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lundi 29 avril 2013

Autopromo : Barbie à la poubelle


Mon premier article sur Rue89 est en ligne : "Raciste, irréaliste, esclavagiste : 5 raisons de jeter Barbie à la poubelle".

En 2 jours, plus de 40 000 visites, 217 réactions (pas toujours tendres) : je ne pensais pas que le sujet allait déclencher autant de polémiques et de passions!

Ce matin, j'ai même découvert que Natacha Polony en parlait sur Europe 1 dans sa revue de presse! (vers la cinquième minute).

En espérant que vous aurez autant de plaisir à le lire que j'ai eu à l'écrire!

vendredi 26 avril 2013

De mains en mains



Plusieurs personnes m'ont demandé de mettre en ligne les textes produits lors de l'atelier d'écriture des nouveaux talents. Voici donc celui écrit lors de l'avant-dernière journée.

La consigne était la suivante : "Ecrire une scène clé de son roman, un moment décisif et prendre un risque. Choisir une difficulté". Si la consigne vous inspire, n’hésitez pas à participer vous aussi.

"J’aimerais, là tout de suite, dire aux enfants de se taire, de nous laisser à nos débats interminables d’autrefois, à nos conversations sans queue ni tête. 

Mais les enfants sont muets, comme nous, calés dans leur siège auto, tels des animaux sauvages sentant l’orage venir. 

J’observe sa main qui va et qui vient, saute du volant au levier d’accélérateur. Ses mains carrées, si différentes des miennes, des mains de pragmatique, de chef d’entreprise. 

Au début nous en riions de ce décalage entre nous,  de cette alliance improbable de la carpe et du lapin. Tu te moquais de mon côté artiste et bohème, je raillais tes atours de bourgeois, ton insupportable côté rive gauche. 

Coup bref d’accélérateur. Coup de frein. 

Ma tête, en retombant, me pèse. 

Je me souviens encore de notre sortie de la maternité, moi assise à l’arrière avec notre précieux trésor, toi conduisant à 2h à l’heure par peur de le heurter, de nous heurter. Aujourd’hui j’ai l’impression que tu comptes plutôt sur les airbags pour nous protéger. La technologie est décidément quelque chose de formidable. Elle permet d’éviter la mort, de rapprocher les gens, de retrouver d’anciennes amours que l’on croyait enterrées. Et de passer à la moulinette un quotidien sans saveur. 

Aujourd’hui cette magnifique berline toute option me ramène chez ma mère, en toute sécurité et sans risque de se perdre grâce à un GPS très sophistiqué. Cet autoradio numérique avec clé USB intégrée beugle sa soupe pop, nous évitant ainsi d’avoir à meubler le silence par une conversation vaine. Je te chanterais bien la complainte du progrès mais tu ne connais sans doute pas Boris Vian. Et je crains que cette petite extravagance que tu appréciais tant autrefois se retrouve consignée dans mon dossier. Pas besoin d’aggraver mon cas.

Pour trouver une maigre consolation à toute cette débâcle, j’observe froidement tes pores dilatés, tes tempes dégarnies, ton ventre qui pointe sous la chemise.

Quand je travaillais dans l’industrie, avant tout ça, on mettait les produits sous des lampes puissantes pour voir comment ils évolueraient avec le temps. 10 ans résumés en 5 minutes, le vieillissement accéléré ça s’appelait. En te voyant, je me dis que ce genre de machine devrait être appliquée à l’humain, ça éviterait bien des désillusions. Sentiments effilochés, corps dégradés, on montrerait la photo aux futurs mariés en leur demandant « Vous êtes vraiment sûr? Le meilleur c’est maintenant, le pire ça sera ça». 

Je pose ma main sur la tienne, en espérant y trouver un peu de chaleur ou au moins sentir le sang y affluer. Mais ta main est comme morte, simplement posée sur le levier de vitesse, comme une main de pantin cassée qui serait tombée là par hasard. Enième façon de me dire que tu passes la main et me rends la mienne. Tu files,  sans doute pour fuir ta vie étriquée et livrer à destination ce paquet encombrant que nous constituons désormais tous les 3.

« Madame, vous m’entendez ? Serrez ma main si vous m’entendez. Elle répond pas, quelqu’un peut appeler une ambulance ? Quelqu’un d’entre vous peut-il sortir ses putains de mains de ses poches et appeler le SAMU ? » "


mardi 23 avril 2013

"Les femmes sont bavardes" : encore une étude à la con, sexiste et erronée



L’article tourne en boucle sur Twitter depuis ce matin, dans une espèce de jubilation décomplexée : "Oui, c’est prouvé, les femmes sont plus bavardes que les hommes".

Un des clichés les plus répandus au sujet des femmes qui obtient une caution scientifique, voilà qui permet de retweeter sans être accusé de sexisme.

Sauf que.

La « protéine du langage » identifiée comme telle l’a été sur des rats puis l’étude a ensuite été extrapolée sur des enfants âgés de 4 et 5 ans qui étaient morts dans des accidents. Les chercheurs ont analysé la quantité de protéines FOXP2 qui se trouvait dans leur cerveau et en ont trouvé en moyenne 30% de plus chez les filles. Souci de taille : les chercheurs ne sont pas parvenus à démontrer que les hommes plus bavards produisaient davantage de cette protéine, au même titre que les femmes plus discrètes auraient des taux de cette protéine plus bas dans le cerveau.

La « découverte » a d’ailleurs suscité de nombreuses réactions, notamment de blogs spécialisés dans le langage qui contestent les soi-disant études qui démontreraient que les femmes sont plus bavardes que les hommes. Language Log cite notamment une étude publiée par Science Mag en 2007 intitulée: «Est-ce que les femmes parlent vraiment plus que les hommes et qui conclut que les hommes et les femmes utilisent à peu près le même nombre de mots par jour (16 000) à partir de recherches menées dans six universités aux Etats-Unis et au Mexique.

Ce qui n’a pas empêché les sites et les journaux de reprendre allégrement l’étude sans pincettes ni précisions.

Il faut dire que le sujet du langage est éminemment politique : il n’est pas neutre et reflète les enjeux de pouvoir et la division genrée de notre société.

Cet excellent article tiré du site « Les mots sont importants » l’explique très bien.

-       Le stéréotype de la femme bavarde est extrêmement répandu alors qu’aucune étude ne l’a formellement confirmé. Bien au contraire, de nombreuses recherches ont montré qu’en réalité, ce sont les hommes qui parlent le plus. (en 1951, Strodtbeck a mis en évidence que dans des couples hétérosexuels mariés, les hommes parlaient plus que les femmes)

-       Dale Spender s’est penché sur le mythe de la femme bavarde pour l’analyser : on ne juge pas les femmes en comparaison d’hommes qui seraient moins bavards. Elles sont jugées bavardes par rapport aux femmes silencieuses. « La norme ici n’est pas le masculin mais le silence, puisque nous devrions toutes être des femmes silencieuses. Si la place des femmes dans une société patriarcale est d’abord dans le silence, il n’est pas étonnant qu’en conséquence, toute parole de femme soit toujours considérée de trop. On demande d’ailleurs avant tout aux femmes d’être vues plutôt qu’entendues, et elles sont en général plus observées que les hommes (Henley, 1975). »

-       Un même comportement sera jugé différemment en fonction du sexe : alors qu’un homme pourra parler autant qu’il le souhaite, une femme sera sanctionnée pour la même action. C’est ce qu’on appelle le « double standard » : « Une étude faite lors de réunions mixtes dans une faculté montre la différence énorme de temps de parole entre les femmes et les hommes (Eakins & Eakins, 1976). Alors que le temps moyen de discours d’une femme se situe entre 3 et 10 secondes, celui d’un homme se situe entre 10 et 17 secondes. Autrement dit, la femme la plus bavarde a parlé moins longtemps que l’homme le plus succinct ! »

En conclusion, les femmes parlent trop, en effet, … par rapport aux femmes silencieuses ! Continuons donc à l’ouvrir !



dimanche 21 avril 2013

Seins et dictature de l'apparence



Jusqu’où ira la dictature de l’apparence ? Des seins à gonfler aux sexes à blanchir en passant par les aisselles à sublimer, on pensait avoir tout vu.

Pourtant, la nouvelle tendance esthétique au Royaume Uni prouve qu’il reste encore des zones corporelles non exploitées. Le « titooing », tatouage des mamelons à des fins purement esthétiques, fait actuellement fureur, notamment auprès des jeunes femmes de 18 à 25 ans. L’opération sous anesthésie locale consiste à foncer et mieux définir l’aréole des seins jugée trop rose et source de complexes pour de nombreuses femmes.

Gail Proudman, médecin indépendant dans une clinique, explique : « Beaucoup de femmes souhaitent avoir des mamelons foncés. C'est la mode. Certaines les trouvent trop roses ou pensent que cela ferait plaisir à leur petit ami. En feuilletant les magazines, elles subissent malheureusement la pression de leurs pairs. Ces femmes se font donc opérer pour pouvoir être seins nus sans complexer. »

La procédure, autrefois réservée aux cas de chirurgie reconstructrice, a désormais envahi le terrain purement esthétique.  D’un coût de 1500€ pour une durée de 12 à 18 mois, elle constitue une véritable manne financière pour les praticiens et rattrape en volume la chirurgie intime et mammaire. Le titooing touche désormais des clientes de plus en plus jeunes explique Danielle Price, une technicienne : « Des jeunes filles viennent me voir et me disent que leur petit ami les aimera davantage. C’est assez inquiétant de voir qu’elles le feraient juste pour ça ». Michelle, une mère de 32 ans, s’estime, quant à elle,  ravie de l’opération « Mes mamelons étaient trop petits, je me sentais comme une jeune fille. C’est une des meilleurs choses que j’ai jamais faite, cela m’a redonné confiance en moi».

Graham Offer, de l’association britannique des chirurgiens plastiques met néanmoins les femmes en garde : le tatouage est semi-permanent et l’on ne sait pas comment il évoluera au fil du temps. En effet, la taille de l’aréole et du mamelons subissent des variations, notamment au cours de la grossesse : il est donc nécessaire d’être prudent et de mûrement réfléchir avant de s’engager dans ce type de procédure.

Après les mamelons, les tétons subiraient eux aussi la dictature impitoyable de l’apparence. Un gadget japonais poétiquement nommé « Inverted Nipple Suction Dream Charm Adjuster » se charge désormais de corriger les tétons qui ne seraient pas assez saillants ! 


En Thaïlande, un nouveau métier à vu le jour : gifleuse de seins ! A coups de claques et de pincements, ces femmes promettent à leurs clientes d’augmenter leur tour de poitrine d’une taille de soutien-gorge. Une méthode naturelle qui n’en est pas moins coûteuse : 450 euros pour deux sessions de 15 minutes, une par sein.



Sur la vie de mammaire, le business des seins a encore de beaux jours devant lui !

jeudi 18 avril 2013

Powerful yogurt : le yaourt, pour eux, les hommes



En 1998, Richard Berry rassurait déjà les hommes dans cette publicité pour Sveltesse : oui, on peut être un mec et manger un yaourt sans perdre une once de virilité.


15 ans après, la société américaine « Powerful Yogurt » (littéralement « yaourt puissant ») lance le premier yaourt grec développé spécifiquement à l’attention des hommes (merci @LawraProut pour l'info). Un vrai acte militant qui tente de mettre fin à la mainmise des femmes sur le secteur lacté ! Heureusement, Powerful Yogurt est là pour dire adieu au matriarcat du yaourt !


« Dans un secteur niche dominé par des consommateurs féminins, nous avons décidé de développer un nouveau yaourt grec spécifiquement adapté à la santé et aux besoins de nutrition des consommateurs les plus négligés dans cette catégorie : les hommes. »

« Nous espérons que ce produit constituera à leurs yeux une option saine dans un monde où il est si difficile de manger correctement. Nous ne parlons pas  ici de Rocky Balboa, mais d’un mec normal comme vous et moi, qui s’entraine de temps en temps, qui prend de soin de lui et de son apparence, mais qui boit aussi de la bière et mange des ailes de poulet. »

Qu’est ce qui différencie ce yaourt testostéroné de ses petits confrères non genrés dans un linéaire de supermarché ?

-       Son format : on a beau répéter que la taille ne compte pas, le « Powerful yogurt » est vendu en « man size » (taille homme ») c’est à dire d’une contenance 33% plus importante qu’un yaourt grec classique

-       Son packaging imprimé noir et rouge, qui se remarque dans le linéaire façon « je ne suis pas un yaourt de gonzesse »

-       Ses promesses produits : augmente la masse musculaire, brule les graisses, améliore les capacités digestives et….booste la fertilité ! (ce dernier argument a depuis disparu du site !)

L’homme, le vrai, selon la vision stéréotypée de Powerful Yogurt, recherche avant tout la puissance physique et sexuelle (et se nourrit de bière et d’ailes de poulet).

Question parfums, on reste néanmoins sur du très classique : nature, banane, myrtille, framboise, pomme cannelle et mangue.

On a heureusement échappé au parfum bière ou ailes de poulet ! Mais ne nous réjouissons pas trop vite…