J’ai toujours aimé faire des listes : des courses, des
pour et des contre, de choses à faire, des gens à appeler, des expos à voir. En
couchant ces quelques mots sur le papier j’ai l’impression illusoire de
maîtriser ma vie, à travers les pleins et les déliés, c’est le cours sinueux de
mon existence que je crois contrôler.
Depuis que j’ai lu « Haute fidélité » cette manie
s’est aggravée et transformée. Comme, Rob,
le héros qui classe tout, des 5 pires ruptures de sa vie aux 5 boulots
de rêve, je m’adonne aux tops avec délectation. D’ailleurs, ici ou ailleurs,
vous avez déjà eu droit au top 10 des pires cadeaux de Noel, au top 10 des pubs les plus sexistes, au top 10 des pires produits genrés, au top 10 des pires cadeaux de St Valentin …et ce n’est pas fini.
Pour une fois, et parce que ces derniers temps j’ai surtout
parlé de sujets qui fâchent, j’ai eu envie de vous faire partager mon top 8 des plus belles chansons. Celles qui vous font frissonner, vous collent la
boule dans la gorge ou une claque dans la figure. Celles qui vous questionnent,
vous ressemblent ou que vous auriez rêvé d’écrire. Celles qui vous habitent et
qui vous font monter le son quand vous les entendez à la radio.
1°) Les gens qui
doutent d’Anne Sylvestre (reprise par Vincent Delerm)
Une chanson sublime, magnifique ode à tous ceux qui
n’osent pas, qui n’ont pas confiance, qui « trop écoutent leur cœur se
balancer », à tous ces gens qui "passent moitié dans leurs godasses et moitié à côté". A
l’heure où il faut avoir un avis sur tout et une confiance en soi en béton
armée, cette hommage à ceux qui "n'osent s’approprier les choses, encore moins les gens" est réconfortant
et profondément émouvant.
2°) Guigui de Michel
Jonasz
Une chanson peu connue de Michel Jonasz, issue de l’album
du même nom qui me dérange, me fascine et m’émeut à la fois. Des violons
déchirants, un piano sobre et une voix qui passe de la douceur à la douleur…Qui
est cet homme qui semble perdre le fil de sa vie et lentement glisser vers la
folie ? « C'est à cause que dans ma tête,
Ça cogne, des fois j'ai mal ». Et qui était cette Guigui
pour lui ? « Guigui, Je sais plus qui tu étais, ma sœur, ma mère, ma
p'tite fille, une fiancée qu'on déshabille ». Troublant et émouvant.
3°) L’ennemi dans la
glace d’Alain Chamfort
A mes yeux la plus belle chanson d’Alain Chamfort, sans
doute celle qui me parle le plus aussi. Une façon très poétique de parler de la
difficulté d’être en paix avec soi-même :
« Dehors je croise des étrangers
des ombres qui marchent dans le noir
ce n'est pas d'eux que vient le danger
mais je reconnais chaque soir
mon pire ennemi dans ce miroir »
4°) Ma révérence de
Véronique Sanson
Une chanson magnifique issue de l’album « 7ème »,
mon préféré de Véronique Sanson. Des paroles qui prennent à la gorge et qui
parlent à demi-mot de la vieillesse, de la solitude et de la mort. Des mots que
j’aimerais avoir la dignité de prononcer le jour où « je n’aurais plus le
temps de trouver tout le temps du courage ».
5°) Mistral gagnant
de Renaud
Je ne suis pas du tout fan de Renaud ni de son personnage
de rocker à bandana. Pourtant, cette chanson fait exception, véritable petit
bijou de nostalgie et de poésie, à la fois acidulé et piquant, à l’image du
bonbon qui prête son nom au titre. Des paroles sublimes, magnifiées par une ligne mélodique
très simple, des mots beaux et doux d’un père à sa fille :
« si moi je suis barge, ce n'est que de tes yeux, car ils ont l'avantage d'être deux »
« Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie Et l'aimer même si le temps est assassin Et emporte avec lui les rires des enfants
« si moi je suis barge, ce n'est que de tes yeux, car ils ont l'avantage d'être deux »
« Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie Et l'aimer même si le temps est assassin Et emporte avec lui les rires des enfants
Et les mistrals gagnants »
6°) Majorette de
Bénabar
Oubliez les derniers albums de Bénabar, commerciaux et
bâclés et écoutez les 3 premiers, petites pépites à l’état brut. Des tranches
de vie, des petits films qui vous transportent pendant quelques minutes dans un
univers à part. Ma préférée « Majorette » commence de façon légère,
sous fond de musique de fanfare, puis au fil des paroles on comprend, si on
tend l’oreille, que la chanson est plus profonde qu’elle n’y paraît. Le joueur de trombone nous raconte à la
première personne son histoire douce-amère.
« D'habitude on me moque
Alors j'aime bien qu'on me confonde avec
Le fils du notaire le gérant de l'épicerie
Moi j'ramasse les feuilles pour la mairie »
Progressivement, on comprend à demi-mot sa différence et
son amertume teintée de jalousie :
« Moi aussi j'aurais pu avoir l'même
uniforme
Pourquoi c'est toujours les mêmes qu'on réforme
Parce que dans ma tête y'a un truc qui va pas
La patrie et Nadège y veulent pas d'moi ».
Une chanson terriblement émouvante et qui tire sa
puissance de son contraste entre sa musique légère et ses paroles profondes.
7°) Le Bagad de
Lann-Bihoué d’Alain Souchon
Pas facile de choisir parmi toutes les chansons d’Alain
Souchon…Ma préférence va à celle-ci, qui convoque en chacun de nous l’enfant
qu’il était afin de juger sa vie d’aujourd’hui.
Elle raconte l’histoire des renoncements, des rêves perdus
et de petites concessions :
« Tu la voyais
pas comme ça ta vie, pas d'attaché-case quand t'étais petit,
Ton corps enfermé, costume crétin, t'imaginais pas, je
sais bien.
Moi aussi j'en ai rêvé des rêves. Tant pis.
Tu la voyais grande et c'est une toute petite vie »
« Tu la voyais pas comme ça frérot
Doucement ta vie t'as mis K.O.
T'avais huit ans quand tu te voyais
Et ce rêve-là on l'a tous fait »
J’aime le contraste entre la tristesse du constat d’une
« petite vie » et les accords flamboyants du rêve d’enfant qui
remonte à la surface.
La fin sonne comme un avertissement sans concession, qui
invite chacun à réinventer sa vie
« Mais qui ta rangé à plat dans ce tiroir,
Comme un espadon dans une baignoire ?
Tes moche en week-end, tes mioches qui traînent »
Loupé capitaine, bateau de semaine dune drôle de fête
foraine. »
8°) Tu verras de
Nougaro
Une reprise d’une chanson de Chico Buarque « Que
sera », le maitre de la bossa nova. Au-delà de la musique plutôt
classique, ce sont véritablement les paroles qui apportent tout leur sel à ce
morceau revisité, avec de jolies trouvailles, qu’on rêverait d’avoir écrites :
« Je ferai plus le con, j’apprendrai ma leçon
Sur le bout de tes doigts »
« Je me réveillerai, tu verras, tu verras
Tout rayé de soleil, ah, le joli forçat! »
« Tu verras mon ami dans les os de mes bras
Craquer du fin bonheur de se sentir aidé »
Une montée émotionnelle qui va crescendo tout au long du
morceau et qui donne envie d’y croire, quoi qu’ait fait le héros de la chanson !
aaahhhh...les chansons qui nous accompagnent dans la vie :-)Tu vois, j'ai lu un billet à propos de la musique qui rythme nos années il n'y a pas longtemps et j'y retrouvais dans l'esprit ce que tu dis.
RépondreSupprimerVéronique Sanson...difficile d'en choisir une seule alors ce sera son interprétation de "Seras-tu là". Brel "quand on a que l'amour". Yves Duteil "la langue de chez nous" (oui, je sais...). The Boss "the River". William Sheller "centre ville". Bon, je vais pas te faire ma liste (il y en a tellement!!!) mais à te lire, je me suis replongée dans ma "musithèque" et ça m'a donné envie d'en reécouter tout plein...Merci Sophie pour cette page tendresse :-)
En te lisant, je me rends compte que j'en ai oublié plein, William Sheller entre autre! Dur de n'en retenir que 8! A ton tour de faire ton top sur ton blog! ;-)
SupprimerDe Zeus...oui mais non...pas du tout en lien avec ma ligne éditoriale!! ;-ppppp (mais cela va avec un texte que j'ai écris...je vais remanier un peu le bouzin).
SupprimerPourquoi 8?
Done ;-)
SupprimerC'était 10 à la base mais après 8 ça devenait poussif et redondant donc j'ai coupé! :-)
RépondreSupprimerIl y a tellement de belles chansons, certaines pour une raison ou pour une autre prennent une résonnance particulière et la gardent au fil des ans. Pour ma part il y a toujuors un petit air de musique dnas un coin de mon crane, je ne sais pas si je serais capable de n'en garder que 8. Celle qui m'a mis la plus grosse claque et que je ne peux pas écouter sans me mettre instantannément à pleurer , c'est Nuit et brouillard de Jean-Ferrat, un artiste que mes aprents écoutaient beaucoup quand j'étais petite. Cette chanson en particulier est pour moi l'illustration la plus parfaite de la force que peut avoir la musique. Et sinon pour finir sur une note plus légère, je suis tout autant époustouflée par le dynamisme et l'énergie que peut me transmettre une chanson comme I fell good. Bonne journée :)
RépondreSupprimerM'a permis de découvrir cette très belle chanson d'Anne Sylvestre. Merci.
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