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vendredi 6 novembre 2015

Leave Madeleine alone! Pourquoi le #Madeleineproject me met mal à l'aise



« Beau à pleurer » « La plus belle découverte sur ce réseau depuis des années » « Proust n’a qu’à bien se tenir ».

Si vous êtes, comme moi, un peu actif sur les réseaux sociaux, vous n’avez pas pu échapper au phénomène de ces derniers jours : le #madeleineproject.

Derrière cet énigmatique hashtag en anglais se cache l’histoire de Madeleine, une femme décédée il y a 20 ans, racontée à travers ses objets.

Cette histoire a été rendue possible par Clara Beaudoux, une journaliste. Tout commence lorsque celle-ci récupère la cave de son nouvel appartement remplie des affaires de la vieille dame, son ancienne occupante.

Elle contacte alors l’unique lien familial de Madeleine, son filleul. Il lui explique avoir mandaté une entreprise pour vider l’appartement mais celle-ci a visiblement oublié la cave. Il dit ne pas être intéressé par les affaires.

Clara Beaudoux a donc décidé de redonner vie à Madeleine en tweetant des photos de ses effets personnels retrouvés dans la cave sous le hashtag #madeleineproject.

Depuis, le projet semble faire l’unanimité sur ma TL et chacun y va de sa petite larme ou de son encouragement envers la journaliste.

Je vais donc passer pour une sans-cœur, une aigrie ou une jalouse car je n’arrive pas à applaudir comme une otarie face à ce projet qui fait fi du consentement de la principale intéressée. Pire, je n’ai pas pu aller jusqu’au bout des tweets tant cette exposition de l’intimité d’une décédée me mettait physiquement mal à l’aise.

Je comprends bien la volonté de la journaliste de lui rendre hommage mais je trouve que jeter en pâture les effets personnels de cette femme sur Twitter, ses lettres, ses vêtements, ses bijoux est d’une violence incroyable. Qu’aurait dit Madeleine de tout ça ? « On ne peut s'empêcher de penser que la vieille dame aurait apprécié cet hommage posthume. » répond Ouest France. Qui peut se permettre de répondre à sa place ?

Ayant perdu à intervalles réguliers mes grands-parents puis mon père, je suis sans doute plus sensible que la moyenne face aux morts et à leurs possessions. Au respect de la vie privée aussi. Chez mes parents, il n’y avait pratiquement pas de photos de nous. Ma mère nous avait raconté qu’elle avait été un jour choquée de voir  le regard d'un huissier s’attarder sur des photos de famille lors d’une saisie et que depuis elle refusait d’en mettre dans l’appartement. J’ai moi aussi inconsciemment repris cette habitude dans mon propre appartement. Aussi, voir les lettres et les photos  de Madeleine disséqués, jetés en pâture sans filtre sur Twitter me met extrêmement mal à l’aise. 

Cela veut-il dire que les morts n’ont plus le droit à la vie privée ? Que leur vie tombe mécaniquement dans le domaine public si la famille ne s’y oppose pas ? Un jour, n’importe qui pourra donc publier nos boîtes mails ou fouiller nos poubelles sous prétexte d’un projet quelconque ? Un livre, parce qu’il est beaucoup moins dans l’immédiateté et davantage dans la réflexion m’aurait, je pense, beaucoup moins choquée. Sur le même thème, j’avais beaucoup apprécié l’histoire du jeune poilu Léon Vivien, racontée sur Facebook. Mais il s’agissait de fiction.

« Madeleine fait le buzz » tweete la journaliste en rassemblant les nombreuses retombées presse liées au #madeleineproject. Avant de créer un compte en anglais avec les tweets traduits, une page Facebook...on sent la grosse mécanique commerciale pointer le bout de son nez...

Pas étonnant, quelques copies de tweets suffisent à faire un article, ça joue sur l’émotion coco, c’est parfait pour le clic. Dans 10 jours on n’en parlera plus et Twitter aura trouvé un autre joujou pour sentir son petit cœur vibrer. Et qu’on ne me dise pas que c’est, comme le pillage des tombes égyptiennes, de l’histoire, juste pour ne pas s’interroger sur le voyeurisme de la chose. Est ce qu'on pourrait, pour une fois, aller au-delà de la simple émotion?

« Faire le buzz » comme le dernier Iphone, la dernière vidéo lolcat ou la dernière pub sexiste, cela aurait-il vraiment plu à Madeleine ?

On ne le saura jamais, car il nous manque sa version de l’histoire.

Ironie de la chose, la journaliste a semblé récemment s’offusquer du fait qu’une blogueuse ait repris une photo du #madeleineproject pour illustrer un article à son sujet sans lui demander la permission au préalable.


« Normalement on demande avant ».

On est bien d’accord.



36 commentaires:

  1. Je suis bien d'accord avec toi aussi... Que les effets personnels restent dans la famille, pourquoi pas, mais exposés sur le net comme ça. Je ne le fais déjà pas de mon vivant, cela me gênerait beaucoup qu'on le fasse après ma mort.

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  2. Tu as raison !
    Surtout que si j'ai bien compris, il s'agit d"'objets qu'elle même avait remisés dans sa cave !
    Donc ce n'est QUE ce qu'elle ne voulait plus voir !
    Je trouve que c'est une inacceptable intrusion dans la vie privée. D'autant plus choquante que la victime ne peut pas se défendre !
    Bref, je suis outrée
    sl_rc

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    1. C'est vrai ! Elle n'avait surement pas écrit tout ça pour que ce soit publié! Mais qu'est ce qui est le plus triste ? Le publier et le faire voir à la terre entière en publiant sa photo (c'est quand même une atteinte à la vie privée) ou alors tout détruire parce que ça n'intéressait personne ?

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    2. Je suis quelque peu choquée aussi que sa vie soit déballée ainsi d' autant plus qu' il y a des choses fausses.Certains mots sont durs pour ceux qui ont été très proches d' elle mais qui ne souhaitent pas déballer leur vie sur les réseaux sociaux. La pudeur et la discrétion ne sont pas donnés à tout le monde .....

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  3. Je l'avoue avec un peu de honte, mon premier mouvement a été la curiosité, teintée de nostalgie : une personne proche partie trop tôt l'an dernier, nous laissant un goût d'inachevé, avait TOUT conservé sur plusieurs décennies, et même en la connaissant bien, on avait encore beaucoup appris en triant ses affaires. Et puis l'aspect indiscret voire voyeuriste m'a mise de plus en plus mal à l'aise, sans compter que je trouve le procédé presque trop facile - faire de l'audience avec le contenu de la cave d'une inconnue au destin rien moins que singulier, et qui effectivement n'a pas (n'aurait pas ?) donné son consentement. Même si on ne retrouve pas la mise en scène et la vulgarité des acteurs de téléréalité, on fait appel à la même tentation un peu malsaine de regarder par le trou de la serrure. Cela pourrait être intéressant d'en faire un "project" si la trouvaille a une qualité artistique ex la photographe Vivian Maiers, ou si on en fait une vraie œuvre littéraire ou cinématographique en comblant les trous à la Modiano. Sinon ça reste une performance très anecdotique, très très loin de ce pauvre Proust. Ou alors je suis très vieux-jeu.

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  4. pas d'accord avec vous puisque vraisemblablement Madeleine n'a pas de famille, pas de descendants.

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    1. Elle a son filleul qui visiblement n'avait plus de contact avec elle en effet... mais donc si l'on n'a plus de famille, n'importe qui peut décider ce qu'on publier sur nous alors?

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  5. En tant que bibliothécaire archiviste, j'ai une autre vision du projet Madeleine parce que des lettres intimes, j'en classe tt les jours pour les mettre à la disposition du public. C'est peut être pour cela que ces photos ne m'émeuvent pas (mais vraiment pas du tout !) et que je suis ce projet sur Twitter avec une curiosité professionnelle. Mais le" côté buzz" comme la mise en scène des "révélations"s’insupportent.

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    1. Merci pour ce commentaire, c'est toujours instructif d'avoir l'oeil d'une "pro" :-)

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  6. j'avais eu une réaction un peu similaire quand Citroen diffusait des pubs ou on faisait dire à Alfred Hitchcock que la voiture en question était géniale, bla bla bla...sous prétexte qu'il est décédé, on a le droit d'utiliser son image pour lui faire vendre un produit ? quand on est mort, notre image ne nous appartient plus et donc tout le monde peut l'utiliser pour n'importe quel motif ?

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    1. Ah mais oui, excellent parallèle, cette pub m'avait drôlement choquée aussi...

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  7. Je trouve la démarche très glauque et à titre personnel, je n'aimerais pas qu'un inconnu se donne le droit de disséquer, d'interpréter et de partager ma vie avec le monde entier alors que rien ne nous a lié. Autant je pense que dans un cercle familial ou amical, il peut être pertinent dans une démarche de deuil ou de souvenir de redécouvrir une personne à travers ses possessions. Autant par un inconnu pour des inconnus je trouve ça dérangeant.

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  8. La journaliste le dit dès le début, cela fait plus de deux ans qu'elle veut raconter cette histoire.
    Pour ma part j'ai tout lu d'une traite hier (et je me suis arrêtée depuis), en cherchant un fil rouge, une logique, des liens, des rebondissements.
    Mais non, rien, pas de premier amour retrouvé, pas de projet mystère soulevé à résoudre, rien, la déballeuse n'est même pas sûre de tout ce qu'elle avance (est-ce bien Madeleine sur les photos, c'est juste un exemple), on a donc des photos et des commentaires instantanés, sans réflexion ni "montage" (comme un livre ou un film), alors que ça fait deux ans que tout ça est sous sa main ?...
    Ça ne fait pas très sérieux. Je m'attendrais à ce qu'elle recontacte le neveu pour lui expliquer l'ampleur des archives, et s'il ne veut toujours rien récupérer, qu'elle lui demande l'autorisation pour tout publier.
    Madeleine est décédée mais il y a peut-être d'autres personnes qui seraient intéressées par ses objets, ses mémoires, et/ou par l'impact de ce qui pourrait être dévoilé et pourrait nuire à quelqu'un (même sans cette intention à la base)
    Moi c'est surtout ça qui m'embête...

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    1. Oui c'est très juste, j'avoue ne pas avoir pu aller jusqu'au bout de l'histoire car cela me mettait physiquement mal à l'aise...si en plus ce déballage n'a pas été organisé, sans réflexion ou fil rouge c'est également problématique...

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  9. J'ai plus de temps pour donner mon avis de "pro" ;) . Ce qui me gêne :
    -la publication d'extraits de lettres. Légalement, ce n'est possible que 50 ans après la date du document. Déontologiquement, pour des lettres personnelles, je laisserai passer 70 ans (2 générations) pour être sûr ne blesser aucun descendants.
    -La mise en avance de la journaliste. Normalement, il y a un pacte entre intervieweur/interviewé pour que l'échange soit gagnant/gagnant. Quand un historien publie des témoignages, le travail d'édition scientifique de l'historien est mis au service de l'archive. Ici, on a plus l'impression que Madeleine est un personnage et non une personne.
    -Le devenir des objets/lettres ? Chez elle, dans la famille, aux archives départementales, dans un musée ????

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    1. Merci Sophie pour ton éclairage. Je ne connaissais pas du tout le point de vue légal, c'est intéressant en effet. Quant au pacte, Madeleine sert clairement à mettre en avant la journaliste, d'autant qu'elle a fini ses tweets par "fin de la 1ère saison Madeleine" (comme si c'était une fiction) "La suite à suivre sur la page Facebook"

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    2. Tout a fait d'accord pour que ,le devenir des objets/lettres aux archives départementales, afin de conserver le vécu de cette personne en lieu sur , que de retrouver l'ensemble éparpiller dans la nature , ou sur les vide greniers; brocanteurs ect... à partir du moment , qu'il y a eu, l'accord du filleul...

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  10. Alone, c'est apparemment exactement comme ça qu'elle est morte, Madeleine. Et tellement alone que la seule personne susceptible de perpétuer la mémoire de son existence a fait savoir clairement (si j'ai bien compris) qu'il n'en avait rien à faire. Alors ? Quel mal pourrait-il y avoir à la faire, un peu, revivre ? Et si cela se finit dans un livre, éprouveriez-vous le même malaise ? Perso, je ne vois aucun étalage malsain de quoi que ce soit. Au contraire, de la tendresse, de l'émotion, de la curiosité pour une vie d'une autre époque (lointaine pour la journaliste, moins lointaine pour moi...). J'aurais tellement aimé que mes propres parents conservent les traces de leur(s) vie(s).
    On demande aux vivants. La seule personne vivante qui a eu des liens avec Madeleine a dit : faites ce que vous voulez. Vous imaginez le nombre de morts dont les vies sont décrites par le menu dans les livres, les journaux, les films ? Les bibliothèques, les archives, en sont pleines. Et le temps passé (20 ans ici, 100 ans ailleurs, ou 3 siècles...) change-t-il quelque chose ?

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    1. Oui je l'ai écrit, un livre aurait été différent car il y aurait eu le temps de la réflexion, de créer une trame, le temps de prendre du recul, pas juste tout balancer comme ça sur Twitter sans filtre...pour ensuite conclure "fin de la saison 1 de Madeleine"

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  11. J'ai eu exactement la même réaction. Ma grand-mère est une femme pudique. Si à sa mort, quelqu'un se permettait de déballer ses affaires et sa vie privée en publique, ça me ferait mal. Et je n'aimerais pas qu'on en fasse autant à ma mort, descendance ou pas. Faut-il donc prévoir par testament de faire brûler toutes nos affaires à notre mort, pour qu'on respecte notre vie privée ?

    Et puis oui, le temps passé importe. Peu de temps après sa mort, des gens ont encore pu la connaître, même de loin, même un voisin, un commerçant, n'importe. Que la journaliste n'ait retrouvé qu'un filleul ne veut absolument pas dire qu'il n'existe aucun être vivant qui ait pu la connaitre (d'ailleurs, le fait qu'il ait dit ne pas vouloir récupérer les affaires ne veut pas forcément dire accord pour publication !). Et il peut y avoir des descendants, aussi, des personnes que Madeleine a côtoyées.

    Bref, +1, leave Madeleine alone.

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  12. Evidemment, chacun a un, même tout petit, réseau social. mais la boulangère ou le voisin n'ont pas d'avis à donner sur ce qui reste de moi après ma mort... C'est comme ça. Madeleine n'a pas eu d'enfants, pas de descendants.
    Par ailleurs, il est quand même essentiel de noter que, pour le moment, aucun nom n'a été cité (lettres personnelles...).
    Quant à la relation au temps : notre journaliste annonce au début que ça fait "2 ans" qu'elle mûrit cette histoire. Et souvenons-nous : Madeleine est morte il y a 20 ans, pas avant-hier... Le temps aussi d'en faire un livre, ou de réfléchir. Le reste est une mise en scène, qui crée elle-même une distance.
    Et pour répondre à "Anonyme" de 20h.55 : votre grand-mère ne verra pas "ses affaires déballées en public" parce qu'elle ne mourra pas toute seule, et que vous entretiendrez sa mémoire en famille. Madeleine n'avait plus de famille.
    Pour ma part (et je pense que je suis plus près de l'échéance finale que vous...), je suis à peu près persuadée que lorsqu'on garde des traces, lorsqu'on classe, lorsqu'on conserve, c'est qu'on a "envie" (ce n'est pas forcément exprimé comme ça, personne n'aime imaginer sa propre mort...) de laisser quelque chose, de laisser de quoi nourrir une mémoire, alors qu'il n'y a plus personne pour l'entretenir, cette mémoire...
    Bonne journée... je m'en vais classer mes souvenirs de voyages, pour mes enfants, plus tard....

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    1. Bonjour, j'ai aussi pensé comme vous. si Madeleine a conservé des écrits c'est peut-être pour que quelqu'un les lise. C'était sans doute important pour elle. Cette pensée me déculpabilisait de cet "intérêt" pour son histoire, même sans son consentement. (je ne veux pas appeler ça voyeurisme, c'est plutôt "une visite de musée"). oui j'aime "lire" les photos, m'imaginer un film autour de quelques détails. Le danger est là, dans l'imagination de chacun. On reconstruit une vie, une personnalité, qui ne reflète sans doute pas la réalité. Et par ailleurs, ce qu'on laisse sur Internet, est tout aussi dérangeant sinon plus. ça ne reflète pas non plus la réalité. On laisse ce que l'on veut, ensuite on regrette, mais c'est trop tard, la photo ne nous appartient plus...et le tout de notre vivant. c'est une réflexion sur les souvenirs que l'on veut laisser, et les interprétations qui en seront faites qui me dérangent. Mais la distance avec Madeleine atténue ce sentiment. J'ai eu plus de mal avec des lettres de mon cousin (que je n'ai pas lues d'ailleurs) tant cela me paraissaient à l'époque trop intrusif. En fait je crois surtout que je le connaissais trop, pour me risquer à découvrir une autre réalité. Le point de vue de Sophie Gourion m'a permis de m'interroger et merci.Je vais tout de même continuer à lire l'histoire de Madeleine...comme un roman !

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  13. Et j'ajoute... ceux et celles qui se choquent de la "publication" (respectueuse, so far...) des traces de cette vie anonyme, se choquent-ils/elles autant de laisser sur internet au moindre clic leurs propres traces (bien plus intimes, parfois, qu'une histoire d'amour vieille de 80 ans) aux mains d'entreprises qu'on ne peut pas qualifier de bienveillantes ni de philanthropes ?

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  14. merci pour cet article !
    J'ai rapidement vu passer un truc sur le MadeleineProject sur le net sans vraiment savoir de quoi il s'agissait... et en effet, après lecture de ton article, me voilà donc un peu gênée...

    En faisant le parallèle sur ma vie, mais aussi, potentiellement sur les photos dans mes disques durs, (je suis photographe) je n'aimerai pas vraiment qu'on fasse pareil et se réapproprie mon histoire, mon vécu.
    Et en effet, la remarque de la journaliste est drôle, pour la réutilisation des photos (je suis moi aussi super susceptible sur ce sujet), et pourtant justement, elle en a manqué d'éthique à l'origine....

    La réflexion est vraiment interessante, en effet, écrire aurait pu être bien plus interessant que montrer, mais à notre époque, en effet, sans photo, difficile de faire le buzz.
    Dommage pour tout le monde...

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  15. Toute cette mise en scène m'a beaucoup déçue au final, alors qu'au début j'avais été transportée, comme si j'ouvrais les albums photos de ma grand-mère.
    L'intime, quelle connerie :)

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  16. Je découvre tout juste cette histoire, alors que je passe pas mal de temps sur les réseaux sociaux, notamment Twitter. Il faut croire que le boulot à réussi à me tenir éloignée de ce "buzz".
    Juste donc un petit message pour dire que je suis d'accord avec vous !
    Un livre m'aurait également moins choquée, il aurait certainement été fait avec plus de recul, de distance et de pudeur...
    Là cela nous donne l'impression que cette pauvre Madeleine est jetée en pâture.
    J'ai un rapport différent aux photos puisque j'adore en avoir un peu partout ! Mais justement ! À ma mort, je n'aimerai pas que tous puissent en disposer... De mes que mes objets dont la plupart sont empreints de souvenirs et de sentiments...
    Bref, merci pour cet article qui met un peu les choses au point et montre que cette initiative n'est pas faite que de bienveillance :-)

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  17. J'ai été très touchée par ce "projet" (nom un peu pompeux, je te l'accorde !) dés le début. Puis j'ai lu tes twitts et j'y ai beaucoup réfléchi. J'ai relu le début de l'histoire : Madeleine est morte depuis maintenant 20 ans, elle n'a aucune famille, aucun descendant, son filleul ne veut pas de ses affaires, la journaliste réfléchi depuis 2 ans à quoi faire de cette cave…Alors je n'arrive pas à trouver ça obscène. Cette vie, ces souvenirs, ces traces de l'histoire me touchent.
    Je n'ai pas non plus le même rapport que toi à la vie privé et aux photos ou souvenirs, j'aime les partager. Si je meurs sans aucune famille ou descendants encore en vie (!), l'idée que des inconnus fassent revivre mes souvenirs ne me dérange pas. Je trouve que la journaliste le fait plutôt avec tendresse, elle crée un lien (artificiel, oui c'est vrai) avec Madeleine. Elle est parfois peut-être un peu trop familière, mais bon, elle a passé des heures dans cette cave à ouvrir la vie de Madeleine, ça s'explique.
    Donc j'ai beau retourner ça dans ma tête, je suis peut-être une otarie niaise trop émotive et sensible, rapace et charognarde (je cite en vrac), mais je continue à être émue par cette histoire.

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  18. Là encore c'est une histoire de perception personnelle donc je n'argumenterai pas là-dessus, tout à été dit dans mon billet. Mais quand tu dis " je suis peut-être une otarie niaise trop émotive et sensible, rapace et charognarde (je cite en vrac)" où as-tu vu que j'ai écrit cela? J'ai dit que je n'arrivais pas à applaudir comme une otarie, surtout pour pointer le fait que les médias aient relayé le truc sans aucune réflexion mais je ne traite personne de nais, de rapace ou de charognard, ça serait bien de faire preuve d'un peu de rigueur hein même si tu sembles boulversée par le Madeleine project.

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    1. Non non, j'ai juste mis en vrac les différents noms d'oiseaux lus ça et là sur twitter à propos des gens qui avaient aimé, je ne dis pas que c'est de toi, pardon !! Bon sauf pour otarie, je dois dire que sur le coup je l'ai mal pris. Ayant "applaudi" ce projet, je l'ai pris pour moi ;-)
      Et non je ne suis pas "bouleversée" par le Madeleine project, n'exagérons pas, ça me touche mais bon, j'ai pas pleuré hein ! :-) Y en a qui aiment, d'autres qui n'aiment pas, on en discute calmement et c'est très bien !
      Au fait mon 1er com est passé en "anonyme",je ne sais pourquoi, mais je suis KaLaville.

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  19. Est-ce parce que j'ai trié les affaires de mes parents puis de ma grand-mère il y a moins de 2 ans mais ce projet ne me fait ni chaud ni froid. Ma première réaction a été de penser à ma consternation si j'avais trouvé une cave pleine à trier, une de plus !

    Je ne vois aucune atteinte à Madeleine. Parce que Madeleine est morte. C'est rare que les morts aient des émotions ou sentiments. Pas d'atteinte à des descendants puisqu'il n'y en a pas. Madeleine est morte tres âgée il y a plus de 20 ans donc la probabilité de heurter des vivants semble infinitésimale. Et il semble que la plupart des lettres ont plus de 50 ans donc légalement c'est bon.

    Après on peut trouver léger ou peu intéressant le procédé utilisé par la journaliste jusqu'à présent. Ce n'est évidemment pas un travail d'historien ni meme de journaliste. C'est un simple partage. On s'y intéresse ou pas.
    Mais non ca ne mérite pas de s'indigner: no harm is done

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  20. Au début le projet m'a intriguée puis je m'en suis désintéressée quand j'ai vu la tournure trop "pro" qu'il prenait : page Facebook, traduction des tweets et suspense vers la fin que j'ai trouvé super déplacé. Et là je découvre que tout ce buzz était en fait destiné à promouvoir un livre sur le sujet (on a posé la question à la journaliste et n'a pas démenti). Faut dire que je ne savais pas que la découverte de la cave avait lieu il y a 2 ans, je croyais que tout cela avait lieu en direct sur Twitter. Ben je trouve ça très décevant de voir que le buzz prenne le pas sur tout....Quand au filleul, il a dit "faites ce que vous voulez de ses affaires" je ne suis pas sûre que ça incluait "mettez tout sur le net". J'aimerais bien avoir son avis d'ailleurs.

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  21. En fait, c'est indécent. L'ensemble des documents trouvé dans cette cave est un corpus d'archives. Il n'a pas à être traité avec autant d'impudeur. Ce "project", c'est juste la vie de quelqu'un déballée sans son consentement. Ce corpus demandait - si tant est qu'il demandait qu'on s’intéresse à lui, exigeait, un travail d'historien, rigoureux, mesuré, scientifique. Puisque ce n'est pas la démarche choisie, je pense qu'il faut accepter que le parcours de cette dame qui n'appartient qu'à elle s'évapore et que ces lettres demeurent privées et soient oubliées. Ouvrir cette cave a du bouleverser cette jeune femme, mais il est temps qu'elle fasse le deuil de cette grand-mère imaginaire dont elle s'approprie l'intimité.

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  22. Je suis tout à fait d'accord avec toi! Merci de partager ton point de vue.
    Bonne continuation

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  23. J'ai adoré lire le récit de l'ouverture minutieuse et délicate de tous ces objets. La mise en scène est ludique, ce qui a pu me paraitre déplacé, mais en fait l'intérêt. La journaliste n'est pas à distance, elle est dans l'émotion, le partage. J'a fini par conclure qu'elle offre des funérailles à cette personne. J'ai trouvé que c'était un in memoriam que j'aimerais.

    puis cela m'a fait penser à Sophie Calle, qui photographie le contenu des valises des gens dans les hotels dont elle est femme de ménage. Sauf qu'eux sont bien vivants, ce qui donne le sel de la performance. C'est bien plus choquant.

    Enfin en relisant l'integralité du projet, j'ai finalement trouvé que les bribes de cette personne étaient iconiques d'une femme du 20eme siècle dont l'histoire est banale, ressemble à celle de mes grands mères et de leurs cousines, soeurs, amies. Il n'y a plus de voyeurisme parce que c'est un récit sous forme contemporaine d'une histoire simple, banale, l'histoire de tous.

    La suite donnée est encore à la fois une cérémonie du souvenir et le récit iconique des vieilles dames d'immeuble dont je suis la voisine. La journaliste recherche ceux qui l'ont connue, et dresse un portrait à la fois individuel et banal. Je persiste à penser que c'est un hommage.

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  24. Leave Madeleine alone

    Alone c’est ce que Madeleine a été une grande partie de sa vie.
    Son neveu n’est pas intéressé par ses affaires il l’a bien signalé et sans Clara elle aurait sombré dans l’anonymat
    Qui peut se permettre de répondre à la place de Madeleine, ni vous ni moi
    D’ailleurs pour qui Madeleine avait elle gardé tout ça ?
    Clara se pose des questions :
    : quoi faire de tout ça maintenant ? Qu'aurais-tu pensé ?

    Elle a cherché à connaître Madeleine plus que ceux qui l’ont côtoyée dans les dernières années de sa vie.

    Amélie T
    les voisins qui la connaissaient disent : « Il trouvait que ça lui redonnait vie »

    Je ne trouve pas la démarche de Clara indécente ni impudique. Auriez-vous préféré qu’elle jette tout ?

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