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mardi 24 juillet 2012

Les Jeux olympiques du sexisme?

 




Les jeux olympiques et moi ça fait 3. Comme le foot, le tennis, le rugby, je n’y arrive pas à m’y intéresser, en dépit de la ferveur qui peut régner certains jours dans le pays.
Et ce n’est pas ce que je lis de loin en loin sur le sujet qui me donne envie d’y prêter davantage d’attention.

Tout d’abord il y a eu cette histoire de joueuses de volley  anglaises qui ont utilisé leurs fesses comme panneau publicitaire lors des tournois qualifiants pour les JO. On le sait, le sport féminin intéresse moins le grand public, certains ont donc eu l’idée d’utiliser la combinaison « bikini »+ « fessiers » pour susciter l’attention. 


Le concept : faire payer des annonceurs pour afficher leurs QR codes sur l’arrière des shorts des joueuses. Les spectateurs sont donc invités à photographier les fessiers des athlètes en pleine action afin d’être renvoyés sur le site du sponsor et espérer bénéficier d’une promotion. Cerise sur le gâteau, l’annonceur en question n’est autre qu’un site de pari en ligne ! Le comité international olympique a interdit ces codes sur les uniformes mais le mal était fait : les images des fessiers des joueuses ont circulé sur le net, les associant dans l’imaginaire collectif aux jeux olympiques. Une initiative qui ne va pas aider à améliorer l’image du sport féminin.

Les stéréotypes entre les sexes dans le sport se retrouvent même là où on ne les attend pas : une analyse du magazine ESPN « Body issue » le prouve. Dans cette dernière édition,  27 athlètes internationaux ont accepté de poser nus. Même si hommes et femmes ont été représentés, ils ne l’ont pas été de la même façon : alors que la plupart des hommes étaient représentés en action, plus de la moitié des femmes étaient mises en scène de façon passive.
       78% des hommes étaient en action sur les photos contre seulement 52% des femmes
       90% des athlètes masculins avaient au moins un pose en action contre 46% des femmes



Dans la série « malmenons l’image des femmes pour les JO », Procter et Gamble, sponsor officiel, nous a également gratifié d’un spot larmoyant sur la mère sacrificielle, toujours là pour ses enfants sportifs. Pourquoi la maman ? « Parce qu'elle est prête à tous les sacrifices (…) Parce que chaque jour, elle programme le réveil, fait le chauffeur, fait la lessive et prépare avec amour les repas » explique Procter et Gamble. Mais heureusement « le métier le plus difficile est aussi le plus beau, merci maman »  On se demande bien où sont tous les pères pendant ce temps-là, sûrement en train d’exercer un métier autre que celui de « papa ». Comble du cynisme, juste après ces mots tire-larmes défilent les marques P&G « sponsor des mamans » : Ariel, Pampers…histoire de ramener les femmes à la cuisine.


J’ai découvert hier la 2ème partie de ce spot publicitaire, toujours aussi larmoyant : les athlètes, essentiellement masculins, sont représentés sous les traits d’enfants (car « pour leurs mamans, ils resteront toujours des enfants »). Musique entêtante crescendo, jolies images…et seulement 2 petites filles représentées parmi la cohorte des athlètes : une dans les starting-block, une autre ultra-glamour, immobile sur sa poutre, sous les flashs des photographes…alors que les autres garçons sont représentés en action. On ne change pas une recette qui gagne !


Le chemin est long vers la parité dans le sport : le site « Les Nouvelles News » a ainsi mis à jour les différences de traitement existant entre sportifs d’un même pays.  « Les Basketteuses australiennes, qui forment l’une des meilleures équipes du monde, iront aux Jeux Olympiques en classe éco tandis que les basketteurs australiens pourront lever une coupe de champagne en classe affaires, dans le même avion pour Londres. L’ AFP indique que  « la différence de traitement a déclenché une vive polémique en Australie. » Et que les autorités compétentes ont promis, juré que ça ne se reproduirait plus ».
Jusqu’à la prochaine fois ?


D’autres ont compris que la parité dans le sport pouvait aussi être une source de business, à l’image de cette société espagnole qui a développé un baby-foot 100% féminin ! «Son jeu est aussi précis et ses coups aussi puissants que ceux des hommes » ont-ils cru néanmoins bon de préciser ! Les vieux réflexes ne s'oublient pas de sitôt!






10 commentaires:

  1. Je trouve ton article extrêmement intéressant parce que tu pointes différentes choses et après cela permet d'aller y regarder, lire et se faire une opinion.
    Tout en étant d'accord avec toi, je voudrais juste souligner que les cultures sont différentes. Le féminisme US et le féminisme français n'ont pas tout à fait les même ancrages et s'expriment différemment (tout en ayant des points communs bien sûr). D'autre part (je vais te faire hurler...), le spot de pub P&G (le 1er dans ton billet) ne me choque pas tant que ça car il renvoie à une réalité sociologique (pour ce qui concerne la partie US mais P&G était une boite US, leurs créatifs sont probablement US donc imprégnés de leur culture et de leurs représentations). Je ne vais pas m'étendre dessus sinon ça va être un commentaire fleuve mais si ça t'intéresse je veux bien en reparler :-)
    Tout ça pour dire qu'en fonctions des pays, les féministes mènent leurs combats avec leurs codes, la culture qui est la leur et leurs valeurs/représentations. Ce qui nous parait évident ici peut choquer ailleurs et inversement.
    L'erreur de P&G (et d'autres) est de croire que leurs représentations sont universelles et s'appliquent partout.
    Le coup des QR codes me choque bcp plus.
    En tous cas, continue à nous interpeller pour nous aider à réfléchir!! :-)

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    1. Merci pour ton commentaire. Promis je ne hurlerai pas, je veux bien ton interprétation au sujet de la pub P&G :-)). D'après ce que j'ai lu à droite et à gauche aux US, les mêmes stéréotypes semblent avoir été relevés ici notamment http://www.nywici.org/features/blogs/aloud/pampg’s-olympics-ad-what-about-dads . Je n'ai pas l'impression que ce ressenti soit culturel mais ce n'est qu'un sentiment, d'autant que tu connais bien plus la culture américaine que moi!

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  2. bon article ! j'avoue être tellement fatiguée de ce sexisme qui perdure ........... j'espère que la prochaine génération continuera à remuer tout ça.

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  3. Hello !
    Concernant les photos de sportifs, je pense qu'il y a aussi une raison purement pratique. Une poitrine d'homme est moins sexuée qu'une poitrine de femme dans les civilisations occidentales (même si dans un monde idéal, les deux devraient avoir la même charge sexuelle ou justement asexuelle), or c'est plutôt compliqué de montrer une sportive en action sans montrer ses seins. Pour les volleyeuses ils ont utilisé le clair-obscur, pour d'autres sports elles sont de dos, si ça se trouve par facilité l'équipe artistique a décidé de finir en mode pin-up pour aller plus vite. Là je pense que c'est aussi aux sportives de refuser de jouer à ce jeu-là si elles ne souhaitent pas véhiculer d'images sexistes, elles sont aussi responsables de leur image (m'enfin n'étant pas dans leur tête, je ne fais que donner mon avis sur le principe).
    Il y a également peut-être une question de législation (si on montre des seins le magazine passe en mode "interdit à la vente aux moins de 18 ans", par exemple), je ne connais pas assez la presse US pour l'affirmer, mais ça me paraît plausible.

    Après, pour le reste de ton article, entre les bikinis des joueuses de volley, les sportives en classe éco et "môman-le-plus-beau-métier-du-monde", on est d'accord, il y a encore beaucoup de boulot pour changer les stéréotypes !!

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  4. C'est pas faux tout ça....
    et quid des joueuses de foot voilées? Si elles ne sont pas dénudées, les femmes sont voilées. Un juste milieu serait bienvenu!
    Moi, pareil, la pub P&G me choque pas, je la trouve même attendrissante. Je vais peut être me faire fusiller, mais je ne connais pas beaucoup (pour pas dire du tout!) de familles où le père véhicule, nourrit, change, soigne..... donc je peux comprendre l'idée de la pub. Celà dit, je les trouve quand même un peu 'gnan gnan' et stéréotypées! Type l'américaine en grosse voiture, les autres 'représentantes' des autres pays sont aussi très extrèmes, un peu trop raccourci je trouve! c'est presque plus ça qui me choque que le côté 'parité'!

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  5. Ton article est extrêmement intéressant et bien écrit. Je suis contente d'avoir atterri sur ton blog car effectivement, tu mets le doigts sur de nombreuses inégalités. Cependant, je suis d'accord avec l'explication de G. au sujet des poses prises par les athlètes féminines. Je trouve que G nous offre une éventuelle excuse à certaines poses. Bien qu'elle ne soit pas suffisante pour expliquer le si grand nombre d'athlètes féminines en mode "pin-up". Quant aux pub de P&G, je pense qu'on peut dire qu'elles ont su toucher leur public car je les trouve attendrissantes. Je te fais remarquer que parmi les différents sponsor on trouve également Duracell et carrément Gilette que j'associe pour ma part uniquement aux hommes (même si je sais qu'il existe Gilette Venus). Je suis malgré tout d'accord avec toi que ces publicités sont axés sur la mère mais ne représente-elle pas dans l'imaginaire collectif celle qui chouchoute son enfant, lui met un pansement quand il s'est blessé? Les pères sont là aussi et c'est triste à dire mais je trouve qu'on leur vole une part de leur mérite dans cette pub. Plutôt que de penser qu'ils sont au bureau et de leur jeter la pierre, j'ai plutôt tendance à penser qu'on les a effacé au profit de la mère qui attire plus de compassion et c'est fort dommage car généralement, ils sont là eux aussi à soutenir leur enfant dans les moments difficiles, à les encourager pendant les épreuves etc.
    Mon avis est donc mitigé et si je reste en grande partie d'accord avec toi, je tenais à essayer de te montrer une autre vision.

    Par contre, là où je suis choquée, c'est en découvrant les pubs sur les fesses des joueuses! Encore une fois, la femme apparaît comme un objet et je déplore cela! Ca a même tendance à m'énerver! Nous ne faisons pas cela avec les hommes alors qu'ils ne fassent pas de même avec nous. Malheureusement, c'est vendeur et ça ne risque donc pas de s'arrêter. De même, je suis indignée en découvrant la différence de traitement entre les deux équipes de basket d'un même pays. Si ces deux équipes ont des résultats équivalents, je ne comprends pas pourquoi ni comment de telles différences de traitements peuvent exister!

    Je profite de ce commentaire pour t'inviter à découvrir mon univers: http://darlingest.free.fr

    Merci encore pour cet article, des bises

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    1. Bonjour,

      Moi aussi ce qui m'a vraiment choqué dans cette pub (par ailleurs très réussie, dans le pathos, dans le c'est très c'beau d'aider son enfant à réussir, etc) c'est l'absence des pères. Nulle part, éradication totale. Or majoritairement il y a des pères qui trainent quelque part autour de la vie de l'enfant... Ici toute place leur est refusée.C'est triste car là encore on véhicule l'image que c'est la maman qui s'occupe le mieux de son enfant et que c'est la relation mère/enfant qui est la plus belle et la plus intense.

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  6. Merci pour vos commentaires! Je pense que le fait de cacher les seins ne justifie pas les poses "passives". Pour exemple, regardez la très belle 2ème photo de la femme footballeuse en action : elle ne montre pas ses seins mais est dans l'action quand même.

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    1. Très belle photo de sportive - Mais pourquoi pas un mot de la publicité pour coutume sexiste de haut niveau que les paters font exécuter par des sportives, handicapées par leur chaperon et leur capuchon ? Et la charte égalité, neutralité ?
      En point 2, quelques mots sur les papys de la sportive voilée : http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/03/devoilez-vous-mesdames-une-fois-pour.html

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