elle faisait les plus belles équerres de France. Alors pourquoi ? Pourquoi une telle angoisse ? Ce concours elle l’a préparé, répété fixant le grand rectangle du terrain de basket de la salle omnisport où elle s’entraine.
    Ca y est, elle ressent la boule dans son ventre. Elle est douloureuse. Elle est ce qu’elle redoutait de toutes ses tripes. Hier soir, Aline pour se décontracter est allée s’acheter un sandwich grecque. Elle n’a pas mis de sauce forte, pris la viande de poulet, pas pris les oignons, fait le plein de laitue et de tomates mais il n’y a rien à faire. C’est à chaque fois la même chose…
    Elle trouve le pain Pita gore…

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    1. Mais il est trop fort! Filer la métaphore de la géométrie tout le long du texte, il fallait oser le faire! Et quelle chute!

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    2. S'agissant de trapèze, il fallait en effet oser une chute !...

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  3. Et voici la participation de Venise, qui n'a pas réussi à poster son texte depuis sa tablette! Merci à elle pour ce joli texte!

    "Décidément elle en a assez de cette coupe de cheveux au carré qu'elle arbore depuis sa plus jeune enfance. Elle accentue son type asiatique dû à ses origines. Mais aujourd'hui elle n'en peut plus, elle n'en veut plus, alors elle pousse la porte du salon de coiffure. A la sempiternelle demande de la coiffeuse "alors qu'est ce qu'on fait ?" elle se surprend à répondre : "on coupe tout, on coupe court. "

    Il est trop tard pour reculer, elle voit son reflet dans la glace, elle déteste ça, aller chez le coiffeur, être obligée de se faire face pendant un long moment, se regarder. Sa myopie la sauve, lui offre une pause, les contours sont flous et ça lui convient tout à fait. Et elle voit les mèches brunes tomber une à une sous les coups de ciseaux, avec chacune d'entre elles c'est un pan de sa vie qui s'en va. Elle se défait de ce qui l'encombre. Couper ses cheveux est symbolique, c'est juste un premier pas vers une nouvelle vie, vers la liberté.
    Chaque coup de ciseaux rompt une amarre, lui donne de la force et l'emporte ailleurs. Cela ne se fait pas sans douleur ni tristesse, une larme coule sur sa joue, elle l'essuie d'un geste rapide qui se veut discret.

    Voilà, la coiffeuse a terminé. Elle remet ses lunettes, se regarde, se reconnaît à peine. Elle paie, et sort du salon de coiffure d'un pas plus léger. Elle sait ce qui lui reste à faire et même si c'est loin d'être facile, elle va le faire. Parce que c'est sa vie qui est en jeu... "

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  4. A mon tour de poster ma petite production, c'est la première fois que je m'essaie à un des jeux d'écriture :


    - Parallélépipède...
    La classe s'esclaffa en un seul éclat de rire. Comme chaque année, la leçon sur les volumes lui apportait ce moment de gloire. Eliza aimait ce petit instant de relâchement qui faisait que les élèves retenaient ce nom. Savoir l'écrire ? Peut être pas, il ne fallait pas trop en demander. Elle se rappeler ses cours à l'IUFM, quand avec ses congénères futurs profs de math ils s'entrainaient à l'écrire sans faute. De grands moments, vraiment... Mais il était temps que la leçon suive son cours.
    A cet instant, on frappa à la porte de sa salle de classe. Nadia, la CPE, passa la tête par l'embrasure : "Eliza, je peux te parler ?
    - J'arrive tout de suite. Faites les exercices 5 à 8, page 15."
    Elle suivit donc sa collègue dans le couloir.
    - Qu'est-ce qu'il y a de si pressé Nadia ?
    - J'aurai aimé ne pas... Pourquoi est-ce que c'est si difficile...
    - Nadia ? Tu me fais peur là...
    Eliza regardait la CPE avec inquiétude. Elle si directe habituellement, pourquoi donc tournait-elle ainsi autour du pot ? Que se passait-il ? Soudain, Nadia parut se décider, elle saisit la main d'Eliza et la priât de la suivre. Là, elle était vraiment inquiète. Une fois dans le bureau de sa collègue, Eliza se laissait tomber sur la chaise face au bureau, remplie d'appréhension.
    - Bon, Eliza... Je ne sais pas trop comment t'annoncer ça... Il s'est passé quelque chose de... Quelque chose d'horrible.
    - Que ? Mais de quoi est-ce que tu parles à la fin Nadia ?
    - On vient de nous l'apprendre, la police a téléphoné, tes parents, ils étaient au supermarché et ils... Il y avait une fuite de gaz... Je... Je suis désolée de devoir t'apprendre ça.
    Eliza restait sans voix. Si elle n'avait pas déjà été assise, elle serait sans doute tombée. Elle sentait son corps s'affaisser, se replier sur lui-même, comme si se rouler en boule pouvait la protéger de la douleur qu'elle sentait s'emparer petit à petit d'elle. C'était son anniversaire aujourd'hui, elle devait diner avec eux. Ils étaient probablement en train de faire les courses pour leur repas entre eux.
    Douleur, noir, froid, elle ne sentait plus rien, ne voyait plus rien.
    Une fulgurance, comme une façon de sortir de cette torpeur.
    - Ma classe, il faut que j'y retourne, on étudiait les volumes aujourd'hui. Le gaz, ça n'a pas de volume tu sais ? Enfin je ne crois pas, c'est de la physique ça et aussi drôle que ça puisse paraitre, j'ai toujours été très nulle en physique, en bio aussi...
    Elle babillait, elle tentait de remplir le vide qui s'était creusé en elle d'un seul coup. Plus rien ne semblait pouvoir l'arrêter dans son monologue. Nadia n'était pas très sûre de ce qu'elle devait faire. Pourquoi diable avait-elle dû annoncer cette nouvelle ? Et à Eliza en plus, elles étaient arrivées dans le collège en même temps et avaient vite sympathisé. C'était peut être précisément ces liens qui avait fait d'elle la messagère toute désignée... On ne pouvait pas dire qu'elle appréciait vraiment le rôle. Voir Eliza parler, parler et parler encore à s'en étourdir faisait plus mal encore que si elle s'était effondrée en pleurs...

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  5. Hexagone c'était son nom . Oui , il s'appelait Hexagone . C'était un extraterrestre aux yeux ronds arrivé sur terre dans son vaisseau spatial triangulaire ... Là bas chez lui c'était loin maintenant ... Et la terre n'était plus qu'un désert ... Tout était mort ici depuis longtemps .......
    Hexagone était un archéologue . Il était venu sur la terre pour tenter de comprendre ... Que c'était il passé ? Pourquoi toute vie avait elle cessé sur cette planète carbonisée ? ......
    La nuit commençait à tomber et la lune énorme montait dans le ciel noir et montait en Hexagone un profond désespoir sans doute encore plus noir que ce ciel carbonisé .......
    Il pensait à sa planète là bas , sa planète au carré , sa planète militarisée , sa planète de fils de fer barbelés sur laquelle l'ordre régnait , l'ordre pour échapper à la guerre éternelle qui avait duré si longtemps , des millions d'années ? de siècles ? ...... La guerre qui ici avait fini par tout détruire ....... mais Hexagone se sentait pour la première fois de sa vie ... libre ... seul au fond de son désespoir mais libre , libre de vivre ou de mourir ...... Seul , sans ordres aux quelles obéir encore et toujours ..... Seul , libre , désespéré sans doute aussi .....
    Alors Hexagone alla chercher dans son vaisseau spatial une étrange bouteille rectangulaire ... Elle contenait la liqueur interdite , prohibée sur sa planète .... Il avait eu beaucoup de mal à se la procurer cette précieuse liqueur interdite ......
    Hexagone ouvrit sa bouteille rectangulaire et se mit à boire , boire , boire ...... Et tout à coup il fut envahi par cette sensation ! Il se sentit humain .... Seul au monde , désespéré , libre , et il savait qu'il ne rentrerait jamais chez lui .....
    Hexagone , à l'autre bout de la galaxie se sentit envahi par ce sentiment humain d'un désespoir plus profond plus noir que la nuit ...... Il le savait ! Il était maintenant le dernier humain sur cette terre inconnue , perdue , carbonisée .......

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  6. Le monsieur de la dame13 septembre 2013 à 23:48

    A toi aussi, on t'avait parlé du Grand Hexagone. Toi aussi, sans doute, tu écoutais silencieusement les anciens parler d'une terre de tolérance et d'accueil où chacun te tend la main, te respecte pour ce que tu es. Toi aussi, tu rêvais de cet ailleurs, loin des rues de Ryiad où les femmes sont entièrement voilées et les gens comme nous lapidés en public. Toi aussi, mon Amour, tu as rejoint la France le cœur plein et les bagages vides. C'était 2013. C'était le futur. Notre futur...
    Tu te souviens, mon Ange, de nos débuts si difficiles, entre nuits dehors et repas pris dans les poubelles. On se disait que le paradis, ça se gagne. Pas en français, bien sûr, on ne parlait pas la langue. On croyait que ça irait mieux quand tu as trouvé du travail sur ce chantier. Tu te souviens, mon Prince, combien on était heureux avec ta première paye ? Tellement heureux qu'on n'a pas remarqué les regards en coin. Maintenant que j'y repense, c'était flagrant. On aurait pu croire que c'était nos visages sales ou notre langue inconnue ici. Ce n'était pas ça.
    Tu te souviens quand, après avoir été renvoyé de ce centre, nous nous sommes faits contrôler par la police ? On ne les comprenait pas et j'ai cru qu'ils savaient pour nous. C'est toi qui as eu le courage de me prendre par la main, de courir sans te retourner et de trouver refuge dans ces maisons en plastique. Il y faisait froid, sale, nos estomacs gargouillaient, mais on était ensemble. Et même si, déjà, j'avais remarqué les chuchotements, on pouvait se tenir la main sans être arrêtés.
    Je ne te demanderai pas si tu te souviens de ce 13 avril pluvieux, dans cette rue de Lille. En quelques semaines dans le Grand Hexagone, on avait enfin compris pourquoi les gens nous regardaient de travers. On nous l'avait expliqué : les étrangers n'étaient pas les bienvenus dans ces pays. Les anciens avaient tort. Pas de tolérance. Pas d'accueil. Juste des petites critiques mesquines, des insultes et des jets de pierres. Mais qu'est-ce qu'on était supposés faire ? Nous maquiller ? Nous étions ce que nous étions. Ce 17 avril, c'est à cause de ce que nous étions que ces types ont commencé à nous attaquer. Je voulais faire comme toujours et m'enfuir. J'ai commencé à courir. Mais tu en as eu marre. Depuis 30 ans, tu subissais les moqueries, les brutalités, les injustices parce que tu avais le tort de m'aimer, moi, un jeune homme de 15 ans ton cadet. Alors tu les as combattus. Seul contre cinq. Et ils t'ont massacré. Laissé pour mort sur le bord de la route. Je n'ai pas bougé. Mon Ange... Tout ce que nous voulions, c'était vivre tranquillement, juste tous les deux.
    Aujourd'hui, ça fait pile 5 mois que tu es dans le coma. Un médecin a bien voulu me parler, une fois, avant que tu partes. Il m'a dit que tu ne te réveillerais peut-être jamais. Deux jours après, ils t'ont pris. Chargé dans un avion malgré mes protestations et tu es retourné en Arabie Saoudite. Je ne sais pas si tu es toujours vivant. Moi, en tous cas, je suis mort depuis 5 mois. Et seul. Perdu dans un pays. Le Grand Hexagone... Une terre de tolérance et d'accueil...

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  7. Je viens de mettre en ligne les 3 dernières contributions et je dois avouer que j'ai été vraiment bluffée tant par la qualité que la variété de vos écrits! Et dire que je pensais que la consigne n'allait pas forcément vous inspirer! un grand bravo à vous tous, vraiment!

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  8. Oui, la consigne était un peu hard, je dois dire. Quoi de plus rigide et "enfermant" qu'une figure géométrique ? Voici ma petite contribution, que je poste avant de regarder les autres, sinon je ne le ferai pas :

    Cela fait trois mois que je tourne en rond. Trois mois où chaque seconde est un siècle passé dans la torpeur. Je suis incapable de réagir, incapable de partager le quotidien des gens qui m’aiment et de m’intéresser à eux. Le pire est que j’en suis tout à fait conscient, mais je n’arrive pas, je n’arrive plus à franchir ce mur transparent derrière lequel ma nouvelle vie est séparée de ma vie d’avant. Je suis devenu le spectateur de ma propre déchéance, après en avoir été l’exécuteur. Après avoir été le maître.
    Je demeure coupable à mes yeux et à ceux de tous. Bien inconsciemment, quoique.
    Le résultat est pourtant bien là, palpable - mes mains sont devenues perpétuellement moites - ; il est audible - les reproches et l’agacement de Valérie vont grandissant et sa voix m’insupporte désormais - ; et il est visible - je vois les gestes quotidiens de mon entourage comme des tourbillons multicolores qui me renvoient à mon propre immobilisme et à mes pensées et noir et blanc.
    Comment ai-je pu me laisser prendre dans cette spirale descendante ? Au début, cette réforme avait créé un enthousiasme général. On était optimiste, on allait de l’avant, on allait se montrer audacieux. Ils allaient voir ce que ça voulait dire, le changement.
    Et puis je ne sais pas, je me suis enfermé dans mes vieux démons, le dialogue, les compromis, jusqu’à la compromission. Et j’ai laissé faire. Et je me suis laissé agir sur moi-même.
    La chaleur écrasante de ce mois de juillet 2017 me cloue un peu plus dans le cercle maudit duquel je ne sortirai plus.

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  9. Dans mon quartier des affaires, on a vu flamber cette mode des dessins réalisés aux Post-it. La mode n'a pas pris ici dans nos bureaux : les Post-it, ça coûte trop cher ! C'était pourtant marrant comme truc. Bravo pour avoir pris le contre-pied de ce petit jeu a priori innocent (quoiqu'honnéreux)qui peut en cacher un autre bien plus pervers.
    Dans deux mois, nous déménageons dans un bâtiment nouveau ; les bureaux sont remplacés par des open-space...

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    1. Merci pour ta participation et bravo pour ton texte, même si au départ la consigne ne t'inspirait pas!
      Courage pour l'open-space : ça demande un petit temps d'adaptation au début mais si tout le monde est respectueux, ça se passe plutôt bien (je l'ai vécu 3 ans!)

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