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jeudi 31 mai 2012

Grosse un jour, grosse toujours?



Les clichés semblent peser plus lourd sur la balance que les kgs, tel est l’enseignement d’une étude menée par l’Université d’Hawaii, de Manchester et de Monash.

On y apprend que les femmes en surpoids souffriraient des préjugés « anti-gros », même une fois devenues minces.

Au cours de cette étude, les chercheurs ont demandé aux participants de lire des descriptions de femmes :
-       Qui avaient maigri (de 32 kgs)
-       Qui avaient gardé un poids stable pendant une longue période
-       Qui étaient obèses ou minces

Les participants (hommes et femmes) devaient ensuite noter ces femmes en fonction de leur beauté et d’autres facteurs.
Les chercheurs ont été surpris de découvrir que les participants ont exprimé des préjugés plus importants envers les femmes en surpoids qui avaient maigri qu’envers celles qui avaient gardé un poids stable (qu’elles soient grosses ou minces).
Il est ainsi apparu que les anciennes obèses étaient perçues comme moins attirantes que celles qui ont toujours été minces, en dépit d’un poids identique.
Autre découverte plutôt dérangeante de l’étude : le nombre de préjugés négatifs envers les obèses a augmenté lorsqu’on a donné aux participants des informations suggérant que le poids était facilement contrôlable (fausse information bien entendu).
Comme l’explique Kerry O’Brien, une des co-auteures de l’étude « On entend souvent dire que le poids est facilement contrôlable alors que les plus grands scientifiques de notre époque pensent que la physiologie, la génétique et l’environnement alimentaire sont les vrais facteurs qui déterminent le poids et la perte de poids.
Le poids apparaît ainsi incontrôlable en dépit de la volonté, du savoir et de l’acharnement à vouloir le perdre. Malgré tout, de nombreuses personnes perçues comme « grosses » luttent en vain pour maigrir afin d’échapper à cette stigmatisation sociale douloureuse. Nous devons revoir nos approches et nos perceptions du poids et de l’obésité. »
« Les descriptions de perte de poids, comme on peut en voir souvent dans des publicités à la télévision, peuvent aggraver de façon significative la stigmatisation de l’obésité. Le fait de croire que les obèses peuvent perdre du poids facilement renforce encore plus les préjugés négatifs et les ressentiments envers les personnes en surpoids. (…) Etant donné le nombre important de personnes qui peuvent être touchées par ces préjugés, la discrimination doit être réduite de façon drastique au niveau de la société toute entière ».
C’est en effet une refonte totale des mentalités qui est à envisager : Une étude réalisée en 1961 révélait que des enfants d'âge scolaire préféraient avoir un ami en béquilles, en chaise roulante, dépourvu de mains ou balafré plutôt qu'un ami obèse. Répétée 40 ans plus tard, l'expérience a livré des résultats encore plus accablants : «La prévalence de la discrimination en lien avec le poids était de 7 % en 1995. En 2005, elle atteignait 12 %, signale Simone Lemieux. Contrairement à d'autres conditions qui affectent la santé physique et psychologique des personnes, l'obésité est perçue très négativement dans notre société.».
Plus inquiétant encore, le personnel de santé lui-même ferait preuve de discriminations : « Les personnes qui souffrent d'obésité disent avoir été victimes de stigmatisation de la part de médecins (69 %), d'infirmières (46 %), de nutritionnistes (37 %) et de psychologues (21 %). Résultat: elles moins enclines à consulter un professionnel de la santé ». Une autre étude a démontré que les femmes obèses ont quatre fois plus de grossesses non prévues et quatre fois plus d'avortements. Elles sont également moins suivies sur le plan gynécologique que les femmes de poids normal. Une des hypothèses est que les médecins hésitent à leur prescrire la pilule alors que pour elles les bénéfices seraient supérieurs aux risques, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Certains praticiens croient à tort qu'elles n'ont pas de sexualité.

Quand on voit l’importance de la télévision sur ces préjugés, on ne peut que s’inquiéter de la recrudescence d’émissions racoleuses telles que « Zita, dans la peau d’une obèse » diffusée récemment sur M6. En Angleterre, un documentaire est allé encore plus loin avec « My big fat fetish ». Le concept : suivre 4 jeunes femmes très rondes qui veulent devenir les plus grosses possibles pour tirer profit de leurs corps (les « Fat Admirers », hommes amateurs de femmes rondes, se constituent en fan clubs et sont prêts à payer pour une « squashing dance »).

Un sale coup pour l’image des obèses qui n’avait pas besoin de cela…


mercredi 30 mai 2012

"No Mother's day" : faire taire et disparaitre les mères pour la fête des mères est-ce la solution?



Chaque année 360 000 femmes disparaissent, soit une toutes les secondes. Presque toutes ces morts sont évitables. Elles ne sont liées ni à la vieillesse ni au cancer mais sont dues aux complications rencontrées lors de la grossesse et de l’accouchement.

Afin de marquer les esprits, Christy Turlington et son association « Every mother counts » ont lancé une campagne virale à quelques jours de la fête des mères (le 13 mai aux Etats-Unis). Dans ce film qui comptabilise déjà plus de 214 000 vues sur You Tube, l’ex-mannequin et d’autres femmes, célèbres ou inconnues, expliquent leur façon de sensibiliser le grand public au problème de la mortalité maternelle.


Cette année, elles enjoignent les femmes à boycotter, comme elles, la fête des mères : pas de cadeaux, pas de statut Facebook ou Twitter,  pas de coups de fils. Le 13 mai, les femmes se tairont et disparaitront afin de marquer les esprits et démontrer à quel point « les mères nous manquent quand elles ne sont pas là ».

Quand on regarde les commentaires sur Youtube ou ce qui se dit sur les blogs, on réalise à quel point la campagne a été mal perçue aux Etats-Unis  "There must be a better way to raise awareness. Asking me to disappear on Mother Day punishes me and my family." (« il doit y avoir de meilleurs façons de sensibiliser les gens. Me demander de disparaître le jour de la fête des mères me punit, moi et ma famille »).
D’autres avouent ne rien comprendre à cette action « It’s an important message – that goes without saying – but her campaign is totally confusing. In fact, it makes zero sense » (« C’est un message important, il va sans dire, mais cette campagne est totalement confusante. En fait, on n’y comprend rien »).

Ce qui ajoute à la confusion, ce sont les récentes déclarations de Christy Turlington qui a affirmé qu’elle déjeunerait le 13 mai avec ses enfants, sa sœur, sa mère et sa belle-mère pour fêter cette journée.

Pour ma part, même si l’intention est louable, je trouve la campagne très maladroite voire contre-productive. La première chose qui me choque c’est de demander aux mères de se taire et de disparaître une journée. Quand on voit la difficulté qu’ont les femmes à être visibles (dans les médias ou dans le monde du travail) et à sa faire entendre, les réduire au silence et à l’invisibilité, même une journée, c’est trop. Je trouve la démarche aussi gadget et farfelue que d’afficher sa couleur de soutien-gorge en statut Facebook pour lutter contre le cancer ou de faire disparaître toutes les femmes d’un village pendant une semaine, comme le faisait une célèbre émission de télé-réalité. De plus, le lien entre la fin et le moyen sont totalement déconnectés : ce sont avant tout les enfants qui vont faire les frais de cette disparition de leur mère et qui vont se retrouver avec leurs colliers de pâtes sur les bras ! Et cette journée, même si elle déculpabilisera celles qui suivront le mouvement, ne changera rien au sort des femmes du bout du monde.

Pourtant, il y a aurait eu des moyens plus efficaces et plus viraux pour faire bouger les choses : par exemple développer une application « cadeau virtuel » sur Facebook qui permettrait à ceux qui le souhaitent d’investir la somme d’argent prévue pour la fête des mères dans une organisation humanitaire.

Ou d’acheter des cartes en ligne de fêtes des mères dont le bénéfice serait reversé à des associations.

Je crois beaucoup plus aux vertus de la parole qu’à celles du silence pour ce genre de problématique. La puissance des médias sociaux permet d’engager des conversations : il est dommage de s’en priver en bâillonnant les mères, même une journée. 

mardi 29 mai 2012

Quand une marque de shampooing nous rejoue "hommes femmes mode d'emploi"



Le  « gender marketing » ou marketing genré, est une tendance qui semble progressivement s’installer. Elle consiste à proposer aux consommateurs des produits différents en fonction de leur sexe (j’avais fait un article à ce sujet sur Slate).

Stylo Bic pour femmes, carte de crédit girly et autres apéricubes spécial soirées filles ont ainsi envahi nos linéaires. Tous partent du principe qu’hommes et femmes ayant des besoins différents, il est nécessaire de leur proposer des offres différentes.

Sauf qu’en général, les marques surfent sur les pires stéréotypes pour justifier le développement de ces produits spécifiques : les femmes n’aiment pas la technologie, sont obnubilées par le shopping et la beauté, ne savent pas conduire et surtout adorent tout ce qui est rose et qui brille !


La marque « Clear », du groupe Unilever, est allée un cran plus loin en proposant sur internet 157 leçons de différences entre hommes et femmes pour promouvoir ses shampooings spécifiques. Partant du principe qu’il n’y pas qu’une différence de cuir chevelu entre les sexes, la marque nous délivre une saga des stéréotypes qui ferait passer John Gray pour un grand philosophe ! (merci à Cécile Amar pour la découverte!)

Sous couvert d’humour, Clear nous assène des poncifs d’un autre âge en mélangeant bruitages rigolos (femmes qui piaillent) et pseudos-affirmations scientifiques (« il est génétiquement prouvé que… »).  En 1mn20, l’acteur (et l’actrice en 2012), debouts derrière un pupitre ont pour mission de « faire la lumière sur la différence entre les sexes ».

On y apprend ainsi dans l’épisode 21 que les hommes n’aiment pas faire du shopping : l’acte d’achat ne déclenche chez eux aucune « montée d’endorphine ». Les femmes en revanche (représentées par une bimbo brune la bouche entrouverte) adorent ce genre d’activité, c’est une « activité de plaisir » (avec rires niais en fond sonore) car elles aiment se regarder, comparer, s’imaginer (avec une boule à facettes). 



L’épisode N° 86 nous éclaire sur l’amitié selon les sexes : pour les femmes cela se résume à du « BLA BLA BLA » lors d activités futiles entre copines (dans la salle de bains, en faisant du shopping, en regardant la télé tout en mangeant du pop-corn).
Les hommes, eux,  sont « moins affectifs » : tapes viriles et discussions limitées au strict minimum.



On retrouve les mêmes travers lors de l’épisode 65 qui traite de la façon de régler les problèmes : encore une fois on nous explique que quand une femme rencontre une difficulté (illustration : une bimbo qui pleurniche dans son mouchoir), elle parle (bruitage niais à base de BLA BLA BLA). Heureusement, elle possède un énorme avantage par rapport à l’homme : elle est « multifonction » (comme un robot ménager) : alors que Monsieur est vite débordé, elle gère avec brio vie pro et perso.



Au travail, elle est également plus «émotive » (épisode 141) : elle a besoin d’avoir la photo de ses enfants sur son bureau alors que son homologue masculin de par « sa composition génétique » a appris à brider son « système émotionnel ».



Dans cette jolie foire aux clichés, on ne pouvait évidemment pas omettre l’épisode de la conduite ! (épisode 93) : pour « Clear » les hommes conduisent comme des pilotes de formule 1, alors que la conduite se résume pour les femmes à aller du point A « maison » au point B « shopping » (tout en se maquillant).


En résumé « les hommes veulent être les premiers alors que les femmes veulent être uniques ».



Si les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus, les publicitaires viennent alors d'une autre galaxie!

dimanche 27 mai 2012

Le jour où je suis devenue une vieille conne...



Ce matin, j’ai pris environ 20 ans dans la tronche. Pas en tombant sur un énième cheveu blanc ou en constatant l’état de mon visage au réveil, froissé comme mes t-shirts au sortir de mon sèche-linge.

Ce matin, j’ai été cette personne qui prend le temps de taper un mot sur son ordinateur, de l’imprimer et de le scotcher sur la porte de son immeuble.

Ce mot disait « Chers voisins, quand vous faites une soirée, merci de ne pas hurler dans les escaliers comme cela a été le cas cette nuit. Nous tolérons les nuisances dans les appartements, pas dans les parties communes. Il s’agit d’une simple question de respect. Par ailleurs, la cour n’est pas un cendrier. Merci aux personnes concernées de venir nettoyer les mégots qui la jonchent » (en prenant le soin de souligner et de mettre en gras « personnes concernées »).

Ce matin, je suis devenue une vieille conne. La preuve, je me suis immédiatement faite alpaguer par les mamies de l’immeuble (moyenne d’âge 90 ans), ravies de voir qu’une personne d’une autre génération pouvait avoir les mêmes considérations qu’elles. « Merci Madame Philippe ! (le prénom de mon mari, aie j'ai mal à mon féminisme). Enfin quelqu’un qui fait bouger les choses ! Tant que vous y êtes, pouvez-vous mettre un mot pour la jeune fille du rez de chaussée qui laisse son chat trainer dans la cour ? L’autre jour, il a fait une crotte derrière le buisson et a déterré les plantes de Mme Raymond ».  

Au lieu de leur rire au nez, j’ai dit poliment que j’allais m’en occuper, tout en donnant des coups de pieds dans les mégots (tiens, ils n’ont pas fumé que des cigarettes hier soir. Elle est belle la jeunesse, moi à 16 ans je jouais encore à la poupée).

Vieille conne. VC.

Je n’arrive pas à situer exactement le moment où ma vie a basculée, l’instant où je suis passée de l’insouciance à l’aigreur, de l’ultra-tolérance à la tolérance zéro. Il faut dire en toute objectivité que j’avais déjà un terrain propice à l’énervement continuel : sorte de JP Bacri au féminin, mon frère me surnomme depuis longtemps BORDERLINE (avec le cri de psychopathe et les yeux exorbités qui vont avec). Ce qui vous donne une indication quant à mon degré de tolérance envers la race humaine.

J’ai néanmoins le sentiment que mon statut de VC a été livré en même temps que mes enfants. Comme un équipement de série.
Plusieurs indices m’avaient mis la puce à l’oreille depuis quelques temps :

-       Je ricane quand je vois des jeunes porter des baggys difformes  avec le calbut qui dépasse et m’amuse à dire très fort  « ah s’ils savaient que cette mode vient des prisonniers américains qui laissaient dépasser leur caleçon pour signaler qu’ils étaient disponibles, ah ah ah ! »

-       J’ai les yeux dans le vide et des bouffées de nostalgie quand je croise des lycéens. Je me dis « Pour ce jeunes, tout est possible. Ah si jeunesse savait, ah si vieillesse pouvait » (le simple fait de prononcer le mot « les jeunes » me classe de façon irrémédiable dans la catégorie VC)

-       Je suis affligée par le niveau musical actuel et quand je cite une référence, il y a 99% de chance qu’il s’agisse d'un chanteur mort

-       Quand je vais au jardin avec mes gosses, je suis extrêmement agacée par les jeunes qui s’embrassent sur les bancs publics comme le chantait Brassens (y a des hôtels pour ça) ou les chiens qui trainent là avec leurs maitres (y a des fourrières pour ça). L’autre jour, j’ai réussi à virer un mec baraqué et son pitbull, m’attirant immédiatement l’admiration et la sympathie de la doyenne du jardin.

-       La dernière fois que je me suis retrouvée à table avec un ado, je n’ai su que balbutier « ça se passe bien le lycée ? » et «et  à part ça quoi de neuf ? »

-       J’ai dû masquer l’activité des adolescents  avec lesquels j’étais amie sur Facebook tant le niveau orthographique et la surenchère d’exhibition me mettaient mal à l’aise

-       Dès que des gens font trop de bruits dans la rue passé 23 h, je me mets au balcon en hurlant des phrases d’un autre temps comme « c’est pas bientôt fini ce bordel ? » et « si ça continue j’appelle les flics ». Immédiatement, me revient en mémoire l’image de mon père sur son balcon, prononçant ces mêmes phrases, sur ce même ton. Sauf que mon père a 66 ans.
   
Tout à l’heure, j’ai entendu du bruit dans la cour. En regardant derrière mes rideaux comme toute vieille conne qui se respecte, j’ai vu le père de la jeune fille qui avait organisé la fête, balayer les mégots sans un mot. Il a ensuite décollé le message sur la porte. La fête des voisins, ça ne sera pas pour cette année.

   

jeudi 24 mai 2012

OCDE Better Life Index: les hommes légèrement plus heureux que les femmes en France



Mardi dernier, l’OCDE a mis en ligne la version améliorée de son indicateur « OECD Better Life Index » (Indicateur du vivre-mieux).

Au-delà de la simple étude du PIB, cette étude permet de prendre en compte d’autres critères plus qualitatifs pour juger du bien-être d’un pays.

L’OCDE en a retenu 11 : des facteurs matériels (emploi, logement, revenu) comme d’autres plus qualitatifs (liens sociaux, enseignement, environnement, équilibre entre travail-vie privée, gouvernance, santé, satisfaction et sécurité).

La nouveauté de cette année c’est que l’index est interactif : chaque internaute peut ainsi créer son propre indicateur en fonction des ses critères personnels et voir quel est le pays qui correspond à ses aspirations. J’ai essayé et c’est la Norvège qui arrive en N°1 selon mes critères !

A chaque fois qu’un indicateur est crée, il entre dans une base de données accessible au public. Au fil du temps, cela aidera l’OCDE à établir un tableau de ce que les citoyens, partout dans le monde, considèrent comme important pour avoir une vie satisfaisante. À terme, ces données seront utilisées pour permettre aux visiteurs en ligne de comparer leurs propres indicateurs du vivre mieux avec d’autres populations à travers le monde.

L’OCDE ne donne pas de classement officiel des pays : néanmoins lorsque l’on place les 11 curseurs aux maximum dans l’index interactif, La France arrive 18ème sur 36 pays (le premier étant l’Australie, le dernier la Turquie).

Autre nouveauté d’importance cette année, l’indicateur intègre des informations sur les (in)égalités hommes-femmes ! Je me suis penchée plus particulièrement sur la France et il est vrai que l’on y trouve une mine d’informations passionnantes.

Petite synthèse non exhaustive :

-       Les femmes ont toujours moins de chances que les hommes d’exercer une activité. Elles sont 60 % à occuper un emploi en France. Si ce chiffre est légèrement supérieur à la moyenne de 59 % de l’OCDE, il est en revanche inférieur au taux d’emploi masculin, de 68 %. En revanche, le taux de chômage de longue durée des hommes est équivalent à celui des femmes.

-       En France, 92 % des personnes interrogées pensent connaître quelqu’un sur qui compter en cas de besoin ( 91 % pour les hommes et  93 % pour les femmes). Si le sexe joue peu sur le réseau social, il existe un lien clair entre l’aptitude à bénéficier d’un soutien social et le niveau d’instruction et de revenu. Environ 86 % des 20 % de la population qui occupent le bas de l’échelle déclarent avoir quelqu’un sur qui compter en cas de besoin, contre plus de 94 % des 20 % de la population qui occupent le haut de l’échelle.

-       En France, 70% des adultes de 25 à 64 ans obtiennent l’équivalent d’un diplôme de fin d’études secondaires, soit un niveau inférieur à la moyenne de 74 % de l’OCDE. Ce constat est un peu plus vrai pour les hommes, 71% d’entre eux décrochant un tel diplôme, contre 69 % de femmes. Cet écart de 2% est conforme à l’écart moyen de l’OCDE

-       Le score moyen en France pour ce qui est de la compréhension de l’écrit, des mathématiques et des sciences, est de 497, score équivalent à la moyenne de la zone OCDE. Les filles dépassent les garçons de 7 points en moyenne, moins que les 9 points d’écart moyen de l’OCDE.

-       L’espérance de vie des femmes est de 85 ans, contre 78 ans pour les hommes. A la question « Etes-vous en bonne santé ? », 71% des hommes ont répondu positivement contre 67% des femmes

-       En termes de satisfaction à l’égard de la vie, il y a peu de différence entre les hommes et les femmes pour l’ensemble des pays de l’OCDE. En France, les hommes sont légèrement plus heureux que les femmes, donnant une note de 7.1 contre 6.6 pour ces dernières

-       Le taux d’homicides est de 1.8 pour les hommes, contre 0.9 pour les femmes. Comme l’explique la synthèse de l’OCDE « Si les hommes sont davantage exposés aux risques d’agression ou de crime violent, les femmes déclarent se sentir moins en sécurité que les hommes. Ce sentiment s’explique par une plus grande peur des agressions sexuelles, par l’idée qu’elles doivent protéger aussi leurs enfants et par la crainte d’être considérées comme en partie responsables »

-       En France, les hommes consacrent 136 minutes par jour aux taches ménagères contre 258 minutes pour les femmes

-       Le pourcentage de salariés travaillant de très longues heures atteint 12% chez les hommes, contre 5% chez les femmes. Pour autant, consacrer moins de temps à une activité salariée ne signifie pas plus de temps pour soi : En France, les hommes comme les femmes consacrent approximativement 15 heures par jour à prendre soin d’eux et à leurs loisirs.

mardi 22 mai 2012

Moches, sexistes, ringards : mon top 10 des pires cadeaux de fête des mères



Existe aussi en version « connasse » « cougar » « ivrogne » « cagole » « merde ». Un florilège de jolis mots pour passer des messages de façon détournée.


Après « ta mère en string », « ta mère avec un vibromasseur » !


Une balance moucharde qui poste la pesée du jour sur Facebook ou Twitter. Une façon délicate de dire à sa mère qu’elle doit faire quelque chose pour son poids.


Parce qu’un bijou, c’est bien joli mais ça ne sert à rien, voici la bague décapsuleur qui permet de joindre l’utile à l’agréable et d’ouvrir les bières de papa en un clin d’œil.


Ce n’est pas parce qu’elle est en chaussons qu’une mère doit se vautrer devant la télé comme une feignasse. Grâce à ces pantoufles serpillères, elle en profitera pour nettoyer le sol en toute discrétion. Ah, la légendaire polyvalence des femmes !


Votre mère vous reproche de ne pas vous avoir assez au téléphone ou de ne pas vous voir régulièrement ? Grâce à ce CD qui lui susurrera à l’oreille «  tu n’as aucun défaut » « on est tous fous de toi », vous pourrez espacer les visites sans culpabiliser ! Merci la technologie !


Si votre mère croit qu’elle va être débarrassée du collier de pâtes immettable parce que vous êtes trentenaire, elle se trompe ! Oh la jolie farfalle en vermeil ! Si l’année d’après, elle vous réclame encore un cadeau, je n’y comprends plus rien !


Un cadeau simple et de bon goût pour dire à votre mère que tous vos copains l’aiment beaucoup. Je vous laisse le soin de lui expliquer le sens de ces 4 lettres…


Pour pimenter son quotidien de ménagère, voici un accessoire qui l’étonnera : une housse de table à repasser imprimée d’une photo de Mark. Quand elle passera son fer sur sa serviette, celle-ci s’effacera ! Plus de raison de traîner les pieds devant la pile de linge à repasser ! Au boulot, femme !


La célèbre marque de cosmétique « Lush » a lancé pour la fête des mères le premier produit vaisselle solide au monde. J’imagine la tête de votre mère en voyant le papier cadeau, pensant qu’il s’agit de produits de beauté…la douche froide… Heureusement, les instructions sur la baguette précisent « Détends-toi maman, ce soir je fais la vaisselle ! ». En revanche, les autres soirs, tu peux te brosser ! Presque aussi drôle que la blague « Chérie, c’est la journée de la femme aujourd’hui. Laisse, tu feras la vaisselle demain! ».

dimanche 20 mai 2012

C'est prouvé, les mannequins jeunes et minces ne font plus vendre!

Dans un précédent billet, j’avais évoqué la tyrannie de la beauté et la manière dont les marques érigeaient un modèle esthétique universel : la femme blanche, jeune, blonde et mince. Ce diktat s’immisce insidieusement dans les moindres coins de notre intimité : une marque de cosmétique indienne a ainsi lancé récemment un produit blanchissant pour le vagin et les lèvres.
Dans cette course à la perfection inaccessible, nul n’est à court d’idées pour fournir aux femmes de nouveaux modèles inatteignables. H&M, en utilisant des mannequins crées sur ordinateurs, est allé encore plus loin que les photos retouchées ou les mannequins anorexiques en proposant aux femmes des modèles aux mensurations artificielles.

Pourtant, une étude menée récemment au Canada et aux Etats-Unis par Ben Barry devrait peut-être changer la donne : et si les marques avaient tout faux ?

Ben Barry explique ainsi dans son enquête que le postulat marketing reposant sur la frustration est erroné : en proposant aux femmes des modèles volontairement inatteignables, les marques espèrent que celles-ci se consolent de leur estime de soi défaillante en consommant davantage. Naomi Mandel, professeur de marketing et chercheure explique que pour ces marques, c’est l’inadéquation entre les mannequins ultra-minces et la réalité qui pousserait les femmes à l’acte d’achat. 

L’étude de Ben Barry portant sur 2500 femmes différentes en âge, ethnies et mensurations met à mal cette théorie. Elle démontre ainsi que :

-       L’intention d’achat augmente de 200% quand une consommatrice regarde une publicité présentant un mannequin de la même taille qu’elle ou d’une taille supérieure
-       A l’inverse, l’intention d’achat chute de 60% quand le mannequin est plus mince que la consommatrice
-       L’intention d’achat augmente  de 175% quand une consommatrice regarde une publicité présentant un mannequin dont l’âge est équivalent au sien
-       A l’inverse, l’intention d’achat chute de 64% quand le mannequin est plus jeune que la consommatrice
-       Enfin, l’intention d’achat des consommatrices noires est 1 fois et demi plus importante quand la publicité met en scène un mannequin de la même couleur de peau

Comment expliquer ces chiffres ? Les femmes ont raconté lors des focus groups qu’elles pouvaient mieux se représenter le vêtement avec un mannequin qui leur ressemblait. Autre fait intéressant : elles affirmaient se sentir belles et sûres d’elles en voyant un mannequin qui leur correspondait, ce qui leur donnait envie d’acheter la robe.
A l’inverse, les modèles idéalisés renforçaient leur sentiment d’insécurité sans pour autant qu’elles ressentent le besoin de transformer cette frustration en acte d’achat. Bien au contraire, se sentant exclues, les femmes se détourneraient de la marque.

A l’heure où les magazines regorgent de régimes en tout genre et de mannequins taille 34, il est rassérénant de penser qu’un jour, peut-être, leurs pages abriteront des modèles qui « reflètent tout le panorama de la beauté féminine », comme l’énonce Ben Barry…

vendredi 11 mai 2012

Une du "Time" sur l'allaitement : qu'est ce qui est vraiment choquant?



Le prochain numéro du Time ne sortira que le 21 mai mais il fait déjà polémique.
On y voit une jeune femme blonde, mince, en débardeur et jean moulant allaiter son enfant de 3 ans, lui-même debout sur une chaise.

Le titre, lui aussi provocateur, questionne : « Etes-vous assez mère ? ». Cette couverture est l’illustration du dossier consacré à l’ « extended parenting », sorte de philosophie prônant le co-dodo, le portage et l’allaitement.

On savait le sujet de l’allaitement brûlant : des photos de mère donnant le sein ont été récemment censurées par Facebook, et en avril dernier, la responsable d’un magasin Mac a mis à la porte une femme qui faisait de même.

Pour ma part, je ne suis pas une partisane de l’allaitement : poussée par la pression sociale, je m’y suis mise pour mon premier enfant et cela a été catastrophique (pour lui et pour moi). Je l’ai vécu comme une torture mais ai été poussée à continuer par les sages-femmes qui m’ont demandé de « prendre sur moi pour le bien de l’enfant ». J’ai également beaucoup de mal face au lobbying des pro-allaitements et les happenings de la leche league. Pour moi, l’allaitement est un choix personnel, et mieux vaut un biberon donné sereinement qu’un allaitement raté. Je suis également contre ce mouvement de maternage très en vogue chez les bobos : les couches lavables, le portage, tout cela me semble profondément archaïque.

Pour autant, une fois le dégoût passé, je réalise que ce n’est pas le fait d’allaiter qui me choque dans cette couverture mais son côté racoleur :
-       La femme choisie est volontairement sexy : blonde, mince, jeune et jolie pour créer une ambiguïté à caractère sexuel. Beaucoup de lecteurs ont d’ailleurs cru qu’il s’agissait d’un mannequin, alors qu’il s’agit d’une vraie mère
-       Elle et son fils regardent l’objectif, ce qui dérange : on se sent directement visé et défié
-       Le titre est lui aussi provocateur « Etes-vous assez mère ? » semble nous dire cette femme, persuadée qu’elle est meilleure que nous

 Le Time avait pourtant hésité avec d’autres visuels pour illustrer l’article (voir ci-dessous). Le photographe Martin Schoeller explique son choix : « Lorsque vous pensez à l'allaitement, vous pensez à une mère portant son enfant, ce qui était impossible avec certain de ces grands enfants. J'aimais l'idée d'avoir un enfant sur une chaise pour souligner à quel point la situation est inhabituelle".



Pour ma part, outre son ambiguïté extrêmement dérangeante, je trouve cette couverture tout simplement mensongère car elle résume la thématique beaucoup plus large de l’ « extended parenting » au seul allaitement tardif. Le sujet est minoritaire mais le journal a préféré le mettre en avant de façon ambiguë pour faire le buzz. Autre provocation, sous-entendre que les pros de l’extended parenting se considèrent comme meilleures mères que les autres.

Je pense que les mères et les femmes ont suffisamment de sujet de culpabilisation pour se rajouter celui-ci !

Au-delà de cette polémique, je m’interroge au sujet de la vraie victime collatérale de cette sur-médiatisation. Quel va être le devenir de ce petit garçon de 3 ans suite à cet énorme buzz ?

jeudi 10 mai 2012

La misogynie féminine au travail : entre mythes et réalités



Hier, je suis tombée par hasard sur cet article du site « Les affaires » dont le titre m’a fait immédiatement bondir : « La médisance entre femmes, un gros problème pour les organisations ». L’illustration juste en-dessous confirme le propos : on y voit une jeune femme cheveux au vent, croquant une pomme rouge (le fruit du péché originel), laissant s’échapper négligemment de son attaché case des feuilles au fil du vent.


Le reste de l’article est une prise de position affirmée contre la place des femmes en entreprise « La solidarité féminine au travail, oubliez ça ! Les femmes sont les reines incontestées de l’intimidation envers les femmes. Ceux qui prêchent pour le travail d’équipe peuvent aller se rhabiller ! ». Que de nuances et d’objectivité pour un journaliste !
« Quand ça tourne mal (entre femmes), ça devient vite un cauchemar. À l’inverse, quand les hommes se disputent, ils passent vite à autre chose en disant: “J’ai toujours su qu’il était un pauvre type » explique Pat Heim, auteure de « In the Company of Women »  prouvant ainsi que les femmes peuvent aussi véhiculer les pires clichés.
Pour appuyer son propos et montrer que le phénomène de la jalousie touche tous les secteurs, l’auteur conclut en citant comme exemple l’ancienne pdg de HP, Carly Fiorina, qui se serait moquée de la sénatrice américaine Barbara Boxer: «Mon Dieu, ses cheveux! C’est passé de mode!».  Une anecdote digne de « Voici » qui n’a rien à faire dans un article de la catégorie « stratégie d’entreprise » !
Le monde du travail n’est donc qu’une gigantesque basse-cour au yeux du journaliste et cette médisance serait « un gros problème » pour les organisations.
Cette stigmatisation me gêne à plusieurs titres :
-       La rivalité (appelée médisance quand il s’agit des femmes) n’est pas l’apanage d’un sexe et n’est pas valorisée de la même façon: quand les hommes se battent pour un poste c’est de la compétition, quand ce sont des femmes c’est du crêpage de chignon. Quand des hommes font preuve d’autorité envers leur équipe c’est une compétence, quand ce sont des femmes ce sont des tyrans.
-       L’article cite un sondage prouvant qu’aux États-Unis, 80 % des intimidatrices au travail prennent d’autres femmes pour cibles. En comparaison, 56 % des hommes intimidateurs font de même avec leurs collègues masculins. Ce sont donc les femmes les premières victimes, et non l’organisation, comme semble l’indiquer l’article. Par ailleurs, on peut aussi penser que les hommes ont davantage de réticence à signaler des tentatives d’intimidation que les femmes, ce qui peut fausser les chiffres déclaratifs.
-       L’accent mis sur la médisance et jalousie dans cet article n’est qu’un écran de fumée pour légitimer indirectement les inégalités (différence de salaire, sous-représentativité des femmes dans les comités de direction), aspects qui ne sont d’ailleurs jamais évoqués. Après tout, si les femmes y arrivent moins bien que les hommes c’est parce qu’elles se tirent dans les pattes.
Pour autant, je ne nierai pas qu’il existe parfois une misogynie féminine qui s’explique de façon plus profonde et moins stéréotypée que cet article. « Il n'y a pas de raison que les femmes soient moins misogynes que les hommes»,  affirme Pascale Molinier, psychologue du travail au Cnam. Elles vivent dans la même société que les hommes, où le masculin l'emporte sur le féminin. Elles peuvent donc reprendre à leur compte un certain nombre de préjugés sexistes. Quand une femme dit de ses collègues qu'elles sont toutes jalouses ou incapables, elle intègre ces stéréotypes négatifs qui courent sur les femmes dans le monde du travail». 
Se dire « elles sont toutes jalouses sauf moi » c’est aussi une façon de s’extraire d’un milieu professionnel socialement infériorisé. Selon la sociologue du travail Danièle Kergoat, «la domination masculine est tellement intériorisée par les femmes qu’elles se minorent elles-mêmes. Elles se renient en tant que genre dévalorisé et plein de défauts. Toutes des salopes, sauf moi… donc, je ne suis pas une femme, donc ma misogynie me protège contre l’identification à une catégorie dénigrée. »
Enfin, dans un milieu professionnel encore très masculin, beaucoup de femmes pensent que se ranger du côté des hommes est la solution, histoire de ne pas raviver une guerre des sexes. Comme nous l’explique cet article très documenté « Elles reproduisent alors les stéréotypes, estimant que travailler avec un homme, c'est «moins d'emmerdements». Et oublieraient au passage de nommer d'autres femmes à des postes de responsabilités ­ alors que les hommes pratiquent l'art de la cooptation depuis des siècles. Un frein à l'égalité professionnelle ? «Pour elles, la compréhension envers les femmes est dangereuse», estime la sociologue Danièle Linhart. Cette absence de solidarité féminine contribuerait au non-avancement des femmes, estiment certains sociologues. »
Cette intériorisation des stéréotypes fait froid dans le dos : comment lutter si les femmes elles-mêmes sont leurs propres ennemis ? Le féminisme semble peu s’être penché sur cette question, sans doute par peur de tomber dans les préjugés.
Pourtant ce chiffre glaçant fait réfléchir : aujourd’hui 88% des femmes préfèrent travailler avec des hommes. Mais sans doute pas pour les raisons stéréotypées de l’article.





mardi 8 mai 2012

Encore un fail chez les 3 Suisses!


Ces derniers mois, les sites de vente par correspondance ont subi la loi des fails en série : la Redoute d'abord avec son nudiste en arrière-plan:


Puis les 3 Suisses avec un t shirt, qui, via le slogan en japonais "Shark fin Soup" fait l'apologie de la chasse aux requins, une pratique qui décime certaines espèces protégées.


Aujourd'hui la loi des séries continue mais cette fois-ci c'est moi qui en fais les frais!

En effet, j'ai été ravie de recevoir un mail dont l'objet est "Inactifs- temps 2 - femme de plus de 35 ans"


J'ose espérer que le terme "inactif" ne désigne pas ma situation professionnelle mais le fait que je n'aie pas commandé depuis des lustres! (et ça n'est pas près de s'arranger!). Quant au "femme de plus de 35 ans", c'est bien la triste vérité mais qui ne fait jamais plaisir à lire : j'ai heureusement échappé au "en pré-ménopause"!

Encore un beau fail à rajouter au tableau de chasse des 3 Suisses...mais qui n'est pas le moindre.

Le vrai fail des 3 Suisses c'est le licenciement de 149 salariées suite à leur décision de fermer leurs boutiques. 70 d'entre elles ont déposé un recours devant les prud'hommes et 6 salariées et ex-salariées ont crée l'association Licenci'elles dont le but est d'aider les femmes victimes de licenciements boursiers. Elles ont été interviewées ici par le site "Egalité".

Je souhaite de tout coeur bon courage à ces "femmes de plus de 35 ans" "inactives" depuis leur licenciement. Ce sont elles les vraies victimes du fail des 3 Suisses. Haut les coeurs les filles!