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vendredi 30 septembre 2011

Pourquoi il faut absolument lire "La Femme et l'ours" de Philippe Jaenada

Philippe Jaenada et moi avons une histoire compliquée. Un de mes amoureux de l’époque m’avait acheté un de ces livres, « Le Chameau sauvage » en me glissant qu’une de ses ex avait a-do-ré (psychologie masculine quand tu nous tiens). Évidemment, le bouquin a atterri dans l’étage le plus haut de ma bibliothèque, mouroir poussiéreux des ouvrages qu’on n’ouvrira jamais.

Et puis un matin, n’ayant à me mettre sous la dent, je l’ai jeté négligemment au fond de mon sac en me disant qu’il fallait laisser sa chance au produit (à l’époque je bossais dans le marketing). Au début, je le lisais d’un œil distancié en me disant que l’ex et moi n’avions vraiment rien en commun, et puis très vite, j’ai eu de plus en plus de difficulté a chasser un sourire béat sur mon visage et à lutter contre les gloussements compulsifs qui secouaient ma carcasse dans ce train de banlieue bondé. Quelle claque ! J’aimais tout : l’humour décalé, le style anti-académique et insolite à base de parenthèses à rallonge, le récit haletant, et surtout la description sans concession d’un anti-héros attachant. Un véritable choc littéraire qui, depuis, me fait attendre en trépignant d’impatience chaque nouvelle parution de mon auteur fétiche.

C’est donc dès le premier jour de sa sortie que je me suis précipitée chez mon libraire chéri pour acheter son dernier opus, « La femme et l’ours ». Celui-ci, comme les 3 autres de mon quartier, m’annonça dépité qu’il avait été dévalisé (j’imaginais des hordes de fans errant hagards dans les rues, tapant au carreau des libraires, de la bave au coin des lèvres en ânonnant « Jaenadaaa »). J’ai du m’exiler dans le 18ème pour enfin arriver à en caser un dans ma besace (Un Jaenada ça se mérite).

Le précieux ouvrage en poche, je me suis retenue de ne pas tout lire d’une seule traite et, pour le déguster le plus longtemps possible, me suis astreinte à un nombre limité de pages par jour.

Pas de doute, dès les premières lignes, on est en terrain connu: on y retrouve notre narrateur, lucide et attendrissant, ses bars fétiches, et ses questionnements existentiels tragico-hilarants. Cependant, notre anti-héros semble avoir pris de la bouteille (et de la carrure) : du chameau sauvage, fougueux et athlétique, on passe à l’ours, plus imposant, à la bonhommie écorchée par la vie. Le narrateur, après s’être frotté au quotidien d’une vie pas toujours exaltante semble avoir fait le deuil de ses illusions (mais pas de son humour Dieu merci !). Changement stylistique également : sa marque de fabrique, les parenthèses, se font beaucoup plus rares (dommage j’aimais bien, j’avais l’impression d’ouvrir à chaque fois des boîtes sans fond).

Le talent, lui, est toujours là, à l’état brut, dans le récit de cet homme qui, suite à une dispute conjugale, part dans un voyage initiatique alcoolisé, avec comme seul équipage son sac matelas sur le dos. On croise sur sa route des personnages déglingués par la vie, des destins et des illusions brisés sans que jamais on ne tombe dans la noirceur ou la désespérance. Ce petit bijou d’humour et de désenchantement possède une gravité jusque là absente de ses précédents ouvrages et offre au récit maturité et profondeur.

Si vous souhaitez connaître l’auteur de manière plus quotidienne, sachez qu’il possède une page Facebook qu’il alimente lui-même avec beaucoup d’humour et d’auto-dérision. Peut-être, comme moi, essayerez-vous de retrouver parmi ses amis Milka Beauvisage, la lectrice qui sauve (temporairement) le héros de l’errance !Mais j'y pense : grande, brune, à forte poitrine et à chaussures rouges : c’est tout moi ça !

jeudi 29 septembre 2011

Ma revue du web





Régulièrement, je vous ferai partager ma revue du web, condensé des liens et sites coups de coeur qui ont retenus mon attention. C'est parti pour le 1er numéro!



« Bienvenue à Barnard, dans le labo des femmes de pouvoir » : à New York cette université exclusivement réservées aux filles, dont est issue Hillary Clinton, est la voie royale pour accéder à des postes prestigieux. Depuis 122 ans, elle lutte à sa manière contre le plafond de verre en misant sur les femmes






« Combien d’esclaves travaillent pour vous ? » : C’est le nom d’une application développée par le site « slavery footprint » qui vise à sensibiliser les consommateurs à la problématique de l’esclavage moderne. Il suffit de rentrer ce que vous portez, buvez ou mangez, et l’application se charge de calculer le nombre de jeunes esclaves que ces biens de consommations courante ont nécessités : « Pas pour vous faire culpabiliser, ou que vous arrêtiez d'acheter des trucs, mais pour que vous demandiez aux marques que vous aimez de trouver d'où viennent leurs matériaux » affirme son créateur.



Pourquoi les avis négatifs ont-ils un impact positif sur les ventes ? » : A l’heure où les faux avis font beaucoup de bruit sur le net, un point de vue intéressant sur l’influence positive des critiques négatives sur l’acte d’achat .



«Travailler pour faire des bébés » : Depuis 10 ans la fécondité ne cesse d’augmenter dans les pays développés. Deux chercheurs de l’INED y voient la conséquence du développement de l’emploi féminin : travailler n’empêche pas les femmes d’avoir des enfants bien au contraire.






mercredi 28 septembre 2011

Airbag maternel





Il y a des moments dans la vie d’une mère au cours desquels, comme dans un dessiné animé de Tex Avery, on sent son cœur se fendiller et exploser en 1000 morceaux d’un son cristallin sur le sol.

La première fois, c’était lors de la première année de maternelle de mon fils. J’avais remarqué que la maîtresse avait distribué à plusieurs reprises des invitations à des anniversaires auxquels il n’était pas convié. Au début, mon fils attendait, se disant qu’on l’avait oublié, espérant qu’il recevrait le sésame magique le lendemain. Puis rapidement, il a réalisé que non, ça ne serait pas pour cette fois… Pour le rassurer je lui disais que les parents ne pouvaient pas inviter tout le monde mais j’avais le droit à des percutants « oui mais moi je l’avais invité à mon anniversaire ! » et «mais pourquoi alors il invite untel qui lui a collé un coup de poing dans la cour ? ». La scène s’est reproduite 3 fois en une année : à chaque fois j’essayais de dédramatiser, d’expliquer mais comment rationnaliser le fait qu’on n’est pas toujours le bienvenu quand on a soi-même une peur irrationnelle de l’exclusion, quand on souffre de ne jamais se sentir à la bonne place ? Secrètement, je rêvais d’aller voir les parents et leurs enfants, mon fils sous le bras, pour leur expliquer à quel point il était formidable et qu’il ne méritait pas cela, qu’un enfant en plus ça à un anniversaire ne changerait rien…j’imagine le ridicule de la scène et les conséquences qu’une telle scène aurait eu sur l’estime de soi de mon fils ! Etrangement, il a été très régulièrement invité les 2 années suivantes sans que je puisse vraiment m’expliquer pourquoi.


Ce même pincement au cœur je l’ai ressenti hier quand il m’a avoué d’un air attristé que sa copine « la grande de CM1 » lui disait des gros mots. En creusant un peu plus il m’a lâché que dès qu’il lui proposait de jouer avec elle, elle lui assenait des « casse toi, ta mère », lui interdisant même de jouer avec ses propres copains. Le plus injuste c’est qu’il n’y a pas d’explication logique, mon fils n’ayant rien fait de particulier. Ma première réaction a été de lui demander de me montrer la petite fille en question à la sortie de l’école, j’irai lui parler pour essayer de comprendre. Puis mes quelques souvenirs de Dolto m’ont rattrapée et je me suis dit, à juste titre, que ce n’était pas une bonne idée. On a parlé, longuement et j’ai vu qu’il était un peu plus apaisé et rassuré.

Ces 2 anecdotes m’ont laissée imaginer ce que je risquais de ressentir quand, adolescent, il connaîtrait les affres de la rupture, la douleur de l’amour à sens unique, les illusions brisées. Pourtant, comme un caporal qui connait déjà l’issue fatale de la bataille, je le laisserai partir, le cœur en bandoulière, affronter le pire combat qui soit. J’aimerais tellement traverser la vie à ses côtés, encaissant pour lui les mauvais coups, pleurant à sa place, sa main chaude et moite dans la mienne. On se consolerait avec des ours en chocolat ou des sorties improvisées au ciné, on ferait des batailles de polochons et on s’endormirait épuisés mais sereins. Mais grandir c’est se séparer, même si celui qui a plus de mal à couper le cordon n'est pas toujours celui qu'on croit.

Alors, la tête froide, je tenterai de rationaliser et me répèterai comme un mantra que ce dont mon fils a besoin pour être heureux ce sont « des racines et des ailes »
Doucement, je libèrerai mon étreinte, détacherai mes bras et regarderai sa silhouette gracile s’éloigner…

mardi 27 septembre 2011

Faut-il avoir peur du nouveau Facebook?



Ces derniers jours, c’est l’effervescence parmi mes amis Facebook et le message suivant passe fébrilement de mur en mur "Suite aux nouveaux changements FB, rendez-moi service SVP: passez la souris sur mon nom, attendez de voir la petite fenêtre s'afficher, passez la souris sur le bouton "abonnée" et décochez "commentaires et mentions j'aime".Copiez ceci sur votre statut si vous ne voulez pas que le moindre de vos mouvements soit visible pour tous dans le menu déroulant télex à deux balles à droite. Merci à celles et ceux qui le feront".

La raison de cette agitation ? Les changements opérés par le réseau social sur les profils de ses utilisateurs.
J’avoue que, jusqu’alors, je n’ai jamais vraiment compris les gens qui opposaient un refus farouche à Facebook au motif du respect de leur vie privée. Il suffit de bien paramétrer ses critères de confidentialité et bien sûr de ne pas raconter ou poster des choses compromettantes pour soi mais aussi pour ses amis. Ce qui est d’ailleurs paradoxal, c’est que ces flamboyants défenseurs de la vie privée sont souvent les premiers à placarder des photos de leurs gosses dans leur bureau, cherchez l’erreur !

Pour ma part, j’ai toujours essayé de démêler le faux du vrai, en évitant de jeter le bébé avec l’eau du bain : Facebook n’est pas le mal incarné et les articles qui le diabolisent et le rendent coupable de toutes les addictions et de tous les méfaits m’exaspèrent. Lassée de lire les mêmes rengaines, j’avais à ce propos rédigé cet article au sujet des rumeurs sur Facebook.
Néanmoins, les derniers changements annoncés, et pour certains déjà opérés, par Mark Zuckerberg me rendent pour la première fois perplexe.

La Timeline
"Timeline est la prochaine étape importante pour vous aider à raconter l'histoire de votre vie » a annoncé lyriquement Mark Zuckerberg lors de la conférence annuelle de l’entreprise, le f8. La « Timeline » (ou « journal » en français) est le changement le plus significatif de ce nouveau Facebook et viendra remplacer le traditionnel « mur ». Conçu comme un album photo interactif couplé à un journal intime nouvelle génération, cet outil regroupera l’ensemble des informations saisies par un utilisateur depuis son inscription, années par années, du plus ancien au plus récent. Il pourra même remonter à l’année de sa naissance, constituant pour le membre un véritable « CV » , « chemin de vie », au sens premier du terme. On pourra y faire figurer un nombre incalculable d’informations personnelles, de la date de sa première dent à l’obtention de son permis de conduire, de sa fracture du poignet jusqu’à la date de son divorce. Autant d’informations ciblées données sans s’en rendre compte et qui constituent une manne pour les annonceurs. La Timeline sera gérée par un algorithme qui, au fil du temps, décidera de mettre en avant certaines informations ou d’en masquer d’autres. L’utilisateur pourra reprendre la main sur l’affichage mais encore faut-il qu’il sache comment faire et qu’il ait le temps de s’y pencher !

Le Telex

Cette nouveauté, dont le but implicite est de contrer Twitter, est déjà implémentée sur le site. Ce fil d’actualité permet de suivre l’activité des autres membres en temps réel. La différence cruciale est qu’il n’y a plus besoin de cliquer sur le bouton « j’aime » pour en générer l’affichage ! C’est ce qu’appelle poétiquement Mark Zuckerberg le « partage sans friction ! ». Ainsi, tous vos amis verront en temps réel que vous avez consulté tel article sur « Le Monde » écouté tel morceau sur Deezer…ou regardé telle vidéo coquine sur Dailymotion !

Le but des ces changements est triple :

- Pousser l’internaute à passer le plus de temps possible sur le site sans en sortir et donc de l’exposer davantage aux publicités des annonceurs

- Inciter les membres à être plus actifs et à partager des contenus sur des sites partenaires

- Collecter une somme d’informations ciblées (des « patterns », schémas comportementaux très utiles pour les annonceurs)

Au-delà de l’aspect graphique certes plus appétant, on peut se demander si ces changements sont réellement « user-centric » et s’ils servent réellement l’utilisateur ?

Dans la blogosphère, l’inquiétude gronde. Dave Winer, dans un article au titre éloquent « Facebook is scaring me », associe les nouvelles fonctionnalités de Facebook au comportement d’un logiciel malveillant qui épierait les faits et gestes des utilisateurs. « Cette fois ils font quelque chose d’effrayant, qui ressemble à un virus. Ce genre de comportement mérite un nom péjoratif, comme le phishing, le spam ou de la cyber-filature. ».

L’Australien Nik Curbrilovic va plus loin en accusant Facebook de continuer à suivre les activités en ligne de ses utilisateurs même deconnectés : «Chaque fois que je visite un site avec un bouton like, de partage, ou tout autre widget, l'information, y compris le numéro de mon compte, est envoyée à Facebook, même quand je ne suis plus loggé. La seule solution est d'effacer tous les cookies Facebook», La firme a immédiatement réagi en invoquant des raisons de sécurité et en affirmant qu’elle «n'utilise pas les cookies des plugins sociaux pour vendre de la publicité ou des informations à des partenaires» mais simplement pour «personnaliser» ses services ».

Des informations qui risquent de mettre à mal la confiance des membres à l’égard du réseau social. Une défiance qui pourrait même être un frein à l’expansion des nouveaux profils : qui aurait envie de « nourrir » l’ogre Facebook sans savoir ce qu’il va advenir de toutes ces données ?

Vendre son âme, est-ce le prix à payer pour un réseau social gratuit ? C’est que nous semble dire la lumineuse phrase de blue_beetle postée sur un forum et désormais célèbre « Si vous ne payez pas, vous n’êtes pas le consommateur, vous êtes le produit en train d’être vendu. »


lundi 26 septembre 2011

1er post

Alors voilà, j'ai de nouveau adopté un blog. Pourtant mes amis m'avaient prévenue : c'est long à apprivoiser, c'est chronophage, il faut l'arroser souvent sinon il dépérit...Et puis qui va s'en occuper pendant les vacances? Pas question de l'abandonner ensuite en été comme ces milliers de sites laissés sur la route par des propriétaires peu consciencieux.
Je hochais la tête d'un air pénétré en les écoutant : oui je savais tout cela car j'en avais déjà ouverts 2 par le passé.
Le premier c'était en 2002, autant dire le paléolithique du blog : à l'époque nous n'étions qu'une centaine en France, le billet sponsorisé n'existait pas, Facebook et Twitter non plus. J'écrivais de façon anonyme, ce qui permettait une grande liberté de ton et constituait un exercice quotidien d'introspection sans avoir à payer (et supporter un psy). J'avais 29 ans et sortais avec un avocat torturé et intello qui me prenait pour une jolie plante verte: le blog était une façon de lui prouver que je savais écrire et que j'avais des choses à dire. Jour après jour, l'exercice a très vite dépassé ce but initial: des échanges se sont crées avec des lecteurs, j'en ai rencontré certains, j'ai pris goût progressivement à cette mise à nu et à cette gymnastique intellectuelle quotidienne.
Puis l'avocat et moi nous sommes séparés, j'ai rencontré mon mari et le blog est apparu comme un intrus, un amant collant et intrusif. Il était devenu une espèce d'enfant illégitime, qui me ramenait sans cesse à une histoire terminée. J'ai donc mis la clé sous la porte...pour en ouvrir un nouveau l'année d'après! Cette fois-ci, je voulais me prouver qu'il était possible d'avoir des choses à raconter alors que l'on est heureux et que l'on a chassé ses mauvais démons. Un défi lancé à moi-même et à mon écriture très noire, plus prompte à disséquer mes vagues à l'âme qu'à décrire des moments simples de plénitude. Un exercice qui n'aura duré que quelques mois, mon anonymat ayant été rapidement mis en péril.
Cette fois-ci c'est un autre défi qui me ramène vers le clavier. Dans quelques jours, je vais quitter un job confortable au sein d'une grosse World Company pour me lancer à mon compte dans l'aventure de l'écriture en tant que rédactrice web. Ce blog sera donc l'occasion de partager avec vous mes questionnements, mes découvertes et mes coups de coeur. Une parenthèse enchantée, un espace de liberté au sein duquel l'écriture se fera plus quotidienne et plus intime. J'ai déjà hâte de vous y retrouver!