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dimanche 5 novembre 2017

#Balancetonforum : pour que la peur change de camp, tapons au portefeuille




Menaces de mort, de viol, appels au meurtre, insultes et intimidations : voilà le quotidien de celles qui ont osé dénoncer le cyber-harcèlement ayant cours sur le forum 18-25 du site jeuxvideo.com.

Dernière victime en date : la journaliste Nadia Daam qui a eu l’outrecuidance de consacrer son « coup de patte » sur Europe 1de mercredi dernier aux cyber-harceleurs. Dans sa chronique, celle-ci faisait référence au raid coordonné par certains membres visant à bloquer le numéro anti-relous crée par 2 militants féministes. Après avoir reçu 20.000 messages d’insultes, le numéro a été temporairement bloqué. Nadia Daam, quant à elle, a eu le droit en représailles à une quarantaine de pages sur le forum de jeuxvideo.com. Des commentaires sexistes, des menaces de mort et de viol.

Ce n’est pas la première fois que jeuxvideo.com est pointé du doigt pour la virulence de certains de ses membres et le laxisme de sa modération. Les propos racistes, antisémites, sexistes, homophobes, transphobes émaillent ainsi régulièrement le forum depuis des années.

Une équipe de bénévoles en sous-effectif, à la fois juge et partie, plus quelques administrateurs salariés ne font clairement pas le poids face au volume pléthorique du forum. Un terreau propice au cyber-harcèlement savamment entretenu par la direction de Webedia pour qui les exactions des membres du forum ne sont qu'une simple "expression de la jeunesse".

D’après cet article de Buzzfeed, « le BlaBla 18-25, et son petit frère le BlaBla 15-18, génèrent à peu près la moitié des 200.000 messages échangés chaque jour sur les forums de Jeuxvideo.com, une filiale de Webedia, géant français de l'édition numérique (57 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2015). »

Alors que Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes, a récemment demandé à Webedia de prendre ses responsabilités pour que cesse le cyber-harcèlement, celle-ci a expliqué dans une lettre avoir obtenu le doublement des équipes de modération.

Une goutte d’eau face à l’ampleur du phénomène. Et une insulte de plus au visage de toutes les victimes.

Pour être efficace, la modération doit être professionnalisée. Un coût modeste face à la manne financière que représente Webedia mais visiblement trop cher pour le groupe dont le modèle économique est d’engranger des millions de revenus publicitaires sur le dos des femmes quitte à les mettre en danger. Pourtant, des solutions existent : cet article de Libération explique de manière limpide comment les nuisances du spam ont été drastiquement réduites grâce à des moyens conséquents (7 milliards de dollars par an).

Face au cyber-harcèlement, l’argent est le nerf de la guerre : la modération doit être professionnalisée et externalisée pour être efficace.

Pour que le cyber-harcèlement s'arrête, il faut que la sécurité des femmes soit plus rentable pour Webedia que le harcèlement. Pure logique économique.

De ce constat est né dans mon esprit l’opération #BoycottWebedia. Le concept : taper au portefeuille de Webedia en interpellant ses annonceurs, comme cela avait été fait avec succès pour l’émission « Touche pas à mon poste ».

J’ai donc procédé à des captures d’écran des publicités figurant sur le site et ai interpellé les annonceurs (L’Oréal, Barilla, Eurodisney…), très rapidement rejointe par des militant.e .s et des internautes.



Dans l’après-midi, Le Huffington Post parlait de l’action sur son site puis LCI.
L'Obs a également publié un article sur le sujet ainsi que Le Parisien, 20 minutes et France Info.

Et en fin de journée, Barilla annonçait « mettre tout en œuvre pour suspendre sa campagne de publicité ». Aujourd'hui le groupe d’assurances Apicil assure faire de même.

Pour que la mobilisation soit efficace, il est donc nécessaire de continuer, tous ensemble, à interpeller les marques sur Twitter et Facebook.

Si vous le souhaitez, voici le message à diffuser sur les réseaux sociaux (le hashtag a été modifié pour plus de lisibilité) : « Bonjour (nom de la marque) savez-vous qu'en tant qu'annonceur sur jeuxvideo.com vous soutenez le harcèlement des femmes? #Balancetonforum »

Voici la liste des annonceurs repérés sur le site à qui adresser vos messages : L’Oréal, Darty, Disneyland, Sony, Nintendo, Volkswagen, Apicil, Mc Donalds, Spotify, Paris Games Week, Coca Cola, HP, Cdiscount, FDJ.

Pour que la peur change de camp, tapons au portefeuille.