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dimanche 31 août 2014

Grosse fatigue



Je pensais avoir le cuir dur mais Twitter a eu ma peau.

Je rends les armes, rideau, circulez y a plus rien à voir.

Je ne supporte plus d’avoir une boule dans la gorge dès que je consulte mes mentions.

Je ne supporte plus d’avoir des migraines et le sang qui cogne aux tempes à cause de l’agressivité et de la médisance qui y règne en permanence.

Je ne supporte plus que ce petit monde virtuel vienne pourrir ma vie réelle. Les cauchemars. La consultation compulsive de mon profil, l’angoisse au ventre.

Je ne supporte plus les guéguerres d’égo entre féministes, les gens bien planqués derrière des comptes privés qui diffament en toute tranquillité,  ceux qui sortent mes phrases de leur contexte pour me faire dire n’importe quoi.

Je ne supporte plus tous ces militants qui se trompent de colère. Pendant qu’on tape sur les mauvaises féministes, qui s’occupe du patriarcat ?

Je n’ai jamais prétendu être une féministe parfaite mais l’acharnement que je subis depuis mon dernier billet me parait complètement disproportionné.

Je suis fatiguée des punchlines en 140 caractères, des clans, des gens jugés "problématiques", de la police de la pensée qui voudrait t’empêcher de retweeter untel parce que tu comprends, à un moment elle a critiqué unetelle, elle est pas "safe".

Je suis fatiguée par tout ce jargon de pseudo initiés à la con. De cette consanguinité des échanges. De ce repli sur soi-même qui fait qu’on finit par ne suivre que des gens qui nous ressemblent pour éviter le énième clash. Le Twitter féministe est devenu un microcosme dans un microcosme au sein duquel chacun accumule les dossiers. L’air y est irrespirable.

Depuis quelques jours, j’ai peur de tout. Peur de dire le mauvais mot. De retweeter la mauvaise personne.  De laisser planer une ambigüité qui pourrait laisser croire que j’aggrave mon cas.

Ca ne me ressemble tellement pas, moi qui ai toujours tweeté en mon nom et pas planquée derrière un pseudo. Librement.

J’ai toujours assumé mon franc-parler, ma transparence sur Twitter. On m’a dit que ça pourrait me porter préjudice. Effrayer de futurs employeurs ou de futurs clients. Ca ne m’a jamais fait peur ou bridé. J’ai affronté les sexistes, les antisémites.

Je n'aurais jamais imaginé que ce serait finalement des féministes qui arriveraient à me faire taire.



mercredi 27 août 2014

Muriel Douru, l'auteure de la BD féministe répond aux accusations de lesbophobie


NB : Cette interview fait suite à mon avant-dernier billet sur les brevets de féminisme.

Suite à ce post, j'ai essuyé de nombreuses accusations de lesbophobie pour avoir relayé la bande dessinée de Muriel Douru, même si j'avais pris soin d'en pointer les maladresses.

J'ai donc pris l'initiative de contacter Muriel pour qu'elle puisse nous donner son éclairage et que vous puissiez éventuellement lui transmettre vos commentaires.

Tout commentaire insultant ou diffamatoire sera bien évidemment supprimé.



Bonjour Muriel, qui es-tu? Peux-tu nous parler de ton parcours?

Bonjour Sophie et tout d’abord, mille mercis de me donner la possibilité de répondre au sujet d’un post dont le succès m’a complètement dépassé (échappé ?).

Je suis dessinatrice freelance depuis des années pour la mode, la papeterie, la décoration et l’édition. Par ailleurs, j’écris des livres (dont la plupart pour enfants) qui parlent tous d’homoparentalité et/ou d’homosexualité. J’ai été la première à le faire avec la sortie en 2003 de « Dis mamanS », un livre tout simple qui raconte les réactions des camarades de classe d’un petit garçon qui a deux mamans à la maison. Ce livre est resté dans un cadre confidentiel puisqu’il a été édité pas « Les Editions Gaies et Lesbiennes » (aucune maison d’édition jeunesse généraliste n’avait voulu de mon projet à l’époque) mais comme il fait partie des rares qui s’adressent directement aux familles homoparentales, je suis heureuse qu’il continue d’être diffusé de la même quantité chaque année, depuis plus de dix ans.

Ont suivi « Un mariage vraiment gai » (le livre qui a le plus « vieilli », tant au niveau du graphisme que du contenu puisque le mariage pour tous a été voté depuis), « Deux mamans et un bébé » (un récit autobiographique racontant l’éprouvant parcours vers bébé quand on est homo) et « Cristelle et Crioline » chez KTM (dans ce conte pour enfants une petite grenouille délaisse le crapaud qu’on veut lui imposer parce qu’elle est amoureuse… d’une autre grenouille).

Et enfin « L’arc en ciel des familles » qui sort dans quelques jours et dans lequel je décris tous les types de familles : de la famille nucléaire à homoparentale, en passant par les familles recomposées, mixtes, composées de deux mamans, deux papas ou plusieurs parents. Je suis très fière de ce nouveau projet- réalisé en collaboration avec Jérémy Patinier mon éditeur Des Ailes sur Un tracteur- car je crois qu’on n’est jamais allez aussi loin dans la description de la diversité des familles, en utilisant les « mots vrais » (GPA, PMA, coparentalité, etc…).

Comment en es-tu venue à écrire cette BD qui a eu énormément de succès sur le net?

J’avais été très choquée de découvrir ce Tumblr consacré à des femmes qui se déclarent hostiles au féminisme. A mes yeux c’est incompréhensible d’être une femme et de s’opposer à ce point à celles qui ont fait que nous sommes une génération libre et indépendante.

J’ai toujours été d’une nature « expressive », on pourrait dire une « grande gueule » ! Longtemps blogueuse (d’abord à l’écrit et de façon anonyme avant que mon blog ne devienne le livre autobiographique après avoir été repéré par un éditeur) puis à travers mes livres pour enfants, ma participation aux manifs (surtout pendant les débats liés au mariage pour tous) mais également sur les réseaux sociaux. C’est mon tempérament et j’ai décidé de l’utiliser à travers mon nouveau blog illustré, très inspiré du style de Pénélope Bagieu, Diglee ou Margaux Mottin (pour ne citer que les plus célèbres) dont j’admire le coup de crayon drôle et pertinent.

Comme souvent quand j’écris un post sur mon blog, j’ai commencé à noter des idées, faire des croquis de ce que j’avais envie de dire en réaction à ce sujet et puis- comme pour le post sur le végétarisme qui a eu beaucoup de succès aussi-, j’ai passé une nuit blanche à le rédiger. A chaque fois, c’est un vrai soulagement d’exprimer et de mettre en images ce genre de pensées, comme si j’avais besoin de les partager pour qu’elles me libèrent un peu.

Comment as-tu géré cet engouement?

En réalité, ce qui m’a « sauvé » c’est que j’ai publié le post la veille de mon départ en vacances et Le Huffington Post l’a relayé le jour-même. J’étais dans l’avion quand j’ai commencé à découvrir que les messages pleuvaient ! Ensuite, je me suis retrouvée à l’étranger sans quasiment aucune connexion internet et je n’ai découvert qu’une semaine plus tard (grâce à un texto de ma sœur) que mon post avait été liké jusqu’à 110 000 fois sur Le Huffington ! C’est à ce moment que j’ai commencé à m’intéresser à ce qui se passait et découvert les critiques qui m’étaient adressées et pour le coup, heureusement que je n’étais pas connectée pour voir tout ça dans l’heure parce que c’était parfois violent.

 Comment gères-tu ces critiques?

Très mal, du fait justement de mon engagement pour la cause homosexuelle et depuis si longtemps. C’est un peu comme si on disait à Mélenchon qu’il fait le jeu de Marine Le Pen !!! Je pense qu’il ne dormirait pas de la nuit et qu’il se sentirait complètement incompris. Comme je l’ai déjà expliqué de ci, de là, je reconnais tout à fait les maladresses de mon post. Jamais je n’aurais imaginé qu’il aurait un tel succès ni qu’il serait autant partagé sinon, croyez-moi, j’aurais fait en sorte qu’il soit le moins propice à de mauvaises interprétations. Je l’aurais encore plus peaufiné bien que je suis certaine qu’au final, il y a toujours des grincheux pour chercher la petite bête.

Car entre nous, ce que je découvre aussi c’est que quoiqu’on fasse on est attaqué et internet permet l’expression de haine, de jugement, sous couvert d’anonymat. Sauf que ce qui est cocasse dans mon cas c’est que pendant des années j’ai reçu des agressions parce que j’osais parler de l’homosexualité aux enfants et que là, … on me reproche d’être homophobe !!! C’est le monde à l’envers.

Tu as également reçu des critiques concernant des aspects jugés problématiques de cette BD, notamment des accusations de lesbophobie et de racisme. Que souhaites-tu répondre?

Comme je suis lesbienne et visible depuis longtemps, j’ai l’impression de pouvoir me jouer des clichés liés aux homos, d’avoir le droit de les représenter d’autant que je pars du principe qu’ils ont toujours un fondement, qu’ils ne viennent pas « de rien ». Les lesbiennes très masculines existent, les très féminines et les couples Butch/Fem aussi, pourquoi serait-ce un problème de les dessiner ? Je trouve cette obsession du « non cliché » un peu curieuse car tout autour de moi existent des gens qui correspondent à l’idée qu’on se fait d’eux (le Gay maniéré par exemple) et d’autres qui sont… à l’opposé !

Ce n'est pas parce que je dessine une butch que j'ai un problème avec celles qui le sont ! On me reproche le « simplisme » de mon post mais cette interprétation l’est tout autant. Faudrait-il ne pas les dessiner parce qu’elles nuiraient à l’image des lesbiennes ? Pour ma part, je me fiche complètement que les gens soient comme ci ou comme ça, ce que je voulais dire à travers ce personnage c’est que je suis certaine que ces femmes « against feminism » ont ELLES un problème avec ça (elles sont toutes super féminines sur leur Tumblr) et qu’ELLES ne veulent pas être associées à cette image, ni à celle des Femen.

Et quand je m'interroge sur le fait que cette mère pourrait imaginer que son fils soit homo parce qu'il touche les paillettes de mon sac, il me semble évident que l'homosexualité potentielle des enfants est encore considérée comme une "angoisse" pour de nombreux parents, mais ce n'est pas parce que je pense que la réaction de cette mère était liée à ça que MOI j’ai un problème avec l’homosexualité !
L’homosexualité est encore très mal vue pour un paquet de gens (on l’a bien vu au moment des débats du mariage pour tous et je suis bien placée pour le savoir), ne faut-il pas le reconnaître et lutter contre en disant, comme dans mon post (qui me semblait clair du coup) : C’est quoi le problème ??? Lâchez la grappe aux petits garçons et aux petites filles !

De plus, il s’agit d’une BD et non d’une thèse et je n’avais aucune prétention d’être porte-parole de quoique ce soit, de parler du féminisme en profondeur. Au départ, c’est une réaction à ces femmes "against feminism" et on ne peut pas s'adresser à elles avec des phrases complexes et des subtilités alors que je suis certaine que leur problème face au féminisme se situe- justement- à un niveau très basique: féministe=pas féminine, féministe= mal baisée, féministe= lesbienne, etc... des idées auxquelles elles ne souhaitent pas être associées.

Enfin, dernière chose, je suis quand même éberluée de voir que certaines « féministes » me tombent dessus pour me reprocher mon « homophobie » (suffit de taper mon nom sur Google pour rigoler de cette insulte), mon « racisme » et au final, mon « anti féminisme ». J’ai finalement l’impression de comprendre pourquoi tant de gens en ont marre des féministes, parce qu’au final, j’ai la sensation que ce n’est jamais assez « bien » pour elles, qu’il y en aura toujours pour critiquer, disséquer la prise de parole des autres et dans mon cas, dénoncer un post qui pourtant, au vu de son succès, aurait pu leur faire plaisir.

D'après ce que tu as pu voir, ta BD a-t-elle eu un impact sur le changement de mentalités (des personnes qui ne se sentaient pas forcément féministes le sont devenues par ex?).

Encore une fois, je n’avais aucune prétention avec ce post et surtout pas celle de faire croire que je peux changer quoique ce soit. Je le pense encore plus depuis que je lis des interprétations de mon propos aux antipodes de ce que j’ai voulu dire !

J’ai reçu de nombreux messages extrêmement positifs et souvent de jeunes femmes qui m’ont dit avoir été touchées par mon post parce qu’elles avaient vécues les agressions de rue ou démarraient dans la vie active.

Je suis persuadée que la bienveillance est essentielle et qu’au lieu de se chercher des noises il faut être heureux de tout ce qui fait avancer la cause des femmes. L ‘idée principale de mon billet c’était de dire : ok, nous on a la chance de vivre heureuses et libres (et dans mon cas de femme mariée à sa compagne et mère d’une petite fille, je sais ce que ça veut dire !) mais beaucoup de femmes vivent encore dans des conditions dramatiques à travers le monde. D’ailleurs à ce sujet, je n’ai rien dit au sujet du racisme parce que les mots me manquent. Je n’y peux rien si les conditions de vie des femmes sont meilleures dans les pays développés que dans les pays en voie de développement, c’est une réalité qu’on ne peut pas nier et contre laquelle il faut se lever. Car si j’ai fait ce post c’est en pensant à elles et pas à mes copines qui comme moi, vivent leur vie tout à fait librement. Donc franchement, qu’on puisse me considérer raciste, ça me sidère.

Quels sont tes projets futurs? As-tu eu des propositions suite au succès de la BD?

Je suis en train d’en faire une version en anglais qui m’a été demandée par une association de féministes polonaises (je n’en revenais pas que mon post soit arrivé jusqu’à elles !) mais je me sens un peu « freinée » du fait d’avoir découvert cette polémique à mon retour de vacances. Je me pose la question de la pertinence d’une telle action si les réactions sont à l’opposé de celles que j’attendais ! Je revois chaque image l’une après l’autre et me pose des questions (dois-je virer l’image de la femme masculine ? mais aussi celle à vélo (qui m’a été reprochée aussi !) ? ajouter des explications archi-détaillées pour ne pas que les interprétations aillent dans le mauvais sens ?). Mais en même temps, je ne peux pas complètement « dénaturer » mon post qui a également plu/parlé à beaucoup !

Et sinon, j’attends avec impatience la sortie de  « L’arc en ciel des familles », les publications que je vais avoir aux éditions Fleurus et les nouveaux projets professionnels pour la mode et la déco qui m’attendent. J’ai la joie de faire un travail qui m’épanouit complètement et je reconnais ma chance.

Pour en savoir plus :


Concours d'écriture : interview de Dominique Bochel Guégan



Aujourd'hui j'ai le plaisir d'interviewer Dominique Bochel Guégan,  2ème prix du concours d'écriture organisé sur le blog.

Vous pouvez retrouver sa nouvelle "Briques à la sauce caillou" ainsi que 10 autres textes inédits sur le site de Librinova.

Bonjour Dominique, peux-tu te présenter ?  

Bonjour, Dom, ½ siècle au compteur et pas mal de kilomètres parcourus. Je vis entre le continent africain et le continent européen, avec ma famille, mes chats et mes trois tortues, et je navigue à vue entre entreprenariat et chroniques société sur le Plus/Nouvel Obs en espérant un jour arriver à bon port.

Comment es-tu venue à l’écriture ?

Par mon ancien blog, ménagères de moins de 50 ans, qui m’a donné le goût des chroniques et des billets d’humeur, qui m’a permis de comprendre aussi l’intérêt presque thérapeutique d’écrire ses grands bonheurs et ses petits malheurs quotidiens.

Aujourd’hui, je n’écris plus sur moi, mais le Nouvel Obs m’offre le plaisir ineffable de pouvoir râler sur tout et n’importe quoi par écrit, mes proches ne l’en remercieront jamais assez.

Qu’espérais-tu en participant au concours ? Comment t’est venue l’idée de la nouvelle « Briques sauce cailloux» ?

Je n’espérais rien, je n’attendais rien, si ce n’est de relever un petit défi personnel, celui de dépasser les deux pages. L’idée, elle ne m’est pas venue car elle est en moi depuis déjà longtemps, presque un besoin, comme une évidence.

Qu’est ce que le prix a changé pour toi ? (même si c’est assez récent !). Que conseillerais-tu à ceux qui hésitent à se lancer ?

Il n’a changé qu’une chose mais elle est essentielle, c’est de me dire qu’il est possible d’aller plus loin, d’oser aller plus loin. Que deux pages, ou sept, ou quatre cents, finalement, c’est pareil et que c’est un voyage désormais possible qui a commencé avec ce premier pas.

Un conseil ? Ecrivez, c’est tout. Faites juste le premier pas.

Quels sont tes rituels d’écriture ? Où trouves-tu l’inspiration ?

Si je dis aux wc ? la douche ? Au coucher ? En fait, ce sont des mots qui se bousculent dans les moments calmes, ces rares instants dans nos vies furieuses où l’on peut entendre non pas notre silence intérieur, mais au contraire nos dialogues intimes. Des mots  murmurés que parfois je retiens, que parfois je note, et qui sont l’ébauche d’une idée, d’une phrase, d’un commencement ou d’une fin,  d’une ossature à nourrir.

Quels sont tes écrivains préférés ? Et tes blogs préférés ?

Je n’ai plus de blog préféré depuis longtemps, je surfe aujourd’hui vraiment, ce qui est à mon sens l’essence même du web, se laisser porter par l’intérêt de blog en blog, de tumblr en tumblr, de site en site en laissant sa part au hasard.
Je fuis surtout tous les blogs qui ne sont que prétexte à publicité, billets sponso déguisés ou non et petite vitrine commerciale. Là je viens de fermer ma page facebook, et je reviens de plus en plus à la vie en dehors des pixels, celle où on écrit des courriers et non plus des statuts. Je ne conserve que Twitter pour son instantanéité, ce flux permanent de choses sérieuses qu’une autre qui ne l’est pas viendra chasser et que tous auront oublié avant la fin de l’heure.

Mes écrivains préférés ? Du moment alors…
Lionel Shriver pour ce livre « Tout ça pour quoi » que j’aurais tant aimé écrire (et tous les autres que j’ai, de fait, dévorés).
Céline pour le « voyage au bout de la nuit » dont il faut absolument passer les 120 premières pages soporifiques pour apprécier la brutalité et l’ironie de ses mots.
Marc Dugain, pour tous ses livres et son regard inspiré et connaisseur sur l’histoire du monde, et surtout dans son dernier livre « l’emprise » qui résume si bien la vanité des politiques actuels et l’iniquité de leurs petits calculs personnels dans la quête du pouvoir.
Et Zola, Ken Follet, Pagnol, Stephen King, bon, en réalité je lis un peu tout ce qui me tombe sous mes lunettes de presbyte

Es-tu plutôt livre numérique ou papier ?

Avant, j’étais papier, irréductiblement papier, mais ça c’était avant. Avant de découvrir que la tablette économisait la nature, qu’on pouvait emporter l’équivalent de la Bibliothèque Nationale dans sa valise, or je bouge souvent avec ma valise et l’excédent de bagage coûte l’équivalent de la peau des fesses. Qu’il suffisait d’appuyer avec son doigt, même plein de chocolat fondu, sur un mot compliqué pour en avoir la définition et surtout, surtout, que cela permettait de lire au lit tout en laissant son conjoint ronfler peinard à ses côtés, et ça, ça n’a pas de prix. (Pour tout le reste, il y a les boules Quiès).

Quels sont tes prochains projets d’écriture ?

Hmm, je n’en sais rien, ou plutôt si, mais après le premier pas, il y a le second et il n’est pas moins difficile à faire.

dimanche 24 août 2014

Le brevet de féminisme ou le mythe de la militante parfaite




Quand on se déclare féministe (ce qui n’est toujours pas simple en 2014), c’est un peu la double peine : il y a ceux qui vous traitent immédiatement d’hystérique/de poilue/de mal-baisée.

Et ceux qui vous déclarent mauvaise féministe. Enfin, je devrais écrire « celles » car très souvent, d'après ma propre expérience, cette accusation émanait de femmes.

On m’a ainsi retiré de nombreuses fois mon brevet de féminisme. Parce que je postais des photos de recettes de cuisine ou de chaussures. Parce que j’écrivais pour des « média bourgeois ». Parce que je m’épilais. Et plus récemment, parce que j’ai envoyé un colis à mon fils quand il était en colonie de vacances (je pense que j’aurais dû l’affamer pour mériter ma médaille de bonne militante).

Très régulièrement, des personnes n’ayant qu’une vision très sommaire du féminisme (doux euphémisme) s’amusent à décerner des brevets de militante ou plutôt à les retirer sur des critères tous plus fantaisistes que les autres.

Le magazine « Elle » a ainsi proposé à ses lectrices un sondage intitulé « Etes-vous une vraie féministe ? », avec pléthore de clichés en tout genre. Un peu comme si le Ku Klux Klan s’amusait à décerner des brevets d’antiracisme.



C’est aussi le cas de cette journaliste du Figaro (journal de référence du féminisme) qui a décrété que Florence Foresti n’était pas vraiment féministe en dépit de celle qu’elle affirmait.

Selon la journaliste, le combat numéro un du féminisme moderne est…(roulement de tambour) le marketing genré.

Ah bon, merci de cette précision, je cherchais justement partout la liste des combats prioritaires.

Parce que quand je parle ici de marketing genré, on me demande de m’occuper des femmes afghanes.

Quand je parle des collégiennes enlevées au Nigéria, on me demande de m’occuper plutôt des femmes battues en France.

Quand je parle des femmes battues en France, on me demande de m’occuper plutôt des femmes violées.

Et quand je parle des femmes violées, on me dit que tous les hommes ne sont pas de violeurs.

Le combat numéro un du féminisme est donc le marketing genré.

Exit donc la pluralité des combats. La lutte pour l’égalité salariale, le droit à disposer de son corps, la parité, lutte contre le sexisme ordinaire, les violences faites aux femmes.
Exit aussi la pluralité des opinions au sein du féminisme.

Mais ça ne s’arrête pas là. Pour Le Figaro, Florence Foresti n’est pas une vraie féministe parce qu’elle revendique un « spectacle de gonzesses ».

Une citation hors contexte, certes un peu maladroite, mais qui ne mérite surement pas un jugement aussi sévère. Il faudrait préciser à cette journaliste que se déclarer féministe c'est avant tout aspirer à l'égalité hommes/femmes. Le féminisme n’est pas un dogme et il n’existe pas de charte établie de la militante parfaite. Chacun(e) chemine, à son rythme et selon ses propres contradictions. Déconstruire les stéréotypes prend du temps et ne se fait pas instantanément en faisant serment d’allégeance au féminisme, la main sur le cœur. Et l’on commet tous et toutes des erreurs. Récemment, une bande-dessinée intitulée « Le féminisme mais pour quoi faire ? » créée en réaction au Tumblr « Women against feminism » a d’ailleurs déclenché le débat au sein des sphères militantes.


Très partagée sur les réseaux sociaux par des personnes pas forcément au fait du féminisme, elle a posé question à de nombreuses d’entre nous (moi la première) car elle possédait de nombreux aspects problématiques (notamment en renforçant les stéréotypes au lieu de les dénoncer).

Pourtant, je l’ai partagée en dépit de toutes ses maladresses. 

Parce qu’elle peut toucher des personnes qui ne se seraient pas forcément intéressées à la question du féminisme autrement. Parce que tout le monde ne commence pas forcément à s’intéresser au féminisme en lisant Butler ou Dworkin. Parce que cette bande-dessinée peut être la première étape d’une prise de conscience qui donnera envie au lecteur ou à la lectrice de lire quelque chose de plus complexe et fouillé. Parce que son auteure a fait des erreurs certes mais qui n’en fait pas et peut se proclamer féministe au-dessus de tout soupçon ?

Qui sommes-nous pour distribuer les bons points et les bonnets d’âne ? Est-ce vraiment utile de se demander à longueur d’articles si Beyoncé est vraiment féministe ? Si Miley Cyrus dessert la cause (est-elle féministe ou vulgaire s’interroge cet article ?) ?

Charlotte Pudlwoski citait dans son article pour Slate en juin dernier Roxane Gay, professeure d'anglais, féministe et auteure d’un essai intitulé « Bad Feminist ». Celle-ci se revendiquait ironiquement «mauvaise féministe»: « parce qu'elle ne combat pas toutes les aliénations de la femme dans la société, parce qu'elle ne respecte pas tout le temps, sans cesse, une ligne de conduite qui permettrait sans équivoque aux femmes d'être sur un pied d'égalité avec les hommes ».

« Cette culpabilité sur le féminisme –savoir s'il est bien ajusté, s'il est bien respecté, bien revendiqué–  c'est une culpabilité qui s'ajoute à celle qui pèse déjà sur les femmes à l'ambition trop grande, à l'autorité trop écrasante, aux cuisses trop larges, aux cheveux trop bouclés » concluait ainsi Charlotte Pudlwoski . « Aux mauvaises épouses. Aux mauvaises mères. Si les féministes font peser sur les femmes un tel poids supplémentaire, qui a besoin de misogynes? ».


Avec des alliées pareilles, les féministes n’ont pas besoin d'ennemis...

Edit : Suite aux accusations de lesbophobie, l'auteure de la BD sur le féminisme répond dans les commentaires . Elle explique être lesbienne elle-même, auteure de livres sur le sujet et admet sa "maladresse".

vendredi 8 août 2014

Somewhere over the rainbow...Loom



Au début, je les trouvais sympas ces bracelets en élastique : enfin une activité créative qui occupait les enfants les jours de pluie (et dieu sait qu’ils ont été nombreux en juillet) et les détournait provisoirement de leurs écrans.

Dans la rue, je m’amusais à observer les poignets des gens « Tiens, lui c’est un papa, il a un bracelet en plastoc ».

Et puis très vite, la productivité de mes enfants est devenue frénétique et je n’ai plus eu assez de bras pour porter leurs chefs d’oeuvre. 



 Il a fallu me rendre à l’évidence : même s’ils atteignaient des degrés de sophistication inégalés, ces bracelets étaient très laids. 

 On n’a pas mis des années à faire disparaître les colliers de pâtes des cadeaux de fêtes des mères pour se coltiner ces trucs non ? Ma stratégie : tirer dessus à intervalles réguliers. A un moment donné, il y en a fatalement un qui craque. J’en ai eu 2 en 2 jours dernièrement.

 

Mon mari a une autre stratégie d’évitement : il les accumule sur le levier de vitesse (le « peace and love » est fort à propos quand on connaît sa patience au volant)

Mais le pire c’est que ces élastiques se baladent partout : après les minuscules accessoires Polly Pocket et les pièces de Lego qui nous arrachent un cri étouffé quand on marche dessus pieds nus, voilà que ces bouts de plastique se rajoutent à la longue liste des trucs à ramasser dans les 4 coins de la maison. J’en ai retrouvé dans la machine à laver, aux toilettes et même dans le tiroir des sous-vêtements. Les Rainbow Looms s’immiscent partout : même sur le petit marché normand où je vais d’habitude, les élastiques ont remplacé les vendeurs de cidre et de camembert. Une vraie invasion.



Sur Facebook, même les adultes s’y mettent, postant à qui mieux mieux leurs magnifiques productions. 

Oh la belle bague en forme de papillon. 




Quel beau stylo ! 

Cécile, bientôt 40 ans, nous expose fièrement ses oeuvres



Et ce pauvre chat qui n’a rien demandé !



Sur internet, on trouve un véritable musée des horreurs made in Rainbow Loom :

La combo de la mort : l’association banane / Rainbow Loom (pardon pour l’explosion de rétine)



Le string de pied : coucou les mycoses !



Le très seyant costume 3 pièces




Une poupée inquiétante



Le slip en Rainbow Loom

Le déguisement en Rainbow Loom



Même le pape et Julia Roberts ont été contaminés ! 




L’heure est grave ! Parents, révoltons-nous et rassemblons-nous autour du FLRL (Front de Libération du Rainbow Loom !).

Vous cherchez des excuses pour bouter les élastiques hors de votre foyer? Dites à vos enfants que ce n’est pas écologique ! Ou qu’un petit garçon a failli perdre 2 doigts en s’adonnant à cette activité diabolique !

Sinon, prenez votre mal en patience : avec un peu de chance la mode ne passera pas l’été. 

Et les bracelets en élastique rejoindront le panthéon des jouets ringards, aux cotés des toupies Beyblade, des scoubidous et des bracelets brésiliens. 


Résultat du concours Spreadshirt!

         

Random a tranché : la gagnante est donc le commentaire No 6 " Être une fille d'avril".


Bravo à elle et merci à tous pour votre participation !

Merci à la gagnante de me contacter par mail pour récupérer son bon d'achat (sophiegourion (at) hotmail.fr).