> Congé parental : le féminisme opportuniste de François Hollande

mercredi 1 octobre 2014

Congé parental : le féminisme opportuniste de François Hollande


Le féminisme fait vendre. De la serviette hygiénique au shampooing en passant par la serpillère, les marques ont compris que l’empowerment était devenu un formidable levier commercial. Même Karl Lagerfeld s’y est mis le 30 septembre dernier en clôturant son défilé sur une fausse manif féministe.

Mais le précurseur de toutes ces récupérations féministes, on l’oublie souvent, c’est François Hollande. Lui qui déclarait la main sur le cœur en2012 « Je suis féministe ». Qui confirmait qu’il mettrait en place un ministère des droits des femmes. Lui qui avait promis qu’il généraliserait les ABCD de l’égalité dès la rentrée 2014.

Depuis, le ministère des droits des femmes a été rétrogradé au rang de secrétariat d’État. Les ABCD de l’égalité ont été abandonnés. Pourtant François Hollande nous fait encore le coup du féministe en essayant de nous faire passer une économie de 300 à 400 millions d’euros pour une mesure en faveur de l’égalité hommes/femmes. Cette réforme du congé parental n’est rien d’autre que du feminism-washing pur jus.  

Parce que l’égalité hommes-femmes ne se décrète pas en un coup de baguette magique. Et que les mentalités sont longues à changer.

Le nerf de la guerre c’est avant tout le salaire. Et les hommes, tous temps de travail confondus, gagnent aujourd’hui 31 % de plus que les femmes. Si un père prend un congé parental rémunéré 390€ par mois, il risque de mettre en péril le budget de la famille.

Lorsque j’ai eu mon premier enfant, la question du congé parental s’est imposée de fait. Mon fils étant né en novembre, il m’avait été fortement conseillé de prendre un congé parental jusqu’en septembre afin de décrocher plus facilement une place en crèche à la rentrée. Mon mari gagnant un salaire bien plus élevé que le mien, il n’aurait pas été viable pour les finances de la famille qu’il quitte temporairement son emploi. Comme beaucoup de femmes, j’ai donc joué la variable d’ajustement. Jusqu’à ce que je trouve une assistante maternelle à la rentrée.

Justement, parlons-en des modes de garde. Comment est-il envisageable de raccourcir la durée du congé parental sans amorcer la moindre réflexion au sujet des modes de garde ? Aujourd’hui, « l'assistante maternelle reste le premier recours des parents avec un presque 6 places offertes sur 10 » nous apprend cet article du Figaro. « Les établissements d'accueil du jeune enfant (accueil collectif, microcrèches, crèches familiales et parentales) n'arrivent qu'en deuxième place avec une capacité d'accueil de 15 tout-petits sur 100. Selon les départements, la capacité d'accueil des enfants de moins de 3 ans fait le grand écart, passant de 9 à 80 places pour 100 enfants, indique le rapport annuel de l'Observatoire de la petite enfance ». Dans un des articles que j’ai écrit pour l’Express Styles, Marlène Schiappa, une des interviewées, affirmait qu’il manquait aujourd’hui 500 000 places en crèche. Si l’on réduit le congé parental sans réelle réflexion autour des modes de garde, les femmes seront donc contraintes de rester à la maison jusqu’aux 3 ans de l’enfant pour pallier ce manque de solutions.

Un paradoxe qui démontre bien l’absurdité de cette réforme.

Mais en ce qui concerne les droits des femmes, ce gouvernement n’est plus à une contradiction ou à un renoncement près.


6 commentaires:

  1. S'il n'y avait que les droits des femmes qui étaient contradictoires... :/

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  2. C'est d'autant plus absurde que dans le même temps, on va réduire les aides à l'emploi des assistantes maternelles ... Et qui c'est qui va se retrouver à la maison parce que du coup on ne pourra plus payer ? Qu'on ne vienne plus me chanter que la réduction du congé parental c'est dans un souci d'égalité entre les hommes et les femmes ...

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  3. Si je partage l'essentiel de ton analyse, je voulais revenir quand même un peu sur la différence de salaire hommes/femmes.
    Parce que je pense que dans de nombreux couples, c'est autant voir plus une question de mentalités qu'une question de salaires. Dans 25% des couples (hétéros), la femme gagne plus que l'homme. Dans 25% des couples, les revenus sont environ similaires. Et pourtant dans ces couples là, c'est quand même la femme qui prend le congé parental !
    Je ne pense pas qu'on puisse se contenter du salaire comme explication.
    Il ne faut pas oublier, aussi, que le congé parental va accentuer cette différence de salaire hommes/femmes, puisque le congé parental nuit aux rémunérations des femmes pendant toute leur carrière (La baisse moyenne de salaire est de 10% par année d'interruption. Cette dépréciation perdure plus de 10 ans après le retour sur le marché du travail et se ressent sur les pensions de retraite)

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  4. Je parle des salaires et du changement de mentalités (sans rentrer dans les détails de ce dernier point j'avoue). Ce que je pense c'est qu'il faut d'abord agir sur les salaires ou au moins mieux rémunérer le congé parental que ce qu'il est actuellement. Ainsi, davantage d'hommes seront tentés de le prendre.En Allemagne par exemple, le congé parental a été raccourci mais mieux payé. Du coup, le taux de recours des pères est passé de 3,5% en 2006 à 25% en 2010. Je pense que pour agir sur les mentalités, il faut agir sur le nerf de la guerre : la rémunération.

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  5. Bonjour, tout à fait d'accord avec toi. Je suis écoeurée par cet immobilisme autour des modes de garde et des congés parentaux... on sait ce qui marche (agir sur les salaires comme tu dis) mais on ne l'applique pas...

    Je me dis aussi qu'on se fait toujours avoir parce qu'on ne fait peut-être pas assez de barouf, on ne descend pas dans la rue, on n'inquiète pas le gouvernement...
    Car bien sûr c'est difficile de mobiliser quand le sujet est aussi transverse à la population. Pourtant ça aurait de la gueule, une manif pour les places en crèches, le congé paternité, une meilleure rénumération des congés parentaux...
    Quand j'étais ado je me disait qu'on aurait l'égalité quand j'aurail'âge de faire des enfants. J'ai 30 ans et ça n'a pas bcp bougé...

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  6. Je suis assez choquée par cette obsession de place en crèche en comparaison avec les assistantes maternelles et nourrice à domicile, le débat est faussé.
    C'est une obsession de ville.
    En campagne, aucun intérêt à avoir des crèches, les parents préfèrent des assistantes maternelles qui habitent à côté, cela maintient des emplois dans les villages, évitent les trajets en plus pour les assistantes maternelles et pour les parents et les enfants.
    Dans les grandes villes, où la nourrice à domicile est de rigueur (si quelqu'un a les 3 chambres pour avoir l'agrément dans le 16ième, elle ne sera certainement pas assistante maternelle!), trouver des locaux pour des crèches revient extrêmement cher.
    Beaucoup de crèches ont des horaires absurdes type 9h-18h, sont réservés aux habitants voire aux personnels de la mairie. Il faudrait déjà casser ce système vu que souvent c'est la caf départementale qui subventionne pour que les gens puissent avoir une place près de leur boulot (moins d'horaires pour tout le monde), même si ce n'est pas leur ville d'habitation.
    Pour le coût, subventionner les crèches est très cher, bien plus que les aides pour les assistantes maternelles et nourrice à domicile, il y a une demande des places en crèche parce que cela coûte moins cher aux parents (et encore à voir). Beaucoup de gens de la classe moyenne en ville se font avoir car ils sont trop "aisés" pour être prioritaires ou qu'ils ne le sont pas assez pour avoir le réseau de piston pour avoir une place, ils doivent payer une crèche parentale pour 1000 euros par mois.
    Opposer les différents modes de garde est un non-sens, faire des crèches coûtent beaucoup plus cher à la collectivité et ne répond pas à tous les besoins. Il faudrait aussi plus aider les parents à payer les assistantes maternelles et nourrices à domicile. Il n'y a pas UNE solution.
    J'ai l'impression que tout le monde fait semblant d'être à fond pour les crèches pour dire que le problème n'est pas l'"engagement" mais le temps de mise en place, trouver des locaux, les financeurs, ect (c'est compliqué ma bonne dame)...Alors que la réalité, c'est qu'on ne veut pas financer car sinon on augmenterait les aides pour les autres modes de garde (donc l'engagement financier serait là) et au fur et à mesure qu'on ouvrirait des crèches, les parents se reporteraient dessus si ça les arrange. Ca c'est de l'hypocrisie de politique. (surtout qu'ils ont annoncé qu'ils allaient baisser les aides pour les assistantes maternelles)
    De l'autre côté, les associations que ne demandent que des crèches, c'est du parisianisme ignorant la problèmatique de la campagne et des banlieues.

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