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mardi 15 novembre 2011

De la fraude sociale et autres inepties

Décidément, plus la présidentielle approche et plus mes sujets d’agacement se multiplient.

D’abord il y a eu ce projet d’évaluation d’élèves de maternelle afin de détecter les enfants « à haut risque ». Plus récemment, l’ «expérimentation» du retour de l’uniforme à l’école.

Aujourd’hui, c’est Xavier Bertrand qui entre en guerre contre les arrêts maladie abusifs (dans la droite ligne des propos tenus par Laurent Wauquiez qui déclarait que l ‘assistanat était le cancer de la société française).

La traque aux malades et aux « assistés » serait donc le nouveau cheval de bataille du gouvernement dans le but de combler le déficit de la sécurité sociale (et de rafler quelques voix au passage) : "Les fraudeurs, c'est un sujet qui monte. C'est normal en cas de crise, et on va mettre le paquet là-dessus", a ainsi indiqué un responsable de l'UMP.

La fraude sociale, c’était d’ailleurs un des thèmes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, qu’il recycle aujourd’hui allègrement.

Mais qu’en est-il exactement dans les faits?

  • Selon la Cour des comptes, les fraudes à la Sécurité sociale en 2010, n'ont représenté que 1% du montant total des allocations versées aux assurés sociaux pendant l'année, soit seulement 6% de l'ensemble des fraudes sociales constatées dans le pays
  • Contrairement à ce que l'on pourrait croire les entreprises fraudent plus que les particuliers: la fraude aux prestations (indemnités d'arrêts maladie, allocations familiales, RSA etc..) représenterait des dépenses pour l'Etat de 2 à 3 milliards d'euros tandis que le travail au noir représenterait un manque à gagner de l'ordre de 8 à 15,8 milliards d'euros.
  • La fraude fiscale évaluée à 2,4 milliards d’euros pèse bien plus lourd dans la balance que les 266 millions d'euros des fraudes détectées aux prestations de la Sécurité sociale

Ce qu’oublie de nous dire le gouvernement, c’est qu’en France les plus « assistés » ce sont les entreprises! Le CPO, l’instance rattachée à la cour des comptes a ainsi évalué en 2009 à plus de 172 milliards d’euros le montant des aides accordées aux entreprises (niches fiscales, sociales et «mesures particulières») soit… 9% du PIB !

Pour rappel, une personne seule, sans emploi, bénéficiaire du RSA touche 467 euros par mois. Soit 15 euros par jour pour se nourrir, se déplacer… Les assistés ne sont pas ceux qu’on croit ! Les fraudeurs non plus !

2 commentaires:

  1. Oui, les assistés ne sont pas ceux que notre président veut désigner pour récupérer des voix auprès du peuple.
    Le sujet est très porteur au bistrot du coin. Un certain électorat, en cette période de crise, est sensible au discours "Il faut arrêter la fraude, il faut renvoyer les assistés dans leur pays..." Malheureusement, ce genre de discours a des adeptes.
    Si les candidats n'évoquent pas les vrais problèmes et les solutions adaptées à la situation actuelle, un grand nombre de français sera perdu au moment de mettre le bulletin dans l'urne.

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  2. Une précision, un allocataire du RSA se voit en général (dans 95% des cas) diminuer son revenu maximal théorique de 467€ d'un "forfait logement" de 12%, il touche donc 410 euros parce qu'il dispose d'un logement et/ou d'une allocation logement.

    C'est une fraude de se déclarer isolé lorsqu'on ne l'est pas mais c'est nécessaire si on ne veut pas voir son RSA diminuer lorsque l'on est en couple (ce revenu est familial pas individuel), voir "De la légitimité de frauder les minima sociaux et de quelques conseils à cette fin" (http://www.cip-idf.org/article.php3?id_article=5668)

    En revanche le travail forcé (les 7h hebdo qu'ils veulent imposer), le travail gratuit, tel les stages effectués, pour leur bien, par lycéens et étudiants, sans contrat de travail ni salaire, ou ceux effectués par les chômeurs sous peine de radiation histoire de leur redonner la dignité par le travail; eh bien c'est normal, légal, puisqu'effectivement il faut assister les patrons.

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