Pages

A propos

Une question? C'est dans la FAQ!

lundi 15 avril 2013

Longueur de la jupe, port du pantalon : comment on n'en finit pas de réglementer le vêtement féminin



Saviez-vous qu’avant le 31 janvier 2013, le port du pantalon par les Parisiennes était passible d’emprisonnement ? Cette ordonnance vieille de 2 siècles interdisait ainsi aux femmes de « se travestir », avec une tolérance pour celles qui devaient « tenir un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval ». Le ministère des droits des femmes vient seulement de l’abroger.



Les hôtesses d’Air France, ont, quant à elles, dû attendre 2005 pour pouvoir porter le pantalon. Une avancée « pas du tout anecdotique car les inégalités entre les sexes passent par la dimension symbolique", précise l'historienne Christine Bard, également attachée à la féminisation des noms de métiers.

Le vêtement féminin est, en effet, bien plus qu’un simple bout de chiffon. Sa dimension politique est intimement liée à son histoire : il a été, tour à tour, symbole de soumission et de liberté.


La jupe, plus particulièrement, constitue un élément premier de distinction de genre. Même si dans l’Antiquité, les hommes portaient la tunique et la toge, le terme désigne en Europe un vêtement exclusivement féminin depuis 1672. « Dès le Moyen-âge, il est plus facile de montrer sa gorge que ses jambes. Car la poitrine (le sein maternel ?) appartient à la partie haute et « noble » du corps. Contrairement aux jambes, qui renvoient au bas « honteux », au sexe » explique l’historienne Christine Bard.

Cette différence sexuée établit une hiérarchie entre les genres : l’une des vocations du vêtement féminin est avant tout d’entraver le mouvement (robe fuselée resserrée dans le bas, harnachement des sous-vêtements, du corset au porte-jarretelle) et donc de maîtriser les femmes. Les hommes se sont toujours octroyés des vêtements plus faciles à porter comme le pantalon, devenu symbole de pouvoir (d’où l’expression « porter la culotte »). A cette volonté de contention, s’associe paradoxalement la symbolique de l’ouverture du sexe féminin. En effet, jusqu’au 20ème siècle, les femmes ne portaient pas de sous-vêtements mais des jupons superposés. Une évolution se produit à la fin du XIXème siècle avec l’essor du cyclisme, les progrès de l’hygiénisme et le désir de libération, traduit par la naissance du mouvement féministe. Les femmes se sont alors mises à porter des culottes fendues. Puis, dans les années 1920, la culotte fermée s’est généralisée et le pantalon a cessé d’être un symbole de masculinité dans les années 1960. Les femmes se sont alors libérées en ayant le choix de porter soit le pantalon, soit la minijupe.

Aujourd'hui encore, ce choix n'est pas partout possible, puisque certaines professions exigent le port obligatoire de la jupe.

Et l’on n’en finit pas de réglementer le vêtement féminin. En 2009, le lycée public Geoffroy-Saint-Hilaire d'Etampes, dans l'Essonne, interdisait jupes au dessus du genou et bermudas. « «Seules les filles ont été réprimandées, affirme une élève dans Le Parisien. Et pourtant personne ne met de minijupe moulante !» Selon le quotidien, pas moins d'une cinquantaine de cartes de lycéen ont été confisquées. 



Il y a quelques jours, un collège de Californie a interdit à ses élèves le port du legging (sauf sous un short, une jupe ou une robe). Cette mesure a été adoptée pour éviter de "distraire" les garçons de l'école. Au Tadjikistan, on va encore plus loin dans les stéréotypes en interdisant l’entrée de l’université aux jeunes filles qui ne porteraient pas de vêtements unicolores et de chaussures à talons (jusqu’à 10 cms). La présidente du conseil des femmes de l’université se justifie en ces termes « Les mocassins gâchent l'apparence des filles. Nous pensons que les talons aident les femmes à se sentir plus féminines, plus sûres d’elles, et que cela rend leurs interlocuteurs plus à l'aise.»

Depuis quand le plafond de verre se brise-t-il à coup de talons aiguilles ?

10 commentaires:

  1. En fait, la petite culotte est plus ancienne que cela mais sans doute pas portée constamment comme aujourd'hui.
    C'est Catherine de Médicis qui a introduit en France la mode du "cale-con" (pour caler le con ; le mot s'est transformé en caleçon) en même temps que la mode de la monte en amazone, ce qui dévoilait la jambe et pouvait également dévoiler le con. Avant cela, les femmes montaient à cheval les pieds posés sur une planchette en bois d'un seul côté de la monture.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour cette précision, je découvre l'origine du mot caleçon grâce à toi!

      Supprimer
  2. Merci pour cette petite tranche de culture. Je suis fan.
    bises
    Ciloucr

    RépondreSupprimer
  3. Mais je reste persuadé que notre societé vie une forme de régression sur certain point, comme si certaine liberté pour les quel on s'est battu etait doucement remise en doute, ou enlever l'air de rien . Les esprits qui avait évolué avec les mœurs, régresse doucement dans certain cas... Je trouve ca extrement inquiétant .

    RépondreSupprimer
  4. Bonjour Sophie,

    J'avais justement écrit un article au sujet de la Journée de la Jupe il y a quelques années parce que celle-ci m'avait semblé une aberration - si vous avez un moment, c'est par ici :

    http://pensees.eklablog.com/reflexions-sur-la-journee-toutes-en-jupe-de-npns-a15221704

    Comme vous dites, il y a encore beaucoup de travail à faire niveau sexisme vestimentaire -- mais c'est fantastique de voir que de plus en plus de blogs etc...qui n'ont pas peur de dénoncer ces réglementations venus d'un autre siècle !

    Izzi

    RépondreSupprimer
  5. Super intéressant et instructif ton article, merci de nous faire réfléchir :)

    RépondreSupprimer
  6. Et si on chausse du 43 et que notre pointure n'existe pas dans cette partie du globe ?
    Ou pire... si on arrive à trouver les fameux escarpins et qu'on surplombe de si haut la gent masculine ?

    Merci pour cet article édifiant !

    RépondreSupprimer
  7. Et si on chausse du 43 et que notre pointure n'existe pas dans cette partie du globe ?
    Ou pire... si on arrive à trouver les fameux escarpins et qu'on surplombe de si haut la gent masculine ?

    Merci pour cet article édifiant !

    RépondreSupprimer
  8. Mona aime bien...les pantalons...!
    :-))
    (en musique le blog...!)
    :-))

    RépondreSupprimer