Depuis quelques jours, je suis hantée par le sourire de
cette jeune femme.
Grâce à
Jewpop, j’ai découvert ces clichés à la fois si émouvants et tragiques et
leur histoire étonnante.
Prises à la fin de l’année 1939 dans le ghetto de Kutno en
Pologne, ces photographies sont l’œuvre d’Hugo Jaeger, photographe d’Hitler
jusqu’à la fin de la guerre. Il les a ensuite enterrées ainsi que 2000 autres
clichés aux abords de Munich, craignant d’être arrêté en 1945. Il les retira de
ses cachettes au fil des années qui suivirent la fin de la guerre, plaça les
négatifs dans un coffre en Suisse en 1955, et les vendit à Life dix ans plus
tard.
Ces images sont bouleversantes. Le visage de cette femme,
incroyable de beauté et respirant la confiance nous paraît tellement
contemporain qu’on le croirait issu d’un magazine, tout juste vieilli par un
filtre Instagram.
Ces sourires m’ont obsédée depuis plusieurs jours. Que se
cache-t-il derrière toutes ces expressions d’une sérénité factice ? Je ne
peux m’empêcher d’y voir une forme de propagande d’un régime qui voulait
prouver que les juifs n’étaient pas maltraités. Des sourires sans doute obtenus
par la contrainte et dont on imagine les menaces ou les mitraillettes en
filigrane. Le 2ème cliché de cette femme, son regard noir et
frondeur pris sans doute avant l’injonction de sourire, semble le confirmer.
Ces photos n’ont finalement pas été diffusées par les
nazis : craignaient-ils ainsi de rendre les juifs humains, eux qui n’ont
eu de cesse de les ravaler au rang de rat ou de cafard ?
Elles demeurent un incroyable témoignage des conditions de
vie misérables d’êtres voués à une disparition inéluctable, dont ils ne semblaient
pas avoir conscience. Elles nous permettent de partager un peu de leur
quotidien et d’y mettre des images autrement plus concrètes que quelques lignes
dans un livre d’histoire.
Ces sourires de vieillards, de femmes, d’hommes et d’enfants
déchirent le cœur car l’on connaît l’issue tragique de cette histoire dont
personne ne reviendra vivant. Ils sont comme une rose posée sur un tas de
purin. Alors que nos yeux et nos esprits se sont progressivement habitués aux
images d’horreur de l’Holocauste, l’irruption de ces sourires iconoclastes nous
bouleversent bien plus que les clichés
de corps squelettiques ou d’enfants aux étoiles jaunes.
Le sourire est ici bien plus que le reflet de l’âme :
il est le souvenir de milliers d’âmes à l’antichambre de la mort.
Une base des génocides est de rendre la personne à éliminer "non-humaine". Comme cela on ne tue pas vraiment un semblable. Un tue un autre ...
RépondreSupprimerBravo pour cet article...
RépondreSupprimerTon article fait froid dans le dos, mais c'est un très bel article! C'est important de reparler ce souvenir bien triste
RépondreSupprimerTrès bel article, parce que ces photos sont belles, et comme tu le dis, elles nous surprennent malheureusement plus que les photos des corps amaigris.
RépondreSupprimerTrès bon article , mais la reprise quasi intégrale de son contenu de je pop te met en totale contradiction avec ton article de ce jour sur le vol de contenu...
RépondreSupprimer"Reprise quasi-intégrale de jewpop"? : visiblement, tu ne sais pas lire cher Anonyme...et si c'était le cas, ça ne serait pas très intelligent de ma part alors que je me mets en lien dans mon article le texte en question!
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