Pages

A propos

Une question? C'est dans la FAQ!

mercredi 28 mai 2014

Etre une femme coûte 1400$ de plus par an




Le mois dernier, j’avais évoqué ici le laxatif « spécial femme » de Dulcolax.

A part l’emballage rose bonbon, la composition était strictement identique au laxatif classique, la seule
différence résidait dans le prix, plus élevé dans la version pour femme.


(25,99$ pour 90 tablettes versus 22,99$ pour 100 tablettes)

On comprend ici aisément l’intérêt du marketing genré pour les marques : doubler les intentions d’achat du ménage là où auparavant un seul produit neutre suffisait, tout en proposant aux femmes des versions genrées plus coûteuses.

Ce « gender marketing » très lucratif semble s’attaquer à tous les segments de la consommation puisqu’après le laxatif pour femmes, je découvre aujourd’hui le lubrifiant genré commercialisé par la marque « Empowered products ».

Voici la version femme, en flacon pompe, imprimée rose bonbon.



Et la version homme, en forme de munition, aux lettres imprimées camouflage.



Là encore, la composition des 2 produits est strictement identique, seuls l’emballage et le discours marketing diffèrent.




Et comme pour Dulcolax, le produit est plus coûteux pour les femmes.





De plus, il est ici décliné dans moins de formats que la version masculine, offrant ainsi une gamme plus réduite.

Faire payer davantage les femmes pour un produit identique à celui des hommes, la question peut paraître anecdotique. Pourtant, elle a récemment fait débat aux Etats-Unis puisque même le très sérieux magazine Forbes s’y est intéressé. Baptisé « woman tax » (impôt sur la femme), ce supplément coûte aux femmes chaque année la bagatelle de 1400 $ ! 

A New York par exemple, le nettoyage à sec d’une chemise de femme coûte 4$ de plus car « la machine n’a pas été étudiée pour les vêtements plus petits » explique l’article.  On y a apprend également qu’une étude de l’University of Central Florida a démontré qu’en moyenne les déodorants pour femmes coûtaient 30% plus chers que ceux des hommes, à composition identique, « la seule différence notable étant le parfum ».  Ce différentiel de prix se retrouve dans la plupart des produits d’hygiène destinés aux femmes (rasoirs, shampoings).  Mais aussi dans les emprunts hypothécaires : aux Etats-Unis toujours, une femme les paie 0,4% de plus qu'un homme.

Même l’assurance auto, seul domaine où les femmes pouvaient encore être avantagées financièrement, a dû réajuster ses tarifs pour se conformer à la directive européenne de 2004. Elles paient donc désormais le même tarif que leurs homologues masculins alors même qu’elles causent moins d’accidents.

Etre une femme coûte donc plus cher…tout en rapportant moins : aujourd’hui encore 3 femmes sur 4 gagnent moins que leur conjoint. Double peine donc.

lundi 26 mai 2014

Bavoirs genrés : comment le sexisme s'apprend dès le biberon



Il n’est jamais trop tôt pour enfermer les enfants dans les stéréotypes genrés.

On se souvient de l’épisode des bodys Petit Bateau qui définissaient les petites filles par leur apparence physique (« jolie », « mignonne », « élégante » », belle », « coquette » etc.) par opposition aux garçons agissants (« courageux », « fort », « robuste », « vaillant », « déterminé »...).



Plus récemment, j’avais parlé ici des tétines sexys pour petites filles:



 Ainsi que des perruques pour bébé destinées à féminiser les nourrissons dès le berceau:



Il y a quelques jours, une de mes abonnées sur Twitter, @Pralyonne, m’a fait parvenir ces photos prises dans le magasin Gibert Joseph de St Michel :

Bavoirs version garçon :

"Plus tard je serai sapeur pompier"



"Plus tard je serai ballon d’or"



Bavoirs version fille :

"Plus tard je serai une princesse"



"Plus tard je serai super fashion"



Un coup d’œil sur le site qui vend ces bavoirs en ligne (dans la catégorie « humour », qu’est ce qu’on se marre) confirme bien le sexisme de cette gamme :

Version garçon :

"Plus tard je serai un super-héros"


"Plus tard je serai champion du monde"


Version filles :

"Plus tard je serai la reine du shopping"



"Plus tard je serai super cuisinière"



Apparence et passivité pour les filles versus action et performance pour les garçons : un tristement grand classique du stéréotype de genre que l’on retrouve également dans la littérature enfantine. Une étude a ainsi démontré que les femmes et les fillettes étaient plus souvent représentées à l’intérieur qu’à l‘extérieur et dans des activités passives. A l’opposé, les hommes et les garçons étaient davantage illustrés dehors que dedans, vaquant à des occupations actives. Le blog "Fille d'album" vient d'ailleurs d'écrire un excellent article au sujet de la nouvelle segmentation par genre de la bibliothèque rose/bibliothèque verte.

Les conséquences de ces représentations sont nombreuses : "Pour les filles, le manque de modèles valorisants porte un coup à l'estime de soi et conditionne des comportements. Les stéréotypes de la littérature enfantine restreignent par exemple leurs choix professionnels: il leur est difficile de choisir un métier qu'elles n'ont jamais vu exercer par d'autres femmes. Les garçons sont également confinés dans un rôle rigide: ils auront plus de difficulté à choisir un métier dit "féminin", par peur des moqueries de l'entourage, des copains" explique Anne Daflon-Novelle, en charge de l'étude.

Aujourd'hui, seuls 17 % des métiers sont mixtes et certains, comme ceux de la petite enfance, sont essentiellement féminins.
                 
Et il ne faut pas compter sur ce genre de produits sexistes pour faire bouger les lignes.

vendredi 23 mai 2014

Elles osent! Entreprendre au féminin : Anne-Christelle Beauvois fondatrice de Lilibulle.


Je reçois aujourd'hui sur le blog Anne-Christelle Beauvois avec qui j'échange avec beaucoup de plaisir très régulièrement sur Twitter! Elle nous en dit plus sur Lili Bulle, sa boutique en ligne, son parcours et ses projets.


* Bonjour Anne-Christelle, peux-tu nous parler de Lilli Bulle ?

Oui avec grand plaisir.

Lilli Bulle a été en 2000 le premier concept-store pour les enfants, à l'époque personne ne se penchait vraiment sur la mode enfantine. 

Il y avait peu de choix, une offre très classique et peu, voir pas de magasins proposant autres choses que des marques très connues et reconnues.
Je mets en avant aujourd'hui chez Lilli Bulle, une offre très diversifiée, qui ne s'arrête pas aux vêtements. 

J'aime chercher et dénicher de nouveaux créateurs dans différents univers: La Mode, le Design, les jouets/jeux, la papeterie/carterie...

Je ne m'arrête pas qu'à l'univers des l'enfants, je m'attache à créer des passerelles entre le monde des adultes et celui des enfants. J'aime l'idée qu'une lampe puisse se trouver un jour dans la chambre de bébé et quelques mois plus tard dans le salon.

Mon autre démarche, consiste à choisir des produits de bonne voir d'excellente qualité autant que possible. Des fabrications respectueuses de l'humain et de l'environnement. Je suis très attentive aux provenances et pose un maximum de questions à mes fournisseurs.
Je souhaite qu'un vêtement puisse passer d'un enfant à un autre, qu'une paire de tennis ne soit pas fichu au bout de 3 semaines, que les teintures ne soient pas composées de produits  trop dangereux...

* Qu’est ce qui te différencie de tes concurrents ?

Depuis maintenant 14 ans je découvre des créateurs/artistes/marques peu connus ou émergentes.
Je propose donc des produits peu présents sur le marché de l'enfant.
Ceci est ma force mais aussi ma fragilité.

* Quel a été ton parcours avant d’ouvrir ta boutique et ton e-boutique ?

Simple et éclectique à la fois.
Je suis styliste, diplômée du Sudio Berçot.
J'ai commencé comme assistante Styliste puis je suis très vite devenue directrice de collection, dans le PAP féminin pour la marque Irène Van Ryb, c'était il y a plus de 15 ans.

Après la naissance de mon 1 er enfant, j'ai eu envie de changer un peu de parcours. 

J'ai travaillé pendant quelques temps comme responsable France/export pour un créateur de bijoux (La Parisette) dont j'ai relancé la partie commerciale.

* Peux-tu nous dresser le portrait robot d’une cliente ? La cliente en boutique est-elle 
différente de celle du net ? 

Tu me parles cliente et j'ai envie de te parler client;-)

J'ai évidemment plus de femmes en magasin que d'hommes mais mes clients hommes sont très très fidèles, apparemment ils apprécient mes conseils.

Je n'ai pas de cliente type, désolée...

Mais le point commun à tous mes clients, c'est qu'ils cherchent un produit différent et créatif, allié à du vrai conseil.

Sur le net, c'est à peu prés la même chose sauf qu'en plus les clients recherchent souvent le prix le plus bas, la bonne affaire, les remises....

* As-tu vu les comportements d’achat se modifier depuis 2000, date d’ouverture de ta boutique ? (notamment en terme de stéréotypes, de genre…). Par ex : la classification jouets de fille/jeux de garçons)

C'est un grand OUI. 

L'évolution de la consommation ne va pas dans le sens que j'aimerais du moins pas encore.
Mais comme je suis d'une nature optimiste, je pense que cela changera tôt ou tard.
Les clients veulent des produits très "genrés" qui les rassurent.
J'entends de plus en plus en magasin, êtes-vous  sure/certaine, c'est bien pour un garçon ? Ah ! non le rouge c'est pour les filles !  Trop foncé ou sans froufrou,  trop garçon ! 

Par ailleurs, j'aimerais avoir plus de clients qui achètent moins mais mieux, plus soucieux de la qualité, de la fabrication.... et là on n’y est pas encore. Le client veut du produit pas cher et facile à comprendre. 

Du produit connu et rassurant, c'est un peu un pas en arrière.

Mon métier tel que je le conçois demande de bien connaitre les produits que l'on propose en magasin, de conseiller, d'apprendre, d'éduquer même parfois. 

Par exemple pour les chaussures, les gens achètent tellement de tennis, chaussures en plastiques ou toiles qu'ils ne savent même plus entretenir les chaussures, les cirer, les imperméabiliser...

C'est aussi une consommation happée par la facilité:
Plus de lacets, que des velcros même si le réglage de la chaussure est moins bon et les chaussures moins bien ajustées aux pieds de l'enfant.

Plus de boutons, des pressions. Des tissus qui ne nécessitent pas de repassage.

* Quelles sont les catégories de produits les plus achetées ?

Le cadeau de naissance et depuis peu beaucoup d'accessoires et de jouets.
Il y a un vrai désamour pour le vêtement aussi réussi, créatif soit-il.

* En tant que femme, quelles ont été les difficultés rencontrées lors de la ta création d’entreprise ? Comment as-tu pu lever ces freins ?

Je n'ai pas souvenir d'avoir eu à la création de soucis parce que j'étais une femme, je n'ai pas dû y faire attention ou alors je ne m'en souviens plus;-) c'était il y a 14 ans...

Par contre entendre au téléphone que l'on souhaiterait parler au patron m'insupporte alors qu'on pourrait demander le ou la responsable.

* Quels conseils donnerais-tu à une femme qui souhaiterait se lancer aujourd’hui ?

Oser franchir le pas car elle risque souvent d'entendre l'inverse ...
D'avoir un compagnon comme le mien, qui prend plein de chose en charge à la maison, qui accepte de s'occuper à 50/50 des enfants voir même parfois à 90%.

* Fais-tu partie d’un réseau féminin ? Si oui lequel ?

Non pas pour le moment, je n'en ai pas vraiment eu l'occasion mais aujourd'hui j'aimerais bien pour avancer autrement et échanger plus souvent.
D'ailleurs si vous connaissez de bons réseaux...

* As-tu un exemple de femme qui a pu t’inspirer ou avoir valeur d’exemple ?

Oui deux dans l'univers de la mode et de l'entreprise:

L'une Marthe Desmoulins à l'origine du magasin "Absynthe" dans les années 90 qui a lancé en France de jeunes créateurs tels Dries Van Noten ou Ann Demeulemeester. La boutique n'existe plus aujourd'hui mais a été une vraie source de motivation pour moi même si je ne la connais pas personnellement.

La seconde est Colette Rousseaux, fondatrice du 1 er concept-store parisien "Colette.
Je l'ai rencontrée à quelques reprises il y a plus de 15 ans lorsque je travaillais dans le PAP féminin,avant quelle ne lance Colette et ensuite au démarrage du concept store. 

Cette femme est une sacrée bosseuse, toujours sur le pied de guerre, rien ne lui échappe. Elle aussi m'a beaucoup inspirée et motivée sans le savoir.

* Tu es très active sur Twitter et sur ton blog, que t’as apporté le numérique dans vie 
professionnelle ?

C'est un bon moyen pour moi de faire connaître Lilli Bulle.
Je reste une TPE, sans financier à mes côtés (même si je ne serais pas contre l'idée d'en trouver un). Il faut faire preuve d'astuces pour continuer à communiquer sans moyens.

En France sans financement pour prendre une attachée de presse, pour faire de la publicité...on ne parle jamais de toi dans les magazines, la presse spécialisée... surtout au bout de 14 ans d'existence.
Alors les réseaux sociaux sont vraiment utiles afin de continuer à se faire connaître ou avoir la chance qu'on te découvre à l'étranger.

L'initiative numérique m'a aussi permis de partager avec les clients, de mieux les connaître ou de les faire rire.

Par ailleurs, cela me permet aussi de dénicher de nouveaux créateurs en France et à l'étranger.

* Quels son tes projets professionnels pour le futur ?

En parallèle de Lilli Bulle et de la boutique en ligne, je me lance officiellement dans l'expertise/conseil aux entreprises dans les univers de la Mode et du Design. Développer la partie formation en écoles ou en formations professionnelles.

Réaliser plus régulièrement et pour d'autres entreprises ce que je fais depuis des années au sein de Lilli Bulle avec un grand nombre de créateurs/marques/artistes avec qui j'ai eu le plaisir de collaborer, travailler, échanger, conseiller.

Je vais redécouvrir les joies du lancement d'une nouvelle activité.

Une nouvelle étape dans ma vie professionnelle, une nouvelle aventure, une suite logique à mon parcours. Passionnée et à présent chevronnée, c'est toute mon expérience que je souhaite mettre au profit de jeunes créateurs d'entreprise, de marques souhaitant se renouveler, aux fondateurs de nouvelles boutiques.

Pour en savoir plus :