> Bilan de compétences : quand les rêves se heurtent à la réalité

mardi 31 janvier 2012

Bilan de compétences : quand les rêves se heurtent à la réalité

Il y a 15 jours j’ai eu les résultats de mon bilan de compétences.

Pour la première fois, je rencontrais la conseillère qui allait me suivre pendant les 6 séances.

Après une brève présentation de mon parcours et une tentative d’explication de ma présence ici, celle-ci m’a demandé abruptement « Vous trouvez vraiment que c’était le bon moment pour quitter votre ancien travail ? ». Un peu estomaquée par la question, j’ai répondu qu’il était très difficile de résumer 11 ans de vie professionnelle en 1m30 et qui si j’étais ici c’est que j’avais de bonnes raisons (visiblement le module « psychologie » doit être en option dans le cursus « conseillère en bilan de compétences »!)

Il faut vraiment avoir le cœur bien accroché quand on décide de changer de voie ! Quand j’avais parlé de mon projet professionnel à ma DRH, celle-ci m’avait demandé ce qu’en pensait mon mari et s’il gagnait bien sa vie. Au cas où.

Est ce qu’elle aurait posé la même question à un homme ? J’en doute fortement. Quand un homme décide de repartir à zéro, on dit qu’il est courageux, qu’il a l’esprit d’entreprise. Quand c’est une femme, on lui demande combien gagne son mari et on la prend pour une irresponsable.

Après la question qui tue, j’ai eu le droit à un débrief de mon bilan en 10 minutes chrono par la consultante qui enchainait les rdv à la chaîne.

Elle m’a simplement tendu un document qui résumait les questionnaires remplis la semaine précédente avec pour toute explication « vous avez un profil à la fois artistique et social ».

« Profil artistique : Cette rubrique correspond au goût pour les arts et toutes les activités qui autorisent une libre expression de soi : jouer la comédie, créer, imaginer, écrire décorer…Les personnes ayant un score élevé dans cette rubrique n’aiment pas la routine et les environnements contraignants (horaires fixes, emploi du temps rigide, hiérarchie omniprésente). Elles peuvent s’épanouir dans des lieux de travail variés : théâtre, musée, librairie, agence publicitaire, galerie d’art. »

« Profil social : Cette rubrique correspond au goût pour les activités relationnelles avec l’objectif d’aider, d’informer, de conseiller, d’apprendre aux autres. Les personnes appartenant à cette rubrique peuvent s ‘épanouir dans des structures « humanitaires » : écoles ou centres de formation, associations d’aide au tiers-monde…les métiers correspondant au type social sont éducateur, travailleur social, orthopédiste, psychanalyste, conseiller d’orientation, instituteur, animateur de club de vacances…les personnes sociales sont souvent coopérantes, généreuses, altruistes, idéaliste et optimistes ».

Analyse plutôt juste (à part pour l’optimisme !) pas de grande révélation à la lecture de ces résultats.

Mes devoirs pour la prochaine séance : refaire mon CV en organisant mes expériences sous forme de compétences/aptitudes + identifier 4 pistes professionnelles réalistes cadrant avec mon profil.

Et là fini de jouer à « on dirait que je serais docteur/chef d’orchestre/journaliste », la réalité reprend ses droits. Je réalise en m’attelant à l’exercice qu’à Bac +3 il n’y a pas beaucoup de possibilités de reconversion si on ne souhaite pas reprendre des études longues. Repasser le concours de professeur des écoles ? Il faut désormais un Master 2. Devenir assistante sociale ? Concours + 3 années d’étude. Mon projet initial de reconversion en tant que rédactrice web semble finalement être le plus cohérent.

Prochaine étape : confronter ce projet au marché de l’emploi : compter les offres, lister les compétences nécessaires, faire une moyenne des salaires proposés…Remplir une grille qui ne servira pas à grand-chose compte tenu de la diversité des profils et du fait que la plupart des rédacteurs sont en free-lance. Mais c’est une façon de prouver à ma consultante que ma reconversion est réaliste. Et de justifier le coût du bilan auprès de Pôle Emploi.

Et si ma conseillère juge que ça ne tient pas la route, je compte sur Pole Emploi pour faire preuve de créativité ! Quand on ose proposer à une éducatrice un job de strip-teaseuse, il faut s’attendre à tout !

« Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît »…

4 commentaires:

  1. chef d'orchestre, c'est pas mal pourtant :-)

    RépondreSupprimer
  2. T'as vraiment pas eu de chance de tomber sur une conseillère pareille!!! Ce que tu décris d'une part est hors cadre du bilan de compétence et d'autre part frise la faute professionnelle.
    Quand j'ai fait mon bilan de compétence, je suis tombée sur une perle qui m'a regonflée à bloc. Conclusion, j'ai repris des études, en bossant et p't'être bien qu'un jour, je finirai conseillère en bilans de compétences ^^ Je n'oublierais certainement pas ce que tu as écrit (et d'autres expériences hallucinantes vécues par des personnes que je connais)

    RépondreSupprimer
  3. Aujourd'hui le bilan de compétences est un peu financé comme de la formation professionnelle. Son coût est d'environ 1300 euros HT pour 24 heures. Sachant qu'on cumule 20 heures par an au titre du Dif

    RépondreSupprimer
  4. Article très intéressant. Est-ce que vous en vivez de votre métier de rédactrice web ? Car moi, même problème, tout le monde autour de moi me juge "mais tu n'as qu'à faire un bilan de compétences!!!! " comme si c'était la clé ! J'en ai fait un bilan de compétences, j'ai un profil artistique, je suis décrite comme anticonformiste, je suis une hyper créative qui bouillonne d'idées, d'ailleurs mes collègues me les ont souvent piqué mes idées dans le travail, mais je ne suis pas une manuelle (je ne peins pas....) alors je me dis, c'est bien beau, mais je fais quoi avec ça maintenant ? Le genre de métier pour lequel je suis faite : créatrice de mode (oui, j'ai plein d'idées, mais je déteste coudre), architecte d'intérieur (métier bouché), photographe (bouché)... Alors quand j'ai vu tous ces métiers, soit bouchés, soit qui ne permettent pas de faire bouillir la marmite, ça a été retour à la case départ. J'ai une licence en communication, et j'ai presque jamais travaillé dans la communication et en même temps, quand je vois les sites de communication, je trouve qu'ils font de la m-rde donc j'aurais été frustrée de faire de la m-rde et de travailler avec des gens qui ignorent qu'ils font de la m-rde et qui se la pètent en s'habillant branchouille "je mets une veste de costards et je casse avec des baskets". Je bosse dans la com, je suis créatif et j'utilise des mots anglais tout le temps, je l'ai un peu vécu et j'avais envie de leur crier qu'on faisait de la m-rde et qu'il fallait arrêter de se la péter en faisant de la m-rde pareille !!!!!!!!!!!!!!! Tous les journalistes disent que la solution c'est le bilan de compétences, mais personne n'aborde le fait que parfois, c'est "retour à la case départ" quand on a un profil artistique et que les métiers proposés sont soit bouchés, soit ils ne font pas vivre. Et puis il y a un autre problème quand on fait des boulots alimentaires comme moi, c'est qu'on a envie de se flinguer en aller travailler car on trouve ça c-n, on souffre, on a besoin de créer, on n'est pas à place, j'ai un esprit critique et je n'arrive pas à m'extasier et à être fière de moi quand je fais un boulot débile, mes collègues eux, se sentent à leur place, ils sont épanouis, pas moi. Alors boulot alimentaire = dépression dans notre cas et le RSA = dépression car on ne peut pas vivre avec ça et c'est trop difficile psychologiquement, pas valorisant non plus, c'est un peu le serpent qui se mord la queue. Avez-vous trouver une solution pour être épanouie, avez-vous un travail alimentaire à côté ? Où pouvez-vous vivre sans travailler ? (salaire du mari par exemple). Elise


    PS: il n'y pas à la question pour je ne suis pas un robot sur votre site, plusieurs tentatives au hasard pour essayer de poster.

    RépondreSupprimer