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Une question? C'est dans la FAQ!

mardi 15 décembre 2015

Interview fromage et féminisme : Ariane Grumbach


Parce que le fromage c’est la vie.
Parce que les féministes ont de l’humour.
Parce que militantisme et fromage ne sont pas incompatibles.
Parce qu’il n’y a pas un féminisme mais des féministes.

J’ai crée cette série d’interviews décalées « Fromage et féminisme » #FF.

Aujourd’hui c’est Ariane Grumbach qui répond à mes questions.

NB : Cette série d'interviews a été menée au mois d'octobre donc bien avant la série d'attentats du 13 novembre 

Bonjour Ariane, peux-tu te présenter en quelques mots : es-tu plutôt coulante comme un brie de Melun ou forte comme un Munster ?

Ni l’un ni l’autre. Plutôt un excellent camembert, parfait équilibre d’une onctueuse douceur et d’un brin de fermeté un peu carrée…

D’après toi, le féminisme on en fait tout un fromage ?

Un fromage ce n’est pas assez, on devrait même plutôt en faire tout un immense plateau de 365 fromages (cf ce que disait De Gaulle…) pour s’en occuper chaque jour de l’année 

La dernière actualité (pub sexiste, bad buzz, déclaration de people…) qui sent le roquefort ?

Désolée, je suis très peu les actus et donc tout cela m’échappe largement sauf ce que tu mets en exergue toi-même car je te lis assidûment et je trouve que tu n’exagères jamais dans tes emportements (et ce n’est de la basse flatterie !)

Comment couper le fromage de façon féministe (et donc égalitaire) ?

Je suis ô combien pour l’égalité mais dans le domaine alimentaire, je préfère parler d’équité et donc couper le fromage de façon féministe, ce serait que chacun/e en mange selon son appétit et pas forcément une femme autant qu’un homme…

Ton plateau de fromage idéal ? Avec qui aimerais-tu le partager ?

Mon credo en toutes choses est la DIVERSITE ! Donc ce sera un plateau joliment présenté de fromages (au moins 3 et possiblement bien davantage,  de styles, de textures, d’origines différents, par exemple un de vache, un de chèvre, un de brebis pour ne faire pas de jaloux) de saison (car, oui, il y a aussi des saisons pour le fromage !). Je le partagerai avec toute personne gourmande, curieuse et n’ayant pas la moindre arrière-pensée de peur calorique derrière la tête…

Le one pot pasta a créé la polémique : et toi, c’est quoi ta recette de la honte avec du fromage ?

Je n’ai honte de rien de ce que je mange mais tu me rappelles que dans une de mes années étudiantes, une base de mon alimentation fut le couple crousti-moelleux Krisprolls-Caprice des Dieux (euh, on peut citer des marques ?). Je devrais re-goûter pour voir…

Comme moi, tu fais partie de la team #vieilletwitta : qu’est ce qui te fait sentir parfois comme une vieille croûte, sur Twitter ou ailleurs ?

D’abord je n’ai rien contre les vieilles croûtes, surtout celles d’un bon parmesan qui parfumeront plaisamment une soupe (ne gaspillons rien !). Ensuite, je ne me sens pas du tout vieille croûte sur twitter ni ailleurs d’ailleurs : mon âge mental est très très en deçà de mon âge réel…  sauf quand on parle de tout un tas de people qui me sont totalement inconnus… (mais je ne rate rien, je crois…)

Pour toi le féminisme c’est plutôt à -0% de matière grasse comme le Bridelight ou à plus de 35% comme le Brillat Savarin?

Beuuuurk le Bridelight et tous les insipides fromages à 0% qui ne méritent même pas ce qualificatif… Mon rêve féministe serait que toutes les femmes se régalent de vrais fromages et ne laissent pas cela aux hommes parce que j’aurais réussi à les convaincre que le fromage ne fait pas grossir, hantise beaucoup trop répandue, et que le gras, c’est bon !

Es-tu favorable à une AOC pour le féminisme ?

Aie aie aie, surtout pas, rien qui risque de le figer, le contraindre, l’empêcher d’évoluer, de le contraindre : le féminisme doit être terre de liberté, non rigide, non dogmatique.

Si on devait remplacer « Belle des champs » par une femme que tu admires, qui serait-elle ?

J’ai pensé à la blogueuse-journaliste Caroline Franc Desage : elle est blonde et se ferait sans problème de jolies nattes , elle adorerait sûrement se retrouver en salopette confortable, tenue fantasmagorique pour elle, et gambader à travers champs, d’autant qu’elle vient de se mettre à la course à pied ;-)

Merci à Ariane pour cette interview!

Tu es féministe, tu aimes le fromage et tu souhaites être interviewée ? (tu as le droit de répondre même si tu le détestes, le fromage, pas le féminisme). Ecris-moi un petit mail à sophiegourion(at)hotmail.fr et je t’enverrai les questions !




lundi 14 décembre 2015

Nurofen condamné pour tromperie : après la taxe tampon, la taxe règles douloureuses?


 Etre une femme coûte 1400$ de plus par an, j'en avais parlé ici : c'est ce que le magazine Forbes avait appelé la "Woman Tax".

J'avais également épinglé sur le site "Womenology" la marque Dulcolax qui avait lancé un laxatif "spécial femmes" dont la composition était identique à celle du laxatif classique mais dont le prix était plus élevé.

J'avais trouvé incroyable à l'époque que l'industrie pharmaceutique autorise ce genre de publicité mensongère.

Mais les choses seraient-elles en train de changer?

Je découvre aujourd'hui en effet que la marque Nurofen vient d'être condamnée pour tromperie en Australie.

La cour fédérale australienne a estimé que la multinationale basée en Grande-Bretagne s'était rendue coupable de tromperie en conditionnant le Nurofen sous différents emballages contenant tous le même ingrédient, 342 milligrammes de lysine d'ibuprofène.

Elle a ordonné le retrait sous trois mois de boîtes de Nurofen qui étaient vendues comme traitant particulièrement le dos, la migraine, ou encore les douleurs liées aux règles.

En France, le Nurofenfem, rose bonbon et destiné à soulager les règles douloureuses, est en revanche toujours en vente. Et coûte 20% plus cher que le Nurofen classique, à composition identique.

Après la taxe tampon, la taxe règles douloureuses?


Interview fromage et féminisme : Truuffe



Parce que le fromage c’est la vie.
Parce que les féministes ont de l’humour.
Parce que militantisme et fromage ne sont pas incompatibles.
Parce qu’il n’y a pas un féminisme mais des féministes.

J’ai crée cette série d’interviews décalées « Fromage et féminisme » #FF.

Aujourd’hui c’est Truuffe qui répond à mes questions.

NB : Cette série d'interviews a été menée au mois d'octobre donc bien avant la série d'attentats du 13 novembre 

Bonjour Truuffe, peux-tu te présenter en quelques mots : es-tu plutôt coulante comme un brie de Melun ou forte comme un Munster ?
Je dirais que je suis plutôt Beaufort : beaucoup de goût et du caractère.

D’après toi, le féminisme on en fait tout un fromage ?
Oui on en fait tout un fromage, mais c’est une bonne chose, je préfère encore qu’on conteste / déteste / troll le féminisme. Comme disait le grand poète Jean-Jacques « Tout mais pas l’indifférence » ! Je préfère que ça agace, au moins on parle du sujet.

La dernière actualité (pub sexiste, bad buzz, déclaration de people…) qui sent le roquefort ?
Les pubs Accor Hotel Arena :

Un soupçon de culture du viol, une pincée de sexisme, et le tout bien remué avec une pensée vaseuse, on tient un bon gros win ! 

Comment couper le fromage de façon féministe (et donc égalitaire) ?
On laisse chacun couper la part qui lui convient, sans se censurer et avec un couteau qui coupe bien, rien de plus pénible que de devoir se battre avec le fromage.

Ton plateau de fromage idéal ? Avec qui aimerais-tu le partager ?
Cantal jeune, beaufort, tomme de Savoie, comté et roquefort + du pain frais avec une croute bien craquante.
Je proposerais bien à Matthew Bomer de venir en croquer un morceau !

Le one pot pasta a crée la polémique : et toi, c’est quoi ta recette de la honte avec du fromage ?
Mon remède de lendemain de cuite : Fromage + Thé, sans pain.
Parce que le fromage ça guérit !

Comme moi, tu fais partie de la team #veilletwitta : qu’est ce qui te fait sentir parfois comme une vieille croûte, sur Twitter ou ailleurs ?
Je ne comprends plus les TT…
Là tout de suite le top TT c’est #1YearSinceStealMyGirl , et d’après mes recherches c’est une chanson des One Directions, groupe dont je suis incapable de fredonner le moindre titre alors que j’ai cité Jean-Jacques (amour de ma vie depuis que j’ai 12 ans) plus haut… je pense que je suis une vieille croute !

Pour toi le féminisme c’est plutôt à -0% de matière grasse comme le Bridelight ou à plus de 35% comme le Brillat Savarin?
Serait-il possible d’arrêter d’insulter les bons produits de France ?
Je vais aller plus loin, le féminisme c’est de la crème fraiche de Normandie avec de la matière grasse partout !
La meilleure c’est la Hardel :


   
Y’en a au George V, mais surtout ça vient de chez moi J
Et quand on retourne le pot, la crème tient, c’est comme le féminisme : même si tu es toute tourneboulée par un événement quelconque (ou tes règles parce-que tu es une fâââââââââââââme), JAMAIS tu ne laisses tomber

Es-tu favorable à une AOC pour le féminisme ?
Non, les idées ça ne se labellise pas.
En revanche des cours à l’école primaire oui.

Si on devait remplacer « Belle des champs » par une femme que tu admires, qui serait-elle ?
1/ Ma Maman, parce qu’elle ne m’a jamais dit ce que c’était que d’être une « vraie fille », qu’elle aime le foot, et qu’elle fait les mêmes reproches / compliment à mes frères et moi
2/ Clara Gaymard : PDG, 9 enfants, 55 ans… franchement respect !
3/ Mercedes Erra
 
Merci à Truuffe pour cette interview!

Tu es féministe, tu aimes le fromage et tu souhaites être interviewée ? (tu as le droit de répondre même si tu le détestes, le fromage, pas le féminisme). Ecris-moi un petit mail à sophiegourion(at)hotmail.fr et je t’enverrai les questions !

jeudi 10 décembre 2015

Interview fromage et féminisme : Petit Bourgeon



Parce que le fromage c’est la vie.
Parce que les féministes ont de l’humour.
Parce que militantisme et fromage ne sont pas incompatibles.
Parce qu’il n’y a pas un féminisme mais des féministes.

J’ai crée cette série d’interviews décalées « Fromage et féminisme » #FF.

Aujourd’hui c’est Petit Bourgeon qui répond à mes questions.

NB : Cette série d'interviews a été menée au mois d'octobre donc bien avant la série d'attentats du 13 novembre 
 
Bonjour Petit Bourgeon, peux-tu te présenter en quelques mots : es-tu plutôt coulante comme un brie de Melun ou forte comme un Munster ?

Hello, je pense que je suis plutôt ferme comme un camembert pas trop fait !
Les gens me voient comme coulante mais je sais de plus en plus où je vais alors j’ai forgé ma croûte. Affûtez vos couteaux !

D’après toi, le féminisme on en fait tout un fromage ?

Bien sûr, ce qui est absolument nécessaire ! Comment imaginer un repas sans le fromage ? On a les mises en bouche, c’est-à-dire le blabla habituel, puis l’entrée, là on voit de quoi l’interlocuteur veut parler, on attaque l’argumentation avec le plat de résistance et on en vient toujours au fromage, car tout ce qui est autour de nous est susceptible d’être amélioré/changé grâce au féminisme. Je vois continuellement des exemples au quotidien, surtout en étant mère de famille. Enfin, le dessert, soit c’est la tarte (dans la tronche) ou bien c’est du gâteau si la personne en face n’est pas bouchée (boucher)

La dernière actualité (pub sexiste, bad buzz, déclaration de people…) qui sent le roquefort ?

Il y en a tellement ! Je ne regarde plus la TV donc j’échappe à un gros paquet d’immondices, mais je tombe toujours sur ce qui est relayé sur Twitter par ma liste de veille (dont tu fais partie)
Pour moi, à force ça ne sent plus le roquefort, ça sent le moisi de chez moisi, à savoir qu’il y a toujours une femme nue pour vendre tout et rien…
Ben tiens, on est en octobre, on bouffe de l’octobre rose à toutes les sauces, ce qui est un prétexte selon certaines marques pour mettre encore l’accent sur le sexisme, comme si on avait besoin de ça !

Comment couper le fromage de façon féministe (et donc égalitaire) ?

En discutant au préalable de la part souhaitée par chacun. Tout passe par le dialogue, non ?

Ton plateau de fromage idéal ? Avec qui aimerais-tu le partager ?

Un peu de tout, avec tout le monde. Sauf ceux qui sont s(aint N)ectaires
Je souhaite devenir Professeure des Écoles et je compte bien partager élargir le palais de mes futurs élèves, leur ouvrir l’esprit

Le one pot pasta a crée la polémique : et toi, c’est quoi ta recette de la honte avec du fromage ?

Faire réchauffer mes coquillettes au micro-ondes avec du bleu d’Auvergne ou du roquefort dessus. Ça empeste dans toute la cuisine, mais je me régale !

Pour toi le féminisme c’est plutôt à -0% de matière grasse comme le Bridelight ou à plus de 35% comme le Brillat Savarin?

Si le féminisme était à 0% de conneries ça serait déjà bien…
Un équilibre est nécessaire, en parlant de gras j’ai de la chance de ne pas en vouloir à mon corps et j’ai l’impression que c’est rare aujourd’hui, je profite donc des repas sans me priver ni me forcer.
Le fromage à 0% c’est une aberration, non ?... Encore un truc pour déclamer aux femmes qu’elles doivent faire attention à ce qu’elles ingurgitent, c’est écoeurant.

Es-tu favorable à une AOC pour le féminisme ?

Si ça servait à jeter les bases pour de bon auprès de tout le monde comme quoi personne n’est gagnant en cas de sexisme, oui.

Si on devait remplacer « Belle des champs » par une femme que tu admires, qui serait-elle ?

Si je dis « par toi », ça manque un peu d’imagination !
Je mettrais bien Ruby Rose parce qu’elle me parle, j’aime son attitude de « badgirl » mélangée à « j’aime les animaux XoXo », elle dégage une énergie folle et j’en ai besoin.

Merci à Petit Bourgeon pour cette interview!

Tu es féministe, tu aimes le fromage et tu souhaites être interviewée ? (tu as le droit de répondre même si tu le détestes, le fromage, pas le féminisme). Ecris-moi un petit mail à sophiegourion(at)hotmail.fr et je t’enverrai les questions !




mardi 8 décembre 2015

Cellulite et shampooing 3 fois par semaine : les inventions du marketing pour nous faire consommer






Aujourd’hui, 92% des français se lavent les cheveux en moyenne 3 fois par semaine. Et il se vend en France un shampooing toutes les 6 secondes ! 

Autre segment ayant le vent en poupe, celui de la minceur : le secteur de la cosmétique minceur représente ainsi à lui seul 70 millions d’euros.

Se laver les cheveux plusieurs fois par semaine ou se tartiner de crème anticellulite à l’approche de l’été nous paraissent aujourd’hui des gestes naturels que nous avons tous et toutes parfaitement intégrés. 

Pourtant, saviez-vous que la cellulite n’est en réalité qu’une invention marketing née dans les années 30 ? Tout comme l’injonction à se laver les cheveux plusieurs fois par semaine, manière détournée pour l’industrie cosmétique de générer des profits.

En effet, jusqu’au début du XXème siècle, les femmes ne se lavaient les cheveux qu’une fois par trimestre (les produits, jugés trop agressifs, étaient accusés de causer des migraines). Le premier shampooing liquide est crée en 1927 en Allemagne par Schwarzkopf . Il est alors destiné aux coiffeurs. En 1934, L’Oréal commercialise ensuite à grande échelle le fameux premier shampooing moderne de grande consommation, le berlingot DOP. « «À la fin des 30’s, les magazines féminins conseillent un shampooing toutes les deux ou trois semaines», écrit Laurence Coiffard, professeure de pharmacie à l’université de Nantes. 



Mais les industriels préconisent un usage quotidien et 2 lavages successifs. Ils créent alors des après-shampooings à base de silicones pour soigner les cheveux abîmés par ce grand décapage.

Car le shampooing est le produit marketing par excellence : plus on se lave les cheveux, plus les cheveux regraissent vite à la racine et se dessèchent aux pointes. Un cercle vertueux pour les marques de cosmétiques.

Cet article de Gizmodo explique à ce propos de façon très détaillée comment les publicitaires ont crée chez nous le besoin d’être propre, en surfant sur la culpabilité et la stigmatisation (à l’image du slogan d’un produit contre la mauvaise haleine « Often a bridesmaid, never a bride » (« Souvent demoiselle d’honneur, jamais mariée »).


Aujourd’hui, on assiste à une prise de conscience des consommateurs face à l’hygiénisme galopant des marques de cosmétiques avec la tendance du « no poo » (l’arrêt progressif du shampooing) et du low poo (l’usage de shampoings naturels ne contenant ni parabène, ni silicone, ni sulfates)

"J'en avais assez d’allouer autant de temps et d’argent à une partie de mon corps d’une importance, somme toute, non vitale, et d’utiliser des produits ni bons pour ma santé, ni pour la planète" explique ainsi Ophélie sur son blog. Elodie-Joy Jaubert, auteur de J'aime mes cheveux (Ed. La Plage), confirme cette tendance sur le blog d’Anne-Sophie Novel : "L'effet mode du 'je ne me lave plus les cheveux' prend sa source dans l'envie de se libérer des conventions dictées par une société de consommation faisant des soins capillaires une source de profit financier, mais aussi, hélas, de pollution de la planète".

Pour autant, cela n'empêche pas les marques de lancer des produits toujours plus farfelus : un shampooing "spécial cheveux courts", il fallait l'inventer!



 Autre source de profit financier : les produits minceur, qui promettent corps galbé et disparition de la cellulite, synonyme de laisser-aller. Pourtant, peu de gens savent que la peau d’orange est une invention marketing créée dans les années 30 comme l’explique Rossella Ghigi dans « Le corps féminin entre science et culpabilisation » citée dans cet article : «  « Si aujourd’hui la cellulite hante les couvertures des magazines féminins et les vitrines des pharmacies dès le printemps, avant qu’elle ne soit produite comme « souci collectif » et pathologie féminine, la cellulite n’était pas reconnue. Cette chair féminine adulte portée en objet de disgrâce est née en France dans les années 1920. La première définition du terme “cellulite” se trouve dans un dictionnaire français de 1873, plus précisément dans la 12e édition du Dictionnaire de médecine dirigé par Littré et Robin. La cellulite y est définie comme une inflammation de tissu cellulaire ou lamineux.


Rossella Ghigi reconstitue le processus historique et social au terme duquel la cellulite est pensée comme une « intoxication » du corps féminin. L’aura de la cellulite trouve son plein épanouissement pendant les années vingt et trente en France, au moment même où l’obésité devient « une véritable passion publique ». Au cours de cette période les seuils socialement définis de tolérance de l’obésité s’affaissent : au centre de la « moralisation » de l’obésité, les femmes. Les revues féminines, notamment Marie-Claire et Votre Beauté participent pleinement de ce mouvement.



Dans la revue Votre beauté, la cellulite fait sa première apparition en février 1933, dans un article du Dr Debec. Définie comme “le problème” auquel la gymnastique n’apporte aucun remède, elle est décrite comme un amoncellement « d’eau, de résidus, de toxines, de graisse, qui forment un mélange contre lequel on est assez mal armé ». La cellulite clairement relève de l’obésité. Cet article est fondateur pour Rossella Ghigi : en effet les deux caractéristiques principales de la cellulite sont déjà présentes : la cellulite est définie comme “féminine” et requiert “des soins spécifiques”. Via le courrier des lectrices, la cellulite fait véritablement son entrée dans le magazine. ».

Depuis, les rédactions de magazines féminins en ont fait un marronnier, entre 2 pages de publicités pour des produits amincissants. Et les journaux peoples n’hésitent pas à clouer au pilori les peoples aux cuissots pas parfaitement galbés.










lundi 7 décembre 2015

Interview fromage et féminisme : Marlène Schiappa


Parce que le fromage c’est la vie.
Parce que les féministes ont de l’humour.
Parce que militantisme et fromage ne sont pas incompatibles.
Parce qu’il n’y a pas un féminisme mais des féministes.

J’ai crée cette série d’interviews décalées « Fromage et féminisme » #FF.

Aujourd’hui c’est Marlène Schiappa qui répond à mes questions.

Bonjour Marlène, peux-tu te présenter en quelques mots : es-tu plutôt coulante comme un brie de Melun ou forte comme un Munster ?

Je dirais bien un Morbier, mais la métaphore risque d’être peu réjouissante, alors peut-être un fromage Corse, disons du bruccio, à cuisiner en omelette avec de la menthe fraîche et éventuellement des herbes…

J’ai créé Maman travaille, le 1er réseau de mères actives qui s’organise autour d’un blog et d’événements ; là le 8 décembre au Ministère des Affaires sociales, nous organisons notre Journée annuelle, avec un point d’orgue : la signature par 3 Maires de grandes villes du Pacte Transparence Crèches de Maman travaille, résultat de 2 ans de lobbying auprès des élu-es, qui engage à rendre publics les critères d’attribution des places en crèches.

Sinon, j’ai publié plusieurs livres dont un roman, « Pas plus de 4 heures de sommeil »
 chez Stock puis au Livre de Poche, qui parle de deux femmes de notre époque, Emilie et Morgane, ex meilleures amies qui se retrouvent sur Facebook par hasard au moment où Emilie, mère au foyer, veut retravailler et où Morgane, publicitaire, tombe enceinte. Elles décident de s’entraider à tout concilier avec leurs amies Assia, mère de famille recomposée, et Géraldine, députée européenne.
Les droits cinéma ont été acquis par Mélissa Theuriau.

En novembre sort « Plafond de mère » chez Eyrolles, un essai co écrit avec Cédric Bruguière sur les mécanismes sociaux, historiques, économiques… qui freinent la carrière des femmes quand elles deviennent mères (ou qu’on pense qu’elles vont le devenir).  
Je participe aussi au site Les Nouvelles NEWS site d’info paritaire, qui donne la parole aux femmes autant qu’aux hommes et rééquilibre l’asymétrie de l’information, le tout sans aucune pub.

Et je suis adjointe au Maire du Mans, déléguée à l’égalité, la lutte contre les discriminations, la question LGBT et l’égalité hommes/femmes et conseillère communautaire.

« Il est frais, mon fromage, il est frais, et il est en promo… ! »


D’après toi, le féminisme on en fait tout un fromage ?

Pas assez… j’ai l’impression que, dès qu’on sort un peu des milieux « initiés », on assiste à des scènes ahurissantes.
Quand je vois aussi la façon dont la question du consentement sexuel est traitée partout, j’hallucine. Quand je dois apprendre à ma fille aînée en CE2 comment réagir face au harcèlement de rue, je me demande dans quelle sorte de civilisation nous vivons… c’est révoltant au sens étymologique du terme. Quand je dois signaler aux enseignants ou aux animateurs que non, le foot n’est pas un jeu « de garçons », que non le fait que des garçons « taquinent les filles » n’est pas « normal », que non les filles ne sont pas moins bagarreuses ou plus bavardes, et n’ont pas plus de compétences innées pour « jouer à faire le ménage »…

Jusqu’à récemment, dans ma sphère professionnelle, j’ai toujours été entourée d’hommes ou femmes féministes, qui cassent les codes des genres. Dans mon cercle, j’ai énormément d’ami-es qui se revendiquent bien plus « radicales » que moi sur la question. Du coup, mon « étalon » de mesure du féminisme est assez élevé.
Mais en devenant élue il y a environ deux ans, je me suis retrouvée plongée dans un monde absolument pas féministe, où la testostérone et la grosse voix, les poils et les coups de « sang » sont érigés en compétences. Je me suis dit : wahou, ça existe donc encore, en vrai, ce mode de fonctionnement ? Et j’ai eu l’impression d’être la « féministe de service ».
Après ma première réunion, quand j’ai vu les hommes partir et des femmes non seulement rester débarrasser les plateaux repas, mais en plus me rappeler pour débarrasser avec elles (et ne rappeler aucun homme) j’ai posé les couilles que je n’ai pas sur la table avec un grand sourire en disant « non, Mesdames, non. Je ne reviens pas débarrasser les plateaux des messieurs qui sont montés prendre leurs cafés juste parce que j’ai un utérus. Ca ne marche pas comme ça. » On ne m’a plus jamais demandé de débarrasser le plateau d’un monsieur. Tout se tient : enfant on t’explique que faire le ménage c’est dans tes gènes, adulte tu crois que tu es sur terre pour débarrasser des plateaux !

Mais ce qui est le plus dingue, c’est que les hommes sont juste partis sans débarrasser (malpolis mais ça les regarde) alors que les femmes non seulement se sont senties investies de la mission du débarrassage, et en plus ont estimé devoir rappeler son devoir à la nouvelle qui elle, ne se sentait pas obligée de jouer le rôle de fée du logis.
On a là un exemple typique de la façon dont les (auto)stéréotypes perdurent et se matérialisent, se transmettent entre femmes pourtant « femmes de pouvoir ».
Je suis aussi outrée de voir que toute la vie publique est organisée par et pour des hommes. Par exemple, les commissions et conseils de quartiers, municipaux… ont quasi toujours lieu à 18 heures. Pourquoi choisir l’heure de sortie de garderie, du bain, des devoirs… ni avant, ni après ? La plupart des élu-es sont retraités, professions libérales, fonctionnaires, ils pourraient s’organiser sur le temps du déjeuner ou de journée quand les enfants sont gardés. Ou plus tard, quand ils sont couchés. Pourquoi 18 heures ? Sachant que dans 76% des familles les femmes gèrent seules la vie scolaire, on fait comment ?
On fait comme si ce n’était pas le cas, on prétend que la société est organisée de manière égalitaire au foyer et que ce n’est pas spécialement un problème féminin, la sortie de l’école, que « leur père peut les garder » : sauf que c’est nier la réalité et l’aggraver encore plus. Je ne sais plus qui a dit nier une discrimination, c’est discriminer deux fois.
Donc on a d’un côté un discours officiel disant qu’on veut plus de jeunes femmes en politique et de l’autre une réalité, qui est qu’on ne fait rien pour permettre aux jeunes femmes en âge d’avoir des enfants bébés ou scolarisés de s’y investir. Ou alors ce serait à elles seules de réussir à déjouer les stéréotypes dans leur vie personnelle pour avoir enfin le droit d’aller en déjouer dans la vie publique ?

D’ailleurs il n’existe pas de congé maternité pour les élues. Et parmi les femmes que je connais qui font de la politique, beaucoup sont célibataires ou divorcées.
Quand je demande aux élus hommes comment ils font, l’immense majorité répond « ma femme les garde ». Mais quand tu dois payer 5 heures de baby-sitter et un taxi pour rentrer chez toi après chaque conseil, tu as une réalité économique qui potentiellement, met vite fin à tes envies de changer le monde. Et ça donne des instances consultatives avec des hommes ou des retraité-es, dans lesquelles par exemple lancer une campagne pour la lutte contre les normes masculines du pouvoir et le présentéisme au travail ; et/ou pour plus en places en crèches n’est pas une priorité – et c’est humain.

Plus de 75% des parlementaires sont des hommes, les rares femmes soit sont retraité-es, soit n’ont pas d’enfants, ce qui explique sans doute que depuis plus de 30 ans il manque 350 000 à 500 000 modes de garde, mais que personne ne semble trouver ça choquant – résultat plus de 96% des congés parentaux sont pris par des femmes et parfois (souvent ?), pas par choix mais par obligation économique : bosser pour gagner pile de quoi payer la nounou, pour la beauté de l’indépendance, c’est rarement très motivant et je le comprends.

Au-delà de ces questions d’organisation qui montrent combien pèsent les habitudes, on fait aussi face politiquement à une incroyable régression. Au Mans, nous avons 3 élus FN en conseil municipal et l’un d’eux a récemment été condamné en justice pour m’avoir répondu en comparant homosexualité et zoophilie.
Un autre a accusé le Planning familial d’élimination d’enfants. A chacune de mes délibérations, j’ai une salve d’attaques de leur part, misogynes, rétrogrades, contre les principes et les valeurs que je défends.

Bon là, j’en ai fait une tartine, de fromage…

La dernière actualité (pub sexiste, bad buzz, déclaration de people…) qui sent le roquefort ?

Oh, tellement, c’est difficile de choisir… partout où on « omet » une moitié de l’humanité. Par exemple si je prends le dernier numéro de Management et le dernier numéro de L’Obs, une écrasante majorité des chroniqueurs et personnalités sont des hommes. Je compte systématiquement, parce que je me dis toujours, mais c’est pas vrai ?
avec le nombre de femmes brillantes sur cette terre, on interroge ENCORE uniquement des hommes (sauf pour le top 5 des femmes qui… ou le numéro spécial femmes de..)
Si je dis que c’est phallocentré, on va encore me faire passer pour la féministe obsessionnelle… Mais même quand ces magazines (que je lis pourtant, hein) font des numéros soi disant à la gloire des femmes, ils se plantent !
Et bien sûr le dernier Congrès des Maires de mon département, dans lequel une femme a noté que la parité était imposée à toutes les élections mais que les têtes de listes restant majoritairement des hommes, l’immense majorité des Maires sont… des hommes.

Mais disons que si je dois en choisir un, d’actualité, ce sera le sujet des régionales qui a été très peu commenté alors qu’atrocement sexiste.

Regardons  les têtes de listes pour les régionales, majoritairement des hommes pour une raison bien simple : pour pouvoir être candidat-e on explique souvent qu’il vaut mieux être déjà elu-e. Christian Estrosi, Xavier Bertrand, Valérie Pecresse, Claude Bartolone, Jean-Yves Le Drian, les têtes de listes pour devenir présidents de régions sont déjà pour beaucoup parlementaires. En Pays de la Loire, le candidat Républicains est le président du groupe des sénateurs LR ! C’est un job qui prend 3 à 4 jours par semaine, comment veut-il faire croire qu’il serait aussi président de région efficacement ?
Face à lui on a quelqu’un qui joue le jeu, Christophe Clergeau en Pays de la Loire qui est un jeune et qui n’a pas d’autre mandat, et qui en plus porte des propositions féministes comme le pass contraception.
Mais du coup c’est un choix audacieux que de désigner comme tête de liste quelqu’un qui se consacrerait à 100% à ce mandat, puisqu’en face les partis ne jouent pas le jeu et mettent des gens qui occupent déjà des postes d’envergure.

Ce critère fausse le biais d’entrée pour les femmes, et aussi pour les jeunes, la société civile, les dites « minorités » : s’il faut être parlementaire pour être candidat, sachant que seules 20% des femmes sont des parlementaires, qu’on compte les Noirs sur les doigts d’une main… La loi contre le cumul ne s’applique pas dans ces cas, c’est d’ailleurs étonnant : elle considère qu’on ne pourra plus être par exemple maire et sénateur mais qu’on pourra être président de groupe à l’assemblée nationale et président d’une région ?
Chez Les Républicains, il n’y a que deux femmes têtes de liste, sur l’ensemble des régions de France, Pécresse en Île de France et Calmels dans le Sud-Ouest (une parlementaire, une élue de Bordeaux)
On peut noter aussi que Virginie Calmels est une des seules femmes à ne pas jouer sur son prénom : tous les hommes ont des slogans avec leur nom de famille (Avec Barto,  Clergeau 2015…) et les femmes elles-mêmes mettent leur prénom en avant (genre Avec Valérie, mais c’est qui Valérie ? Une copine d’école ? On ne pourra pas après se plaindre que les newsmags nous appellent par nos prénoms si on joue là-dessus nous-mêmes !

Finalement, quand on y regarde de plus prêt, on réalise que (à quelques exceptions prêt, comme Clergeau en Pays de la Loire ou comme Castener en région PACA) la démocratie est bouchée, confisquée par un petit groupe qui cultive l’entre-soi : les régionales ne feront pas émerger de nouveaux élus, elles feront juste cumuler des gens qui sont déjà élus nationalement.
Et ça, oui, comme tu dis, ça sent le roquefort. Ca sent aussi le gruyère, parce que du coup la représentativité démocratique est pleine de trous : pas assez de femmes, pas assez de jeunes, pas assez de gens « racisés », pas assez d’ouvrier-es ou d’intérimaires, pas assez de gens hors partis politiques…
On vit dans une démocratie-gruyère.

Où est la représentativité dans tout ça, pour les femmes mais aussi pour l’ensemble de la population ?


Comment couper le fromage de façon féministe (et donc égalitaire) ?

Je n’ai pas la recette… C’est drôle d’ailleurs, avec « Maman travaille », on me demande toujours des conseils de conciliation, mais à la question « comment fais tu ? » ma réponse est « je galère ! »

Je n’ai jamais pensé pouvoir donner des conseils de féminisme. Juste partager mon analyse, ni plus ni moins. D’ailleurs je trouverais ça horrible qu’on me dise « tu fais tel truc, ce n’est pas féministe, c’est mal, va au piquet. »

A titre personnel, j’ai été en grande partie élevée par mon père et pendant longtemps je n’ai pas eu la sensation d’avoir des goûts « de fille », mon film préféré est Le Parrain ou Les Affranchis, j’aime les jeux vidéos de baston, je n’hésite pas avant de donner mon avis, le shopping m’ennuie, j’aime les débats politiques, je n’ai jamais mis les pieds chez une esthéticienne, je suis bordélique, pour faire un ourlet de pantalon, j’utilise une agrafeuse…

Mais finalement j’ai réalisé en devenant adulte que ce ne sont pas des goûts « de garçon » puisque nous sommes nombreuses dans ce cas, juste le prisme médiatique de ce qu’une fille doit aimer se base sur un ensemble de stéréotypes et dès qu’une fille en sort elle est assimilée dans son enfance à un « garçon manqué ».

Se dégager de ces stéréotypes me semble une bonne base, mais de plus en plus difficile pour les nouvelles générations qui collent leurs exercices d’école avec une colle Uhu rose « pour nous les filles ».
D’ailleurs je n’y arrive pas toujours très bien moi-même, par exemple j’achète encore des magazines féminins : je paye 2 euros 50 par semaine pour lire que je suis pauvre, grosse et has been. C’est maso, non, quand on y pense ?

On va débattre de tout ça en tout cas à la Journée Maman travaille le 8 décembre, au Ministère des Affaires sociales de la santé et des droits des femmes.


Ton plateau de fromage idéal ? Avec qui aimerais-tu le partager ?

Trucs simples… Morbier, comté, chèvre sur du pain d’épices du Café Carré au Mans, petit fromage fourré à la confiture de figue Corse… avec des gens que je ne connais pas encore. Ou avec des gens complètement différents de moi. Ceux qui vivent dans des communautés en autarcie sans connexion Internet, ou des Amish. Ca me fascine.
Dans un autre ordre d’idée, avec des femmes en prison. Statistiquement, la majorité des femmes qui sont emprisonnées le sont parce qu’elles sont entrées dans l’illégalité pour compenser une situation difficile (grande pauvreté, violences subies, etc). Bien sûr certaines ont tout simplement enfreint la loi, mais la prison ne me semble pas être une réponse adaptée. Personne n’en ressort « meilleur », à part dans les films.
Quand on y voit les conditions de vie, et le peu de travail mené pour la « réinsertion », on se demande franchement à quel degré de civilisation nous sommes. Et les droits humains n’y sont pas toujours respectés, c’est un euphémisme.


Le one pot pasta a crée la polémique : et toi, c’est quoi ta recette de la honte avec du fromage ?

Les histoires de VRAIES recettes me font hurler de rire, comme pour les carbonara, le one pot pasta… il y a toujours quelqu’un qui a la VRAIE recette.
Mais j’ai aussi mon côté nazi de la recette (bordel, pourquoi appeler un dessert tiramisu dès qu’il y a trois boudoirs dedans ?)
Sinon je suis devenue fan des avocado toast de Gwyneth Paltrow, de l’avocat et du St Morêt avec du citron. (oui je sais, ce n’est pas vraiment du fromage, d’où la honte…) Il paraît qu’elle mange ça chaque soir pour garder la ligne. Du coup moi aussi, mais je ne maigris pas du tout au contraire. Ceci dit, moi je le mange en apéro avant le dîner, c’est peut-être pour ça…

Comme moi, tu fais partie de la team #vieilletwitta : qu’est ce qui te fait sentir parfois comme une vieille croûte, sur Twitter ou ailleurs ?

J’ai 33 ans dans quelques jours, mais sur Twitter, régulièrement, quand je vois passer des hashtags avec des noms de gens que je ne connais pas du tout, de chansons que je trouve être « du bruit » (en fait mes enfants m’expliquent que c’est « le tube de l’été ») ou quand je réalise qu’un « beau gosse » pour la génération de mes enfants, c’est un One Direction (pardon, un « One-D. »)
Ah et plus récemment, quand tous les ados se sont mis à dire « c’est qui cette Marie France Garaud ? » quand elle s’est payé un « bad buzz » pour je ne sais plus quelle raison.

Pour toi le féminisme c’est plutôt à -0% de matière grasse comme le Bridelight ou à plus de 35% comme le Brillat Savarin?

Les trucs light c’est cancérigène, non…? Je suis plus fromages du fromager du marché des Jacobins, au Mans. Donc gras. Avec du pain. Et avec du beurre, aussi. Juste avant l’avocado toast.
  
Es-tu favorable à une AOC pour le féminisme ?

Carrément pas. Je suis favorable à tous les féminismes et contre tous les brevets de féminisme. Tout le monde devrait avoir le droit de dire des conneries monumentales sur le féminisme, c’est comme ça qu’on étudie, qu’on réfléchit, qu’on se remet en question, qu’on évolue… J’adore lire, écouter, participer à des débats féministes. Entre par exemple un Women’s forum, un réseau de femmes cadres dirigeantes, un mouvement pour les femmes transidentitaires, des spécialistes du Black Feminism, ou une association pour qui le féminisme ne s’envisage pas déconnecté de la précarité économique, via une analyse marxiste, les grilles de lecture sont parfois radicalement différentes mais toutes complémentaires.

On m’a aussi dit que je faisais partie d’un « nouveau féminisme » qui n’était pas « anti hommes » quand j’ai dit que les hommes souffraient aussi des stéréotypes de genre du type Boys don’t cry… mais c’est absurde, le féminisme n’a jamais été anti hommes. (J’en parlais un peu ici).

Le féminisme, c’est avant tout, pour moi, la déconstruction des normes. C’est donc qu’il existe une norme. On ne peut alors pas tomber sur chaque personne qui affirme suivre cette norme puisque par définition, le normatif est le « courant ».
Je ne crois pas que les « clash » ou les « bad buzz » fassent progresser les réflexions ou l’égalité, en revanche je crois à la confrontation argumentée et à la redéfinition permanente des concepts.
Quand j’ai expliqué à des amis hommes ce qu’était réellement la notion de consentement, certains sont tombés de leur chaise. A l’école on apprend qu’un garçon peut « chahuter » une fille ou « lui tirer les couettes » quand il est amoureux. C’est un début de violence dans la relation garçon/fille qui est institutionnalisée.
Après, savoir si tel mouvement féministe est inclusif… parfois j’entends des critiques du type « Unetelle fait du féminisme bourgeois de blanches » ou « unetelle est trop radicale », mais ça me semble nécessaire au contraire d’avoir plusieurs portes d’entrées.

C’est pour ça que j’aime bien travailler en lien avec le cabinet de Pascale Boistard par exemple. Quand elle a été nommée Secrétaire d’Etat aux droits des femmes, on est plusieurs a s’être dit : « mais elle ne s’est jamais illustrée dans une asso féministe, elle n’est pas identifiée pour son engagement sur ce sujet… », à être sur nos gardes. Et en fait elle a un côté « on y va sur du concret sans se prendre la tête » que je trouve rafraichissant et efficace. En mode problème identifié, solution proposée, bulldozer actionné, mais ça me plait bien. Là par exemple pour le 25 novembre, au Mans, la ville où je suis élue et chargée de l’égalité, on décline en lien avec le Ministère une campagne de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans les transports en commun.

Pour revenir à l’AOC, il m’est arrivé de me retrouver dans une conférence où une des intervenantes m’a taclée parce que j’avais les cheveux longs et du vernis à ongles, en mode « ça ne peut pas être féministe de faire ça ». Grand soupir.

Il n’est aussi arrivé de dire ou d’écrire des choses sur le féminisme qu’aujourd’hui, 15 ans, 10 ans, ou même parfois 6 mois après, je trouve aberrantes. La magie d’Internet, tout est archivé, et parfois je lis des trucs de 2007 en disant « Mais qui a écrit cette daube ?! Ah merde, c’est moi… » et finalement, je suis contente de voir que tous ces échanges sur le féminisme n’ont pas servi à rien puisque j’ai progressé dans ma réflexion !

En ayant créé « Maman travaille », je peux être considérée comme « pas assez féministe » ou comme défendant un féminisme de femmes aisées voire centrées sur la maternité uniquement. Or, ce n’est pas le cas. Les femmes visibles dans les événements Maman travaille sont plutôt aisées économiquement, mais nos actions profitent à toutes, par exemple le Pacte Transparence Crèches permet aux femmes et aux hommes de tous milieux (et statistiquement ce sont plutôt les milieux populaires et dits intermédiaires qui utilisent les crèches) d’avoir accès aux critères d’attribution des berceaux.

Et inversement, j’ai découvert qu’une frange me trouvait « féministe radicale » avec toute la cohorte de caricatures qui va avec (veut transformer les garçons en filles, etc etc).
C’est une lapalissade mais on est toujours plus ou moins féministe que quelqu’un…

Si on devait remplacer « Belle des champs » par une femme que tu admires, qui serait-elle ?

Virginie Despentes. Je trouve qu’on devrait offrir King Kong Théorie aux garçons et aux filles à l’entrée au lycée. Ce livre a bouleversé ma façon de voir les choses sur ce qu’était la féminité, pour une fois, une femme formulait des choses que je ressentais « Je suis plutôt King Kong que Kate Moss comme fille ». Bien sûr aussi des choses avec lesquelles je suis en désaccord, mais c’est une base d’échanges et de réflexions inégalée à mes yeux. Sinon, je dirais bien aussi Beyoncé, mais là, ce n’est plus une tartine de fromage qui va suivre, c’est un pain surprise…

Merci à Marlène pour cette interview!

Tu es féministe, tu aimes le fromage et tu souhaites être interviewée ? (tu as le droit de répondre même si tu le détestes, le fromage, pas le féminisme). Ecris-moi un petit mail à sophiegourion(at)hotmail.fr et je t’enverrai les questions !