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mardi 27 mars 2012

Jesuisbonne.fr : faut-il baisser son froc pour travailler?


« Jesuisbonne.fr » ça vous dit quelque chose ? Non, il ne s’agit pas d’un énième site de rencontre ou d’escort-girl mais plutôt une opération de comm’ lancée par un couple d’étudiants afin de trouver un stage.
Une communication sexuellement agressive qui donne le ton dès la première page : l’internaute a le choix entre « un homme, un vrai » ou « une femme jolie et tout ». Pour le premier choix, on arrive sur un visuel de braguette assortie de la phrase « j’ai un gros paquet, insérez moi ». Pour la femme « jolie et tout » qui supplie « prenez moi », on atterrit sur un chemisier interactif à dégrafer pour pouvoir lire le CV.
Les réactions sur ma TL sont assez mitigées : autant de « c’est génial » que de « c’est à vomir ». Pour ma part, je me range dans la seconde catégorie. Ce n’est pourtant pas la première fois que des opérations de comm’ utilisent les grosses ficelles de l’humour bien gras pour faire vendre, à l’image de l’agence Influelse : « 40 ans un petit coup de mou? Nos attachées de presse sont BONNES pour lutter contre les pannes médiatiques ». Ou encore l’agence Herezie, qui, pour justifier son statut autoproclamé de « meilleure agence de l’année », illustre sa campagne par une photo de bébé aux testicules surdimensionnées.
Là, je trouve que l’on va encore un cran plus loin dans le racolage et le mauvais goût: on surfe sur l’imagerie de la prostitution pour attirer l’attention, on baisse son pantalon, au sens premier du terme, pour espérer décrocher un stage. Pour des étudiants désireux de travailler dans le web, je trouve que c’est le degré zéro de la créativité : quand on parle de cul pour se vendre, c’est un cruel aveux d’échec, c’est qu’on n’a rien d’autre à dire. Ca n'a rien de subversif c'est juste bêtement provocateur.
Certains trouvent cette campagne hilarante, moi je la trouve triste à pleurer : si ces étudiants sont prêts à tomber si bas dans la vulgarité pour un stage, je n’ose imaginer ce que proposerait leur site pour décrocher un boulot. Quelle triste société que la nôtre, qui pousse certains à de telles extrémités pour avoir l’espoir de travailler un jour.
Vous trouvez que je manque d’humour ? Allez demander à « génération précaires » si cette campagne les fait rire, eux qui n’hésitent pas à comparer le grand marché des stagiaires à celui de la prostitution : « Grand manège qui tourne en circuit clos, comme la prostitution en Thaïlande, on marche quand même dans la combine puisque c’est la seule disponible et qu’en effet une fois sur vingt (à vérifier selon les statistiques sur les stagiaires, si l’on a jugé utile de les mener) on fini par épouser un client, transposer : se faire embaucher. » . On pourrait également demander leur avis aux 40 000 étudiants qui se prostituent pour pouvoir payer leurs études : ce site les fait-il rire ?
J’espère juste qu’il s’agit d’un fake, d’une opération menée par une association pour dénoncer le sous-emploi des jeunes, ce qui serait dans ce cas une opération de buzz efficace.
Le même jour, @dan_dhombres m’a fait parvenir cette affiche de recrutement pour la bourse de l’immobilier. Beaucoup moins racoleuse, elle joue néanmoins sur le registre de la séduction et de l’ambiguïté, mettant en scène une femme dans le style des petites annonces de rencontre « Véronique, 39 ans, recherche homme ou femme pour relation durable dans le Lot ». Une autre façon détournée de mélanger les genres…

lundi 26 mars 2012

Cloclo de Florent Emilio Siri

Je ne suis pas une fan absolue des biopics à la française : « La Môme » m’avait agacée avec ses longueurs, son côté « carton-pâte » et surtout l’interprétation surjouée et grimaçante de Cotillard. « Gainsbourg, vie héroïque » m’avait laissée sur ma faim : je ne suis pas rentrée dans le côté « conte fantastique » du film, qui s’apparente davantage à succession de sketchs dont l’essentiel est dans la bande-annonce. J’avais donc quelques aprioris en allant voir « Cloclo » la semaine dernière, réticences qui se sont très vite dissipées tant on rentre de plain-pied dans l’univers survolté du chanteur grâce à une réalisation très léchée. Visuellement, le film est une grande réussite : les reconstitutions ultra-réalistes, les couleurs de l’époque parfaitement retranscrites, les lumières utilisées comme fil rouge sont autant de petits détails qui nous plongent immédiatement au cœur de l’histoire sans effort d’adaptation. Des plans séquences sublimes permettent en outre de mieux comprendre le personnage dans sa complexité et de suivre avec lui son rythme trépidant. On passe avec lui de la transe de la foule déchainée (j’ai adoré le plan où il disparaît dans la fosse, littéralement happé par les mains des fans) à la solitude de sa loge, de son appartement désert à son bureau survolté. La part belle a été également faite à la musique, qui constitue véritablement un personnage à part entière. Alors qu’habituellement la BO n’est qu’un prétexte, une simple illustration sonore, elle prend ici tout son sens. Chaque morceau est une clé pour comprendre la complexité du personnage, et les paroles prennent alors une autre dimension.

Au-delà de l’aspect formel particulièrement réussi, j’ai beaucoup apprécié le traitement biographique très fin, jamais larmoyant et sans concession. En plongeant dans l’enfance de Claude François sans trop s’y appesantir, on arrive à démêler le fil des contradictions qui ont émaillées sa vie : un père distant, « control freak » qui n’a jamais approuvé sa volonté de devenir chanteur et une mère fantasque, italienne, qui passait ses journées à dépenser l’argent de la famille au casino. A la lumière de cette histoire familiale, on comprend mieux l’ambivalence de sa personnalité : tyrannique, maniaque, insatisfait mais en même temps flamboyant, en quête perpétuelle d’amour et de réussite. Un portrait sans fard qui n’épargne pas le chanteur mais qui paradoxalement arrive néanmoins à nous le rendre sympathique : un tour de force rendu possible, entre autre, par l’interprétation magistrale de Jérémie Renier. Sans jamais tomber dans la caricature ou le mime, il habite véritablement son personnage bien au-delà de la simple ressemblance. Une performance physique incroyable qui porte littéralement le film. Mention spéciale également pour Marc Barbe, qui joue le père de Claude François, tout en sobriété et profondeur. En revanche, grosse erreur de casting à mon sens pour Paul Lederman : pourquoi donc avoir été chercher Benoit Magimel, mince, blond et jeune pour jouer un producteur, brun, frisé et rondouillet ? Contrairement à Jérémie Rénier, on ne s’attarde par conséquent que sur le maquillage et l’aspect « transformiste » du comédien. Autre erreur lamentable : avoir voulu le faire jouer avec un très mauvais accent pied noir façon « la vérité si je mens » alors que Lederman est d’origine ashkénaze !

Un loupé qui entaille un peu la crédibilité du film mais qui n’enlève en rien à sa créativité, sa fougue et son originalité ! A voir sans hésitation !


jeudi 22 mars 2012

Oh Toulouse...


J’ai hésité à rédiger ce billet : peur d’écrire à chaud des mots qui me dépassent, peur que ces lignes soient perçues comme une manière indirecte de faire de l’audience sur un sujet tragique. Peur que mes mots paraissent futiles face à ce drame.
Mais il faut bien me rendre à l’évidence : depuis l’attentat de Toulouse, mes mots restent bloqués dans ma gorge, ma plume est désespérément sèche. Je me dis donc que le travail de deuil passe aussi par là : reprendre le clavier pour donner corps à l’impalpable, parler de l’innommable pour essayer de le dépasser à défaut de l’oublier.
Tout à commencé sur Twitter, comme d’habitude : un tweet fait mention d’une fusillade dans une école juive de Toulouse, puis plusieurs jusqu’à ce que ma TL soit presque entièrement envahie par cette information. Ensuite le décompte macabre « on compte 3 morts » « maintenant 4 morts ». C’est alors que le ballet des phrases à la con a commencé « attention ce n’est pas parce qu’on attaque une école juive que c’est antisémite » . Ensuite ce journaliste qui a qualifié l’événement de « fait divers » : "un fait divers pour moi ce sont des chiens écrasés, pas des juifs fusillés", ai-je répondu. Chantal Jouanno a été la première à s’exprimer, sans doute pour avoir la primeur de l’événement « Mes pensées aux familles et à l'ensemble de la communauté israélite de France après l'ignoble attaque à Toulouse. Laïcité = respect » : « Le mot « juif » n’est pas un gros mot et je ne vois pas ce que la laïcité a à voir dans tout ça » ai-je encore twitté. Puis est venu le tour des conspirationnistes : bizarre quand même que cet événement tombe juste à la veille de la présidentielle…? Même Poutou s’y est mis « Ca a l’air d’être un fou mais ce n’est peut-être pas un hasard si ça arrive en pleine campagne. Il y a peut-être un calcul politique derrière pour faire diversion par rapport à la crise ». Pas étonnant quand on sait que Bové accusait le Mossad d’être à l’origine d’actes antisémites produits en France. J’attendais la petite phrase à la Raymond Barre, prononcée après Copernic « Cet attentat odieux voulait frapper les israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic » mais elle n’est pas venue. Enfin pas pour l’instant.
Quand est venu le moment des « et pendant ce temps là des enfants syriens meurent » et « Si la balle d'un fou tue un juif, c'est antisémite. Si elle tue un musulman, c'est entièrement de sa faute.”» j’ai décidé de raccrocher. Pour mieux y revenir quelques heures après mais c’était encore pire. Un coup d’œil au hashtag #Toulouse a fini de me filer la nausée (le site jewpop a répertorié quelques perles ici pour ceux qui ont le courage). On est ensuite venu me dire qu’il ne fallait pas que je qualifie les victimes de juifs mais de français, que c’était le jeu du communautarisme que de faire ça. Mais c’est oublier que ces enfants ont été visés simplement du fait de leur appartenance au peuple juif ! Si communautarisme il y a, il vient de l’assassin ! Et puis ne pas mentionner la religion des victimes dans ce cas précis c’est leur voler leur identité, les tuer une seconde fois.
Il a été ensuite question de la minute de silence dans les écoles : la majorité de ma TL était contre. Une prof atterrée a raconté ensuite que ses élèves ont refusé de la faire car « c’est pas grave c’était des juifs ». Pour ma part j’en ai parlé à mes 2 enfants de 3 et 6 ans. Les mots ont été hésitants, ma voix tremblante mais je leur ai dit. Un fou a tiré sur des enfants à cause de leur religion. Pour leur rendre hommage, on va faire une minute de silence dans les écoles. Je pense qu’il n’est jamais trop tôt pour dire les choses. Dès la maternelle, mon fils a essuyé des remarques moqueuses de la part d’autres élèves car il était circoncis. Il faut que mes enfants sachent que leur religion est une incroyable richesse mais sera souvent un fardeau. Qu’ils devront la justifier et encaisser des remarques, du « allez, fais pas ton feuj » au « Hitler a pas fini le travail ».
Ma fille de 3 ans a juste demandé si le carnaval allait être annulé. Je n’ai pas regretté d’en avoir parlé à mon fils puisqu’hier à son cours de dessin des enfants en ont parlé très crument. « C’était à Toulouse donc c’était loin heureusement » m’a t-il dit pour se rassurer. Puis « Si on mettait le fou dans un hôpital, ça le rendrait peut-être normal ». Je suis moins optimiste…
Pour moi ce type n’est pas un fou. Je sais qu’il serait plus simple pour tout le monde de le mettre à la marge de l’humanité et de s’en laver les mains mais c’est plus compliqué que ça. Ce type est un mec désoeuvré, qui a trouvé un but à sa vie misérable dans un endoctrinement et une mission qui lui ont donné une identité. Une révolte nourrie par les films de décapitation qu’il semblait voir en boucle, cloitré chez lui et par une grossière propagande, à l’image de fausses photos d’enfants palestiniens ensanglantés retweetées par une employée de l’ONU.
Aujourd’hui sur Tweeter, la sidération est retombée. Chacun attend la fin, entre fatigue et excitation, dans une ambiance de fin de soirée un peu surréaliste. Beaucoup appellent l’assassin « Momo », sa photo souriante circule, évinçant peu à peu celles des petites victimes. Les témoignages de gens le connaissant affluent « il était doux et gentil il avait la haine des juifs qui tuent des enfants en Palestine c'est tout!". Je crois que ce sont toutes ces réactions qui me terrifient encore plus que l’assassin lui-même : elles prouvent que rien ne pourra empêcher qu’un tel événement ne se reproduise.

lundi 19 mars 2012

Pourquoi l'avortement fait-il si peur et pourquoi faut-il le défendre?

A l'heure où l'avortement, et indirectement le corps des femmes, est devenu un enjeu politique, il devient urgent de rappeler quelques vérités fondamentales.

Parce que l'expression "avortement de confort" est un oxymore aussi nauséabond que "TVA sociale", je relaye aujourd'hui ce texte essentiel du Planning Familial. N'hésitez pas à le transmettre à vos contacts et à faire tourner sur Twitter, sur Facebook et sur vos blogs!

"Pourquoi l'avortement fait-il si peur et pourquoi faut-il le défendre ?

Le Planning Familial

La question se pose face aux multiples attaques dont l'avortement fait l'objet, en France comme en Europe et dans le monde.

De biais, au détour d'une politique, d'un vote ou d'une petite phrase, par ce regard plus critique et culpabilisant que d'habitude sur « ces femmes qui prennent l'IVG pour une contraception » - car bien sûr, « avec les moyens actuels, quand même elles pourraient faire attention ».

Plus frontalement par la révision des lois, comme en Espagne, marquant un réel recul, ou par des tentatives de déremboursement comme en Suisse ou en Russie. Carrément frontalement, comme aux États-Unis où l’avortement et la contraception deviennent des enjeux électoraux. Violemment même, dans le cas de l’attentat contre le siège de l’ANCIC.

Et puis il y a la violence des mots pour celles à qui une fois n’aurait pas suffi et qui « récidivent » sans parler des éventuelles « IVG de confort »!

En 2012, les femmes -pas plus qu'au début du XXème siècle lors des débats sur leur droit de vote- ne seraient responsables, capables de réflexion. Comble de l'outrage, elles pourraient en plus avoir le droit de choisir quand et si elles veulent un enfant, le droit de dissocier sexualité et procréation ?

L’avortement, par cette possibilité qu'il donne aux femmes de poursuivre ou non une grossesse non souhaitée, remet en cause l’ordre établi. Il fait tant vaciller le socle sur lequel notre société s’est construite que dans cette période aux perspectives floues, il permet aux conservateurs, nostalgiques et autres moralisateurs de remettre en cause ces acquis si chèrement payés.

La crise a bon dos !

Ce qui se trame en Europe et dans le Monde oscille entre désinformation, discrimination et opposition des citoyens et citoyennes entre eux dans une société survalorisant la maternité. La crise mondiale, plus qu'économique devient moraliste, justifiant des positions caricaturales et réactionnaires.

Vision traditionaliste des familles, de la place et du rôle des femmes dans nos sociétés, domination du masculin sur le féminin fondée sur le patriarcat et l'hétérosexisme sont ainsi légitimés, traduisant la peur de ce qui pourrait venir remettre en cause ce système de pensée basé sur conjugalité et maternité. Dans ce système, qui défend que l'homme serait idéalement fait pour la femme, ou plutôt l'inverse, tout ce qui pourrait être perçu comme contestant cet ordre établi est alors rejeté. C’est le cas de l’homosexualité, comme de ce droit donné aux femmes de choisir ou non d'être mère. Quand les femmes sont considérées seules et uniques responsables de la relation sexuelle et de ses conséquences, l'avortement symbolise, dans un ultime affront, leur incapacité quant à cette responsabilité. Le « trauma » de l’avortement viendra punir de leur choix celles qui bravent l’interdit !

Les périodes électorales sont propices à ces utilisations car elles révèlent les projets de société des candidats et en creux les rôles qu'ils prêtent aux femmes. Ceci s’exacerbe aujourd'hui en France ou aux USA, comme ce fut le cas en Espagne ou en Hongrie en 2011.

C’est ainsi que, largement soutenus par les intégrismes religieux, de nombreux pays prévoient de revenir sur le remboursement de l'avortement, sur les lois l'autorisant, quand ils ne l'interdisent pas tout simplement. Les autorités religieuses ont, dans ces reculs mondiaux, une large responsabilité, démontrant leur trop grand pouvoir sur un enjeu démocratique mondial majeur.

Un enjeu démocratique essentiel aux sociétés

Un des piliers de la démocratie est l’universalité des droits et l’égalité entre tous les citoyens, qu’ils soient femmes ou hommes. Comment est-il possible alors de justifier l’aliénation, la discrimination et la domination de cinquante pour cent d’une population par l'autre moitié ? Même si la reconnaissance de cette égalité entre femmes et homme est loin d’être réelle partout, les femmes ne sont pas mineures, elles pensent et agissent par elles-mêmes, elles sont libres. Leur accès à la contraception et à l'avortement fait partie de cette liberté.

Ceux qui veulent mettre à l'index l'avortement, entraver son accès ont des projets de société rétrogrades, inégalitaires, sclérosants et pessimistes. Non, les femmes ne sont pas ces « pauvres choses inconséquentes ». Oui, il y a un intérêt majeur à permettre cet accès aux droits génésiques à toutes les femmes, sans discrimination, ici et partout dans le monde. Interdire n’est pas prévenir, permettre n'est pas inciter.

En Europe, l'Assemblée parlementaire du Conseil a voté en 2008 une résolution demandant aux États membres de dépénaliser l'avortement et de garantir aux femmes l'accès à un avortement sans risque et légal, appelant à lever les restrictions qui en entravent en fait ou en droit l'accès, à assurer l'accès à la contraception et à instituer l'éducation sexuelle obligatoire des jeunes. En 2011, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, le Parlement Européen adoptait deux résolutions. L'une sur la réduction des inégalités de santé dans l'Union européenne : "l'Union européenne et les États Membres doivent garantir aux femmes un accès aisé aux moyens de contraception ainsi que le droit à un avortement sûr", l'autre sur l'égalité entre les femmes et les hommes dans l'Union européenne, insistant sur le fait que « les femmes doivent avoir le contrôle de leurs droits sexuels et reproductifs, notamment grâce à un accès aisé à la contraception et à l'avortement;"

Toutes les grandes conférences internationales, de Rio en 1992 à Pékin en 1995, en passant par le Caire en 1994, s’accordent sur l’importance de l'accès aux services de planification familiale, mettant l'accent sur l'absolue nécessité de politiques publiques de santé sexuelle et reproductive.

Un enjeu de solidarité européenne et mondiale

Si cet enjeu de solidarité est mondialisé, les enjeux en Europe, en raison des reculs constatés çà et là, ne sont plus un problème « hors nos frontières »; ils nous obligent collectivement comme européens et citoyens du monde

Lors du colloque "Droit à l'avortement : quels enjeux pour les femmes en Europe ?" organisé par Le Planning Familial en 2009, la déclaration finale, adoptée à l'unanimité des dix-sept pays européens présents, réaffirmait : "le droit à disposer de son corps est le socle fondamental permettant aux femmes de vivre dans une société égalitaire, plus juste, plus démocratique".

Elle lançait un appel à la solidarité, à la vigilance extrême de l'ensemble des forces progressistes et citoyennes, et à la création d'un réseau riche de nos différences et de notre volonté, pour construire cette solidarité européenne et mondiale, celle des femmes et des hommes libres et égaux.

Pour toutes ces raisons, Le Planning Familial participera le 24 mars à Bruxelles au rassemblement européen "Abortion Rights". Cette initiative doit être saluée et rejointe car elle s'inscrit dans cette dynamique de solidarité entre les peuples pour défendre ce droit fondamental et positif sans lequel les femmes ne pourront jamais être libres.

Soutenons les élus d’ici et ailleurs qui défendent ce droit. Demandons à ceux qui sollicitent nos voix quelles sont leurs positions et ce qu’ils comptent faire pour faciliter cet accès, rappelons à ceux qui l'auraient oublié leur mandat et ce pourquoi ils ont été élus.

Les lois légalisant l'avortement doivent être appliquées. Il est plus qu'urgent que toutes celles et ceux qui luttent pour le droit de choisir et l'élargissement des législations sur l'avortement soient soutenus, défendus et se rejoignent dans un élan de solidarité sans précédent.

Les femmes ont avorté et avorteront, même si elles risquent la prison ou la mort, même humiliées, culpabilisées. N’en déplaise, elles n’en « crèveront » pas de honte et de culpabilité, elles ne veulent pas du retour des aiguilles à tricoter !"

Le Planning familial

dimanche 18 mars 2012

Coup de foudre musical : "Dilouya's faithful circus"

Je parle très peu de musique sur mon blog car mes coups de cœur sont vraiment très rares. Il faut dire qu’à mon petit panthéon personnel section Soul/funk figurent Mickael Jackson, Jamiroquai, Marvin Gaye, les Brand New Heavies et bien sûr Stevie Wonder : la barre est donc très haute. Fait aggravant, je suis toujours en retard d’une tendance (je suis une late adopteuse, l’inverse d’une early adopteuse) : pour vous donner un exemple, j’ai vu mon premier épisode de « Bref » il y a 2 mois. Quand j'ai tweeté mon enthousiasme au sujet de la série en janvier dernier, quelqu’un m’a dit que j’avais atteint le point Tania. J’aurais aimé répondre du tac au tac mais je suis tellement à la ramasse que j’ai été obligée de chercher sur Google la signification de cette expression sibylline.

Décodage : « En référence à Tania Bruna-Russo du Grand Journal, dont les chroniques musicales sont généralement dépassées. Cette expression se dit donc lorsqu’on découvre un truc 10 ans après tout le monde. » . Pas faux.

Sauf que pour une fois, j’ai eu le privilège de découvrir avant le grand public un petit bijou de soul et de funk prénommé « Dilouya’s Faithful Circus » et je n’en suis pas peu fière. Rassurez-vous, je n’ai pas été miraculeusement touchée par la fée de la hype : Romain, le talentueux compositeur, producteur et multi-instrumentiste en question n’est autre qu’un copain d’enfance de mon frère.

Je le suis de loin depuis ses débuts et ai donc pu acheter son album hier avant que le grand public ne s’empare du phénomène. Mon frère, avec qui j’ai 9 ans d’écart, a toujours eu des copains très cools. Je me souviens très bien de Romain enfant : une sacrée personnalité, un caractère bien trempé et un humour décapant. En maternelle, c’était le seul gamin de l’école à avoir des chaussures imprimées zèbre par exemple. Le seul également à ne pas vouloir se déguiser au carnaval de l’école ou à être fan de Mickael Jackson. Je me souviens aussi de son clavier et de sa batterie dans sa chambre alors que les gosses de son âge ne pensaient qu’à jouer aux petites voitures. Tous ces petits détails présageaient une carrière hors du commun…

Pourtant, en glissant le CD dans ma chaine hier, je n’imaginais pas prendre une si grande claque musicale ! Il faut dire que je méfie un peu de tous ceux qui convoquent les morts de la soul pour un oui pour un non, à l’image de « Ben Oncle Soul » et autres « Raphael Saadiq ». Tous ces succédanés d' esprit Motown qui se contentent de piller les grands noms et leur sépulture car ils ne sont pas capables de créer autre chose. En quelques secondes d’écoute, j’ai tout de suite compris que ce qui sortait de mes enceintes ne ressemblait à rien de ce que j’avais pu écouter auparavant. Bien entendu, Dilouya plonge aux racines de la soul et du groove pour teinter son album des sonorités chaudes des années 70. Dans « Time’s gone » une de mes chansons préférées, on ne peut s’empêcher d’y reconnaître l’influence de Stevie Wonder par exemple. Le talent de Romain c’est d’assumer cette paternité tout en l’enrichissant d’une modernité incroyable : alors que les sons de l’auteur de « Superstition » peuvent paraître un peu datés aujourd’hui, Dilouya leur offre un sacré coup de jeune en leur apportant une fraîcheur et une créativité hors du commun. Pour cela, il s’est entouré de la crème des interprètes en leur confectionnant des petits bijoux sur-mesure : Omar, Hugh Coltman, Merlot, Juan Rozoff, Sandra Nkake, N'Dea Davenport et Sly Johnson, pour n’en citer que quelques uns. Ils apportent à l’album une couleur et des contrastes qui l’enrichissent considérablement et nous offrent un voyage teinté de magnifiques références : dans « Running away », j’ai croisé l’âme de Marvin Gaye, « Right Time » m’a fait replonger dans mes années « Brand New Heavies ». Quant à « Goodbye », elle m’a fait penser à « Benny and the Jets » d’Elton John.

Il n’y a absolument rien à jeter dans ce petit bijou qui tourne en boucle depuis hier chez moi!

Alors, si comme moi, vous voulez éviter l’« effet Tania », précipitez-vous dès maintenant à la Fnac, sur Itunes ou sur Amazon pour acheter l’album « Dilouya’s Faithful Circus », qui sera à coup sûr la révélation de l’année 2012 !