Saviez-vous qu’avant le 31
janvier 2013, le port du pantalon par les Parisiennes était passible
d’emprisonnement ? Cette ordonnance vieille de 2 siècles interdisait ainsi
aux femmes de « se travestir », avec une tolérance pour celles qui
devaient « tenir un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval ».
Le ministère des droits des femmes vient seulement de l’abroger.
Les hôtesses d’Air France,
ont, quant à elles, dû attendre 2005 pour pouvoir porter le pantalon. Une
avancée « pas du tout anecdotique car les inégalités entre les sexes
passent par la dimension symbolique", précise
l'historienne Christine Bard, également attachée à la féminisation des noms
de métiers.
Le vêtement féminin est, en
effet, bien plus qu’un simple bout de chiffon. Sa dimension politique est
intimement liée à son histoire : il a été, tour à tour, symbole de
soumission et de liberté.
La jupe, plus
particulièrement, constitue un élément premier de distinction de genre. Même si
dans l’Antiquité, les hommes portaient la tunique et la toge, le terme désigne
en Europe un vêtement exclusivement féminin depuis 1672. « Dès le Moyen-âge, il
est plus facile de montrer sa gorge que ses jambes. Car la poitrine (le sein
maternel ?) appartient à la partie haute et « noble » du corps. Contrairement
aux jambes, qui renvoient au bas « honteux », au sexe » explique l’historienne
Christine Bard.
Cette différence sexuée
établit une hiérarchie entre les genres : l’une des vocations du vêtement
féminin est avant tout d’entraver le mouvement (robe fuselée resserrée dans le
bas, harnachement des sous-vêtements, du corset au porte-jarretelle) et donc de
maîtriser les femmes. Les hommes se sont toujours octroyés des vêtements plus
faciles à porter comme le pantalon, devenu symbole de pouvoir (d’où
l’expression « porter la culotte »). A cette volonté de contention,
s’associe paradoxalement la symbolique de l’ouverture du sexe féminin. En
effet, jusqu’au 20ème siècle, les femmes ne portaient pas de sous-vêtements
mais des jupons superposés. Une évolution se produit à la fin du XIXème siècle
avec l’essor du cyclisme, les progrès de l’hygiénisme et le désir de
libération, traduit par la naissance du mouvement féministe. Les femmes se sont
alors mises à porter des culottes fendues. Puis, dans les années 1920, la
culotte fermée s’est généralisée et le pantalon a cessé d’être un symbole de
masculinité dans les années 1960. Les femmes se sont alors libérées en ayant le
choix de porter soit le pantalon, soit la minijupe.
Aujourd'hui encore, ce choix
n'est pas partout possible, puisque certaines professions exigent le port
obligatoire de la jupe.
Et l’on n’en finit pas de
réglementer le vêtement féminin. En 2009, le lycée public
Geoffroy-Saint-Hilaire d'Etampes, dans l'Essonne, interdisait jupes au dessus
du genou et bermudas. « «Seules les filles ont été réprimandées, affirme
une élève dans Le Parisien. Et pourtant personne ne met de minijupe moulante !»
Selon le quotidien, pas moins d'une cinquantaine de cartes de lycéen ont été
confisquées.
Il y a quelques jours, un
collège de Californie a interdit à ses élèves le port du legging (sauf sous
un short, une jupe ou une robe). Cette mesure a été adoptée pour éviter de
"distraire" les garçons de l'école. Au
Tadjikistan, on va encore plus loin dans les stéréotypes en interdisant
l’entrée de l’université aux jeunes filles qui ne porteraient pas de vêtements
unicolores et de chaussures à talons (jusqu’à 10 cms). La présidente du conseil
des femmes de l’université se justifie en ces termes « Les mocassins gâchent l'apparence des
filles. Nous pensons que les talons aident les femmes à se sentir plus
féminines, plus sûres d’elles, et que cela rend leurs interlocuteurs plus à
l'aise.»
Depuis
quand le plafond de verre se brise-t-il à coup de talons aiguilles ?
En fait, la petite culotte est plus ancienne que cela mais sans doute pas portée constamment comme aujourd'hui.
RépondreSupprimerC'est Catherine de Médicis qui a introduit en France la mode du "cale-con" (pour caler le con ; le mot s'est transformé en caleçon) en même temps que la mode de la monte en amazone, ce qui dévoilait la jambe et pouvait également dévoiler le con. Avant cela, les femmes montaient à cheval les pieds posés sur une planchette en bois d'un seul côté de la monture.
Merci pour cette précision, je découvre l'origine du mot caleçon grâce à toi!
SupprimerMerci pour cette petite tranche de culture. Je suis fan.
RépondreSupprimerbises
Ciloucr
Merci de m'avoir lue!
SupprimerMais je reste persuadé que notre societé vie une forme de régression sur certain point, comme si certaine liberté pour les quel on s'est battu etait doucement remise en doute, ou enlever l'air de rien . Les esprits qui avait évolué avec les mœurs, régresse doucement dans certain cas... Je trouve ca extrement inquiétant .
RépondreSupprimerBonjour Sophie,
RépondreSupprimerJ'avais justement écrit un article au sujet de la Journée de la Jupe il y a quelques années parce que celle-ci m'avait semblé une aberration - si vous avez un moment, c'est par ici :
http://pensees.eklablog.com/reflexions-sur-la-journee-toutes-en-jupe-de-npns-a15221704
Comme vous dites, il y a encore beaucoup de travail à faire niveau sexisme vestimentaire -- mais c'est fantastique de voir que de plus en plus de blogs etc...qui n'ont pas peur de dénoncer ces réglementations venus d'un autre siècle !
Izzi
Super intéressant et instructif ton article, merci de nous faire réfléchir :)
RépondreSupprimerEt si on chausse du 43 et que notre pointure n'existe pas dans cette partie du globe ?
RépondreSupprimerOu pire... si on arrive à trouver les fameux escarpins et qu'on surplombe de si haut la gent masculine ?
Merci pour cet article édifiant !
Et si on chausse du 43 et que notre pointure n'existe pas dans cette partie du globe ?
RépondreSupprimerOu pire... si on arrive à trouver les fameux escarpins et qu'on surplombe de si haut la gent masculine ?
Merci pour cet article édifiant !
Mona aime bien...les pantalons...!
RépondreSupprimer:-))
(en musique le blog...!)
:-))